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SOUVENIRS

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là aussi se trouvaient des hommes ambitieux qui n'étaient pas fâchés de s'élever, an détriment<br />

de la chose publique. On dicta donc des lois au gouverneur; il s'y soumit, persuadé que seul<br />

dans la ville et n'ayant pour soutien que quelques amis clans les campagnes, il lui devenait<br />

impossible de vaincre les obstacles qui s'opposaient au libre exercice de son autorité. Le ciel,<br />

nous en sommes sûr, lui inspira ce sacrifice généreux, et son dévouement fut plutôt un acte de<br />

religion que le résultat d'une conviction politique. L'assemblée toutefois doutait de sa sincérité;<br />

car elle profitait de la moindre Circonstance pour l'abreuver de contrariétés, de dégoûts et pour<br />

lui faire sentir, en l'appelant à sa barre, qu'elle seule avait en main la direction des affaires.<br />

De son côté, la commune saisissait avidement toutes les occasions d'augmenter et son<br />

influence et ses pouvoirs. Elle fit déposer à la municipalité, malgré l'intendant et le<br />

gouverneur, six cent mille piastres ou trois millions, que le gouvernement du Roi envoyait<br />

pour le service des établissements français au delà du Cap. Il lui appartenait, disait-elle, de<br />

contrôler toutes les dépenses coloniales. Heureusement justice fut faite de ces prétentions<br />

exagérées, non par l'assemblée elle-même, mais par le public, qui força celle-ci de défendre<br />

aux municipalités de s'immiscer dans les affaires d'administration publique. Si cette mesure<br />

n'eût pas été prise, indubitablement il y aurait eu guerre ouverte, car les Sans-Culottes<br />

soutenaient les prétentions de la municipalité, qui avait fait un pas vers le sans-culottisme.<br />

Cette tentative d'empiètement de pouvoir, la conscience du progrès des Sans-Culottes<br />

et des municipalités, l'audace croissante des soldats -presque en état d'insurrection, tout cela<br />

fit enfin comprendre à l'assemblée le besoin d'opposer une forte digue à d'aussi redoutables<br />

adversaires. En conséquence, elle se rapprocha du Gouverneur, dans la conviction que de<br />

leur alliance seule dépendait le sort de la colonie. Cette réunion que les amis de l'ordre<br />

appelaient depuis longtemps de leurs vœux, fut accueillie avec des transports de joie, et le<br />

jour où elle s'opéra fut, pour le pays, un jour de fête au~ quel prirent part les Sans- Culottes<br />

et les soldats eux-mêmes. Le soir, il y eut illuminations et farandoles dans la ville; un<br />

banquet public auquel furent admises les députations des quartiers, de la garde-nationale et<br />

celles des régiments, fut donné dans l'intérieur des casernes. Les Sans-Culottes, l'Assemblée<br />

et les Amis de la Constitution s'y rendirent en corps ayant à leur tête le général Malartic et<br />

son état-major. Se lancèrent des promesses comme, oubli du passé; on semblait sentir le<br />

besoin de vivre désormais en bonne intelligence et de resserrer plus fortement que jamais<br />

des liens de confraternité que la dissidence des opinions politiques avait rompus; mais au<br />

sortir du banquet, chacun oublia ce qui venait de se palisser, chacun reprit son allure<br />

ordinaire. L'assemblée, malgré l'alliance faite avec le général, alliance qui devait assurer<br />

entre elle et lui le partage de l'autorité, conserva seule la prépondérance, et les Sans-

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