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SOUVENIRS

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Vraiment, il y a quelque chose d'inexplicable dans tout ce qui s'est fait à Maurice, depuis<br />

que les idées d'émancipation ont été hautement et sans crainte proclamées. Une faction vocifère<br />

contre toutes les ordonnances d'améliorations, insulte et maltraite les protecteurs chargés de leur<br />

exécution, et remercie le gouvernement d'avoir entièrement libéré les noirs; un gouvernement<br />

distingue, récompense ceux qui lui ont prodigué la menace et l'injure, et se sont armés contre<br />

lui; tout cela devient incompréhensible à moins qu'on n'en cherche la raison dans un pacte entre<br />

le gouvernement qui voulait l'émancipation à tout prix, et les soi-disant amis de la colonie qui<br />

désiraient s'élever et s'enrichir à ses dépens. Mais, comme tout devait être semblable dans les<br />

résultats, les meneurs ont été remerciés par la colonie, ont été regardés par elle comme des<br />

sauveurs, de même que le gouvernement a reçu des témoignages de gratitude pour l'acte<br />

d'abolition.<br />

On va nous demander sans doute ce qu'il fallait faire. Nous répondons: il fallait obéir, ne<br />

pas s'armer, mais réclamer; seconder les vues du gouvernement dirigées vers l'amélioration<br />

progressive du système colonial, et se confier à sa générosité pour réparer le tort qu'il nous<br />

causait dans la fixation de l'indemnité. Il fallait marcher franchement au but, en démontrant<br />

que la colonie supportait un trop grand sacrifice et qu'elle espérait un dédommagement à ses<br />

pertes, et non se présenter avec audace, entrainer le pays à la révolte, afin de mettre ensuite<br />

son amnistie dans un des plateaux de la balance, et l'or de l'indemnité dans l'autre, comme<br />

moyen d'en payer la valeur. Croit-on que le gouvernement eût été sourd à nos justes<br />

réclamations? Non, sans doute; depuis longtemps il nous avait habitués à compter sur ses<br />

promesses, et, dans la circonstance, il ne fût point resté au dessous de nos demandes, si elles<br />

eussent été présentées avec tout le respect que des sujets fidèles doivent au pouvoir, quand ils<br />

s'adressent à lui.<br />

Sir Charles Col ville, au milieu de l'embarras de ses dépêches et des exigences du parti<br />

qui, depuis 1830, ne lui laisse aucune relâche, n'oubliait pas toutefois d'avoir l'œil sur toutes<br />

les parties intérieures de l'administration. L'impunité des excès commis à cette époque, avait<br />

jeté le trouble dans les esprits, trouble qu'on avait soin d'entretenir par tous les moyens que les<br />

soi-disant formistes savent mettre en usage. La presse surtout était pour eux le levier avec<br />

lequel ils voulaient soulever la colonie contre le gouvernement. Qu'on lise leur feuille et l'on<br />

aura une idée de la violence à laquelle ils osaient se porter dans leurs écrits, non en parlant à tel<br />

ou tel individu, mais en s'adressant aux masses. Les enfants eux-mêmes suçaient ces fruits dé-<br />

testables qui devaient les empoisonner plus tard. Cela vint à ce point que nous fumes au<br />

moment de voir, au collège royal de Maurice, de ces insurrections scandaleuses des élèves qui<br />

se roidissent à un âge où l'obéissance est d'une absolue nécessité. La lecture du Cerneen avait

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