DRACULA WALTZ - Marcel Kervan
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LE FACTOTUM, soudain alarmé – Peur ?<br />
LOUISE – Que le comte nous ait oubliées.<br />
LE FACTOTUM, rassuré – Le comte, vous oublier ! (Il se tourne vers le chef de gare, à<br />
savoir son poing rehaussé de la casquette.) Monsieur le comte n’oublie jamais rien. N’est-ce<br />
pas, mon ami le chef de gare ? Et il sera très contrarié, monsieur le comte, très contrarié quand<br />
je lui dirai que tu fais le pitre devant ses invités. A propos… comment va ton épouse ?<br />
Toujours fraîche ? Et appétissante ?<br />
LE CHEF DE GARE, terrorisé, recoiffé de sa casquette, s’adressant aux visiteurs – Il faut<br />
m’excuser. C’est la tête, ma pauvre tête. J’ai été blessé, il y a six ans. Un coup de sabre. (A<br />
Charlotte.) Là, là, touchez : on sent encore la cicatrice. On m’a recousu pendant la bataille. Et<br />
les hurlements des blessés, les gémissements des mourants, ça m’est resté là-dedans. (A ses<br />
interlocuteurs.) Et les canons ! (Il se frappe la tête.) Boum. Boum. Je les entends toujours.<br />
Surtout quand le temps est humide. Comme aujourd’hui. Alors, je n’ai plus vraiment<br />
conscience de ce que je dis, de ce que je fais. (A Sigmund.) Ah ! la guerre, monsieur, quelle<br />
catastrophe. Heureusement, c’était la dernière. C’est vrai : ils l’ont dit. Il y a même un<br />
ministre qui est venu faire un discours. Sur la grand’place. Mais moi, j’ai gardé le cerveau<br />
tout embrouillé. Il faut m’excuser. Il faut m’excuser.<br />
LE FACTOTUM, aux voyageurs – Dois-je mentionner auprès du comte l’attitude de ce<br />
fonctionnaire ?<br />
LOUISE – Il n’a pas été incorrect.<br />
CHARLOTTE – Pas envers toi. Madame…<br />
LOUISE – Il ne pouvait pas deviner. Tu aurais pu être l’épouse de Sigmund.<br />
SIGMUND – Hé !<br />
LOUISE, à Charlotte – Tu ne peux pas lui en vouloir.<br />
CHARLOTTE – Je devrais.<br />
LOUISE – Mais comme tu es la bonté même…<br />
CHARLOTTE – Je lui pardonne.<br />
Le chef de gare baise avec effusion les mains des deux femmes. Sigmund, discrètement,<br />
enfouit les siennes au fond des poches de son manteau.<br />
LE CHEF DE GARE – Merci ! Merci ! Merci ! Merci !<br />
LE FACTOTUM – La nuit tombe vite en cette saison. Et nous avons du chemin. Le traîneau<br />
nous attend.<br />
Il empoigne une partie des b agages, Sigmund l’autre. Et ils sortent tous les deux.<br />
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