La Féodalité et le Corporatisme dans le Droit hongrois ... - Adatbank

évolution de la société hongroise. Et ce sont les serfs qui en ressentiront
les inconvénients. Antérieurement le serf pouvait à force de
diligence, de services rendus, de biens amassés, s'élever au rang de
propriétaire, s'allier avec des familles nobles, et enfin parvenir au
droit de la noblesse. Maintenant il en est exclu par une barrière
d'airain, quelle que soit l'étendue de sa fortune. Par contre l'anoblissement
en masse de ceux qui se partagent les redevances des serfs,
augmentent démesurement les charges des paysans et ce n'est plus
sur la terre, mais de nouveau sur la personne qu' elles vont peser
lourdement. Enfin la classe servile et les bourgeois pouvaient parvenir
à la classe propriétaire indépendamment de la volonté du seigneur,
mais maintenant le blason ne se donnait qu'avec le consentement
des représentants de la noblesse qui, elle, avait des intérêts
contraires. L'injustice fondamentale de l'État corporatif hongrois est
donc l'héritage de la fin du XV-e siècle.
Mais le corporatisme de plus en plus raidi de la fin du moyenâge
conserve pourtant quelques traits aussi de l'époque ou la noblesse
se rattachait encore à la possession. La division de la société en
classes eut trois conséquences. Au sein de la noblesse les propriétaires
de domaines jouissaient d'une estime plus grande que ceux
qui ne possédaient pas de terres, et certaines charges ne revenaient
qu' à eux. Les petits nobles sans terres, ne possédant qu'une ,,mansio",
se réunissent en groupes pour fournir ensemble un soldat; de
même ils ne peuvent se présenter tous personnellement à la diète.
Rien ne les sauve d'être noyés dans la classe servile, que le blason,
c'est à dire la noblesse de forme. Enfin les nobles, possesseurs de
grandes fortunes, achèvent l'évolution interrompue en constituant le
corps de haute noblesse (barons, magnats) avec des privilèges spéciaux.
2. Et les autres classes de la société, n'aspiraient'elles point à
se former en „états"? Et quel résultat avait leur mouvement? Au
moyen-âge bourgeoisie et servage ne sont pas nettement divisés. À
partir du XHI-e siècle quelques comunautés plus développées, au
nombre d'un millier environ, parviennent à l'aide de lettres patentes
à des libertés plus étendues que celles des villages serfs. De ces communautés
quelques-unes s'élèvent encore par un progrès économique
plus avancé à l'état de ville. Les bourgeois des villes tâchent d'acquérir
les mêmes droits que les autres ordres, c'est à dire la protection
de leur personne, la juridiction spéciale par des tribunaux urbains,
la réduction de leurs prestations, la libre disposition de leurs