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SOUVENIRS

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d'antres qu'à ceux qu'il aurait choisis dans sa coterie? Eux seuls étant les amis du pays par<br />

suite des sacrifices qu'ils ont faits depuis cinq ans à la chose publique, par le gaspillage de<br />

toutes nos propriétés, eux seuls seraient capables de nous commander. D'ailleurs, quelle<br />

bonne curée pour eux, (c'est ce à quoi ils visent) que d’avoir tous les jours, soit au corps-de-<br />

garde soit aux revues, soit aux exercices de la viande fraîche pour la macérer, ou des finons<br />

pour venir, au retour de chaque aurore, d'une extrémité de la ville à l'autre, saluer le colonel,<br />

le major et le capitaine! Que le public se laisse prendre aux belles phrases qu'on lui débite, et<br />

bientôt nous l'entendrons gémir des conséquences de sa confiance et de sa crédulité. Que l'on<br />

mette à l'épreuve nos chauds partisans de créations nouvelles, en les faisant tous, non pas<br />

officiers, mais soldats, et vous les verrez bientôt se plaindre, chanter la palinodie, élever la<br />

voix contre un service fatigant, inutile, sans but du moment où leur vanité n'y trouve pas son<br />

compte, et recourir à tous les moyens, fut-ce même à une insurrection, pour amener la<br />

désorganisation de la garde-nationale.<br />

On ne s'étonnera pas que le convoi des troupes, bien qu'il fût provoqué par le besoin<br />

d'assurer la tranquillité intérieure de la colonie, ait excité dans l'âme de leurs amis un vif<br />

ressentiment. Les griefs dont ils se plaignaient depuis longtemps, étaient à peu près<br />

irréparables (dans la situation financière où se trouvait la colonie), tant que ses représentants<br />

ne trouveraient d'autres moyens de suffire aux dépenses que l'émission d'un papier-monnaie ou<br />

les prises de guerre. Les marchandises des prises se vendaient à terme et dans des valeurs à six<br />

mois qui, à l'échéance, ne représentaient plus que la moitié, quelquefois moins, de la valeur<br />

pour lesquelles on les avait acceptées. Chaque jour, l'état des finances empirait ainsi que la<br />

position des ouvriers et des gens de service. On pourra s'en faire une idée lorsqu'on saura que<br />

dans l'espace de dix-huit mois, la piastre de 1,300 fr en l'an V, papier-monnaie, était montée à<br />

6,800 fr, et qu'à la fin de l'an VI elle se trouvait irrévocablement fixée à 10,000 fr. de sorte que<br />

pour avoir une piastre en numéraire, il fallait donner dix mille francs en assignats.<br />

Heureusement, le parère dont nous avons parlé et la bonne foi qui présidait aux arrangements<br />

que les créanciers prenaient avec leurs débiteurs, mirent un terme à cette longue calamité<br />

financière, dont les propriétaires, les capitalistes et les ouvriers avaient été victimes. Les<br />

paiements se firent dans le commerce en effectif, et les billets de mille francs devinrent la<br />

petite monnaie pour le bazar, jusqu'au retrait total qui eut lieu en 1803.<br />

Quelque tristes que fussent ces évènements ils n'influèrent en rien sur les plaisirs de<br />

l'hiver, les bals eurent de l'éclat, et l'heureux et beau caractère français dont nous avons à peu<br />

près perdu, depuis quelques années, le stoïcisme, l'insouciant abandon et la franche gaîté, fit<br />

oublier à la colonie les secousses et les pertes qu'elle avait éprouvées. Mais la misère! Eh mon

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