Actes de la Conférence des Nations Unies sur le commerce ... - unctad

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quelques progrès marginaux, c'est grâce aux efforts déterminés
de chacun pour lutter contre les handicaps imposés
par un système économique archaïque, à peu près sans
raison d'être et incapable de fonctionner. En outre, presque
tous les pays doivent maintenant faire face à un même
problème, le retour du protectionnisme.
Oui, cette session est la cinquième session de la
Conférence et nous en avons déjà eu quatre. Le bilan révèle
peut-être une ambivalence, voire une certaine ambiguïté,
peut-être des progrès lents et hésitants, mais plus encore des
impasses obstinées et l'impression qu'il y a eu constamment
faillite des plans et programmes convaincants établis par un
secrétariat dévoué et extrêmement compétent, sous la
direction du Secrétaire général de la CNUCED, M. Corea, et
de ses prédécesseurs à qui je dois maintenant rendre un
hommage bien mérité.
Oui, malgré tous les rappels constants et tous les efforts
valeureux des autres théoriciens et des activistes du changement,
malgré la dégradation des économies nationales et
l'interaction internationale qui en est résultée, il semble y
avoir une sorte d'étrange découragement, un sentiment
d'impuissance. Nous nous contentons de dériver jour après
jour, année après année, passant d'une petite crise à une
autre, d'une difficulté locale à une autre. Si ce n'est pas la
monnaie, c'est l'inflation. Si ce n'est pas la pénurie, c'est la
stagnation.
La réponse, c'est la raison d'être de la CNUCED. La
CNUCED est l'instrument qui a été conçu et créé pour
établir et faire régner le plus possible un certain équilibre et
une certaine égalité dans l'ordre économique international.
La première session de la Conférence a été initialement
un succès en ce sens qu'elle a mis en place les moyens
d'appliquer les politiques qui avaient pour but d'atteindre
l'objectif d'une répartition équitable des ressources.
La deuxième session, à New Delhi, a institué le système
généralisé de préférences pour les articles manufacturés et
semi-finis des pays en développement, qui malheureusement
viendra bientôt à expiration.
C'est à la troisième session, à Santiago, qu'a été élaborée
la Charte des droits et devoirs économiques des Etats, qui a
été approuvée à la fin de 19.74 par l'Organisation des
Nations Unies.
La quatrième session a eu lieu à Nairobi en 1976. J'y ai
personnellement assisté, chargé par le Groupe des Soixante-
Dix-Sept, à la troisième Réunion ministérielle qui s'était
tenue ici à Manille, de présenter la Déclaration et le
Programme d'action de Manille, qui comprenaient l'établissement
d'un fonds commun, d'un programme intégré pour
les produits de base, dont la plupart des pays en développement
sont tributaires.
Aujourd'hui, la Conférence en est à sa cinquième session
et son ordre du jour est impressionnant, car il attaque sur
un vaste front. Il envisage une évaluation de la situation
économique mondiale et englobe le commerce et, plus
particulièrement, le retour du protectionnisme, le programme
pour les produits de base, les politiques monétaires
et budgétaires, la diversification et l'augmentation des
exportations des pays en développement, la participation
des pays en développement aux transports maritimes, ainsi
que le commerce entre pays à systèmes économiques et
sociaux différents. Même dans les circonstances les plus
favorables, un accord sur les méthodes de travail, voire sur
les principes, aurait été des plus aléatoires. Or les circonstances
ne sont pas favorables. En effet, tous les pays
ressentent cette atmosphère de crise. Nous nous enfonçons
lentement dans l'inaction. Et, je le répète, nous ressentons
tous l'impuissance qui semble paralyser nos esprit et nos
pensées, incapables d'innover, ce qui nous empêche de
trouver des solutions pratiques à nos problèmes.
Cependant, la cinquième session de la Conférence doit
permettre d'attaquer tous les problèmes sur ce vaste front.
Il y a quelques semaines à peine, après trois ans de
négociations serrées et ardues, la plupart des pays sont
arrivés à une sorte d'accord de compromis sur les fonctions,
les objectifs et le financement du fonds pour les produits de
base. Les engagements pris sous forme d'annonces de contributions
représentent 400 millions de dollars. D'autres
annonces de contributions, pour 280 millions de dollars de
plus, sont attendues à cette conférence, et j'ose espérer que
l'attente ne sera pas déçue.
La CNUCED a été la réponse à la panique qui a fait suite
à la crise. La CNUCED a toujours signifié la noble recherche
d'un système équitable dans le monde entier. C'est aussi un
système qui donne aux pays en développement la possibilité
de montrer que les propositions qu'ils ont faites ne
reviennent pas à tendre la main pour que les pays nantis et
charitables y déposent leurs dons. Ces propositions sont au
contraire un programme d'autonomie accrue qui peut
apporter, même aux nations riches, des avantages correspondant
à ceux qu'elles peuvent offrir.
La CNUCED a été la réponse à la panique qui a suivi
chaque crise, car elle représente le courage, le courage de
toutes les nations et de tous les pays, le courage de se
rendre compte que l'ordre établi par les pays occidentaux
victorieux après la seconde guerre mondiale est périmé, le
courage de faire face à la réalité d'un monde nouveau
apparu à la suite de la désintégration des anciennes relations
avec la métropole et de l'irruption de forces nouvelles dans
l'équilibre traditionnel, le courage, enfin, de participer à la
tâche inéluctable qui incombe à tous de démanteler ce qui
reste de l'ordre ancien pour en créer un complètement
nouveau, au lieu d'étayer ce mécanisme mondial qui
menace ruine au moyen de mesures d'urgence qui ne feront
que prolonger notre agonie et notre lutte commune.
Oui, la CNUCED, c'est aussi la vision de l'avenir, la
capacité de toutes les nations, riches et pauvres, de s'élever
au-dessus de l'état courant et ordinaire des profits et pertes
immédiats, en faisant fi de l'avantage présent dans l'intérêt
de la stabilité future.
En terminant, je reviendrai à mon idée première.
Naïvement, peut-être, je continue de penser que vous
représentez toute l'humanité, tout comme je suis persuadé
que vous agirez en tant que représentants de tous les êtres
humains du globe et de chacun d'eux, et non d'un pays ou
d'un intérêt, ni d'un système social ou économique.
Naïvement, peut-être aussi, je sais que vous comprenez
l'urgence de la tâche.
En effet, les innombrables déshérités du monde ne
peuvent plus attendre. Ils ne peuvent plus accepter ni
faux-fuyants ni réserves, ni exceptions ni études complémentaires.
Las et éprouvés par les intempéries, les paysans,
leurs femmes, leurs enfants, qui se sentent parfois spoliés
par une baisse des prix qui échappe à leur contrôle, ne
peuvent plus attendre, pas plus que les mineurs, aux visages
et aux poumons noircis, qui semblent sans pouvoir face aux