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SOUVENIRS

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pour excuser leur levée de bouchers. On tenterait vainement de passer sous silence la descente<br />

opérée chez M. Millien, au moment même où ce principal habitant du district, affligé par la<br />

perte d'un enfant, recevait de ses noirs, devenus l'objet d'une injuste accusation, la plus grande<br />

preuve d'attachement qu'un maître put désirer à cette époque; car ils se privèrent vo-<br />

lontairement de la danse, du chant et du tamtam, par cela seul que M et Mme Millien étaient<br />

dans l'affliction. Eh bien! c'est dans ce moment que la faction, qui avait besoin, pour relever<br />

ses actes et arriver à son but, d'un mouvement parmi les esclaves, c'est dans ce moment,<br />

disons-nous, que l'on força ce respectable habitant de publier dans les Gazettes un aveu qui<br />

accusait ses noirs et les exposait peut-être à des châtiments, lorsque, d'un autre côté, il avouait<br />

lui-même à ses amis que jamais ses noirs ne s'étaient montrés plus soumis ni plus fidèles à leurs<br />

devoirs.<br />

Il faudrait s'arrêter là et briser sa plume après avoir dévoilé cette infernale machination<br />

qui ne devrait figurer que dans les annales révolutionnaires de 1793; mais nous continuerons<br />

pour dire que sir Charles Colville fut indignement trompé dans cette circonstance et que le<br />

gouvernement, qui a pu récompenser les auteurs de cette odieuse trame, a causé plus de mal à<br />

Maurice que ces derniers eux-mêmes. Il est devenu par là leur complice; il nous a punis de<br />

notre fidélité, et nous avons le droit de lui adresser des reproches sévères pour avoir oublié<br />

ainsi le soin de ses devoirs et de sa dignité.<br />

Depuis longtemps, les tourments de la traite avaient cessé; les ordonnances pour les<br />

améliorations, les enregistrements, les punitions, celles qui concernaient les Protecteurs étaient<br />

un acheminement vers l'émancipation générale. Il fallait que la société, qui s'était chargé de ce<br />

grand bienfait de la civilisation moderne; fût bien puissante pour obtenir du gouvernement<br />

britannique les mesures qui se succédaient avec tant de rapidité. Tout avait été mis de côté; une<br />

seule pensée absorbait toutes les autres et la justice n'eut de force que pour punir les délits<br />

commis ,envers les noirs, ou pour faire rendre à ces derniers ce que la loi leur avait donné. La<br />

police elle-même s'occupait exclusivement de ceux qui, contrairement aux ordres publics,<br />

s'écartaient vis-à-vis de leurs noirs de la route nouvelle qui venait d'être tracée. On était tout<br />

étonné du zèle et de l'activité des gens en place lorsqu'il s'agissait d'une atteinte portée aux<br />

nouveaux droits des noirs, et de leur faiblesse, de leur nonchalance quand il eût été nécessaire<br />

de rendre justice à la veuve ou de défendre les droits des créanciers. Tel fut, en un mot,<br />

l'engouement des esprits qu'il y eut un moment, il faut le dire, où l’assassinat d'un bourgeois,<br />

d'un négociant ou d'un magistrat, au milieu de la ville, aurait soulevé moins de rumeur parmi les<br />

agents de la force publique, que dix coups de rotin donnés à une négresse, à dix lieues du Port-<br />

Louis. Est-ce à dire que nous blâmions le soin qu'on a mis à faire exécuter la loi? Non, sans

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