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SOUVENIRS

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disputer aux Sans-Culottes, avec des chances diverses de succès. Il importe de dire comment<br />

la Justice fit exécuter ses arrêts et de quelle manière l'Eglise put conserver et maintenir son<br />

ancienne autorité sur les moeurs publiques.<br />

On n'a point oublié que M. Darthé, ancien préfet apostolique, à son départ pour<br />

l'Europe, vers 1796, transmit ses pouvoirs an curé des Pamplemousses, M. Durocher, ami de<br />

M. Dupuy, homme de tête et de haute capacité, mais hostile à l'assemblée coloniale dont il<br />

condamnait les empiètements. M. Darthé craignit d'éprouver le sort de M. Macnemara, et,<br />

cédant sans doute aux conseils de la prudence, il quitta le pays. Il a vécu en France jusqu'en<br />

1818, époque à laquelle son nom figura dans les journaux qui annoncèrent un vol commis a<br />

son préjudice, et sa mort. Le curé des Pamplemousses mourut lui même peu de temps après en<br />

remettant entre les mains de M. l'abbé Hoffman, les pouvoirs qu'il avait reçus de M. Darthé.<br />

L'abbé Hoffman, aumônier de l'hôpital, avait l'empli ces fonctions dans le régiment de Walch,<br />

lors de la guerre de M. de Suffren. Pour arriver à l'accomplissement de ses desseins secrets, la<br />

Providence va souvent chercher les instruments dont elle veut se servir là où les hommes ne<br />

soupçonneraient pas même qu'ils existent. L'abbé Hoffman en est une preuve manifeste.<br />

Élevé dans les camps, ayant même été caporal, il avait pris le ton, les manières, la<br />

rudesse du soldat, et paraissait peu propre à un ministère qui est tout amour et douceur. Eh<br />

bien, ce fut précisément ce contraste entre son caractère et les hautes fonctions qu'il avait à<br />

remplir, qui servit au milieu de nous d'égide à la religion, alors que les cérémonies de son culte<br />

étaient bannies de tout le territoire français, et qu'un ministre exposait sa tête en parlant des<br />

consolations au chrétien mourant. Inaccessible à la crainte, l'abbé Hoffman exerçait comme<br />

avant la révolution. Il baptisait, prêchait, confessait, et, à la procession de la Fête-Dieu qui<br />

parcourait les rues de la ville, il se faisait accompagner par les Sans-Culottes en armes. La<br />

veille, Guion ou Litray, les deux meneurs du parti, recevaient sa visite: (J'ai besoin de toi,<br />

demain, disait-il à l'un ou à l'autre; tu tiendras un des coins du dais, et les Sans-Culottes, en<br />

armes, borderont la haie; nous placerons les Muscadins derrière. C'est entendu. Tu<br />

recommanderas à tes Sans - Culottes de se mettre à genoux lorsque le St.-Sacrement passera.<br />

Nous dînerons à trois heures, et tu inviteras de ma part les capitaines des compagnies qui<br />

assisteront à la procession. ) Malheur à ceux qui ne fléchissaient pas le genou ! Nous avons<br />

vu les plus déterminés terroristes poursuivis dans les rangs par l'abbé Hoffman, contraints<br />

par lui de se soumettre à cette obligation, de faire le signe de la croix ou d'essuyer le blâme<br />

de leurs collègues.

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