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Raimond le cathare

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Le cours de l’Histoire tient, hélas, à peu de chose. En la<br />

circonstance, quelques jambons, pâtés et barriques de vin vont<br />

ruiner nos chances. À cinq cents pas du lieu de la batail<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s<br />

chariots de ravitail<strong>le</strong>ment ont été laissés sans escorte. Leurs<br />

chevaux au repos broutent paisib<strong>le</strong>ment sans un regard pour<br />

<strong>le</strong>urs congénères caparaçonnés qui, un peu plus loin,<br />

s’affaissent, <strong>le</strong>s tendons sectionnés, ou piétinent <strong>le</strong> ciel de <strong>le</strong>urs<br />

sabots, <strong>le</strong>ur ventre ouvert libérant d’interminab<strong>le</strong>s boyaux<br />

puants. Une poignée de routiers navarrais sans scrupu<strong>le</strong><br />

abandonnent <strong>le</strong> combat pour al<strong>le</strong>r s’emparer des provisions. Ils<br />

ne doutent pas de la victoire et veu<strong>le</strong>nt arrondir <strong>le</strong>ur solde grâce<br />

à ce butin. Les premiers servis déta<strong>le</strong>nt dans la campagne, un<br />

jambon sous chaque bras. Leurs compagnons, saisis à <strong>le</strong>ur tour<br />

par la convoitise et ne voulant pas perdre <strong>le</strong>ur part, se<br />

précipitent comme une nuée de sauterel<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong>s victuail<strong>le</strong>s<br />

entassées. Ils laissent <strong>le</strong>s cavaliers du Comte roux aux prises<br />

avec <strong>le</strong>s soldats de Montfort.<br />

Nous avons perdu l’avantage du nombre. En un instant, <strong>le</strong>s<br />

nôtres sont décimés. La batail<strong>le</strong> est perdue. Les survivants<br />

s’enfuient au galop, pourchassés par <strong>le</strong>s Français. Sur <strong>le</strong> coteau,<br />

<strong>le</strong>s milliers de Toulousains massés devant <strong>le</strong>s planches de la lice,<br />

après avoir crié de joie en voyant Simon de Montfort cerné par<br />

<strong>le</strong>s lances de nos hommes, courent maintenant se réfugier<br />

derrière <strong>le</strong>s palissades. Le comte de Foix et <strong>le</strong>s rescapés arrivent<br />

ventre à terre, poursuivis par Simon de Montfort, Bouchard de<br />

Marly et <strong>le</strong>s chevaliers français.<br />

Dans <strong>le</strong> camp, la panique sévit Savaric de Mauléon, juché sur<br />

une barrique, hur<strong>le</strong> ses ordres :<br />

— Ne fuyez pas ! Ils vous attaqueront sur la route. Restez<br />

dans <strong>le</strong> camp !<br />

Les gens courent en tous sens. Certains s’éta<strong>le</strong>nt de tout <strong>le</strong>ur<br />

long, <strong>le</strong>s pieds pris dans <strong>le</strong>s cordes des tentes qui s’effondrent<br />

dans un désordre général.<br />

Simon de Montfort et <strong>le</strong>s siens caraco<strong>le</strong>nt au bord de notre<br />

fossé. Il veut nous massacrer.<br />

— En avant, messeigneurs !<br />

Son compagnon <strong>le</strong> retient.<br />

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