SOUVENIRS
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Culottes, se refusant à toute transaction, continuèrent à soutenir avec ardeur leurs principes,<br />
dans la pensée qu'ils ne tarderaient pas à devenir les plus forts. En effet, de jour en jour<br />
cette société prenait de rapides accroissements et elle formait déjà quatre compagnies<br />
composées d'homri1es animés des mêmes sentiments, professant les mêmes opinions et<br />
capables de tenter un coup de main, si l'occasion se présentait.<br />
D'autres Chaumières s'étaient formées dans le quartier; une correspondance active les<br />
liait entr'elles de telle sorte, qu'au moindre mouvement, les Sans-Culottes des divers<br />
quartiers y accouraient en armées. Pour contrebalancer cette force et l'influence qu'elle<br />
pouvait exercer sur la masse, on créa une compagnie d'artillerie légère sous le<br />
commandement du capitaine Pierre, auquel succédèrent Larguier et Lenonvel, et une<br />
compagnie de marine aux ordres de M. Desmarais. Ces deux compagnies, dont la première<br />
était composée de jeunes gens de vingt à trente ans, et la seconde, de capitaines et<br />
d'officiers de marine, constituèrent, peu de temps après, un corps de près de six cents<br />
hommes. Si l'assemblée a conservé de l'influence sur la colonie pendant la Terreur, si, au<br />
milieu de l'espèce d'anarchie qui régna, le général Malartic jouit toujours du respect et de la<br />
considération générale, c'est aux deux compagnies dont nous venons de parler qu'en revient<br />
l'honneur. Sur pied au premier coup de baguette, prêtes à toute heure du jour et de la nuit à<br />
obéir aux ordres émanés du général et les rassemblée, elles accouraient sur la place, des<br />
batteries, dans les quartiers les plus éloignés, partout, en un mot, où leur présence était<br />
jugée nécessaire pour rétablir l'ordre, prévenir les troubles et imposer aux factions par une<br />
attitude ferme et décidée;<br />
Telle était la position du pays, lorsque, vers le mois d'avril 1793, y arriva la nouvelle<br />
de la mort de Louis XVI, qui affligea vivement les deux colonies, et, par une réaction<br />
subite, les rendit presque royalistes. Les Sans-Culottes seuls manifestèrent leur joie dans les<br />
orgies de la Chaumière, et ce triste évènement accrut leur audace à ce point qu'ils appelèrent<br />
à leur barre le général Malartic. L'honorable gouverneur s'y rendit et supporta q’avec cet air<br />
calme que donne la paix de l'âme, avec cette patience admirable qu'inspire au chrétien la<br />
vue des aberrations humaines, un long discours qui lui fut adressé en langage des bailes,<br />
par un ignoble bossu, orfèvre de la rue Royale, un de ces mannequins que Litray et Guion<br />
savaient mettre en avant et auxquels ils imposaient différents rôles, suivant les<br />
circonstances. Le but de ces deux chefs de parti était d'entrer dans l'assemblée où, en effet,<br />
et grâce à leurs intrigues et a leurs sources menées, ils turent admis peu de temps après.