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SOUVENIRS

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citoyens. Eh bien, malgré cela, nous doutons qu'il soit parvenu à gagner leur attachement et<br />

leur amitié. Ce qui agit le plus fortement sur l'esprit de ces hommes, c'est le pouvoir; or, la<br />

faiblesses du gouvernement local a été si grande, qu'elle a exercé une fâcheuse influence sur<br />

les noirs habitués à reconnaître pour chefs et pour supérieurs ceux-là seulement en qui<br />

résident force, autorité, commandement. Nous écrivons ceci en 1837. Qui commande, nous<br />

le demandons, depuis cinq ou six ans? Est-ce le gouvernement, lui qui n'a pu garantir un de<br />

ses magistrats, ni aucun de ses employés des menaces et des insultes, et qui en a même<br />

renvoyé plusieurs pour satisfaire aux exigences d'une coterie dont un seul mot énergique eût<br />

réprimé l'audace? Non, le gouvernement a mal compris sa position; il a usé d'une<br />

condescendance déplorable qui lui a fait perdre une autorité dans laquelle il aurait pu se<br />

maintenir par une attitude ferme et décidée.<br />

L'année 1795 ne fut pas sans troubles et sans dangers. La faction mécontente,<br />

composée, comme nous l'avons dit, de la classe nombreuse des ouvriers et des anciens<br />

militaires, poussés par quelques ambitieux d'un rang plus élevé ne cessait de se plaindre de<br />

ce qu'on l'éloignait de toute participation aux affaires publiques et de ce qu'on s'obstinait à ne<br />

pas lui concéder: droit, comme en France, de représenter le peuple souverain. Le prix élevé des<br />

objets l'Europe et surtout du vin, était aussi le prétexte de ses criailleries et des mouvements<br />

qu'elle tentait. Le vin était toujours cher; il passait par tant de mains avant d'arriver au<br />

consommateur, que l'ouvrier, dont le travail n'était plus assez rétribué, à cause de la<br />

dépréciation du papier, ne pouvait y atteindre. C’était un grand mal assurément; mais comment<br />

y porter remède? Le commerce, purement local, ne s'alimentait qu'en faisant passer de main en<br />

main les cargaisons qui nous arrivaient. Il en était de même des denrées et des objets provenant<br />

des prises; nulles opérations extérieures que celles de quelques Danois qui fréquentaient<br />

Calcuta et les deux cotes de l'Inde. Mais comme ces opérations se faisaient ici et pour notre<br />

compte, il était facile aux spéculateurs, d'après la consommation probable, de tracer à l'avance<br />

le tableau de leurs achats et celui de la revente. Achetaient-ils cher, ils augmentaient le prix de<br />

revente; rarement ils se trompaient et leur habileté, dans ce cas, tournait au détriment de la<br />

colonie qui consommait. Tous les bénéfices réalisés étaient à l'égal d'une souscription faite par<br />

la colonie à chacun des spéculateurs. De nos jours, un pareil mouvement dans les affaires<br />

serait impossible, ou il exposerait grandement la fortune de ces derniers. Chaque négociant<br />

connaît avec certitude les navires qu'il attend; il peut même en avoir la facture, tandis que les<br />

autres l'ignorent et, clans cette incertitude, ne se risquent pas. On achète et l'on vend au cours,<br />

et il ne dépend plus de personne, à moins de fortes chances de succès, de faire monter ou<br />

descendre nos denrées et nos objets de consommation. Les hommes et leurs calculs n'entrent<br />

pour rien dans la hausse et la baisse qui restent subordonnées à la masse plus ou moins

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