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SOUVENIRS

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payer le transport de ses effets, (effets qui ne lui appartenaient pas), dans sa nouvelle<br />

maison. La condition était plaisante et risible. Eh bien, pour en finir, nous payâmes le<br />

charroi des effets. Depuis, notre homme ne passe jamais à côté de nous, sans ôter son cha-<br />

peau. Des salutations, voilà tout ce que nous avons reçu de nos loyers; ce n'est pas<br />

beaucoup, il est vrai, mais enfin, cela vaut mieux encore que les insultes au moyen<br />

desquelles les débiteurs actuels s'acquittent envers leurs créanciers.<br />

Il deviendrait fastidieux de nous arrêter à la multitude d'affaires de ce genre qui nous<br />

concernent personnellement. Toutefois, au risque d'ennuyer, nous céderons à la fantaisie d'en<br />

raconter deux autres petites, avant de passer à celles qui étonnent par la hardiesse des moyens<br />

que la chicane à mis en œuvre pour les conduire selon ses vues, grâce à la faiblesse d'un pouvoir<br />

qui opposent aucune entrave a ses actes et semblait lui avoir accordé tacitement un brevet.<br />

En France, à ce qu'on assure, un locataire qui ne paie pas son loyer à jour fixe, voit, le<br />

surlendemain, ses meubles et effets vendus en vente publique et lui-même vide les lieux.<br />

Comment se fait-il qu'à Maurice, où, dit-on, les mêmes lois sont en vigueur, il faine non<br />

seulement perdre le prix de sa location, mais encore payer les charrois des effets du locataire qui<br />

veut bien sortir? Il paraît que la chicane, toute désordonnée qu'elle est, a cherché à mettre de<br />

l'harmonie partout, et, de même qu'un acquéreur qui n'a rien payé à son vendeur, lui impose la<br />

loi, quand il ne va pas jusqu'à l'insulter, elle a voulu que le locataire, qui ne peut pas enlever les<br />

clous et les serrures de la maison, pût an moins profiter de l'économie du transport de ses effets.<br />

Cependant, soyons juste; il est des cas où les choses se passent dans le plus grand ordre: c'est<br />

lorsque le locataire a le bonheur de faire procéder lui-même à la vente de ses effets ou<br />

marchandises. Alors les créanciers arrivent à l'ordre, comme on dit en termes de Palais. Souvent<br />

nous nous sommes rendu à ces ordres, et nous n'y avons rien vu que de très régulier: la<br />

preuve, la voici. Nous avions loué une de nos maisons à un marchand qui, voyant le peu de<br />

réussite de ses affaires, et voulant se retirer, fit une vente de son fonds. Il nous était dû 280<br />

piastres. En cette conjoncture, nous mîmes opposition aux mains de l'enchanteur. Oh nous dit<br />

que notre privilège est incontestable et qu'avant tout nous serons payé. Fort de cette<br />

assurance, nous voilà bien tranquille. Un mois, deux mois, trois mois s'écoulent. Nous<br />

tentons quelques démarches. Passe un autre mois enfin le cinquième touchait à son terme,<br />

lorsque nous reçûmes avis d'avoir à envoyer chercher le montant de notre créance, arec un<br />

surcroît, comme dit Jocrisse, de 83 piastres 87 centièmes en moins payés au cabinet de<br />

l'avoué. Nous nous récrions sur l'énormité de ce chiffre, alléguant qu'étant privilégié nous<br />

devions recevoir l'intégralité de la somme due. On nous répond: Faites fixer les frais par le<br />

juge, si vous croyez être lésé. Nous nous adressons, en effet, au juge qui réduit le compte de

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