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SOUVENIRS

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querelles. Plus retirée, plus ennemie du bruit, sans être moins active et surtout moins<br />

lucrative, leur existence s'écoule au milieu de spéculations bien autrement importantes<br />

dans leurs résultats. En revanche, ils reçoivent chez eux, étalent du luxe, sont notables et<br />

considérés. Des revers viennent-ils les atteindre ? Ils les supportent avec patience et<br />

résignation et s'imposent de grands sacrifices en faveur de la dose publique; c'est même à<br />

force d'en faire, des sacrifices, qu'ils ont acquis la fortune, dont ils jouissent. En un mot, il<br />

y a entre eux et nos premiers chevaliers d'industrie, cette différence, que ceux qui avaient<br />

pour se soutenir que leur bravoure et leur épée, tandis que ceux d'aujourd'hui s'appuient<br />

sur l'astuce et l'hypocrisie pour opérer et se mettre à couvert de toute agression. Autre<br />

temps, autres mœurs. Ceci est une amélioration du siècle présent. Mais revenons au<br />

départ de M. de Conway, M. Charpentier de Cossigny, comme le plus ancien officier su-<br />

périeur, prit, ainsi que nous l'avons dit, les rênes du gouvernement; mais telle était alors la<br />

position du pouvoir, qu'il était obligé de recevoir les ordres au lieu de les donner. Déjà se<br />

manifestait une espèce d'anarchie; les nouvelles de France avaient exaspéré les esprits et<br />

les avaient mis en état de révolte contre toute espèce de dépendance; les soldats surtout,<br />

qui se disaient citoyens-soldats, élevaient de telles prétentions vis-à-vis de leurs chefs,<br />

qu'il devint impossible de les maintenir dans le devoir. Ils avaient des assemblées; ils y<br />

faisaient des motions incendiaires, réclamaient des soldes promises et non effectuées;<br />

pour les satisfaire le gouvernement payait; mais ces premières concessions amenaient de<br />

nouvelles exigences qui très souvent obtenaient le même résultat.<br />

A cette époque on s'aperçut pour la première fois qu'il existait une espèce de liaison<br />

entre les troupes et le faubourg de la rue Moka, peuplée d'ouvriers, presque tous anciens<br />

soldats qui avaient obtenu leurs congés. Ce qui eut à peine alors le privilège de fixer un<br />

instant l'attention, prit un caractère sérieux par la suite et fut cause, comme on le verra, des<br />

plus grands troubles. Un sieur Macé, naturaliste, logé à l'Intendance aux frais du<br />

gouvernement, excitait par ses lettres aux soldats, le feu de l'insurrection. Démagogue<br />

furieux, il leur recommandait le pillage et l'assassinat de leurs officiers; ses lettres<br />

découvertes turent la cause de son renvoi immédiat, niais il n'était pas le seul qui se livrât à<br />

ces démarches occultes, à ces provocations clandestines. Si quelques uns, échappant aux<br />

conséquences d'une juste sévérité, furent laissés dans le pays et y sont encore, ils ne durent<br />

cette indulgence qu'aux sollicitations de leurs honnêtes et nombreux parents.<br />

L'assemblée avait été installée; elle marchait dans le sens de la révolution, faisait des<br />

lois, humiliait le pouvoir et donnait l'exemple d'une résistance que l'on devait tourner<br />

contre elle un jour. Les municipalités avaient également été constituées et, comme la

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