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Raimond le cathare

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— Fils de putains ! vocifèrent à <strong>le</strong>ur tour <strong>le</strong>s guetteurs<br />

toulousains.<br />

Assemblés sur <strong>le</strong> chemin de ronde, ils décochent quelques<br />

flèches enflammées qui n’atteignent pas <strong>le</strong> camp adverse. El<strong>le</strong>s<br />

finissent <strong>le</strong>ur lumineuse course fichées dans la terre. Comme<br />

des torches plantées çà et là, el<strong>le</strong>s brû<strong>le</strong>nt dans la nuit étoilée de<br />

juin.<br />

Bertrand, qui a passé plusieurs heures aux mains des chefs<br />

ennemis, a observé quelques indices et entendu des bribes de<br />

conversations qui allument en moi une lueur d’espoir.<br />

— Ils manquent de nourriture. Après la batail<strong>le</strong>, alors que <strong>le</strong>s<br />

hommes achetaient <strong>le</strong>ur pain, l’un d’eux s’est écrié : « C’est plus<br />

cher que <strong>le</strong>s ortolans ! » Je ne <strong>le</strong>s ai vus manger que des fèves et<br />

des fruits.<br />

— Dieu <strong>le</strong>s punit de <strong>le</strong>urs cruautés !<br />

Depuis plusieurs jours, ils ont détruit <strong>le</strong>s récoltes, massacré<br />

<strong>le</strong> bétail et tué <strong>le</strong>s paysans. Sur <strong>le</strong>ur passage, ce ne sont que<br />

cendres et charognes. Les convois de ravitail<strong>le</strong>ment envoyés par<br />

Carcassonne sont attaqués et pillés en chemin par des gens<br />

armés de fourches et de faux.<br />

Bertrand a éga<strong>le</strong>ment surpris une conversation entre<br />

quelques chevaliers français. El<strong>le</strong> lui a révélé qu’un vif<br />

désaccord oppose <strong>le</strong>s plus grands seigneurs à Simon de<br />

Montfort et Arnaud Amaury.<br />

— Le comte de Bar et <strong>le</strong> comte de Chalon désapprouvent<br />

ouvertement l’attaque contre Toulouse. Ils proclament haut et<br />

fort tout <strong>le</strong> mal qu’ils pensent du légat. Leurs chevaliers m’ont<br />

dit qu’ils partiraient dès la fin de <strong>le</strong>ur quarantaine, sans<br />

demeurer un jour de plus.<br />

Je reprends confiance.<br />

— Une armée mal nourrie et dont <strong>le</strong>s chefs sont divisés n’est<br />

pas invincib<strong>le</strong>. Toulouse regorge de vivres. Chaque jour, des<br />

bateaux viennent décharger <strong>le</strong>ur cargaison sur <strong>le</strong>s quais des<br />

ports de la Garonne. Laissons donc <strong>le</strong> temps faire son œuvre.<br />

Comme d’habitude, Hugues d’Alfaro est d’un autre avis.<br />

— Ne restons pas derrière nos murs, nous devons <strong>le</strong>s<br />

harce<strong>le</strong>r chaque jour, sans <strong>le</strong>ur laisser <strong>le</strong> moindre répit.<br />

— Mais sans prendre, non plus, des risques inconsidérés.<br />

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