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26 <strong>Le</strong> <strong>père</strong> <strong>des</strong> <strong>pauvres</strong> L’ascension d’une famille du Gâtinais sous l’Ancien Régime 27<br />
natale, il se lança dans la médecine et reçut son doctorat<br />
en 1675.<br />
Pierre I Dubé restera magistrat jusqu’à la fin de sa vie;<br />
quand il est inhumé en 1722 86 , il est qualifié de « doyen <strong>des</strong><br />
conseillers au bailliage de Montargis ». Mais il aura fait<br />
comme son <strong>père</strong> et aura ajouté <strong>des</strong> tâches de bienfaisance à<br />
sa profession : le 6 avril 1687 87 , il fut élu directeur de l’hôpital<br />
général de Montargis. Il s’occupa aussi de l’hôtel-Dieu :<br />
dans un document du 29 décembre 1699 88 , il est qualifié de<br />
« directeur et tresorier et receveur temporel de l’hôtel-Dieu<br />
de Montargis ». Il fut aussi receveur de la fabrique de l’église<br />
Sainte-Marie-Madeleine 89 . Intéressant de noter encore ceci :<br />
en 1700 90 , Edmée <strong>Le</strong> Piat, son épouse, porte le titre suivant :<br />
supérieure de la confrérie de la Charité <strong>des</strong> Pauvres.<br />
Il n’a pas été possible de dresser une généalogie de<br />
la famille d’Edmée <strong>Le</strong> Piat, mais quelques indications<br />
permettent de conclure qu’il s’agissait d’une famille assez<br />
semblable à celle de son mari. La marraine de leur fils Paul<br />
(le 13 janvier 1676 91 ) est « Demoiselle Madeleine Balery,<br />
femme de noble homme Pierre <strong>Le</strong> Piat, conseiller du roi et<br />
son avocat au bailliage de Gien ». Une dame Marie <strong>Le</strong> Piat<br />
entra chez les bénédictines de Montargis 92 .<br />
Nous avons trop peu de détails sur la fortune de<br />
Pierre I Dubé 93 pour tenter de la décrire, mais elle lui a<br />
permis, en tout cas, de poursuivre sa carrière sans difficulté<br />
et de mêler l’action charitable à l’activité professionnelle.<br />
<strong>Le</strong>s traditions familiales se continuent avec Pierre II<br />
(1677-1740): la magistrature, le service de l’église paroissiale<br />
et de l’hôpital général; mais voici quelque chose d’inédit :<br />
l’accès à la mairie de la ville.<br />
<strong>Le</strong> titre qu’on retrouve le plus souvent est celui-ci :<br />
« conseiller du roi, prévôt et juge civil et criminel en la<br />
prévôté royalle de Montargis le Franc »; il s’agit du tribunal<br />
de première instance de la ville. À cela il ajoute en 1729 la<br />
direction <strong>des</strong> affaires municipales; il fut en effet maire de<br />
Montargis de 1729 à 1733 94 .<br />
Or en 1733 95 il porte le titre de « subdélégué de<br />
l’intendance d’Orléans »; le subdélégué est une personne<br />
qui surveille, au nom de l’intendant, une partie du territoire<br />
de la généralité et le renseigne sur ce qui se passe dans les<br />
domaines qui sont sous sa juridiction.<br />
Il participa quelque temps à l’administration de sa<br />
paroisse, Sainte-Marie-Madeleine, et, en 1717, il fut nommé<br />
« marguiller d’honneur ». La même année il devenait « officier<br />
de l’hôpital général de Montargis 96 .<br />
Il acheta une seigneurie, La Borde, dont il fit suivre son<br />
nom; cette terre était située à Bonny-sur-Loire, près de Briare.<br />
L’inventaire de ses biens, rédigé en 1740, n’a pu être retrouvé.<br />
Sur sa fortune nous n’avons donc aucune donnée précise.<br />
En 1709 97 , il avait épousé Madeleine Du Cloux, fille<br />
de « noble homme Charles Du Cloux, sieur de Brierres [?],<br />
ancien gendarme de la garde du roi et de D e Marie Alix ».<br />
Seule chose à noter : parmi les oncles de la dame figurent<br />
François Pertat, conseiller honoraire du bailliage et siège<br />
présidial de Montargis; Louis Guillard, conseiller du roi,<br />
lieutenant <strong>des</strong> prévôté et élection de Montargis, et François<br />
Alix, prévôt en la prévôté royale de Montargis. Il y avait donc<br />
entre les deux lignages <strong>des</strong> ressemblances.<br />
Son fils Pierre III, qui était né en 1715, mourut en 1771 98 .<br />
Voici ce qu’on peut lire dans le registre <strong>des</strong> inhumations :<br />
« M re Paul Dubé de La Borde, conseiller honoraire au bailliage<br />
et siege presidial de Montargis, lieutenant conservateur de<br />
la justice <strong>des</strong> canaux d’Orléans et du Loing, 57 ans ». On<br />
retrouve là les deux charges de magistrature qu’il occupa<br />
durant sa vie, et dans lesquelles il sut acquérir, comme on le<br />
verra bientôt, une solide réputation.<br />
Retenons de son inventaire après décès 99 , quelques<br />
détails intéressants. En « meubles et effets mobiliers, argent<br />
et argenterie » : 19 832 livres, 12 sols, 6 derniers, ce qui est<br />
déjà impressionnant. Il possède deux maisons à Montargis,<br />
mais aussi quelques terres – et on retrouve là <strong>des</strong> noms<br />
qui ont figuré, au xviii e siècle, à la suite du patronyme