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Raimond le cathare

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Je maudis ce funeste jour, endeuillé pour l’éternité par la<br />

mort du roi et l’hécatombe de notre peup<strong>le</strong> !<br />

Toulouse, 12 septembre 1213<br />

Le soir venu, la vil<strong>le</strong> n’est plus qu’une lamentation. Dans <strong>le</strong>s<br />

rues vides, derrière chaque porte close résonnent <strong>le</strong>s sanglots et<br />

<strong>le</strong>s cris de désespoir. Il n’est pas un foyer qui ne p<strong>le</strong>ure l’un des<br />

siens. Bien des famil<strong>le</strong>s ne comptent plus que des femmes dans<br />

<strong>le</strong> deuil du mari, des fils, des frères, tous tués ou noyés.<br />

Pendant la nuit, <strong>le</strong>s jeunes enfants confectionnent des<br />

brancards pour ramener de Muret <strong>le</strong>s dépouil<strong>le</strong>s de <strong>le</strong>urs aînés<br />

ou de <strong>le</strong>urs pères. Le <strong>le</strong>ndemain, des milliers de corps<br />

ensanglantés, démembrés, mutilés sont portés vers la vil<strong>le</strong> par<br />

ceux qui <strong>le</strong>s aimaient. Les autres, plus nombreux encore,<br />

traversent Toulouse, <strong>le</strong>s bras en croix, sur <strong>le</strong>s flots de la<br />

Garonne. Les cadavres dérivent sous <strong>le</strong>s yeux horrifiés des<br />

femmes, massées sur <strong>le</strong> pont et <strong>le</strong>s berges et redoutant de<br />

reconnaître celui d’un époux ou d’un enfant. Éléonore et Sancie,<br />

accablées, veil<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>ur frère Pierre d’Aragon, ramené par <strong>le</strong>s<br />

Hospitaliers. Après la batail<strong>le</strong>, ils ont dû arracher la dépouil<strong>le</strong> et<br />

l’épée roya<strong>le</strong> des mains de ceux qui achevaient <strong>le</strong>s b<strong>le</strong>ssés et<br />

détroussaient <strong>le</strong>s cadavres.<br />

Mon beau-frère, mon roi, mon protecteur repose de tout son<br />

long, immense, dans la sal<strong>le</strong> voûtée de l’hôpital Saint-Jean. Ses<br />

mains jointes sur la poitrine recouvrent la plaie béante ouverte<br />

par la lance qui lui a percé <strong>le</strong> cœur. À ses côtés, <strong>le</strong>s yeux clos,<br />

gisent Aznar Pardo, Gomez de Luna, Michel de Roda et Michel<br />

de Luesia, l’homme qui m’a offensé hier.<br />

Peut-être seraient-ils tous vivants s’ils avaient écouté mon<br />

conseil, plutôt que de se jeter dans un tournoi de cheva<strong>le</strong>rie ?<br />

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