Sorciers et sorcières au rendez-vous de la lecture ... - WebLettres

Dossier
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Sorciers et sorcières au rendez-vous
de la lecture cursive en 5 e
> Balayons quelques idées !!!
Comme le signale Madame Catherine Sevestre-Loquet chargée d’études documentaires à
L’IUFM de Basse-Normandie, dans la revue Inter CDI n° 193 de janvier-fevrier 2005, nous
assistons actuellement à une profusion de romans qui mettent en scène « la sorcellerie et la
fantasy ». Un tel phénomène ne laisse pas les jeunes lecteurs insensibles et peut, qui plus
est, donner lieu à une exploitation constructive, menée en partenariat par le professeur de
lettres et le professeur documentaliste. Pour un tel travail, il nous semble pertinent de mettre
l’accent sur la lecture cursive qui est loin de suivre son cours dans les établissements
scolaires… Aussi arrêtons-nous sur ce concept.
Nous nous permettons de reprendre quelques-unes des
notes parues dans la page web des IPR de Lettres de
l’académie de Toulouse le 10 mars 2005
(http://pedagogie.ac-toulouse.fr/lettres/ipr/pages/)
« La lecture cursive veut casser la monotonie des exercices
scolaires.[…] Elle élargit les choix de lectures proposées du
patrimonial à la littérature de jeunesse et se tourne souvent
vers des lectures contemporaines. Elle insiste sur l’importance
de la notion d’incitation positive, sur l’aide différente
apportée par l’enseignant, à l’appui de listes d’œuvres et de
conseils. Elle entraîne un renouvellement des attitudes
pour ne pas mettre l’élève en échec. Cependant la lecture
cursive n’est pas une lecture immédiate, sans contraintes,
sans cadres, ni sans validation. Elle est intégrée dans la
séquence, participe à son sens de façon cohérente. Elle est
guidée par les conseils, l’écoute et les retours du professeur.
Elle fait l’objet d’une restitution. Mais ses formes
d’évaluation restent absolument libres, elles doivent être
variées, acceptées et inventives ».
Dans cet état d’esprit, nous proposons une expérience
alliant « magie » et « lecture » pour une classe de 5 e .
> Contexte
lire au collège n° 71 > été 2005
Elle se déroule au tout début de l’année scolaire afin
de créer une dynamique de lecture. Le thème du sorcier
est en outre à cet âge-là stimulant et les ouvrages qui
seront conseillés sont d’un accès facile voire très facile.
Cette action peut se situer en parallèle de l’étude d’un
groupement de textes comme le fait le manuel Textes et
expression (Français) 5 e des Editions Nathan. (Les formes
du récit. Thème : les sorcières p. 14 à 45). Il est également
possible de mener cette action de front avec la lecture
suivie de Harry Potter et la Chambre des Secrets de J-K
Rowling, étudié sous l’angle double du policier et du
merveilleux.
*

Déroulement de l’expérience
• Premier temps : découverte des titres par un « jeu »
d’appariement.
• Deuxième temps : observation de la première de couverture,
identification des éléments essentiels et lecture de
l’image.
• Troisième temps : quelques propositions de restitution.
> Premier temps : découverte des titres par
un « jeu » d’appariement
Les élèves de 5 e sont réunis en salle de cours en présence
du professeur de lettres et du professeur documentaliste
qui apporte les romans dont voici la liste :
- Tom Cox et l’impératrice sanglante, Franck Krebs,
Seuil Jeunesse, 2001
- Ma sœur est une sorcière, Diana Wynne Jones,
Gallimard Jeunesse, Folio Junior, 2002, (Les Mondes
de Chrestomanci)
- Le secret de tante Eudoxie, Eric Boisset, Magnard
Jeunesse, 2003, (La trilogie des Charmettes)
- Verte, Marie Desplechin, L’Ecole des loisirs, Neuf, 1997
- L’île du crâne, Anthony Horowitz, Hachette Jeunesse,
Fantastique, 2002
- L’ordre des sorciers, Geoffrey Huntington, Milan,
2005 (Ravenscliff)
- Qadehar le Sorcier, Erik L’Homme, Gallimard
Jeunesse, Folio Junior, 2001 (Le livre des Etoiles)
- Harry Potter à l’école des sorciers, J.K. Rowling,
Gallimard Jeunesse, Folio junior, 1998
La liste a été établie afin d’offrir un éventail riche et varié
de héros-sorciers. Elle n’est pas exhaustive et ainsi le professeur
peut assez facilement lire la totalité des ouvrages.
Les romans ont été préalablement achetés en trois ou
quatre exemplaires à la fin de l’année scolaire précédente.
De cette façon des réseaux de livres par thèmes et par
niveaux peuvent se constituer au fil des ans et être
réinvestis par l’équipe disciplinaire.
A chaque élève est distribué un format A3 sur lequel
figurent les trois éléments à apparier, à savoir :
- le titre
- la photocopie de la première page du roman.
- la photocopie de la quatrième de couverture.
lire au collège n° 71 > été 2005
Chaque première page est précédée d’un chiffre et chaque
quatrième de couverture d’une lettre afin de faciliter le
renseignement du tableau suivant :
Titres Chiffres Lettres Indices
Tom Cox...
Ma sœur…
Le secret…
Verte
L’île du crâne
L’ordre des…
Qadehar…
Harry Potter…
Cet exercice a les avantages de faire lire les élèves et de
leur donner un avant-goût des histoires qu’ils auront
à découvrir. Une fois qu’il a été corrigé avec les professeurs
et que le thème du sorcier a été mis en évidence
(notamment par les titres, quatre d’entre eux contiennent
le mot « sorcier »), chaque élève choisit un roman et
peut commencer à le lire. La possibilité de changer de
livres est offerte à tous.
> Deuxième temps : observation de la
première de couverture, identification
des éléments essentiels et lecture de
l’image
Les élèves qui ont apporté « leur » roman sont conviés
au CDI. Cette séance permet de réinvestir dès le premier
trimestre les acquis documentaires de 6 e . Les élèves sont
censés savoir identifier un document. S’agissant de
livres, les éléments d’identification qui doivent être
dégagés sont :
- le titre
- l’auteur
- l’éditeur
- la collection
- la cote
Les élèves pourront le cas échéant relever les autres
éléments écrits figurant sur la première de couverture :
les noms des séries auxquels appartiennent certains
volumes comme La trilogie des Charmettes ou
Ravenscliff.
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Un tableau reprenant ces critères est remis à chaque élève
à qui on demande d’observer au moins quatre romans.
Titre
Auteur
Editeur
Collection
Cote
Autre élément
« écrit »
Roman 1 Roman 2 Roman 3 Roman 4
Au cours de la correction commentée, les professeurs
attirent l’attention des élèves sur deux points, d’une part
la définition de la collection, d’autre part la mention de la
série souvent insérée par l’éditeur à des fins commerciales…
Certains ouvrages comme Ma sœur est une sorcière et
Qadehar le sorcier mettent les deux à la page.
Pour nous approcher davantage de la figure des sorciers,
nous nous intéressons maintenant à l’illustration de la
première de couverture en demandant aux élèves si elles
ont toutes un rapport avec l’univers de la sorcellerie ou au
contraire si les sorciers sont cachés. Nous remarquons que
la majorité des livres fait appel aux représentations traditionnelles
d’un tel univers. Verte et Harry Potter et la
chambre des Secrets reprennent la robe, le chapeau pointu
et la baguette magique. En étant très attentifs les élèves
peuvent repérer la présence d’une sorcière au second plan
de la première de couverture de Ma sœur est une sorcière,
reconnaissable à son chapeau et à son balai et également
observer que le « i » du titre L’île du crâne (dernière édition,
chez Hachette jeunesse) est un sorcier chapeauté ! Des
ailes menaçantes de corbeau - volatile bien connu de ce
monde maléfique - envahissent le premier plan de L’ordre
des sorciers et annoncent la tonalité de ce roman qui frôle
l’épouvante. Ces remarques se font oralement.
Maintenant tournons la première de couverture et envisageons
des prolongements variés et inventifs, qui ne mènent
pas les élèves à la baguette mais les laissent au contraire
maîtres de leur cheminement intérieur en sorcellerie.
lire au collège n° 71 > été 2005
> Troisième temps : quelques propositions
de restitution
> Elaborer un « livre-accordéon »
A la maison, les élèves ont trois semaines pour créer un
« livre-accordéon » à partir de la fiche de consignes distribuée
en classe (annexe 1).
Ce dernier est constitué de plusieurs volets qui sont autant
de fenêtres ouvertes sur l’histoire. Le premier et le deuxième
volets sont la première et la quatrième de couverture qui
ont été photocopiées, découpées et collées sur du papier
Canson. Ainsi chaque accordéon a le format du livre
correspondant.
Cet exercice non seulement rend compte de la lecture et
de la compréhension du roman mais aussi privilégie la
créativité, l’habileté et le soin de l’élève. Celui-ci, parti de
l’objet-livre, en arrive à faire vivre un autre objet, unique
en son genre, qui permet d’allier l’intellect au manuel et
de laisser une trace « matérielle » de sa lecture qui sera
exposée au CDI ou en classe.
Il est à noter que les élèves de 6 e sont autant capables que
ceux de 5 e d’une telle production ; d’ailleurs, les livresaccordéons
présentés en annexe 3 en témoignent.
> Réaliser un signet ou marque-page
Dans le même esprit, pour associer lecture et geste créatif,
chaque élève peut produire un signet cartonné aux
dimensions identiques. Cette idée a d’abord été proposée
à des élèves de 4 e qui avaient à lire des romans policiers.
Le recto du signet reprend les éléments d’identification
vus plus haut et le verso s’intéresse uniquement au criminel
comme l’indique la grille d’évaluation (annexe 2) donnée
aux élèves en même temps que les livres et lue en classe.
Cette année, Myriam Lefèbvre, professeur de lettres au
collège Démoz de la Salle, en Haute Savoie, l’a proposée à
des élèves de 5 e en s’appuyant sur le livre Harry Potter et
la chambre des secrets qui correspond à ce profil. Nadine
Travacca, dans le numéro 48 de Lire au Lycée professionnel
met également l’accent sur l’intérêt de cette restitution
originale qui ne s’adresse pas à une tranche d’âge
particulière.

S’interroger sur un type de héros : le sorcier
Plusieurs étapes vont rythmer cette démarche qui se fait en
classe et au CDI. Les élèves travaillent par groupe autour
d’un même titre (un jeu de livres est indispensable).
• Chacun d’entre eux remplit au brouillon le tableau
suivant afin de dégager les caractéristiques du sorcier de
chaque roman (un secrétaire par groupe est désigné).
Titre
du Fiche d’identité Schéma actantiel
roman
Nom : ……………………. Que cherche-t-il ? ......................
Prénom : ………………… ……........…………………………
Age :……………………… ……........…………………………
Sexe : ……………………. ……........…………………………
Physique : ……………….. ……........…………………………
………………………….… Qui l’aide ...................................
………………………….... ……........…………………………
Tenue vestimentaire : …... ……........…………………………
…………………………... ……........…………………………
…………………………… ……........…………………………
Caractère : ………………. ……........…………………………
…………………………... ……........…………………………
…………………………… ……........…………………………
Adresse : ……………..…. ……........…………………………
…………………………… Qui s’oppose lui ?
Situation familiale : …..… ……........…………………………
…………………………… ……........…………………………
Pouvoirs magiques : ……. ……........…………………………
…………………………… ……........…………………………
Animal familier : ……..… ……........…………………………
..................................... .................................................
• Chaque groupe présente ses réponses à l’oral devant la
classe (on choisit un rapporteur par groupe).
• A chaque équipe sont remis deux formats A3 qui rassemblent
les huit tableaux des caractéristiques mises en
évidence précédemment et permettent de répondre à la
question « Existe-t-il un sorcier-type » ?
• Le professeur est alors le secrétaire de la classe et fait
la synthèse des conclusions des élèves.
lire au collège n° 71 > été 2005
Les intérêts de cette restitution sont de plusieurs ordres :
- rendre actif l’élève-lecteur et motiver sa lecture en lui
soumettant un axe d’étude ;
- varier les tâches et permettre aux élèves qui aiment
bien écrire ou prendre la parole de se mettre en valeur ;
- donner confiance, en ce début d’année scolaire, à
chacun par le biais de la mise en commun des
recherches et de la réflexion ;
- en terme d’objectifs disciplinaires, initier l’élève au
portrait (conformément aux IO de 5 e ) et le rendre
sensible aux différentes forces qui agissent dans un
récit et qui participent à sa construction.
> En guise de conclusion
La lecture cursive est un espace de liberté où professeurs et
documentalistes peuvent trouver un terrain d’entente qui
favorise l’expression et l’autonomie des élèves. Ce
potentiel de créativité et d’émulation est d’autant plus
exploité qu’il s’appuie sur une littérature à laquelle
d’aucuns reprocheront d’avoir des visées commerciales,
mais qui offre tout de même des œuvres de qualité plus
proches des élèves que les classiques. L’évaluation
différente, qui tient compte de critères autres que purement
littéraires, participe du regain d’intérêt de la part du
jeune lectorat.
D’autres modes d’entrée dans le livre et de « sortie » sont
encore à imaginer, libre à vous de concevoir votre propre
grimoire !
Catherine FAVERO
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