SOUVENIRS
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gouvernement y peut mettre ordre encore et comprimer de funestes tendances trop disposées<br />
à prendre l'essor. Mais qu'il s'engage dans une autre voie; car si l'honneur et la probité sont<br />
l'objet de son dédain, et si la fidélité est toujours un crime à ses yeux, qu'il se prépare alors<br />
pour des combats futurs; non ces combats que la police soutient contre la populace de<br />
Londres, mais ceux dont Maurice aurait été témoin en 1832, s'il n'avait pas fléchi devant les<br />
ordres d'une faction qui règne encore et 'entretient parmi la jeunesse Créole le feu dont elle<br />
était animée à cette époque, et dont la haine vraie ou supposée pour tous les gouvernements<br />
est la base.<br />
Nous nous attendons à être traité en ennemi du pays pour avoir mis a nu ces turpitudes.<br />
Mais espèce autre dont nous serons frappé n'arrêtera pas notre dévouement à la chose<br />
publique, et nous saurons encore le signaler, si le système actuellement en vigueur continue.<br />
Depuis vingt-six ans que les affaires publiques nous occupent, nous avons donné assez de<br />
preuves de notre attachement aux intérêts de la colonie; notre nom est attaché à toutes les<br />
améliorations, à toutes les institutions du pays, et nous n’étreignons pas que les chansons du<br />
Cygne de Mante recouvrent notre voix : nous la ferons entendre de nouveau, dussions-nous,<br />
jusqu'à la fin de notre carrière, rester en butte à tous ceux que nous avons désignés dans<br />
notre écrit. Qu'avons-nous à craindre, en effet, lorsque les faits parlent pour nous? Qu'ont-ils<br />
exécuté ces hommes de malheur qui, depuis sept ans, dirigent la colonie? Où sont leurs<br />
œuvres? Deux ou trois émeutes, la déconsidération du gouvernement local, la désunion<br />
partout, le pillage de nos propriétés : voilà leur ouvrage. Veut-on y ajouter les places<br />
arrachées au pouvoir, les rapines exercées sur l'indemnité des classes pauvres de la colonie ?<br />
Nous y consentons encore; mais pour la masse que reste-t-il.? La démoralisation, suite<br />
naturelle des faveurs dispensées indifféremment au vice et à la vertu. Ce n'est pas ainsi,<br />
remarquons-le bien, que le gouvernement colonial anarchie de 1810 à 1830: les factions, si<br />
quelques-unes osaient lever la tête, étaient comprimées, et ce n’était pas en traitant avec elles,<br />
ni en les gorgeant d'or et d'honneurs qu'on leur imposait silence. Le gouvernement parlait<br />
haut et ferme; était obéi. Puis, de son côté, le public sage savait en faire justice en les<br />
frappant de sa réprobation. Si, depuis 1830, cette unanimité de sentiments, cette puissante<br />
autorité qui, sans froissement, sans chocs, tenait tous les intérêts en équilibre, a disparu, c'est<br />
qu'au lieu de commander, il s'est mis à la suite et à la discrétion dés factieux. Dès lors un<br />
immense changement s'est opéré dans le pays : les liens de discipline ont été brisés, les lois<br />
de l'obéissance méconnues, et l'on n’a plus considéré le gouvernement que comme<br />
l'auxiliaire d'un pouvoir réellement exercé par une faction qui commande et exige en maître<br />
tous les actes de l'autorité.