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Epreuve orale d'histoire des arts – 2011/2012 sujet : peinture

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<strong>Epreuve</strong> <strong>orale</strong> d’histoire <strong>des</strong> <strong>arts</strong> <strong>–</strong> <strong>2011</strong>/<strong>2012</strong><br />

<strong>sujet</strong> : <strong>peinture</strong><br />

Sujet : Picasso « Guernica » 1937 Technique Huile sur toile Dimensions (H × L) 349,3 cm × 776,6 cm Localisation Musée Reina Sofía, Madrid


Pablo Ruiz Picasso, né à Málaga, Espagne, le 25 octobre 1881 et mort le 8 avril 1973 à Mougins, France, est un peintre, <strong>des</strong>sinateur et sculpteur espagnol [1] ayant passé l'essentiel de sa vie en France.<br />

Artiste utilisant tous les supports pour son travail, il est considéré comme le fondateur du cubisme avec Georges Braque et un compagnon d'art du surréalisme. Il est l'un <strong>des</strong> plus importants artistes du<br />

XX e siècle tant par ses apports techniques et formels que par ses prises de positions politiques. Picasso, encouragé par son père qui lui accorde toute confiance, peint ses tout premiers tableaux à l'âge<br />

de huit ans, son préféré étant le Petit picador jaune(1889), sa première <strong>peinture</strong> à l'huile, dont il refusera toujours de se séparer.<br />

La période bleue correspond aux années 1901-1904 : ce nom vient du fait que le bleu est la teinte dominante de ses tableaux de cette époque, qui a débuté avec le suicide de son ami espagnol Carlos<br />

Casagemas, ce qui explique qu'elle soit marquée par les thèmes mélancoliques de la mort, de la vieillesse, et de la pauvreté, mais ne l'empêche pas d'être satirique. Durant ces années, Picasso peint <strong>des</strong><br />

pauvres, <strong>des</strong> mendiants, et <strong>des</strong> aveugles, sous forme de personnages souvent étirés et faméliques inspirés <strong>des</strong> tableaux du Greco que Picasso étudie à cette époque et qui l'influencent fortement.<br />

À partir de 1905, il s'installe à Paris, au Bateau-Lavoir, dans l'atelier laissé par Paco Durrio. Là, il rencontre sa première compagne : Fernande Olivier. C'est le début de la période rose. Comme<br />

précédemment, c'est l'utilisation <strong>des</strong> teintes « rougées » qui explique cette dénomination. Les thèmes abordés sont la joie et l'inquiétude existentielle. Il reste mélancolique et dominé par l'amour ; on y<br />

trouve aussi de nombreuses références au monde du zoo et du cirque. Il peint <strong>des</strong> masques, arlequins, dompteurs et clowns. Picasso privilégia pendant cette période le travail sur le trait, le <strong>des</strong>sin, plutôt<br />

que sur la couleur... C'est aussi l'époque <strong>des</strong> maternités roses.<br />

De 1907 à 1909, Picasso est sous influence de l'art africain, notamment de l'art congolais. Cette période est marquée au début par les deux figures du côté droit <strong>des</strong> Demoiselles d'Avignon qui ont été<br />

en partie inspirées par les masques africains que Picasso possédait. De 1907 à 1914, il réalise avec Georges Braque <strong>des</strong> <strong>peinture</strong>s qui seront appelées « cubistes ». Elles sont caractérisées par une<br />

recherche sur la géométrie et les formes représentées : tous les objets se retrouvent divisés et réduits en formes géométriques simples, souvent <strong>des</strong> carrés. Cela signifie en fait qu'un objet n'est pas<br />

représenté tel qu'il apparaît visiblement, mais par <strong>des</strong> co<strong>des</strong> correspondant à sa réalité connue. Le cubisme consiste aussi à représenter sur une toile en deux dimensions un objet de l'espace. Picasso<br />

décompose l'image en multiples facettes (ou cubes, d'où le nom de cubisme) et détruit les formes du réel pour plonger dans <strong>des</strong> figures parfois étranges (comme une figure représentée sur une moitié<br />

de face, et sur l'autre de côté). Cette technique, initiée par Picasso et Braque, fit de nombreux émules tels que Juan Gris, Francis Picabia, Brancusi, les Delaunay, Albert Gleizes. Les premiers collages et<br />

les premiers assemblages sont réalisés pendant l'hiver 1912, Nature morte à la chaise cannée (Paris, Musée Picasso), Guitare(s) en carton (Paris, Musée Picasso). Trois formes de cubisme émergent : le<br />

précubisme, ou cubisme cézannien, le cubisme analytique et le cubisme synthétique.<br />

Pendant la période <strong>des</strong> années 1920, dans un climat de reconnaissance mondaine, il peignit <strong>des</strong> tableaux marqués par un retour à la figuration et au classicisme : Trois Femmes à la fontaine (1921), et<br />

<strong>des</strong> œuvres inspirées par la mythologie comme les Flûtes de Pan (1923).<br />

L’année 1925 fut celle d’une rupture radicale dans la production du peintre. Il peignit <strong>des</strong> tableaux très violents montrant <strong>des</strong> créatures difformes, convulsives, prises dans les rets d’une rage hystérique.<br />

L’influence <strong>des</strong> poètes surréalistes fut indéniable dans cette volonté de dépeindre de l’intérieur l’enfer personnel. Cependant il adoptait une approche plus pragmatique que celle du « rêve calqué sur la<br />

toile » <strong>des</strong> surréalistes. Le 25 mars 1936 voit le départ secret de Picasso avec Marie-Thérèse et Maya pour Juan-les-Pins. Il fait <strong>des</strong> gouaches et <strong>des</strong> <strong>des</strong>sins sur le thème du Minotaure. Cette même<br />

année, au début de la Guerre civile espagnole, il est nommé directeur du Musée du Prado à Madrid.<br />

Après la Seconde Guerre mondiale, ses tableaux deviennent plus optimistes, plus gais, montrant, comme l'indique le titre d'un tableau de 1946, la Joie de vivre qu'il ressent alors. Picasso adhère, le<br />

5 octobre 1944, au Parti communiste français (PCF) et publie un article dans l'Humanité le 29-30 octobre 1944 intitulé « Pourquoi j'ai adhéré au parti communiste » dans lequel il explique que son<br />

engagement personnel date de la période de la Guerre d'Espagne, renforcé par la lutte <strong>des</strong> résistants communistes français durant la guerre qui vient de s'achever, et qu'il ne lui suffit plus de lutter avec<br />

ses <strong>peinture</strong>s « révolutionnaires » mais de « tout [lui]-même » adhérant à l'idéal communiste de progrès et de bonheur de l'homme. Très opposé à la guerre, Picasso peint la célèbre Colombe de la paix<br />

(1949) à l'occasion de son adhésion au Conseil Mondial de la Paix. Il reçoit à ce titre un prix international de la paix en 1955. L'attrait pour les colombes chez le peintre remonte à son enfance, où son<br />

père utilisait <strong>des</strong> pigeons comme modèles que Picasso allait jusqu'à emporter avec lui à l'école.<br />

De 1956 à 1970, Picasso joue avec l’emprunt et la citation en s’appropriant <strong>des</strong> œuvres comme « les minimes » de Vélasquez ou « le déjeuner sur l’herbe » de Manet.<br />

Picasso décède le 8 avril 1973 d'une embolie pulmonaire et est enterré dans le parc du château de Vauvenargues dans les Bouches-du-Rhône sur le choix de Jacqueline Picasso et Paulo Picasso après que<br />

la mairie de Mougins a refusé l'inhumation sur sa commun.


Correction :<br />

1) Introduction <strong>–</strong> Présentation de la <strong>peinture</strong><br />

→ C’est une image présentant une œuvre de Pablo Picasso intitulée « Guernica » de 1937, <strong>peinture</strong> à l’huile. À la suite du bombardement de Guernica, le<br />

26 avril 1937 pendant la guerre civile espagnole, horrifié par ce crime, Picasso se lance dans la création d'une de ses œuvres les plus célèbres : Guernica et il<br />

dit: « Cette <strong>peinture</strong> n’est pas faite pour décorer les appartements. C’est un instrument de guerre, offensif et défensif contre l’ennemi. ». Elle symbolise<br />

toute l'horreur de la guerre et la colère ressentie par Picasso à la mort de nombreuses victimes innocentes, causée par le bombardement <strong>des</strong> avions nazis à la<br />

demande du général Franco. La légende veut qu'à Otto Abetz, ambassadeur du régime nazi à Paris, qui lui aurait demandé devant une photo de la toile de<br />

Guernica, un peu indigné lors d'une visite à son atelier : « C'est vous qui avez fait cela ? », Picasso aurait répondu : « Non… c'est vous »<br />

2) Description et analyse<br />

Guernica est d'une taille imposante (349 3 cm x 777 6 cm). C'est une <strong>peinture</strong> à l'huile, globalement vue en noir et blanc (en fait aux couleurs peu<br />

nombreuses : du gris-noir barré de jaune et blanc). Elle représente une scène de violence, de douleur, de mort et d'impuissance dont la cause n'est pas<br />

représentée explicitement dans la série <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> préparatoires du premier jour (le 1 er mai 1937) conservées au Musée de la Reine Sofia à Madrid : les<br />

flammes causées par les bombes ne sont pas encore présentes sur les toits <strong>des</strong> maisons et les premiers <strong>des</strong>sins semblent évoquer une simple querelle entre<br />

<strong>des</strong> chevaux et <strong>des</strong> taureaux qu'une femme, tendant au bout de son bras une lampe à pétrole, chasse de la place du village par ses cris. Une étude récente<br />

montrerait cependant que la toile achevée serait reliée dès ses premières esquisses aux travaux précédents de Picasso sur la Minotauromachie (1930-1937) :<br />

le taureau présent sur le tableau n'étant plus que l'avatar du Minotaure et son regard celui du monstre mythique qui a joui de son forfait, le viol d'une jument<br />

qui représente symboliquement d'après Picasso lui-même, le peuple espagnol. Quand il aura connaissance au cours de la journée du premier mai 1937 <strong>des</strong><br />

photographies de Guernica en flammes publiées par les journaux, il intègrera le bombardement dans son œuvre comme une conséquence de ce viol, idée<br />

première de la construction, en rajoutant par surimpressions successives, les effets désastreux que le machisme effréné peut avoir sur l'humanité : un<br />

cortège de massacres et de villes en flammes. Ni Picasso ni le monde ne seront plus pareils après Guernica.<br />

Le choix d'un effet global de noir et blanc évoque les photos de guerre : Picasso vivait en France depuis 1900 mais son cœur espagnol a été profondément<br />

choqué quand il a appris par la presse que Guernica avait été bombardée. Le noir et blanc du tableau résulte également <strong>des</strong> photographies prises lors de la<br />

longue élaboration de l'œuvre par la compagne de Picasso, Dora Maar, photographe surréaliste, qui apportait régulièrement au peintre dans son atelier de la<br />

rue <strong>des</strong> Grands-Augustins, les clichés <strong>des</strong> états successifs de l'œuvre. Picasso consultait les états antérieurs de sa toile pour modifier la <strong>peinture</strong> par une<br />

nouvelle balance <strong>des</strong> blancs et <strong>des</strong> noirs pour que Guernica apparaisse comme un immense poster compréhensible par tous, dénonçant le crime contre<br />

l'humanité qui venait de se produire. Ainsi, dans le pavillon de la République espagnole de l'Exposition Universelle, Picasso put exposer une critique <strong>des</strong><br />

totalitarismes qui étaient intervenus militairement dans la guerre d'Espagne, juste à côté de leurs pavillons monumentaux, instruments de leur propagande.<br />

La figure centrale du tableau est un cheval blessé, une jument plus exactement, dont le corps est marqué par le viol. À gauche, une femme porte son enfant<br />

mort et hurle de douleur. Derrière elle, un taureau, impassible, image de la cruauté et de la force brutale qui pourrait symboliser la future dictature de Franco<br />

et celle d’Hitler. À droite du tableau, trois femmes désarticulées pleurent ou hurlent dont le personnage de la mère qui reprend le thème du Massacre <strong>des</strong><br />

innocents de Nicolas Poussin. En fond de tableau, <strong>des</strong> formes géométriques sombres évoquent <strong>des</strong> immeubles effondrés. En bas, une tête d'homme et un bras<br />

coupé tient une épée brisée signe de la défaite. Seule minuscule trace d'espoir, une main porte une toute petite fleur.


En ce qui concerne la lumière, elle semble provenir du haut de la toile créant ainsi une composition pyramide qui englobe le chaos et les corps mutilés et en<br />

souffrance. La forme, entre soleil et abat- jour, placée sur la ligne verticale médiane de la toile, n’a qu’un impact symbolique sur les corps représentés. En<br />

effet, les ombres et les lumières ne dépendent pas d’une source lumineuse mais elle est plutôt agencée dans l’espace comme un moyen de rendre<br />

compréhensible et lisible l’action de la toile. La lanterne serait plus utilisé comme l’objet révélateur du massacre et du drame de Guernica.<br />

Dans la composition pyramidale, les corps et le traitement de l’artiste donne une impression de mouvement voire d’agitation malsaine. Les lignes, les pointillés<br />

et les ombres portés donnent cette sensation de cassures, de verres brisées qui éclatent littéralement l’espace.<br />

L’espace, Picasso le veut frontal pour marquer davantage les esprits du public comme une vitrine de cet événement historique comme étant la vision de<br />

l’horreur de cette seconde guerre mondiale, guerre qui n’avait d’ailleurs pas été déclaré en 1937. Le traitement <strong>des</strong> corps, l’espace qui semble intérieur, la<br />

lumière et la composition ont cette volonté de se lire immédiatement sans détour. Picasso voulait sa toile comme « un instrument de guerre » contre les<br />

régimes fascistes.<br />

« La guerre d'Espagne est la bataille de la réaction contre le peuple, contre la liberté. Toute ma vie d'artiste n'a été qu'une lutte continuelle contre la<br />

réaction et la mort de l'art. Dans le panneau auquel je travaille et que j'appellerai Guernica et dans toutes mes œuvres récentes, j'exprime clairement mon<br />

horreur de la caste militaire qui a fait sombrer l'Espagne dans un océan de douleur et de mort. »<br />

3) Interprétation<br />

Le « soleil, abat-jour » du haut de la toile, comme je le disais précédemment, a pour vocation à être symbolique. Elle peut suggérer la spiritualité ou plutôt la<br />

quête de la spiritualité pour le salut <strong>des</strong> âmes. En effet, ce soleil, représenté entre œil et abat-jour, montre aspect de la lumière. L’œil peut signifier dieu car<br />

étrangement nous pouvons la comparer au dieu Râ de l’antiquité égyptienne. Tandis que l’aspect abat-jour, renvoyant à nos intérieurs, pourrait traduire<br />

l’intériorité <strong>des</strong> corps et <strong>des</strong> figures représentées mais leurs quêtes vers un paradis possible. Par exemple, les deux personnages, à droite de l’image, peuvent<br />

prétendre à cette interprétation. Celle du haut renvoie à une âme et se dirige vers la lumière. Tandis que celle du bas cherche à capter la lumière soit vers une<br />

quête d’espoir ou de respiration soit vers la recherche d’un dieu ou d’un paradis possible. Cette valeur symbolique n’est donc pas révélatrice de l’action de la<br />

toile (la lanterne aurait plus cette prétention d’ailleurs) mais plutôt révélatrice du sens et du message de la toile de Picasso.<br />

En effet c’est une oeuvre de dénonciation et de protestation contre le bombardement de la ville basque Guernica (qui a donné son nom au tableau), Guernica<br />

est une lutte révolutionnaire par la <strong>peinture</strong>, le manifeste politique de Picasso et l’emblème de la participation du peintre aux drames de son temps : la violence,<br />

la barbarie et la guerre. Pablo Picasso rejoint en ce sens Francisco Goya, devenu lui aussi témoin engagé <strong>des</strong> évènements de son époque (violences et<br />

répressions lors de la guerre de 1808).<br />

Picasso utilise à ces fins une <strong>peinture</strong> aux formes dramatiques, aux contrastes violents et aux couleurs peu nombreuses (du gris-noir barré de jaune et blanc).<br />

Cette absence de couleur évoque la mort, à la fois la mort <strong>des</strong> victimes et la mort de la civilisation.<br />

Picasso se sert aussi de symboles empruntés à la mythologie espagnole, le taureau et le cheval ; le taureau c’est la brutalité et le cheval c’est le peuple. Dans la<br />

période qui suit les années vingt, Picasso exécute déjà <strong>des</strong> œuvres tourmentées de corrida qui préfiguraient Guernica et en 1935, dans une eau-forte, la<br />

« Minotauromachie », il exécute une représentation, aux formes torturées, du Minotaure, annonçant une tension qui se terminera deux ans plus tard dans<br />

Guernica.


4) Conclusion <strong>–</strong> Impact de la <strong>peinture</strong><br />

Cette œuvre est certainement l’une <strong>des</strong> œuvres emblématiques du 20ème siècle de part son traitement plastique mais aussi de par son caractère engagé<br />

contre les régimes totalitaires. Elle s’inscrit totalement dans l’histoire de l’art à la fois dans la continuité (composition pyramidale, <strong>peinture</strong> d’histoire, symbole<br />

espagnol…) mais aussi dans la rupture (traitement plastique <strong>des</strong> corps, de l’espace, de la lumière). Cette œuvre montre le point de vue personnel de l’artiste.<br />

Elle est une œuvre engagé politiquement et une vision de l’état du monde à cette époque. Elle reste imprimer dans nos mémoires collectives comme une image<br />

dénonciatrice et visionnaire de la seconde guerre. Œuvre devenue une référence dans l’histoire de l’art, elle fut empruntée et citée maintes et maintes fois<br />

que cela soit dans le domaine <strong>des</strong> <strong>arts</strong> mais aussi dans la culture populaire et nos médias contemporains. Des artistes comme Erro ou English qui détournent<br />

avec plus ou moins d’humour l’œuvre majeure de Picasso.

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