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SOUVENIRS

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force des idées qu'elles ont amenées, les mœurs contemporaines, tout s'y oppose. La liberté est<br />

à tous; c'est nous qui l'avons proclamée même avant l'époque de l'émancipation. Que nous<br />

ayons bien on mal fait de courir au-devant des évènements, c'est ce dont nous n'avons pas à<br />

nous occuper; il faut subir les conséquences de l'état de choses auquel a donné naissance<br />

l'application d'un système prématuré.<br />

Les maires et leurs adjoints, disons-nous seraient chargés de la police actuelle et de<br />

tout ce qu'elle embrasse, sans autre rétribution que celle de servir leurs concitoyens ! C'est là,<br />

convenons-en, une monnaie avec laquelle on ne va pas loin aujourd'hui. Si encore on gagnait<br />

en reconnaissance, en considération, ce que l'on perd sous le rapport pécuniaire. Jadis il en<br />

était ainsi; mais actuellement quels avantages sont attachés à l'exercice des charges<br />

municipales? Aucun; à moins, toutefois, que les sottises et les impertinentes suppositions des<br />

gazetiers n'honorent ceux à qui elles sont adressées .....<br />

Autrefois nous étions Français; aujourd'hui nous sommes Anglais. Reste donc à savoir<br />

si le gouvernement actuel livrerait la police de l'Ile entre les mains d'un peuple conquis. Nous<br />

aimons à croire qu'il y aurait pour lui peu l'inconvénients à y consentir; car si les factions sont<br />

quelquefois animées d'un esprit dangereux à Maurice, en revanche, les individus pris isolément<br />

y sont bons, et la police a moins affaire aux factieux, qu'aux voleurs, aux vagabonds et aux<br />

gens sans aveu. Notre petite communauté renfermait autrefois vingt mille citoyens contre<br />

soixante-dix mille esclaves que l'on retenait bien plus par la crainte que par l'application d'une<br />

pénalité rigoureuse. Maintenant le niveau a passé partout, et les mœurs se sont modifiées de<br />

telle sorte, que le dernier des apprentis qui, jadis esclave, obéisait sans murmure, ferait citer le<br />

maire en justice, comme il y fait citer le juge spécial. Ainsi, la police de 1837 n'est plus la<br />

police de 1793. En 1793, la police s'exerçait sans entraves; de nos jours, elle est devenue rebu-<br />

tante par les difficultés et le travail; elle attirait estime et considération à ceux qui en étaient<br />

chargés; de l'ingratitude et des insultes, voila tout ce qu'elle rapporte actuellement.<br />

Nous serions tenté de croire que les personnes qui demandent le rétablissement des<br />

anciennes municipalités sont restées stationnaires pendant que le siècle était en marche. Elles<br />

se font illusion complète; il leur semble toujours voir M. Journel, que l'on peut citer avec<br />

honneur, revêtu de son écharpe et, soutenu de deux cents artilleurs bien armés, imposant, d'un<br />

geste ou d'un mot, silence aux mutins et les obligeant à rentrer dans le devoir; ou bien encore<br />

ils se représentent M. Rozeline assis à son bureau, écoutant les plaintes et rétablissant l'ordre<br />

au Bazar à l'aide de quelques coups de rotin sagement administrés; ou enfin M. Mongout,<br />

soumettant à un examen sévère les viandes, les poissons, les légumes et, par le rejet ou la

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