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Le père des pauvres

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20 <strong>Le</strong> <strong>père</strong> <strong>des</strong> <strong>pauvres</strong> L’ascension d’une famille du Gâtinais sous l’Ancien Régime 21<br />

<strong>Le</strong> premier mariage de Paul Dubé ne dura pas très<br />

longtemps; peu après la naissance de sa fille Anne, qui<br />

fut baptisée le 27 janvier 1639 42 , Anne Billault mourut, on<br />

ne sait dans quelles circonstances. <strong>Le</strong> second mariage eut<br />

lieu quelques mois plus tard, en 1640 vraisemblablement,<br />

avec Jeanne Déry, laquelle accoucha d’une fille, qu’ils firent<br />

baptiser le 29 septembre 1641 43 sous le nom de Jeanne.<br />

Nous avons pu trouver quelques renseignements sur le<br />

statut social de sa deuxième épouse.<br />

Son <strong>père</strong>, Pierre Déry, était marchand bourgeois de<br />

Montargis et il fit partie du conseil municipal en tant<br />

qu’échevin 44 ; on retrouve semblable carrière chez le frère de<br />

celui-ci, Jean Déry; à noter qu’une <strong>des</strong> filles de ce dernier,<br />

Marie-Madeleine, épousa Edme Corrillon 45 , docteur en<br />

médecine, qui s’entendit très bien avec son allié Paul Dubé.<br />

Quant aux frères et sœurs de Jeanne, il n’est pas absolument<br />

sûr que ce soient ceux qui figurent dans notre tableau<br />

généologique (voir Annexe I). On y retrouve quatre mâles,<br />

dont trois sont marchands bourgeois, et un est détenteur<br />

d’une petite charge en l’élection de Montargis 46 . Sa sœur<br />

Françoise épousa un magistrat 47 . <strong>Le</strong>s deux filles ont donc<br />

réussi à faire avancer la famille par la médecine et la<br />

magistrature. La génération suivante est aussi variée, mais<br />

on y retrouve un marchant, un marchad taneur, un curé, et un<br />

praticien – or on ne peut savoir si cette dernière qualification<br />

relève du droit ou de la médecine ; ce mot pouvait s’appliquer<br />

a l’une ou l’autre profession. (Voir dans le Dictionnaire de<br />

l’Académie française, 1765). Mais nous n’avons pu découvrir<br />

ce qu’étaient devenus les deux étudiants qui figurent dans<br />

le tableau généalogique : Barthélemy qui se trouve en 1667<br />

au collège de Montargis, et Pierre, qui étudie la philosophie<br />

à Paris, en 1677.<br />

<strong>Le</strong> scénario <strong>des</strong> alliances, si l’on peut dire, est le même<br />

que celui <strong>des</strong> familles dans lesquelles entrèrent les sœurs<br />

du médecin; Etiennette, qui épousa Pierre Collesson,<br />

marchand tanneur à Bléneau, et Jeanne, qui se marie<br />

à René Bossu, procureur fiscal de la terre et seigneurie<br />

de Bléneau.<br />

Pierre Collesson travailla beaucoup de concert avec son<br />

beau-<strong>père</strong>; leurs noms figurent côte à côte dans plusieurs<br />

contrats notariés 48 . Etienne Collesson, le frère de Pierre, est,<br />

lui aussi, tanneur; son fils, Esme, acquit une propriété et<br />

devint sieur de Beaurain; il fut reçu avocat et se fit concéder<br />

une charge d’une certaine envergure 49 , celle de « chef <strong>des</strong><br />

fourrières de Son Altesse Royalle Madame »; or la fille<br />

d’Esme, Anne, épousera en 1684 50 François Dubé, avocat<br />

lui aussi, qui ajouta à son nom celui de La Comté, à cause<br />

d’une propriété que lui avait donnée son <strong>père</strong>, nul autre que<br />

Paul II.<br />

M e René Bossu, le mari de Jeanne Dubé, était propriétaire<br />

d’une petite charge d’administration locale. Retenons<br />

simplement ici que deux de ses fils entrèrent dans le clergé<br />

et acquirent un doctorat, l’un, en droit canonique, l’autre,<br />

en théologie 51 . <strong>Le</strong>urs deux filles réalisèrent <strong>des</strong> alliances<br />

intéressantes : Esmée Bossu épouse noble homme Philemon<br />

Pain, gendarme de la Reine, et Renée, noble homme Etienne<br />

Guillot, receveur à Dammarie-sur-Loing 52 .<br />

Ces quelques considérations concernant la génération de<br />

notre médecin nous font percevoir qu’il y aurait beaucoup<br />

à tirer d’une étude plus détaillée et approfondie du tissu<br />

social que forment ces familles, qui sont <strong>des</strong> exemples<br />

intéressants d’évolution sociale, où les liens de parenté<br />

et les alliances ont sans doute eu une influence. Retenons<br />

cependant quelques éléments : Bléneau et Montargis,<br />

villes de province, restent les lieux de base de ces familles.<br />

<strong>Le</strong> commerce est encore présent, mais son importance<br />

s’amenuise au profit du droit et de la magistrature, comme<br />

aussi de la médecine. On rencontre également <strong>des</strong> membres<br />

du clergé.<br />

Avec la <strong>des</strong>cendance de Paul Dubé nous allons retrouver,<br />

dans la deuxième moitié du xvii e siècle et au xviii e ,<br />

une certaine continuité dans les tendances que nous

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