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SOUVENIRS

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Laglaine-Dozon, Faure, Duplessis, La Roche-Souvestre, Herecherenoder, Maingard et<br />

plusieurs autres dont les noms nous échappent, employèrent-ils toute leur influence et leur<br />

autorité pour les ramener à l'obéissance, ils ne purent parvenir à les ébranler, ni à les faire<br />

changer de résolution. Elles avaient mis en batterie contre la ville plusieurs grosses pièces, et<br />

monté trois mortiers du plus fort calibre pour cette conjoncture difficile on battit la générale ;<br />

les casernes furent investies et des mortiers dressés sur le versant de la montagne des Signaux.<br />

Jamais journée ne s'était présentée à l'Ile-de-France sous un aspect aussi sinistre. Dans le<br />

renvoi des agents du Directoire la colonie était à peu près assurée du succès par les mesures<br />

qu'elle avait prises à l'égard des troupes de ligne; en ce moment c'était contre ces mêmes<br />

troupes qu'elle allait déployer toutes ses forces. Elle avait, en outre, à surveiller et à contenir la<br />

population ouvrière qui formait quatre compagnies d'élite, composées presque entièrement<br />

d'anciens soldats et de marins, et commandées par des sergents en congé dont les sentiments et<br />

les opinions étaient conformes à ceux des troupes insoumises. Il est peu de positions plus<br />

embarrassantes que celle où l'on se trouvait. Condescendre aux exigences des mutins, s’était se<br />

mettre à la merci de la révolte, et de concessions en concessions, arriver à l'anarchie; faire<br />

œuvre de répression et d'énergique autorité, recourir à la force, c'était, d'un autre côté,<br />

s'engager dans la voie des collisions sanglantes. Il fallait cependant prendre un parti. On<br />

disposa tout pour l'attaque, comme il a été dit; puis, sommation fut faite aux casernes de mettre<br />

bas les armes et d'obéir au général. L'orateur de la troupe, ce même Chabot que nous avions<br />

déjà vu figurer au milieu d'une première insurrection, répondit avec assurance à l'aide-de-camp<br />

et déclara d'une manière assez positive qu'ayant la force pour eux, ils n'obéiraient que lorsque<br />

leurs demandes auraient été prises en considération. Plus on avançait vers le dénouement de<br />

cette scène de troubles, plus les compagnies, d'intelligence avec les soldats, montraient de<br />

hardiesse et d'insubordination.<br />

Il est bon de rappeler ici la conduite tenue par Le Bègue, commandant de la gardenationale,<br />

mort dans un état voisin de la misère et oublié d'une population qu'il avait pourtant<br />

préservée du fléau de la guerre civile. Sorti des rangs de l'armée avec le grade de caporal, Le<br />

Bègue était resté l'ami et le compagnon des chefs de l'insurrection et de ceux qui, dans la crise<br />

actuelle étaient disposés à leur prêter appui. Mais ces considérations ne furent point capables<br />

de l'ébranler ni de le détourner de la ligne de ses devoirs parcourant à pied tous les rangs, on le<br />

voyait, ardent à défendre la cause de l’ordre, exciter l’ardeur de ceux qu'il commandait et<br />

menacer le tuer le premier qui manifesterait un refus d'obéissance à ses ordres. Le Bègue se<br />

comporta noblement dans cette circonstance, et c'est un devoir pour nous que de payer un juste<br />

tribut d'éloges à son courage et à sa fermeté.

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