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SOUVENIRS

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qui se livraient au commerce, étaient animés du même esprit, et il n'est pas à notre<br />

connaissance qu'aucun ait déviée de cette route sans être obligé de fuir la société ou même<br />

de s’éloigner du pays. Les Darifatt, les Gatro n'étaient pas des hommes ordinaires; ils<br />

avaient fait des affaires immenses et certes, ils auraient pu se mettre à l'abri des besoins<br />

futurs, au moyen de leurs correspondants; mais non : tous deux quittèrent la colonie, pour se<br />

garantir de poursuites, et ils s'en allèrent mourir sur une terre étrangère, dans un dénouement<br />

complet. Si ces hommes avaient réussi dans quelques entreprises nouvelles qu'ils tentèrent<br />

dans l'Inde, ils seraient revenus triomphants à l'Ile-de-France, pour payer leurs créanciers<br />

et se faire réhabiliter. De nos jours, ce n'est pas ainsi qu'on procède : nos hommes<br />

malheureux, pour ne pas - dire nos banqueroutiers, ont moins de scrupules: ils appellent<br />

à serment ceux qui ont leurs titres en mains et les font insulter par les gazetiers.<br />

Telle était la colonie à quelques et très petites exceptions près. Franchise, aménité,<br />

respect inviolable pour la parole écrite ou verbale: voilà ce qui s'y faisait remarquer. Les<br />

relations des habitants entr'eux étaient sûres, aussi constantes qu'agréables, et l'échange<br />

des services journaliers et désintéressés formait un des caractères distinctifs des mœurs de<br />

l'époque. Cela est si vrai, qu'un sobriquet devenu commun aujourd'hui, mais alors<br />

insultant, frappait ceux qui manquaient à cette règle des devoirs réciproques. L'usure et<br />

l'égoïsme étaient marquées au front et mises sur la même ligne. Certes, une population<br />

aussi étrangère aux vices d'une civilisation corrompue et chez laquelle s'était en quelque<br />

sorte conservé le culte des vertus primitives, pouvait passer à juste titre pour une<br />

population éminemment sociable, pour une population d'élite; aussi savait- on l'apprécier,<br />

lui rendre un hommage éclatant, et son éloge se retrouvait dans toutes les bouches comme<br />

dans tous les écrits publiés à cette époque.<br />

Nous ignorons quelle était la masse de fonds dont le commerce et l'industrie<br />

disposaient; mais il n'y avait pas, en 1792, moins de quarante négociants, dont nous avons les<br />

noms, achetant et vendant en gros. Ce nombre fut porté à environ 80 en 1795, mais nous<br />

croyons qu'il n'a jamais été dépassé. Les marchands en comestibles, toileries, quincaillerie et<br />

modes étaient plus nombreux et avaient des magasins bien fournis. Ceux des Martinet, des<br />

Thomas, des Cambernon, des Eynar et le noir, des Amelin, des Enfrais, des Piquenard, des<br />

Guétro, des La Roy, des Christin et autres ne dépareraient pas ceux qui ornent aujourd'hui le<br />

quartier marchand.<br />

Les arts et métiers possédaient des sujets nombreux, et partout les ateliers étaient<br />

peuplés d'ouvriers marquants; les savants avocats ne manquaient pas plus que les magistrats

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