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Raimond le cathare

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de lance ne m’a encore atteint. Soudain, à travers la fente de<br />

mon capuchon de fer, je vois la cou<strong>le</strong>ur des briques de nos<br />

remparts.<br />

C’est au galop que nous entrons dans la cour du château<br />

Narbonnais. Comme je <strong>le</strong> craignais, ma participation a été<br />

tota<strong>le</strong>ment inuti<strong>le</strong>. Pendant que <strong>le</strong>s écuyers me désarment, je<br />

tente de comprendre, à travers ce que j’entends, quel<strong>le</strong> est<br />

l’issue de la batail<strong>le</strong>. À en croire <strong>le</strong>s cris de joie, nous aurions<br />

gagné.<br />

En apprenant que Montfort a réussi à franchir la rivière sur<br />

laquel<strong>le</strong> nous devions l’arrêter et que mon fils Bertrand est entre<br />

<strong>le</strong>s mains de l’ennemi, je comprends que notre sort est<br />

incertain. Grâce à Dieu, nous avons fait des prisonniers.<br />

J’ordonne aussitôt qu’on <strong>le</strong>s protège de la vindicte du peup<strong>le</strong><br />

toulousain qui <strong>le</strong>s réclame. Le soir même, ils sont échangés<br />

contre Bertrand et plusieurs des nôtres. Mon fils et ses<br />

compagnons rentrent chez nous dépouillés de <strong>le</strong>urs armes, de<br />

<strong>le</strong>ur heaume, de <strong>le</strong>ur haubert et de <strong>le</strong>ur cotte de mail<strong>le</strong>s.<br />

Montfort, qui a exigé mil<strong>le</strong> sous pour <strong>le</strong>ur libération, <strong>le</strong>s a<br />

renvoyés de son camp à demi nus.<br />

Pour célébrer l’épilogue de cette première batail<strong>le</strong>, j’ai réuni<br />

mes enfants. <strong>Raimond</strong> <strong>le</strong> Jeune, mon héritier, ne se lasse pas<br />

d’entendre Bertrand, son demi-frère aîné, raconter la charge des<br />

cinq cents chevaliers toulousains.<br />

Ma fil<strong>le</strong> naturel<strong>le</strong>, Guil<strong>le</strong>mette, dans un geste qui lui est<br />

familier, tire machina<strong>le</strong>ment sur une mèche de ses cheveux<br />

clairs, la tête posée sur l’épau<strong>le</strong> de son mari, Hugues d’Alfaro.<br />

Mon chef de guerre est sombre.<br />

— Montfort a compris que nous allions nous battre. Nous<br />

avons tué deux cents hommes, mais hélas nous en avons perdu<br />

autant. L’ennemi a pu trouver un passage peu profond pour<br />

franchir l’Hers et son armée campe maintenant face à nos<br />

remparts. Messire <strong>Raimond</strong>, nous sommes assiégés.<br />

Pendant que nous partageons un saumon de la Garonne,<br />

nous entendons soudain des clameurs guttura<strong>le</strong>s. Ce sont des<br />

chants nordiques que brail<strong>le</strong>nt devant nos murs <strong>le</strong>s Al<strong>le</strong>mands,<br />

<strong>le</strong>s Flamands, et <strong>le</strong>s Frisons de l’armée ennemie.<br />

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