Raimond le cathare
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D’al<strong>le</strong>r en Terre sainte, il y demeurera<br />
Tant qu’il plaira aux c<strong>le</strong>rcs et aux prélats de Rome,<br />
Il y devra servir dans l’ordre de Saint-Jean.<br />
S’il se soumet en tout, on lui rendra ses biens.<br />
Sinon, malheur sur lui : il sera dépouillé<br />
Jusqu’à l’os, comme un serf.<br />
À la fin de la <strong>le</strong>cture, <strong>Raimond</strong> de Rabastens se tait dans un<br />
si<strong>le</strong>nce que je romps en éclatant vio<strong>le</strong>mment de rire.<br />
— Sire roi ! Avez-vous entendu ce que l’on me demande ?<br />
— Une tel<strong>le</strong> chose n’est pas possib<strong>le</strong> ! s’écrie Pierre.<br />
Comment concevoir si grande insulte à la justice ? Arnaud<br />
Amaury ne tient aucun compte des instructions du pape. Il ne<br />
cherche même plus à <strong>le</strong>s contourner, il <strong>le</strong>s ignore. S’arrogeant <strong>le</strong><br />
pouvoir de me condamner, il édicte une sentence d’une sévérité<br />
révoltante.<br />
Trencavel mort et ses terres conquises, il fallait une nouvel<strong>le</strong><br />
proie. Sans en référer au pape, Arnaud Amaury vient de donner<br />
à Simon de Montfort la permission d’entrer en guerre contre<br />
moi. La tête basse, sous son bonnet de cuir gorgé de neige<br />
fondue, <strong>le</strong> roi d’Aragon devine déjà l’échec de sa politique de<br />
compromis. Entre Montfort et moi la guerre est désormais<br />
inévitab<strong>le</strong>. Ce jour-là, Pierre devra choisir son camp.<br />
— Par Dieu, tout cela devra être revu ! lance-t-il, cherchant à<br />
rattraper Arnaud Amaury, qui a déjà tourné <strong>le</strong>s talons pour<br />
s’enfermer dans <strong>le</strong> palais épiscopal.<br />
De colère, je ne salue personne en partant En un geste<br />
vio<strong>le</strong>nt, je fauche de mon bras <strong>le</strong> vent glacé. Je ressens soudain,<br />
au creux de mon poing serré, un désir d’épée brandie. Cette<br />
main n’aimait qu’à s’ouvrir pour la caresse d’un visage, d’un<br />
sein ou d’une chevelure. Aujourd’hui, el<strong>le</strong> veut se refermer pour<br />
saisir <strong>le</strong> fer.<br />
Toulouse, printemps 1211<br />
Je convoque mes vassaux pour <strong>le</strong>ur faire connaître la charte<br />
infâme d’Arnaud Amaury. Apprenant ce que l’Église prétend<br />
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