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SOUVENIRS

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ouchers, eux se gorgeaient dans leurs orgies des mets les plus succulents; quand tous les<br />

honnêtes gens tremblaient chez eux, les révolutionnaires s'endormirent dans leur joie. A<br />

Maurice, nos colonels, nos députés, les membres de nos Comités nageaient au milieu de<br />

l'abondance, et, jusque dans leurs corps-de-garde, ils avaient soin de se pourvoir des objets<br />

recherchés par le luxe et la sensualité. Le repos, le sommeil ne les fuyait pas, tandis que ceux<br />

qui ne partageaient pas leurs sentiments, couraient risque à tout moment d'être assommés, et, à<br />

coup sûr, de ne pas passer chez eux une nuit tranquille. Comme frappé d'inertie, le<br />

gouvernement était réduit à vouloir sans rien pouvoir; des ordres se donnaient sans recevoir<br />

d'exécution. Dans les départements se trouvaient des hommes qui, moins occupés de leurs<br />

devoirs que du soin de se populariser et de s'avancer, laissaient tomber, stériles et inefficaces,<br />

les ordres qui leur étaient transmis. Eh bien, ces hommes-là ont reçu le prix réservé au zèle,<br />

au courage civil, à la fidélité, au lieu de la punition exemplaire que méritaient leur mollesse<br />

et leur incurie.<br />

Maintenant, nous le demandons, comment sir Charles et quelques autres chefs<br />

auraient-ils pu rétablir l'ordre et la tranquillité compromis, lorsque leurs subordonnés<br />

laissaient amortir dans leurs mains la force que le pouvoir leur avait confiée? Comment la<br />

masse des propriétaires et des honnêtes gens se serait-elle hautement prononcée, lorsqu'elle<br />

voyait des chefs de départements faire cause commune avec la faction perturbatrice qui,<br />

aujourd’hui même encore, n'aurait pas honte d'avancer que le nom seul de Jérémie portait<br />

l'épouvante partout et jetait parmi les noirs des idées de haine et d'insurrection? Qu'on prenne<br />

la peine de lire le Cérnéen; les femmes accouchaient avant terme; les enfants fuyaient au nom<br />

de Jérémie; les esclaves étaient prêts à se soulever; un volontaire à moustaches rouges tomba<br />

en faiblesse rien qu'en l'apercevant, et cependant, ajoute le Cygne, c'était un des plus braves!<br />

Figurez-vous la révolution de 1792 au petit pied et les auteurs de celle de Maurice, comme<br />

leurs prédécesseurs en France, employant les mêmes moyens, la même exagération, les<br />

mêmes mensonges pour exaspérer et corrompre les métisses. Et ceci nous allons encore le<br />

prouver. Au carrefour des rues de Paris et des Malabars existait un corps-de-garde où la<br />

population du faubourg de l'Est faisait le service; eh bien là se trouvaient en permanence<br />

étalés aux yeux les écrits du père Duchêne, surtout son fameux Catéchisme, qui fut le levier<br />

le plus puissant de la révolution française. Ce livre est resté là jusqu'au départ; de M. Jérémie,<br />

pour servir de pâture habituelle à tous les prolétaires dont cette partie de la ville abonde;<br />

population douce, industrieuse, non encore sans doute parvenue à la hauteur des<br />

circonstances, mais que l'on voulait pousser au crime en la saturant de la production la plus<br />

infâme des temps modernes. Si l'on nie le fait, nous en appelons au maître de la maison et à<br />

tous ceux qui, comme nous, ont vu cet ouvrage scandaleux récréer nuit et jour les volontaires

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