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SOUVENIRS

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gémir en secret sur le sort de la colonie. Abandonner tout à fait le pouvoir, c'était la livrer à<br />

une anarchie complète et faire d'elle un second St-Domingue, car les partis n'auraient pas<br />

manqué d'appeler à leur aide ceux qui alors nous inspiraient à tous les craintes les plus<br />

vives.<br />

Exaspérés plus que jamais et comme les aristocrates et contre les accapareurs, c'est<br />

le nom qu'ils donnaient aux. riches et aux négociants, les Sans-Culottes prirent la<br />

détermination, dans une de leurs séances à la Chaumière, d'élever une guillotine sur la place<br />

publique, en face du Gouvernement et de la Tour où les malheureux prisonniers étaient<br />

détenus. Ici encore rassemblée ne fit aucune tentative d'opposition; la municipalité devenue<br />

Sans-Culotte se chargea des honneurs de cette érection qui eut lieu avec toute la pompe<br />

possible, malgré l'artillerie et la marine, qui ne cessèrent pendant toute la cérémonie de<br />

crier: à bas! à bas! Immédiatement commencèrent les opérations: un mouton engraissé pour<br />

le sacrifice, fut la seule victime de l'instrument destructeur, aux cris trois fois répétés de<br />

Vive la République! Mort aux Tyrans!... C'était en vérité mêler le ridicule à l'horrible. Le<br />

cortège, musique en tête, fit le tour de la place et reconduisit les différents corps aux lieux<br />

de leurs séances. Le reste de la journée fut une fête pour les Sans-Culottes: ils la passèrent<br />

dans leur club et le soir au milieu des rues qu'ils parcoururent, en vociférant contre les Rois,<br />

et en hurlant la i11ar.seillaise, à peu près comme en 1832 on hurlait la Parisienne. Les Mac-<br />

Adams n'étaient pas encore en usage, et si les habitants tranquilles étaient assourdis par le<br />

bruit, du moins ils ne couraient pas de risque chez eux. A cet égard, les volontaires se sont<br />

trouves dans une position plus favorable que les Sans-Culottes; tandis que le public a été<br />

beaucoup moins favorisé en 1832 qu'en 1794. Cependant la masse de nos Sans- Culottes n'était<br />

pas méchante, mais dans ceux qui les conduisaient se faisaient remarquer des hommes<br />

dangereux à qui un crime n'aurait rien coûté, si une place de maire ou tout autre avantage en<br />

avait dû être le salaire. Les mauvais traitements que subissaient les prisonniers de la Tour,<br />

étaient moins la conséquence d'une froide cruauté que du désir de se mettre a la hauteur des<br />

démagogues de France.<br />

Il y avait alors à Maurice un homme dont le nom est devenu historique dans le pays.<br />

Bon, généreux, franc et loyal, il mettait son bonheur à rendre service; une bonne action était<br />

pour lui une chose si naturelle, qu'il ne se rappelait l'avoir faite, que par les remerciements<br />

qu'il en recevait. Cet homme était Gadebois, l'inventeur de la fabrication du tabac qui porte<br />

son nom et dont M. Perdreau possède le secret. Il avait fait une fortune considérable, dont les<br />

Sans-Culottes surent tirer parti. Son établissement, rue des Dames, détruit par l'incendie, était<br />

le rendez-vous des noirs de la ville et des campagnes : là, toute la journée, Gadebois opérait la

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