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SOUVENIRS

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était indispensable. La Ceinture des dames et leur coiffure devaient offrir l'artistique mélange<br />

du bleu, du blanc et du rouge; quant aux normes et à la mesure, il n'y avait pas de règle fixe à<br />

cet égard: les Sans-Culottes ( le mot devient plaisant à propos des dames ) s'en surchargeaient la<br />

tête, et, chez elles, le bonnet et les plumes pouvaient à la rigueur tenir lieu de parapluie, tandis<br />

que les autres ne prenaient de ces couleurs que le juste nécessaire, ne se privaient d'assister aux<br />

réunions d'apparat. En passant, disons un mot de ces solennités.<br />

Tous les partis ne célébraient pas de la même manière les fêtes de la République. Pour<br />

les Sans-Culottes elles se transformaient en espèce d’orgies : on les voyait promener par la ville<br />

une femme assise sur un tonneau de vin qu'ils traînaient, comme des forcenés ou des fous, en<br />

hurlant la Marseillaise ou l'horrible Ça ira ! Puis, à chaque pas, ils arrêtaient les passants pour<br />

les obliger à boire et à crier :<br />

Vive la République! La liberté ou la mort! Haine aux tyrans! Ces saturnales se renouvelaient<br />

fréquemment et se prolongeaient bien avant dans la nuit. Nous nous sommes imposé le<br />

devoir de garder le silence sur les personnes qui ne craignirent pas d'y figurer d'une manière<br />

active. Nos paroles, en effet, affligeraient leurs familles sans rendre notre récit plus<br />

intéressant. Tenons-nous en donc à des généralités. Si nous avons nommé quelques chefs,<br />

c'est qu'aucun d'eux n'a laissé de postérité parmi nous. Ce n'est point, au reste, un pamphlet<br />

que nous écrivons. En dévoilant, comme historien, des turpitudes, le besoin le plus pressant<br />

que nous éprouvions, c'est d'être utile; c'est de prémunir les esprits faibles ou confiants<br />

contre le danger des illusions ou d'un entraînement fatal; c'est de préserver l'avenir de<br />

pareils excès, qui se renouvelleraient sans doute sous une autre forme, si la population<br />

mauricienne se laissait conduire et dominer par la tourbe des factieux ou des hommes<br />

cupides toujours prêts à baser leur fortune sur la crédulité publique.<br />

Malheureusement, les hommes de cette espèce, moins rares qu'on ne pense, sont<br />

d'autant plus dangereux qu'à l'adresse des moyens ils joignent, quand il le faut, l'audace qui<br />

brise violemment les obstacles et conduit au succès. Mais c'est surtout aux passions<br />

populaires qu'ils en appellent et dont ils attisent l'effervescence. Tantôt, on les voit se<br />

déchaîner contre le gouvernement; tantôt, c'est une classe de la société qu'ils chargent de<br />

calomnieux griefs et qu'ils s’efforcent de livrer à l'animadversion publique. Il serait temps que<br />

l'Ile-Maurice en finît avec ce jeu où elle a déjà perdu deux ou trois fortunes, et, qu'abandonnant<br />

son stoïcisme, elle se défiât et fît justice de ce tas d'imposteurs qui, de temps en temps,<br />

apparaissent au milieu d'elle, comme des brandons de discorde et de ruine.

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