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SOUVENIRS

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doute: mais nous prétendons que, puisqu'on avait la force et les moyens de réprimer les excès<br />

que nous signalons, on aurait dû commencer par ceux d'une clique astucieuse qui, revêtue du<br />

masque et du costume de Pères de la Rédemption, travaillait déjà sourdement et arrangeait tout<br />

pour la réalisation de ses projets futurs. On n'en fit rien; nous fûmes laissés à la merci du<br />

premier qui voulut nous attaquer soit dans notre fortune, soit dans notre honneur, attendu que<br />

les hommes de la force publique, qui obéissaient, sans doute involontairement, au gou-<br />

vernement occulte organisé par la faction, n'avaient des yeux, des oreilles, et peut-être même<br />

des ordres sévères que pour sévir coutre les délits des maîtres envers leurs esclaves, sévérité que<br />

nous approuvions de toute notre âme en déplorant le délaissement dans lequel était le reste de la<br />

population.<br />

A Maurice, comme ailleurs, la révolution s'est opérée au profit des intrigants et au<br />

préjudice d'une classe de la société qui avait autant de droits qu'une autre à la protection du pou-<br />

voir. En France, pendant que nos législateurs décrétaient et faisaient graver sur l'airain les droits<br />

de l'homme, on saccageait les propriétés; à l'île Maurice, au moment où l'on discutait les droits<br />

des noirs, le gouvernement qui, n'ayant pas et autre pensée que cette discussion y avait porté<br />

toute la force, toute l'influence dont il pouvait disposer, laissait dépouiller les propriétaires et<br />

annuler, par des actes scandaleux, les droits des créanciers. Les méchants criaient à leur ruine,<br />

lorsque seuls ils profitaient du trouble des esprits, qu'ils avaient soin d'entretenir en exagérant<br />

l'effet désastreux, disaient-ils, des mesures commandées par les ordres en Conseil, à peu près<br />

comme ces filoux qui sont les premiers à crier: Arrête! Arrête! après qu'ils ont volé une montre<br />

ou un chapeau.<br />

Cependant sir Charles Calville reçoit l'ordre d'établir un Conseil législatif, où devront<br />

être appelés quelques notables, à son choix et an choix de ses successeurs, sauf l'approbation de<br />

S. M. Ce Conseil aurait pu suffire l'administration et au maintien de la tranquillité du pays, si le<br />

choix avait été fait avec discernement et sans crainte; ma1eureusement pas ainsi. Sir Charles,<br />

sous une influence invisible et qui ne cessait d'agir sur lui, porta ses vues précisément sur ceux<br />

qui, par leurs opinions, leur état et leurs positions respectives, auraient dû être écartés e n<br />

Conseil. Il s'en aperçut, mais trop tard, et, lorsqu'au jour du danger, il fallut faire un appel à leur<br />

fidélité, à leurs serments, il fut abandonné, ou plutôt il eut contre lui ceux qui devaient lui venir<br />

en aide; Et qu'on ne croie pas que les membres officiels furent les seuls qui, à cette époque,<br />

voulurent de la popularité ou cherchèrent à mener à bien leurs affaires et celles de leurs amis,<br />

aux dépens dé leurs devoirs. Plusieurs employés, chefs de départements, auraient pu être accusés<br />

et convaincus d'y avoir fait, si le parti qui soutenait le pouvoir du gouvernement et les ordres<br />

de S. M. avait eu, dans sa lutte contre la faction, d'autres vues que celles de se montrer loyal et

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