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SOUVENIRS

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Arrivé depuis quelques jours dans la colonie, nous fûmes témoin de l'horreur que cet<br />

assassinat inspira à la population saine de la ville; l'assemblée ne s'en réjouit pas<br />

publiquement, mais elle ne manifesta pas non plus l'indignation dont elle aurait du être<br />

pénétrée à la vue d\m pareil attentat. Aucune poursuite ne fut dirigée contre les auteurs du<br />

crime qui, toutefois, périrent tous dans des duels où ils furent appelés par les soldats des autres<br />

compagnies qui n'avaient pas participé au meurtre de M. de Macnemara, et qui se chargèrent, à<br />

leurs risques et périls, d'en tirer une éclatante vengeance.<br />

Les différents partis se distinguaient par des opinions tranchées. Les royalistes purs<br />

dont nous avons fait connaître une partie, habitaient leurs terres; quelques-uns furent nommés<br />

à l'assemblée où ils firent preuve de sagesse et de talent. C'est à eux, à leurs amis des<br />

campagnes et il quelques membres du barreau restés purs royalistes, que nous dûmes cet<br />

esprit de modération qui dicta les premiers actes de l'assemblée. Les négociants et les<br />

avocats suivirent la ligne des constitutionnels; c'était le plus fort parti. Quant aux<br />

démocrates siégeant à l'assemblée, leurs discours, leur allure et leur mise étaient<br />

analogues à leurs principes. En eux résidait le germe des Couthon, des St.-Just et des<br />

Lebas.<br />

Mais ce n'est pas dans le sein de l'assemblée qu'il faut juger les uns et les autres;<br />

c'est dans leurs clubs respectifs où nul frein ne les retenait. Une séance de Jacobins était<br />

pour une partie de la population, surtout pour les jeunes gens qui à cette époque étaient<br />

gais et s'amusaient de tout, une espèce de comédie où ils allaient passer, souvent fort<br />

agréablement, leurs soirées. L'assemblée coloniale avait de la décence et de l'ordre dans<br />

ses réunions, tandis que les clubs, encombrés par la foule, présentaient des scènes si<br />

extravagantes, si originales, qu'elles inspiraient toujours ou la gaîté, ou la pitié ou<br />

l'horreur. De même que l'assemblée avait ses chefs, sous la bannière desquels marchaient<br />

les autres membres, de même les Sans~culottes avaient les leurs. Si d'un côté on voyait<br />

les Marbois, les Ricard entraîner par leurs discours la majorité de l'assemblée, de l'autre se<br />

montraient les Guion, les Litray, les Dauvin et les Révol, ardents à électriser les masses par<br />

leur éloquence populacière. A mesure que l'assemblée, dans ses empiètements sur le<br />

pouvoir, cherchait à assurer le triomphe de ses opinions, les Sans-culottes, outrant tous les<br />

principes, faisaient chanceler les faibles barrières opposées à l'anarchie, en présentant aux<br />

masses la liberté et l'égalité dans leur acception la plus large et la plus absolue. L'assemblée<br />

adopta bien aussi ces principes ! Mais la liberté et l'égalité, elle les voulait seulement pour<br />

les classes dont elle sortait; de là cette opposition violente, ces conflits parlementaires, ces<br />

luttes qui durèrent longtemps, mirent la colonie plusieurs fois en danger, et ne finirent que

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