Raimond le cathare
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Appartient-il à l’Église ou l’Église lui appartient-el<strong>le</strong> ? Dieu lui<br />
inspirera-t-il un compromis, lui donnera-t-il la grâce de <strong>le</strong> faire<br />
triompher ?<br />
Aux aguets, nous voyons <strong>le</strong>s premières mitres entrer dans <strong>le</strong><br />
jardin. Les prélats se concertent à l’écart du Saint-Père, comme<br />
pour respecter son iso<strong>le</strong>ment D’autres évêques viennent <strong>le</strong>s<br />
rejoindre. Ils sont bientôt plus de cent qui soudain se déploient,<br />
cernent <strong>le</strong> pape et l’assail<strong>le</strong>nt de <strong>le</strong>urs exigences.<br />
— Rends <strong>le</strong>urs biens à ces gens et nous sommes perdus !<br />
clame l’évêque d’Auch.<br />
— Confie-<strong>le</strong>s à Simon et nous voilà sauvés ! ajoute <strong>le</strong> légat<br />
Thédise.<br />
— <strong>Raimond</strong> de Toulouse est un païen pervers, un dévoyé<br />
sans cœur, indigne de régner.<br />
Innocent III engage <strong>le</strong> combat.<br />
— Si<strong>le</strong>nce ! Voici mon sentiment : <strong>le</strong> comte toulousain est un<br />
bon catholique. Il serait donc injuste et déraisonnab<strong>le</strong> de lui<br />
prendre sa terre. Amis, sincèrement, ce serait mal agir.<br />
Avant de laisser la protestation s’exprimer, <strong>le</strong> pape annonce<br />
aussitôt sa proposition de compromis.<br />
— En revanche, je crois bon d’accorder à Montfort <strong>le</strong>s biens<br />
des hérétiques.<br />
Quelques cardinaux approuvent la proposition du pape, mais<br />
Foulques s’est déjà glissé au premier rang. Il courbe<br />
humb<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> dos, se trotte <strong>le</strong>s mains et prend une voix de<br />
miel.<br />
— Pape, mon doux seigneur, mon cher père Innocent, ta<br />
sentence est injuste. Tu gruges Montfort. Ce bon fils de l’Église<br />
aurait-il donc subi pour rien tant de combats, d’épreuves et de<br />
souffrances ? Il a traqué sans repos l’hérésie et ses suppôts. Tu<br />
<strong>le</strong> prives des biens, des vil<strong>le</strong>s, des châteaux conquis de haute<br />
lutte au nom de la sainte Croix !<br />
Foulques se sent épaulé par la majorité des évêques. Il<br />
hausse <strong>le</strong> ton avec inso<strong>le</strong>nce.<br />
— Tu lui prends Montauban. Tu lui confisques Toulouse.<br />
N’est-ce pas insensé ? N’est-ce point injuste ? Indigne d’un<br />
esprit clair et sain ? Tu juges <strong>le</strong> comté de Toulouse loyal et<br />
parfait catholique. Soit ! Le comte de Foix et celui de<br />
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