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12 <strong>Le</strong> <strong>père</strong> <strong>des</strong> <strong>pauvres</strong> L’ascension d’une famille du Gâtinais sous l’Ancien Régime 13<br />
chercher à monter vers Paris, où, avec la centralisation qui<br />
se poursuit du xvi e au xviii e siècle, se concentrent les postes<br />
importants. Cette dimension provinciale explique, jusqu’à un<br />
certain point, le nombre limité de professions qu’on retrouve<br />
dans le cas <strong>des</strong> Dubé; on remarquera quand même une certaine<br />
diversité, et bien typique du milieu qu’on va étudier.<br />
Cette diversité est déjà présente au début du xvii e siècle;<br />
la figure dominante à cette époque semble bien le marchand<br />
tanneur; mais, dans son entourage, sans qu’on puisse établir<br />
le lien exact (frères, oncles, cousins?) on retrouve un prêtre et<br />
un avocat 6 . <strong>Le</strong> <strong>père</strong> de Paul Dubé était-il artisan ou paysan?<br />
Artisan probablement; on ne peut savoir exactement 7 .<br />
L’entreprise du tanneur était quand même d’une certaine<br />
dimension; il entretenait <strong>des</strong> relations avec la capitale. Un<br />
document de 1629 8 nous le présente comme « logé à Paris,<br />
rue Bordelle, près du collège de Boncourt »; or le collège<br />
ici mentionné est celui où Paul II, son fils, étudia et fit sa<br />
maîtrise ès arts; ce qui le prépara à entrer à la faculté de<br />
médecine de Montpellier. Ce qu’il importe de noter, c’est<br />
qu’avec cette nouvelle profession la famille pénétrait dans<br />
une autre sphère d’activité, ce qui allait la faire progresser<br />
dans l’échelle sociale.<br />
Or cette progression est d’autant plus visible que, après<br />
le médecin, l’artisanat et la marchandise disparaissent. Ce<br />
qui les remplace, c’est la magistrature, donc le droit, et<br />
l’administration locale et provinciale. On n’y rencontre pas<br />
de carrière militaire, ni d’accès à la noblesse, même si la<br />
particule est utilisée; un <strong>des</strong> fils du médecin, François, ajoute<br />
à son nom, à partir de 1689 9 , celui de la terre de La Comté, et<br />
un de ses petits-fils signe : « Pierre Dubé de La Borde », mais<br />
on ne rencontre jamais le titre d’écuyer, sauf dans le cas de<br />
son gendre, le sieur Lhermitte.<br />
Quelques éléments tirés de la brève étude que nous<br />
ferons <strong>des</strong> alliances de la famille pendant la période ici<br />
envisagée nous permettront de mieux comprendre sa<br />
propre évolution.<br />
Pour développer notre sujet, le plan chronologique<br />
s’impose. Il y aura d’abord quelques indications, forcément<br />
restreintes, vu la pauvreté <strong>des</strong> sources 10 , sur la première<br />
période, celle du marchand tanneur, durant laquelle semblent<br />
prédominer l’artisanat et le commerce.<br />
Suivra un exposé un peu mieux documenté sur<br />
la génération du médecin; de celui-ci nous connaissons<br />
les titres, et sur le statut social de ses deux épouses nous<br />
avons quelques détails. Ses deux sœurs épousèrent, l’une<br />
un marchand tanneur, l’autre, un procureur fiscal de la<br />
seigneurie de Bléneau.<br />
Nous consacrerons aussi quelques pages à la <strong>des</strong>cendance<br />
du médecin; le clergé y a une certaine importance; c’est<br />
la magistrature et l’administration locale et régionale qui<br />
prédominent. La participation aux œuvres de charité qu’il<br />
avait inaugurée se continue.<br />
1. LA GÉNÉRATION DU TANNEUR PAUL DUBÉ<br />
Deux actes du tout début du xvii e siècle, tirés <strong>des</strong> registres<br />
paroissiaux de Bléneau 11 , nous ont permis de connaître,<br />
jusqu’à un certain point, la génération de Paul I Dubé. Il s’agit<br />
d’abord du baptême, le 6 septembre 1600, d’Etiennette, la fille<br />
de « Paul Dubé le jeune et de Perrette Silvestre ». <strong>Le</strong> parrain<br />
est « Edme Rigollet, fils de Verain Rigollet »; la marraine,<br />
Anne Dubé, qui a accepté de l’être « du consentement du dit<br />
Paul Dubé ». La dame Silvestre est la première épouse du<br />
marchand tanneur; de lui-même il faut retenir la mention<br />
« Paul le jeune » – il est possible que Paul l’aîné 12 ait été<br />
un personnage que l’on voit une fois ou l’autre dans les<br />
documents de l’époque 13 : « Paul Dubé, prieur de Blancafort ».<br />
Edme Rigollet est sans doute celui qui deviendra « marchand<br />
barbier chirurgien » et épousera Jacqueline Dubé, dont le<br />
lien avec Paul I n’a pu être établi sûrement. Anne Dubé est<br />
sans doute la sœur de Paul I; elle épousera un marchand,<br />
Benoist Charreton.