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SOUVENIRS

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Quelque triste que soit le souvenir de cette catastrophe, il faut nous y arrêter un instant.<br />

C'est un devoir pour nous, d'ailleurs, de détruire certaines assertions mensongères aux-<br />

quelles elle a donné lieu. On a parlé de désordres excités à dessein. C'est faux. Il y eut, sans<br />

doute, contrariété dans les mesures, tumulte et perturbation; mais ils vinrent moins du fait<br />

de ceux qui exécutaient que de ceux qui ordonnaient et à qui un évènement aussi inattendu<br />

fit perdre le sang-froid si nécessaire au milieu des circonstances graves. Certes, nous<br />

sommes loin de disconvenir que des vols aient été commis, et plus d'un serait en mesure de<br />

nous fournir à cet égard, et pour cause, des renseignements positifs; mais de pillage<br />

concerté, organisé, il n'yen eut point. Quelques misérables regardèrent comme de bonne<br />

prise pour eux ce qu'ils arrachèrent aux flammes, au péril de leur vie, mais ces gens n'appartenaient<br />

à aucune association dont le but aurait été le partage des objets ainsi enlevés. Au<br />

reste, les investigations ultérieures montrèrent que tout cela devait se réduire à peu de chose.<br />

Mais écartons ces tristes objets et parlons du dévouement et des vertus qui se manifestèrent au<br />

milieu de cette nuit affreuse et pendant les jours qui suivirent.<br />

Ni le gouvernement, ni les particuliers ne faillirent aux devoirs qu'ils avaient à remplir.<br />

Le créancier crut avoir tout perdu; mais le débiteur ne se crut pas libéré. Rapprochés par le<br />

malheur, ils comprirent leur position respective, ils s'entendirent et la bonne foi présida seule à<br />

leurs arrangements, sans que la Justice fût obligée d'intervenir. Si, plus tard, d'autres débiteurs,<br />

moins scrupuleux, n'ont pas agi avec cette délicatesse, mais ont su profiter de conjonctures<br />

favorables pour s'enrichir aux dépens de ceux qui leur avaient prêté, c'est que ceux-là ne<br />

ressemblaient en rien aux hommes de 1816. Il fallait, pourvoir la mauvaise foi érigée, en<br />

quelque sorte, en principe, les spoliateurs honorés et la félonie récompensée, passer par les<br />

évènements de 1830 et surtout par ceux de 1832.<br />

L'incendie du Port-Louis a été décrit tant de fois et présenté sous tant de faces, que nous<br />

nous abstiendrons de répéter ce que nous-même en avons écrit à cette époque. Ce qu'il faut<br />

dire, c'est que la malveillance ne fut pour rien dans ce désastre. Le bâtiment où le feu<br />

d'abord se manifesta (chez M. Deshais, le plus probe des avoués qui aient jamais honoré le<br />

barreau de Maurice), était malheureusement privé d'eau, et la maison était devenue la proie<br />

des flammes, lorsque les premiers secours arrivèrent. Il était sept heures du soir, et, à dix<br />

heures, l'incendie avait déjà gagné la rue de l'Eglise. Telle était la rapidité des progrès du<br />

feu qu'il devint bientôt impossible d'arrêter l'immense conflagration avec les moyens dont<br />

on disposait.

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