29.06.2013 Views

SOUVENIRS

SOUVENIRS

SOUVENIRS

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

accessoires indispensables aux grandes réunions. Cette époque est marquante dans l'histoire<br />

des mœurs coloniales. On jouait sans doute auparavant; on jouait même beaucoup, et la<br />

mort du capitaine Marchand, dont nous avons parlé plus haut, en est une preuve; mais la<br />

passion du jeu semblait avoir honte de se produire, c'était en cachette, la nuit et dans<br />

quelques lieux seulement qu'elle prenait son essor. Aujourd'hui nul frein ne l'arrête: elle se<br />

montre partout, elle va tête levée et c'est dans les maisons les plus respectables que l'on<br />

court étaler l'or sur la table verte, tenter la fortune et chercher les moyens de consommer sa<br />

ruine. Ajoutons, comme trait caractéristique, que dans quelques - uns de ces honorables<br />

salons, on va même jusqu'à mettre sous le chandelier pour payer la dépense. Tout est réglé,<br />

tout est prévu; on dirait d'une maison de jeu autorisée et payant patente.<br />

La vaccine, introduite par le capitaine Deglas, avait opéré un grand bien dans les<br />

deux colonies. Indubitablement elle nous eût été apportée plus tard; déjà le capitaine Baudin<br />

avait doté le pays de l'ayapana, plante d'une vertu puissante qui s'est répandue partout en<br />

peu de temps et dont l'expérience a reconnu l'efficacité; mais ce n'est pas un motif pour nous<br />

d'oublier la généreuse pensée du capitaine Deglos qui, poussé par le seul désir d'être utile, a<br />

fait jouir l'Ile-de-France et l'Ile-Bourbon d'un bienfait inappréciable.<br />

Nous étions en Septembre 1809. Un de ces évènements qui remettent en question<br />

l'avenir d'un pays se préparait, et l'heure d'une catastrophe allait sonner pour les Iles de France<br />

et de Bourbon. Un grand mouvement régnait dans la marine anglaise; les frégates se croisaient,<br />

visitaient la station devant le Port-Louis, allaient à Bourbon, à Madagascar où elles avaient<br />

souvent des combats à soutenir, et s'en retournaient dans l'Inde ou au Cap. Une frégate<br />

anglaise fut prise devant Bourbon par une frégate française, et celle-ci fut à son tour obligée<br />

d'amener devant des forces supérieures. Chaque jour s'engageaient de nouveaux combats, où<br />

vainqueurs et vaincus avaient également à regretter la perte de leurs braves. Ce mouvement,<br />

ces actes d'hostilité dont le capitaine-général avait connaissance, annonçaient qu'un coup<br />

décisif était sur le point d'être porté. En effet, St.-Paul, l'un des ports de Bourbon, fut pris par<br />

le colonel Keating, aujourd’hui général. Les magasins du gouvernement dans lesquels se<br />

trouvaient une masse considérable de marchandises, furent brûle' Cet évènement eut des suites<br />

funestes. Pour le général Desbrulis qui commandait l'Ile, car se suicida dans la fatale pensée<br />

qu'il ne devait pas survivre à une défaite où il voyait, à tout à raison, son honneur militaire<br />

compromis Le général Desbrulis, par son mariage avec la veuve de M. Duhazier, était allié à<br />

l'une de nos anciennes familles de la Savanne et il jouissait d'une réputation honorable à l'Ile-<br />

de France où il avait passé plusieurs années.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!