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Le père des pauvres

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6 <strong>Le</strong> <strong>père</strong> <strong>des</strong> <strong>pauvres</strong> Introduction 7<br />

en 1680, de l’hôpital général de Montargis. Une part<br />

importante de ses dernières années y fut consacrée. C’est le<br />

chapitre 6. Notre médecin se crut même obligé, pour s’assurer<br />

que ses concitoyens y participeraient plus activement, d’écrire<br />

un livre (publié en 1687) qu’il intitula : L’établissement du<br />

bureau <strong>des</strong> <strong>pauvres</strong> et de l’hôpital général. Il y aura lieu de<br />

montrer comment la mise sur pied de cette institution<br />

s’inscrivait dans un mouvement général dans la France du<br />

xvii e siècle, et auquel on a donné le nom d’« enfermement<br />

<strong>des</strong> <strong>pauvres</strong> ».<br />

Il nous restera – c’est le sujet du septième et dernier<br />

chapitre – à tenter de donner un aperçu, aussi précis que<br />

possible, de sa conception de la vie chrétienne; celle-ci est<br />

fortement marquée par le christocentrisme et la charité. Il<br />

faut déjà signaler que le Medulla et <strong>Le</strong> médecin <strong>des</strong> <strong>pauvres</strong><br />

sont remplis de considérations d’ordre spirituel; mais, plus<br />

intéressant encore à signaler – et chose relativement rare<br />

de la part d’un laïc – Paul Dubé a composé deux ouvrages<br />

portant uniquement sur la spiritualité : le premier,<br />

en 1657, qu’il présenta sous un autre nom, celui de son<br />

ami, l’abbé Boussard, qui fut quelques années aumônier<br />

<strong>des</strong> ursulines de Montargis; il avait pour titre : Maximes<br />

et affections chrétiennes très utiles à tous [les] chrétiens qui<br />

veulent vivre saintement; le deuxième, Abrégé <strong>des</strong> règles de<br />

la vie chrétienne, qui porte la date de 1688, fut relié avec<br />

celui de 1687, qui traitait du « bureau <strong>des</strong> <strong>pauvres</strong> » et de<br />

l’« Hôpital général » de Montargis. À partir <strong>des</strong> éléments qui<br />

ressortent de cette étude, il nous sera possible de définir son<br />

rattachement aux mouvements de spiritualité qui ont marqué<br />

son époque.<br />

j<br />

Déjà ces quelques éléments qui présentent en bref le sujet de<br />

notre livre nous font voir qu’il s’agit d’un personnage qui a<br />

connu une vie active et bien remplie.<br />

Toutes les classes sociales faisaient partie de sa clientèle :<br />

les artisans, les bourgeois, les nobles, les membres du clergé,<br />

son évêque même recoururent à sa compétence médicale.<br />

Il sut quand même réserver une bonne part, sinon la plus<br />

importante, de son travail aux <strong>pauvres</strong>, de la campagne<br />

comme de la ville; il s’intéressa beaucoup aux institutions<br />

charitables, l’hôtel-Dieu, par exemple, le bureau <strong>des</strong> <strong>pauvres</strong>,<br />

l’hôpital général.<br />

Peut-on émettre l’hypothèse que ce travail, lié à une vie à<br />

la fois austère et débordante, lui assura santé et longévité?<br />

Ajoutons qu’une pratique médicale, qu’on doit qualifier<br />

de foisonnante, ne l’empêcha pas d’écrire; mais cet angle<br />

de sa carrière ne prit forme qu’à partir de 1649. Or, là aussi,<br />

le succès fut remarquable. Et ce qu’il y a ici de peu banal,<br />

c’est que, à partir du livre de 1657, on doit constater que la<br />

dimension spirituelle l’imprègne autant que la matérielle;<br />

selon lui, la « médecine de l’âme » ne peut être négligée par<br />

un médecin sérieux – c’est un aspect que celui-ci ne doit<br />

pas écarter, et qui devrait marquer sa pratique médicale,<br />

c’est-à-dire qu’il faut présenter aux patients une explication<br />

chrétienne de la santé et de la maladie, de la souffrance et<br />

de la mort. <strong>Le</strong>s deux qualités centrales du christianisme<br />

doivent imprégner sa vie : l’amour de Dieu et la charité;<br />

et, dans la même veine, la conception qu’il faut avoir de la<br />

richesse et de la pauvreté; or, il faut bien le remarquer, ces<br />

idées ne s’appliquent pas seulement aux <strong>pauvres</strong>, mais aussi<br />

à ceux qui ont à charge de les soigner, et à tous les chrétiens<br />

en général.<br />

On voit tout de suite que cette biographie nous fera<br />

connaître une personnalité assez exceptionnelle, dont<br />

quelques aspects sont originaux, mais qui n’est pas en<br />

contradiction avec les valeurs et certains mo<strong>des</strong> de vie de son<br />

époque. Il y a d’abord le mouvement de la Contre-Réforme,

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