SOUVENIRS
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confiscation des aliments en état de décomposition, assurant ainsi aux consommateurs la<br />
bonne qualité des comestibles. Il n’en est plus ainsi!<br />
M. Journel, au lien de deux cents arti1leurs, aurait tout simplement à ses côtés quelques<br />
gardes débonnaires et inoffensifs; s'il s'avisait de vouloir faire œuvre d'autorité, on l'enverrait<br />
promener aux Antipodes. Quant à MM. Rozeline et Mongont, le moyen expéditif du rotin<br />
leur serait interdit, et la confiscation d'une viande de qualité douteuse ne pourrait s'effectuer<br />
sans un examen et un jugement préalable en bonne et due forme. Or, nous le demandons;<br />
lorsque le pouvoir d'un maire se trouve sinon annihilé, du moins restreint dans des limites<br />
si étroites; lorsqu'à chaque pas il rencontre des obstacles; que ses vues et ses mesures se<br />
trouvent contrariées, quel est le citoyen assez désintéressé pour ambitionner une pareille<br />
place et pour sacrifier son repos et son indépendance aux devoirs rigoureux qu'elle impose?<br />
Quel est l'habitant des campagnes qui consentirait à l'accepter et aurait le loisir de s'en<br />
acquitter consciencieusement? On nous dira: mais en France! -- Ne nous aveuglons pas : en<br />
France tout n'est pas parfait en ce qui regarde l'administration communale, et, dans les<br />
petites localités, plus d'un maire devient souvent un despote dont on ne souffrirait point ici<br />
l'arbitraire. En France, le gouvernement nomme les maires des grandes villes sur la<br />
présentation d'une liste de candidats; les préfets et les sous-préfets nomment les autres.<br />
Chez nous, on veut une élection populaire; autre sottise, car par une conséquence de ce<br />
système, il pourrait arriver que les ennemis du pays, ou plus nombreux ou plus habiles<br />
devinssent nos premiers magistrats. Le sort est, selon nous, une bien pauvre manière de faire<br />
un choix, et le vote nous parait bien dangereux quand l'esprit de parti préside ou dirige les<br />
élections.<br />
Ne sortons pas du cercle de Maurice où nous avons prêché l'égalité et la liberté avant<br />
qu'on nous le demandât. Se figure-t-on une élection populaire, (à part même le Macadam et les<br />
insultes du Ceméen) en face de six ou sept populations différentes, et composées d'éléments<br />
hétérogènes: hommes anciens, hommes nouveaux, Européens, Créoles, Anglais, Français et<br />
émancipés! Si l'on s'en fait une juste idée, et que l'on ne recule pas devant les résultats<br />
probables, il ne nous reste plus rien à dire. Évidemment, si les demandes de municipalités sont<br />
sérieuses, il y a dans l'esprit qui les dicte une arrière-pensée dont nous croyons avoir compris<br />
la portée. Ce n'est pas le travail des autorités municipales que l'on sollicite, ce sont les<br />
attributions. On ne verrait les nouveaux magistrats dans leurs bureaux. abandonnés à des gens<br />
gagés, qu'aux instants où ils viendraient y donner leur signature, ou bien aux jours fixés pour l'<br />
adjudication des fermes et des travaux publics; car alors leur présence serait de rigueur. On les<br />
y rencontrerait encore le jour où leur influence pourrait favoriser un parent, un ami. Nous,