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1.1.2. Influence de l’évolution de l’agriculture sur les dynamiques de population de micromammifère en Europe tempérée Les petits mammifères font partie intégrante des écosystèmes agricoles (ou agrosystèmes) (Freemark, 1995), qui constituent le mode d’occupation du sol (prairies, pâtures, cultures) majoritaire en Europe (Robinson & Sutherland, 2002). Ils représentent aussi les espèces d’animaux vertébrés responsables des dégâts les plus importants pour l’agriculture en Europe Centrale (Myllymäki, 1977). Certaines pratiques agricoles peuvent influencer positivement les populations de rongeurs, alors que d’autres leurs sont défavorables (Jacob, 2003) (cf. chapitre 2.). Après la Seconde Guerre Mondiale, la politique agricole au sein des pays de l’Union Européenne (UE) a encouragé l’intensification de l’agriculture pour une autosuffisance dans la production des ressources alimentaires (Marriott, 2004). Cette intensification a progressivement conduit à une séparation géographique des systèmes spécialisés dans la culture (monocultures de céréales ou de légumineuses * ) et le pastoralisme (élevage carné ou laitier). Au cours des années 60, la mécanisation a entraîné une homogénéisation des paysages régionaux, avec l’augmentation de la taille des champs et la suppression des haies et des talus pour permettre une utilisation plus efficace des engins agricoles volumineux et réduire ainsi les coûts de production par hectare (Roschewitz et al., 2005). Les exploitations agricoles ont aussi diminué en nombre et en main d’œuvre mais ont augmenté en surface (+ 33 % de 1975 à 1995) (Poiret, 2005). Parallèlement, l’utilisation accrue de fertilisants azotés (+ 41 % de 1970 à 1994) (Poiret, 2005) et de pesticides a permis une augmentation considérable des rendements mais a aussi conduit à une surproduction par rapport au marché mondial. De plus, les années 80 ont été marquées par la prise de conscience des problèmes environnementaux engendrés par les changements dans l’agriculture européenne (Robinson & Sutherland, 2002 ; Roschewitz et al., 2005). Dans les années 90, la Politique Agricole Commune (PAC) a donc initié des réformes, avec notamment la mise en place en 1992 de la Prime de Maintien du Système d’Elevage Extensif (PMSEE). A partir de l’an 2000, cette aide structurelle a été convertie en aide surfacique (Prime Herbagère Agri-Environnementale * Légumineuses : désigne une famille végétale. Est aussi désignée par le terme «fabacées » et « papillonnacées ». Thèse C. Morilhat 2005 11

PHAE) par les Mesures Agri - Environnementales (MAE) pour contrer les problèmes écologiques engendrés par la course à l’agrandissement des exploitations agricoles. Outre les problèmes de pollution environnementale, les évolutions de l’agriculture au cours du siècle dernier ont eu comme conséquence une perte de la biodiversité faunistique et floristique (Jacob & Halle, 2001). En effet, les changements paysagers dus à l'intensification des pratiques agricoles ont affecté la dynamique des populations animales et végétales dans les processus fondamentaux de migration et de colonisation (Giraudoux et al., 1997 ; Hanski, 1999 ; Alard & Poudevigne, 1997). A travers l'Europe, des déclins de populations d'oiseaux et d'arthropodes inféodés aux paysages agricoles ont été observés (Crick et al., 1998 ; Aebischer & Potts, 1990 ; Hald, 1999). Ces déclins ont été mis en parallèle avec les changements majeurs de conduite des exploitations agricoles qui ont abouti à d'importantes modifications dans la structure et la composition des habitats (Rands, 1985 ; Robertson & Berg, 1992 ; Broyer, 1988 & 1994 ; Tucker & Heath, 1994). Les plantes des moissons et des prairies n'ont pas non plus échappé à cette baisse de la biodiversité (Haas & Streibig, 1982 ; Green, 1990; Broyer, 1988 & 1994 ; Daudon, 1992 ; Grévilliot & Muller, 1996). Par exemples, l’augmentation de la fertilisation aboutit à une eutrophisation des milieux entraînant une disparition des espèces végétales oligotrophes ; l'augmentation du taux de renouvellement de la prairie par le travail du sol et le semis cause des difficultés de survie pour certaines espèces vivaces ; le chaulage du sol fait disparaître les espèces calcifuges ; la fauche précoce empêche la reproduction des plantes thérophytes et des espèces à fructification "tardive". Parallèlement, les évolutions de l’agriculture ont pu favoriser les pullulations de certaines espèces d’insectes et de micromammifères, en augmentant la proportion d’habitats optimaux dans le paysage. De plus, au cours des dernières décennies, des pratiques encouragées par les MAE (prairies extensives, pâturage modéré, zones de « compensation écologique » comme les bordures enherbées), en agissant positivement sur la biodiversité, ont pu aussi créer des conditions favorables pour les espèces pullulantes (Briner et al., 2005), telles que les micromammifères (Jacob & Halle, 2001). Thèse C. Morilhat 2005 12

PHAE) par les Mesures Agri - Environnementales (MAE) pour contrer les problèmes<br />

écologiques engendrés par la course à l’agrandissement <strong>de</strong>s exploitations agricoles.<br />

Outre les problèmes <strong>de</strong> pollution environnementale, les évolutions <strong>de</strong> l’agriculture au cours<br />

du siècle <strong>de</strong>rnier ont eu comme conséquence une perte <strong>de</strong> la biodiversité faunistique et<br />

floristique (Jacob & Halle, 2001). En effet, les changements paysagers dus à l'intensification<br />

<strong>de</strong>s pratiques agricoles ont affecté la dynamique <strong>de</strong>s populations animales et végétales dans<br />

les processus fondamentaux <strong>de</strong> migration et <strong>de</strong> colonisation (Giraudoux et al., 1997 ; Hanski,<br />

1999 ; Alard & Pou<strong>de</strong>vigne, 1997). A travers l'Europe, <strong>de</strong>s déclins <strong>de</strong> populations d'oiseaux et<br />

d'arthropo<strong>de</strong>s inféodés aux paysages agricoles ont été observés (Crick et al., 1998 ; Aebischer<br />

& Potts, 1990 ; Hald, 1999). Ces déclins ont été mis en parallèle avec les changements<br />

majeurs <strong>de</strong> conduite <strong>de</strong>s exploitations agricoles qui ont abouti à d'importantes modifications<br />

dans la structure et la composition <strong>de</strong>s habitats (Rands, 1985 ; Robertson & Berg, 1992 ;<br />

Broyer, 1988 & 1994 ; Tucker & Heath, 1994). Les plantes <strong>de</strong>s moissons et <strong>de</strong>s prairies n'ont<br />

pas non plus échappé à cette baisse <strong>de</strong> la biodiversité (Haas & Streibig, 1982 ; Green, 1990;<br />

Broyer, 1988 & 1994 ; Daudon, 1992 ; Grévilliot & Muller, 1996). Par exemples,<br />

l’augmentation <strong>de</strong> la fertilisation aboutit à une eutrophisation <strong>de</strong>s milieux entraînant une<br />

disparition <strong>de</strong>s espèces végétales oligotrophes ; l'augmentation du taux <strong>de</strong> renouvellement <strong>de</strong><br />

la prairie par le travail du sol et le semis cause <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong> survie pour certaines espèces<br />

vivaces ; le chaulage du sol fait disparaître les espèces calcifuges ; la fauche précoce empêche<br />

la reproduction <strong>de</strong>s plantes thérophytes et <strong>de</strong>s espèces à fructification "tardive".<br />

Parallèlement, les évolutions <strong>de</strong> l’agriculture ont pu favoriser les pullulations <strong>de</strong> certaines<br />

espèces d’insectes et <strong>de</strong> micromammifères, en augmentant la proportion d’habitats optimaux<br />

dans le paysage. De plus, au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières décennies, <strong>de</strong>s pratiques encouragées par les<br />

MAE (prairies extensives, pâturage modéré, zones <strong>de</strong> « compensation écologique » comme les<br />

bordures enherbées), en agissant positivement sur la biodiversité, ont pu aussi créer <strong>de</strong>s<br />

conditions favorables pour les espèces pullulantes (Briner et al., 2005), telles que les<br />

micromammifères (Jacob & Halle, 2001).<br />

Thèse C. Morilhat 2005 12

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