n° 123 - Janv. - Fév. 2010 - 3 euros - La Guilde Européenne du Raid
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© D.R.<br />
Comment lutter efficacement<br />
contre la faim ?<br />
Le développement est la meilleure arme contre la faim.<br />
Il entraîne en effet une élévation généralisée <strong>du</strong> niveau de vie,<br />
qui permet de ré<strong>du</strong>ire le nombre de pauvres donc de malnutris.<br />
<strong>La</strong> faim a ainsi considérablement diminué en Asie orientale, et<br />
notamment en Chine. Mais l’accroissement des inégalités dans les<br />
villes et la paupérisation des campagnes, longtemps délaissés<br />
dans les choix économiques de l’Inde et de la Chine, font que la<br />
faim progresse à nouveau, notamment dans les villes, après avoir<br />
longtemps diminué : aujourd’hui, elle affecte 925 millions de<br />
personnes dans le monde, dont plus de 30 millions de personnes<br />
dans les pays développés.<br />
Des programmes ciblés vers ceux qui sont les premières<br />
victimes de la faim obtiennent des résultats rapides.<br />
Bien que la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de<br />
1948 reconnaisse l’existence d’un droit à l’alimentation (dans ses<br />
articles 2 et 25), celui-ci est loin d’être une réalité dans les faits.<br />
Les malnutris sont des citoyens de seconde zone. Pourtant, en<br />
deux ans, on peut faire chuter de moitié, voire des deux tiers, le<br />
taux de malnutrition d’une région pauvre, à condition de bien<br />
identifier les populations qui souffrent de la faim et de concevoir<br />
à leur intention des programmes ciblés de nutrition, d’é<strong>du</strong>cation<br />
alimentaire, de développement agricole et de création d’emplois.<br />
Ils obtiennent d’excellents résultats, rapidement, et avec des<br />
coûts limités. Certains pays tels le Brésil, le Bangla Desh ou le<br />
Malawi font aujourd’hui de la lutte contre la faim une priorité.<br />
En cas de carence gouvernementale, il appartient aux ONG et<br />
à l’ONU, avec notamment la FAO et le PAM, de s’en charger,<br />
mais leur action ne peut être que ponctuelle et ciblée sur les<br />
populations à risque.<br />
L’aide alimentaire doit être réservée<br />
aux situations d’urgence et de courte <strong>du</strong>rée.<br />
Si l’aide alimentaire permet de faire face aux situations d’urgence,<br />
elle décourage l’agriculture locale lorsqu’elle se prolonge, car elle<br />
entraîne une baisse des prix et empêche de vendre les récoltes.<br />
De même, la distribution de repas en milieu scolaire favorise<br />
certes la scolarisation des enfants, mais présente des effets<br />
pervers dans les familles très pauvres, qui considèrent que l’enfant<br />
a déjà été nourri à l’école. Voilà pourquoi toutes les réponses<br />
consistant à distribuer de la nourriture doivent être très ciblées et<br />
leur impact réexaminé en permanence.<br />
Agir sur les femmes,<br />
et notamment sur les mères de famille, est essentiel.<br />
Le statut de la femme, particulièrement son niveau é<strong>du</strong>catif, a<br />
une influence directe sur la situation nutritionnelle de ses enfants.<br />
Il existe une corrélation mathématique entre le nombre d’années<br />
de scolarité suivies par les mères et le nombre d’enfants qu’elles<br />
mettent au monde, ainsi que le taux de mortalité infantile de<br />
ces derniers.<br />
Un pic très important de mortalité s’observe notamment vers<br />
15-18 mois, au moment <strong>du</strong> sevrage de l’enfant : mal informées,<br />
les mères les passent directement de l’allaitement maternel au<br />
plat familial, à base de riz en Asie, de mil, de sorgho ou de<br />
manioc en Afrique, de maïs ou de blé en Amérique latine, ce<br />
qui a des conséquences parfois dramatiques pour les enfants<br />
(diarrhée, amaigrissement, carences en vitamines et protéines,<br />
kwashiorkor et malnutrition protéino-énergétique…).<br />
Mais les femmes qui ne sont pas allées à l’école peuvent cependant<br />
donner à leurs enfants une bonne alimentation lorsqu’elles ont<br />
reçu une formation spécifique. Les ONG attachent ainsi une<br />
importance particulière aux programmes de protection maternelle<br />
et infantile, à la formation de sages-femmes, à la réalisation<br />
de programmes s’adressant aux femmes. De même, leur donner<br />
accès à une eau potable près de chez elles, par un captage<br />
de source ou le creusement d’un puits, leur permet de se libérer<br />
de la corvée d’eau et de pouvoir consacrer ainsi plus de temps<br />
à leur famille.<br />
AVENTURE <strong>n°</strong><strong>123</strong> 33