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SOUVENIRS

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plus grosse curée sur laquelle s'assouvit la voracité de la chicane. Ce sont les pauvres enfants<br />

surtout qu'épuisent ces sangsues. La chicane ne craint de leur part ni plaintes, ni reproches, et<br />

souvent elle reçoit des remerciements pour avoir abandonné les centièmes sur son compte.<br />

Quelle dérision!<br />

On va répondre: Que voulez-vous? Le tarif est là qui fait loi. - Le tarif? Eh ! qu'importe<br />

le tarif à un procureur retors? N'a-t-il pas mille moyens de l'éluder? Il griffonne vingt actes au<br />

lieu d'un; il saisit, lui cinquième ou dixième, lorsque ses droits étaient conservés, et ce n'est<br />

pas, comme chacun sait, une petite affaire qu'une saisie. D'ailleurs, ignore-t-on qu'un objet<br />

saisi, lorsque ce n'est pas un immeuble d'une grande valeur, est à peu près perdu pour le<br />

saisissant et pour le saisi? A cet égard, nous avons pour nous la leçon un peu sévère de l'ex-<br />

périence. Nous y avons été pris une fois et nous n'y sommes pas retourné. Voici le fait: un de<br />

nos débiteurs, qui jouit en France de trente mille francs de rente et dont on recherche ici les<br />

créances à 15 pour cent, soit 75 pour cent de perte pour le porteur, avait sur le port des<br />

milliers de sucre. La pensée nous vint, pour la première fois de notre vie, de les faire saisir, et<br />

en conséquence, nous nous adressâmes à un honnête huissier à qui nous laissâmes le soin de<br />

constituer un avoué pour cet objet seulement. La saisie a lieu, la vente des sucres s'ensuit,<br />

toutes les formalités sont remplies et l'huissier nous annonce le gain de notre affaire. Il se<br />

pare. Il s'enorgueillit à nos yeux de la victoire qu'il vient de remporter sur les opposants et<br />

nous promet l'argent et le compte pour le lundi d'après. Le lundi arrive: obligé de sortir, nous<br />

donnions, entr'autres ordres, celui surtout de recevoir, de l'huissier un tel, quatre ou cinq cents<br />

piastres dont nous indiquions la disposition, lorsque le susdit arrive, armé ou plutôt chargé de<br />

son volumineux dossier qu'il pose devant nous sur une table. Nous laissons aux lecteurs à<br />

deviner le chiffre de la somme qui nous revenait après tant de fracas et de victoires gagnées<br />

sur les opposants!... Nous redevions 17 livres 13 sous 9 deniers, que notre homme voulut bien<br />

ne pas exiger, attendu, nous dit-il, qu'il voulait acquérir notre politique, en nous donnant cette<br />

preuve de son désintéressement..<br />

Autre exemple. Nous avions le précieux avantage de posséder un locataire que nous<br />

logions gratis, depuis dix-huit mois, bien qu'il nous eût promis, comme Figaro, de nous<br />

payer vingt piastres par mois. Un huissier (nous sous-entendons ici l'épithète honnête,<br />

simplement pour ne pas nous répéter) se charge, sinon de le faire payer, du moins de<br />

l'obliger à sortir. On conçoit que le résultat de notre saisie des dix milliers de sucre nous<br />

avait ôté l'envie de recourir à une semblable opération. Six mois s'écoulent. Qu'arrive-t-il<br />

enfin? Supposez les propositions les plus bizarres, les plus singulières, et vous serez encore<br />

loin de celle qui nous fut présentée. Notre locataire consentait à sortir, si nous voulions

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