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SOUVENIRS

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plusieurs étaient mus par l'unique désir d'avancer leurs affaires et celles de leurs amis.<br />

Cependant il faut rendre justice au grand nombre. Deux, entr'autres, méritent d'être cités:<br />

Journel, ce maire si courageux dans nos émeutes, et M. Foisy, doyen du Barreau et l'âme de<br />

cette assemblée coloniale qui, aux jours des dangers, se montra si grande et si forte, Ceux-là<br />

restèrent purs, ainsi que beaucoup d'autres, au milieu du dévergondage des idées, des principes<br />

et des actes, et ils moururent ou ils mourront pauvres, mais regrettés, mais en laissant le<br />

souvenir d'une vie honorable et sans tache.<br />

On a dû remarquer que, dans le cours des évènements survenus depuis 1830, le parti<br />

voulait du pouvoir, mais du pouvoir rétribué, de l'influence, mais de cette influence qui mène à<br />

la fortune. Se servir d'abord, puis servir ses amis, soit auprès du gouvernement sur lequel il a<br />

toujours exercé la plus grande influence, soit au Palais où prévaut l'autorité des chefs: tel a été<br />

son but. Sa conduite prouve, d'ailleurs, qu'il avait bien calculé tous les avantages de sa position<br />

en opérant une levée de boucliers.<br />

Mais, dira-t-on peut-être, comment le public sage a-t-il plié si facilement la tête sous le<br />

joug; comment a-t-il supporté sans se plaindre, sans manifester d'opposition, les malheurs dont<br />

vous offrez le tableau? A cela nous répondrons : Le public sage n'avait pas d'organe, et le<br />

gouvernement lui avait fermé la bouche par les récompenses et les distributions. Aussi semblaitil<br />

marcher dans le sens, ou plutôt se traîner à la remorque de la faction. Il laissait insulter en<br />

plein Palais les conseillers qu'il avait choisis, et se laissait lui-même abreuver d'injures. Qu'on<br />

se figure l'effet que cela devait produire sur la vieille population, jadis française, pour qui<br />

l'amour du gouvernement était une espèce de religion, et sur une jeunesse saturée de l'esprit de<br />

la nouvelle France, et qui ne rêve que changements, dans l'espoir d'obtenir avant l'âge des<br />

places où ses talents seuls pourraient la porter un jour! Écoutez ces ergoteurs dans leurs feuilles<br />

ou dans leur langage en public : ils savent tant, ils prévoient tant; ils ont appris des phrases, ils<br />

arrangent des mots; mettez les à l'œuvre, et ils sont les plus ignorants des hommes. Faits et<br />

instruits pour apprendre, ils dédaignent l'expérience ou s'en moquent. A les en croire, la société<br />

de Maurice devrait leur être livrée comme on livre un cadavre aux chirurgiens pour faire leurs<br />

expériences : ils la disséqueraient de telle sorte, qu'on aurait de la peine assurément à la<br />

reconnaître. La justice est la seule chose dont ils ne se plaignent pas; ce n'est pas étonnant: ils<br />

la dirigent et elle alimente leurs dépenses. Quant au reste, tout à leurs yeux est déplorable: ils<br />

veulent des théâtres, des églises, des prisons, des écoles, des chemins, des ponts, une forte<br />

police, des promenades, et ils crient tous les jours contre l'énormité des impôts. A mesure que<br />

le luxe des particuliers augmente, nos imberbes législateurs s'insurgent contre le chiffre des<br />

appointements des employés qui, dans l'échelle sociale, ne doivent pas être au - dessous de

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