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Le père des pauvres

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24 <strong>Le</strong> <strong>père</strong> <strong>des</strong> <strong>pauvres</strong> L’ascension d’une famille du Gâtinais sous l’Ancien Régime 25<br />

Mille Lhermitte. Il n’aime probablement pas cette position,<br />

qui devait l’obliger à séjourner en dehors de sa ville, si<br />

bien que dès 1689 69 il est revenu à Montargis. <strong>Le</strong> dernier<br />

poste qu’on lui connaît 70 est celui d’« esleu en l’eslection<br />

de Montargis ». À la fin de sa vie, il est qualifié d’« avocat,<br />

ancien élu à Montargis » 71 . Il meurt en 1733 72 , donc à un âge<br />

assez avancé pour l’époque, soixante-dix-huit ans.<br />

En l’année 1689, probablement 73 , lui fut concédé par<br />

son <strong>père</strong> une terre dont il fit suivre son nom. Elle est ainsi<br />

décrite dans le partage qui eut lieu le 22 janvier 1656 74 entre<br />

les deux filles de Pierre Déry, Jeanne et Françoise : le « lieu et<br />

mestairie de La Comté, scis en la paroisse de Villemandeur<br />

[en banlieue de Montargis], consistant en terres labourables<br />

et les bestiaux qui sont aud. lieu ». Il possédait aussi une<br />

autre terre, du nom de Fresnoy, située, elle aussi, non loin<br />

de Montargis 75 .<br />

On ne peut se faire une idée précise de sa fortune. La<br />

valeur <strong>des</strong> deux terres n’est pas connue. La maison où il<br />

habitait dans la ville de Montargis lui appartenait sans<br />

doute. Dans l’inventaire après décès de ses biens, en date<br />

du 26 juin 1733 76 , on retrouve pour 1974 livres, 14 sols de<br />

« meubles » – nous signalons ici qu’il y a de l’argenterie pour<br />

375 livres et que, dans un cabinet, on a vu deux tablettes<br />

« garnies de livres de droit, et medecine et autres », évalués à<br />

75 livres. Il détient plusieurs rentes; mais ses dettes passives<br />

montent à 2235 livres 77 .<br />

Quant à sa famille propre, elle diffère un peu de celles<br />

étudiées jusqu’ici. Dans le registre paroissial, on trouve,<br />

entre 1684 et 1697, neuf naissances, mais, comme le<br />

prénom de François est répété quatre fois, il semble qu’il<br />

y ait eu surmortalité; et, en effet, en 1733, au moment de<br />

sa mort, on ne trouve mention, dans l’inventaire, que de<br />

trois survivants : Marie-Catherine, qui était entrée chez les<br />

bénédictines de Sens (comme sa tante Geneviève Dubé);<br />

Anne-Edmée, qui est dite « fille majeure » – en juin 1733, elle<br />

avait quarante-huit ans, puisqu’elle était née en décembre<br />

1684 78 ; le troisième, François, qui avait désigné en 1730<br />

comme procureur son cousin Pierre II Dubé, est dit 79<br />

« demeurant au Petit Gonave [sic] l’Isle de St-Dominique ».<br />

Il y a, à soixante kilomètres de Port-au-Prince (aujourd’hui<br />

capitale d’Haïti), une localité nommée « Petit Goave », qu’on<br />

désigne comme étant un « marché au bord de la mer » 80 . Il<br />

y demeura jusqu’à sa mort, survenue en 1756 81 . Voilà certes<br />

quelque chose de tout à fait inédit pour la famille Dubé. Mais<br />

nous ne savons rien sur les fonctions qu’il remplissait dans<br />

cette colonie.<br />

Somme toute, pour François Dubé, une vie bien remplie,<br />

pour ce que nous en savons : pratique du droit, travail à la<br />

maréchaussée de Sens, puis à l’élection de Montargis, et,<br />

parmi ses enfants, une religieuse; tout cela correspondait bien<br />

aux orientations récentes de sa famille; mais un fils parti pour<br />

les Antilles, voilà une nouveauté, tout comme l’était l’usage<br />

de la particule, qu’on va retrouver un peu plus tard, dans une<br />

autre branche, celle qui nous reste à étudier.<br />

Cette branche – celle de Pierre I Dubé et de ses<br />

successeurs (Pierre II et Pierre III) – a apporté, elle aussi,<br />

comme on va voir, <strong>des</strong> nouveautés qui ne sont pas sans<br />

intérêt.<br />

Pierre I (né en 1649) suivit d’abord les traces de son <strong>père</strong>;<br />

il étudia à Montpellier; il y fut reçu docteur le 21 mars 1671 82 .<br />

Il pratiqua à Montargis; la dernière mention de « Monsieur<br />

Pierre Dubé, Docteur en médecine » dans les registres<br />

paroissiaux est du 13 janvier 1676 83 . Quand on le retrouve<br />

ensuite – c’est-à-dire le 11 février 1677 84 , il est dit « juge<br />

magistrat au bailliage et siège présidial de Montargis ».<br />

Cela signifie qu’il a laissé la médecine, a fait <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> en<br />

droit, est devenu avocat. Voilà quelque chose d’inédit dans<br />

la famille, et, je crois, de relativement rare à l’époque : un<br />

changement radical de carrière. Cependant une chose à<br />

peu près semblable s’est produite, presque simultanément,<br />

en Alsace 85 : un dénommé Jean Boecler, de Strasbourg,<br />

étudia d’abord le droit à <strong>Le</strong>ipzig, puis, en revenant à sa ville

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