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Le Nord

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Prise en charge des PVVIH dans les structures de santé au <strong>Nord</strong><br />

Un véritable parcours de combattant 12-13<br />

n°15<br />

<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> - du 16 Juillet au 15 Août 2011<br />

Informations et réflexions de la Région <strong>Nord</strong><br />

Burkina Faso<br />

200 FCFA<br />

Bimensuel<br />

Conférence publique en milieu scolaire<br />

Manifestations des scolaires<br />

UPC /Kongoussi<br />

de YAKO<br />

" nous voulons<br />

Faire de la jeunesse, le fer de<br />

La rançon d'une politisation<br />

accéder aux conseils munici-<br />

lance du développement<br />

paux et à l'Assemblée nationale<br />

outrancière de la cité<br />

Niampa Marcel,<br />

3 B. Etienne.B.Ouédraogo,<br />

7<br />

6<br />

Festival Lafi Bala<br />

" Un savant dosage de<br />

festivités culturelles,<br />

d'intérêts économiques<br />

et de mobilisation citoyenne "<br />

Kalsaka Mining<br />

<strong>Le</strong>s travailleurs et la population<br />

se dressent contre le pillage<br />

5<br />

8-9<br />

Grossesses en milieu<br />

scolaire<br />

" Je le traduirai<br />

en justice pour fuite de<br />

responsabilité "<br />

14-15 10


10 SOCIETE<br />

" Je<br />

dois me débrouiller toute seule. Mes parents refusent<br />

de m'accorder un quelconque soutien, ma tutrice m'a<br />

chassée de chez elle. L'auteur de ma grossesse est sans sous<br />

". Devant son étalage de layette, OB, appelons-la<br />

ainsi, a du mal à expliquer ce qui lui arrive. Venue<br />

de Ouagadougou pour fréquenter à Ouahigouya,<br />

le cours de sa vie a pris un tournant décisif. A 17<br />

ans, elle doit déjà affronter les revers amers de la<br />

vie. <strong>Le</strong>s yeux ankylosés par des nuits blanches à<br />

répétition, la peau tendue par une énorme boule<br />

de chair, elle est assise, le menton soutenu par les<br />

deux mains, songeuse. Elle se demande sans cesse<br />

ce qui l'a bien prise de se retrouver dans une situation<br />

aussi inconfortable. Elle ne cesse de maudire<br />

cette foutue nuit au cours de laquelle tout a commencé.<br />

" Mon petit ami et moi nous nous sommes retrouvés<br />

chez lui une nuit. C'était la troisième fois. On s'était<br />

connu lors d'une manifestation culturelle scolaire. On s'y est<br />

rencontré et dès qu'il m'a abordé, il m'a tout de suite plu,<br />

bien séduisant qu'il est. Dès lors nous nous fréquentions et<br />

je ne lui refusais rien. Cette nuit-là donc, il a manifesté le<br />

désir de me prendre. Chose que je n'ai pas refusée. Il a commencé<br />

à me couvrir de caresses. Je lui ai demandé de porter<br />

un condom mais il m'a fait savoir qu'il n'en avait pas et<br />

qu'il ne possédait pas d'argent pour en acheter. Je l'ai prévenu<br />

des risques que nous allons courir. mais face à son<br />

insistance, j'ai cédé car je l'aime ". Dans un soupir de<br />

regret, Mlle OB s'arrête, puis continue son histoire.<br />

C'est trois mois après qu'elle a su qu'à cette<br />

nuit-là, les germes d'un bébé poussaient dans ses<br />

entrailles. Et c'est le début des déboires. Plusieurs<br />

fois elle a tenté d'avorter. Autant de fois, elle a<br />

échoué. OB s'est résolue à attendre le fameux<br />

bébé. <strong>Le</strong>s semaines qui ont suivi, elle a abandonné<br />

l'école, elle-même abandonnée par ses parents à<br />

Ouagadougou et sa tutrice. Ses rires insouciants<br />

de jeune fille ont cédé la place au silence, percluse<br />

elle-même dans ses pensées, se demandant chaque<br />

jour ce que l'avenir sera fait. L'auteur de son état ?<br />

Un élève de la classe de seconde. " Il reconnaît la<br />

grossesse mais n'a rien pour me soutenir. Je vis des revenus<br />

de mon petit commerce attendant l'accouchement ". confiet-elle.<br />

Une camarade de classe a accepté de l'héberger.<br />

Ce cas illustre bien un mal caché dans nos établissements<br />

scolaires. <strong>Le</strong>s cas sont légion et prennent<br />

de l'ampleur. On en parle peu. Certaines filles<br />

accouchent. D'autres s'adonnent à des actes<br />

immoraux. Des bébés sont retrouvés fréquemment<br />

dans des ''poubelles'' et remis à des services<br />

sociaux. Pire, des avortons sont jetés dans des fosses<br />

sceptiques. Pas plus tard que dans la troisième<br />

semaine du mois de mai 2011, une élève de la<br />

classe de 4ème au collège privé Wend-Lamita a été<br />

mal inspirée de jeter son bébé dans la fouille familiale<br />

au secteur 6 de Ouahigouya. Cela après avoir<br />

pu camoufler sa grossesse 8 mois durant. Elle<br />

rumine son acte dans les locaux de la Maison d'arrêt<br />

et de correction de Ouahigouya attendant de<br />

comparaître devant le juge. A peine sortie de l'âge<br />

de la puberté, Mlle AO risque fort d'affronter les<br />

vicissitudes du milieu carcéral pendant longtemps.<br />

" Quand il m'a dragué je ne pouvais<br />

Grossesses en milieu scolaire<br />

" Je le traduirai en justice pour fuite de responsabilité "<br />

pas refuser, car c'est mon professeur "<br />

A peine sortie des jupons de leurs génitrices, ces<br />

jouvencelles sont victimes de leurs imprudences.<br />

Beaucoup d’auteurs de grossesse sont des élèves<br />

comme elles. Il y a également celles qui ont eu le<br />

malheur de rencontrer dans leur envolée des adultes<br />

à la libido débordante. Des hommes mariés et<br />

responsables de familles. Élève en classe de 4è au<br />

lycée Yadéga, Ami attend d'être maman dans<br />

moins de 6 mois. Elle n'a que 17 ans également.<br />

L'auteur selon elle est un de ses professeurs. "<br />

Quand il m'a dragué je ne pouvais pas refuser car c'est mon<br />

professeur. On sort ensemble depuis la rentrée scolaire en<br />

octobre 2010. Au début, il se préservait quand nous faisions<br />

l'amour. Mais entre temps, il m'a dit qu'étant donné<br />

que nous avons duré ensemble, il n'y a plus de risque.<br />

Donc, on faisait l'amour comme ça et c'est venu. Je ne<br />

savais même pas que j'étais enceinte. C'est un jour que ma<br />

mère m'a conduite dans une formation sanitaire car j'étais<br />

prise de vomissements. C'est là-bas que la nouvelle est tombée.<br />

Ma mère m'a roué copieusement de coups mais elle<br />

a fini par me comprendre. Mon père, lui, ne m'adresse<br />

plus la parole " raconte Mlle Ami. La gêne provoquée<br />

par son état l'éloigne de jour en jour de<br />

l'école. Elle fuit ses camarades de classe. Elle est la<br />

risée du quartier. " Il se dit sur toutes les lèvres que je<br />

suis enceinte d'un homme marié. Maman se sent déshonorée<br />

même si elle me soutient de temps à autres. Je n'en peux<br />

plus " gémit-elle. MO, élève en classe de 5è au lycée<br />

Sabil El Nadja, subit également les affres de sa<br />

grossesse. Craignant la publicité sur son état de<br />

gestation à l'école, elle a préféré mettre fin à sa<br />

scolarité. " Je me vois comme une fille frivole quand je suis<br />

à côté de mes camarades " explique la pauvre. Séduite<br />

puis enceintée par un monsieur qui l'a abandonnée<br />

par la suite, elle a été chassée par ses parents de la<br />

cour familiale. C'est en allant chez son prince charmant<br />

qu'elle a été choquée par une autre réalité.<br />

Elle raconte : " Il est commerçant, marié et père de trois<br />

enfants dont le premier me dépasse en âge. Il avait loué une<br />

maison où nous nous retrouvions régulièrement qu'il a pris<br />

le soin d'équiper. Au début, je croyais que c'était chez lui.<br />

Grande fut ma surprise de constater que la maison était<br />

habitée par un jeune homme, un élève de surcroît que je n'ai<br />

jamais rencontré. Quand j'ai demandé d'après mon<br />

copain, le jeune s'est précipité de l'appeler. Mon mec m'a<br />

rappelée sur mon portable. Je lui ai expliqué ma situation.<br />

Il me proposa alors d'avorter et en compensation, il me<br />

donnera 100 000F. J'ai refusé sa proposition. Ne pouvant<br />

pas m'amener chez lui, il a fini par m'envoyer chez sa tante<br />

au secteur 4. Depuis lors, il m'a abandonnée. Il refuse<br />

même d'acheter mes produits. Bientôt je vais accoucher. Je le<br />

traduirai en justice pour fuite de responsabilité ". Des<br />

exemples pareils, on en trouve à profusion dans la<br />

province du Yatenga. " J'ai connu une fille en 2009,<br />

une de mes élèves de 6ème. Cette année je l'ai vu avec un<br />

enfant. Elle me dit que c'est elle la maman. Elle ne fait<br />

plus rien et le papa de l'enfant a disparu dans la nature.<br />

Vous voyez comment c'est triste. " s'offusque Aly<br />

Ouédraogo professeur de la science de la vie et de<br />

la terre au lycée Yamwaya. De là, on est amené à<br />

se demander si ces cas sont propres à la province.<br />

Entre les parents et l'école, lequel ne joue pas son<br />

rôle? " La vie sexuelle est enseignée au lycée à partir de la<br />

6ème, mais ce n'est pas partout et ce n'est pas dans toutes<br />

les classes. Une heure par semaine est insuffisante. On n'a<br />

même pas souvent le temps pour dispenser ces modules. "<br />

indique Aly Ouédraogo. <strong>Le</strong> président de l'association<br />

des parents d'élèves du lycée Yadéga,<br />

Moussa Sawadogo pointe du doigt la pauvreté et<br />

l'irresponsabilité des parents. " <strong>Le</strong>s grossesses en<br />

milieu scolaire selon moi sont liées à la pauvreté. La plus<br />

part des parents qui ont leurs enfants à l'école n'arrivent<br />

même pas à se suffirent. Elles partent à l'école sans un<br />

minimum. Un petit coca, un petit sandwich ou une petite<br />

somme d'argent peut faire céder la jeune fille. Il y a aussi la<br />

mauvaise éducation. <strong>Le</strong>s enfants s'auto éduquent à l'école.<br />

Rien n'est fait dans leurs familles pour venir en appui à ce<br />

qui leur est enseigné. " s'indigne- t- il.<br />

Pour le médecin-chef adjoint du district sanitaire<br />

de Ouahigouya, Hamado Séogo, les causes restent<br />

encore à rechercher " Quand on les pose la question, si<br />

elles voulaient tomber enceinte, elles disent non. Quant à<br />

l'utilisation des préservatifs, elles disent le faire. Mais comment<br />

se fait-il que c'est ainsi. Il y a aussi l'envie d'avoir ce<br />

que sa copine possède. N'ayant pas les moyens pour s'acheter<br />

ce qu'elles veulent, si elles ont une proposition concrète,<br />

elles peuvent facilement céder. Nous sommes entrain de<br />

mener une étude pour mieux cerner le problème afin de le<br />

contrer " a-t- il indiqué. Selon une étude commanditée<br />

par l'ONG ICCO des Pays-Bas et ses partenaires<br />

dont l'Association Développement sans<br />

frontière(DSF) en 2010 sur la santé reproductive<br />

et les droits sexuels, 12, 5% des filles dans la<br />

région du <strong>Nord</strong> abandonnent les bancs pour cause<br />

de grossesses. Un fort taux de pourcentage de jeu-<br />

<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> - du 16 Juillet au 16 Août1- N°15<br />

Dans presque tous les collèges, les lycées et même dans certaines écoles primaires de la province du Yatenga, il existe des élèves mères ou en état de grossesse. <strong>Le</strong> phénomène est en<br />

train de prendre de l'ampleur surtout au niveau des pubères. Nous avons essayé de comprendre les causes et les conséquences de cet état de fait dans quelques établissements.<br />

Je le traduirai en justice pour fuite<br />

de responsabilité<br />

<strong>Le</strong> président de l’association des parents d’élèves<br />

du lycée Yadéga, Moussa Sawadogo''<br />

<strong>Le</strong>s enfants s’auto éduquent à l’école''.<br />

Saturnin W Sankara chef de service de la<br />

promotion de la famille''Pour satisfaire à<br />

leurs besoins, les jeunes filles se donnent à<br />

plusieurs partenaires''<br />

Aly Ouédraogo professeur de la science de<br />

la vie et de la terre au lycée Yamwaya'' J’ai<br />

connu une fille en 2009, une de mes élèves<br />

de 6ème qui est mère aujourdh'ui''.<br />

Docteur Hamado, médécin chef adjoint au disrtict<br />

sanitaire de Ouahifouya''si elles ont une<br />

proposition concrète, elles peuvent facilement<br />

céder''.<br />

nes s'adonne aux rapports sexuels sans se protéger.<br />

Ce qui expliquerait un taux élevé de séroprévalence<br />

du Sida au sein de cette frange. La majorité<br />

des parents font de la santé reproductive et<br />

des droits sexuels un sujet tabou. Certains<br />

parents, selon cette étude ont une mauvaise perception<br />

des méthodes contraceptives, estimant<br />

qu'elles sont contraires aux enseignements religieux<br />

ou favorisent le vagabondage sexuel. " Nous<br />

enregistrons en moyenne 15 cas de plaintes d'élèves filles<br />

mères. La plupart des plaintes est la non reconnaissance de<br />

la grossesse ou la non prise en charge d'une grossesse reconnue<br />

par l'auteur et le bannissement des filles dans leur<br />

famille. Nous tentons toujours de concilier les différentes<br />

parties. Et 90% des plaintes connaissent des issues favorables.<br />

Il faut reconnaître qu'au Yatenga, la pauvreté est cruciale.<br />

Pour satisfaire à leurs besoins, les jeunes filles se donnent<br />

à plusieurs partenaires avec ce que cela comporte<br />

comme risque. " fait savoir le chef de service de la<br />

promotion de la famille à la direction provinciale<br />

de l'action sociale du Yatenga, Sankara W Saturnin<br />

D.Aimé SAWADOGO<br />

<strong>Le</strong>s statistiques parlent<br />

d'elles-mêmes<br />

Notre petite enquête dans quelques établissements<br />

de la province du Yatenga au cours de cette année<br />

scolaire (2010-2011) a révélé 12 cas de grossesse<br />

au lycée départemental de Koumbri. Au Lycée<br />

Yamwaya le nombre de cas de grossesse se chiffre<br />

à 9. Au lycée Yadéga, on enregistre 7 cas de grossesse<br />

dont une en classe de première. Au lycée<br />

Sabil El Nadja, sur un total de 25 cas dont 5 au<br />

second cycle. 11 élèves ont accouché. On enregistre<br />

un cas d'avortement dans ce lot. Au lycée<br />

Teltaaba ils sont 7 élèves du premier cycle à être<br />

enceintes cette année, tandis qu'au collège privé<br />

Wend Lamita, ils sont au nombre de 14 avec 8 au<br />

premier cycle. Au CEG de Zogoré, il y a 4 cas dont<br />

un litigieux après l'accouchement suite à une<br />

plainte des parents de la fillette- mère qui est en<br />

classe de 5ème. Ce dossier est géré actuellement<br />

par le préfet dudit département. Cette liste n'est pas<br />

exhaustive. En se basant sur les dispenses accordées<br />

aux élèves en classe d'examen, les statistiques<br />

de l'année scolaire 2009-2010 relevées au niveau du<br />

district sanitaire de Ouahigouya font état de 95<br />

grossesses dont 3 au niveau du primaire (CM2), 69<br />

en classe de 3e, et 19 élèves en classe de terminal.<br />

Fait marquant, si les pourcentages sont plus élevés<br />

dans les classes de 4ème et 3ème dans la ville<br />

de Ouahigouya, à Koumbri ce sont les classes de<br />

6ème et 5ème qui battent le record avec 12 cas. Au<br />

CEG de Barga à 30km de Ouahigouya, on nous<br />

apprend que les nombreux cas de grossesses irritent<br />

les enseignants et les parents d'élèves.


<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> - du 16 Juillet au 16 Août1- N°15<br />

DÉCENTRALISATION & GOUVERNANCE LOCALE<br />

Conférence publique en milieu scolaire<br />

Faire de la jeunesse, le fer de lance du développement<br />

Dans le cadre d'un projet dénommé " Reporters migrants " conduit par la radio " la Voix du paysan<br />

" des jeunes scolaires de la ville de Ouahigouya ont bénéficié d'un encadrement sur les fondamentaux<br />

du journalisme (presse écrite, radio, vidéo, reportage photos) et d'un voyage d'échanges<br />

sur l'immigration. Ce projet qui a pris fin en fin décembre 2010 a touché des jeunes de 4 pays<br />

(la France, l'Italie, le Sénégal et le Burkina Faso. Ceux de Ouahigouya ne se sont pas quittés sur<br />

la pointe des pieds. Ils ont organisé le Samedi 11 Juin 2011 des jeux radiophoniques et une conférence<br />

publique autour du thème " Jeunesse et culture d'une citoyenneté responsable, quels défis<br />

pour le développement ? " . Ladite conférence a été animée par B. Etienne.B. Ouédraogo, psychosociologue<br />

des enjeux en milieu professionnel du travail, expert en communication pour le développement,<br />

également Président du Mouvement pour la promotion de la dignité humaine pour le<br />

développement (MPDHD).<br />

Pour cette conférence publique, les élèves de la<br />

ville de Ouahigouya ne se sont pas fait prier<br />

pour répondre à l'appel. Massés dans la salle de<br />

réunions des groupements Naam, chacun tenait<br />

son stylo pour prendre des notes. Signe de l'intérêt<br />

accordé au thème de la communication du jour<br />

en ce samedi 11 juin 2011. Après avoir défini certains<br />

concepts notamment la jeunesse, la citoyenneté,<br />

le civisme, B. Etienne.B Ouédraogo martèlera<br />

que " le développement humain est un processus<br />

consistant à élargir le champ des possibilités ouvert aux<br />

individus. Cela passe par le développement des capacités et<br />

des potentialités humaines ". Il dira que le niveau de<br />

développement se mesure sur trois possibilités<br />

essentielles : vivre longtemps et en bonne santé,<br />

l'acquisition des connaissances et du savoir, l'accès<br />

aux ressources nécessaires pour vivre décemment.<br />

Mais il n'y a pas que ces trois. Il citera en plus, les<br />

opportunités de créativité et de productivité dans<br />

les sphères politique, économique, et sociale, le<br />

droit à la dignité et à la maîtrise de sa destinée, le<br />

sentiment d'appartenir à un groupe, à une communauté.<br />

<strong>Le</strong> communicateur juge que le développement<br />

des pays africains en général et du Burkina<br />

Faso en particulier tangue à cause de la faible participation<br />

de la majorité de la population aux<br />

actions de développement. L'analphabétisme et les<br />

pesanteurs socioculturels en sont les causes. Ils<br />

proposent comme solutions, l'appropriation des<br />

droits humains, les valeurs démocratiques et<br />

citoyennes. " Indiquer à un homme ses droits et devoirs,<br />

c'est lui indiquer ce que la société attend de lui comme participation<br />

au développement de la société entière et ce qu'il<br />

doit attendre en retour de celle-ci " se convainc le conférencier<br />

du jour. Qu'en est-il du rôle et de la responsabilité de<br />

la jeunesse, surtout du monde scolaire dans le contexte<br />

actuel du développement du Burkina ? S'interroge-t-il.<br />

Pour le psychosociologue des enjeux en milieu professionnel<br />

du travail, le mot " Renaissance " en vogue actuellement<br />

sonne comme la volonté de certaines personnes éclairées luttant<br />

pour construire une Afrique qui s'assume. La jeunesse<br />

selon lui a son mot à dire dans cette lutte. Elle doit se<br />

battre pour que la renaissance se traduise en acte concret<br />

sur le terrain. " Une jeunesse doit être active, consciente et<br />

citoyenne. Elle doit prendre part à la vie de la nation, respecter<br />

les lois et autres textes réglementant la vie de la cité.<br />

Elle doit participer aux processus électoraux en toute<br />

conscience et sans complaisance. Loin d'accepter que des<br />

hommes politiques achètent sa conscience ou sa voix, la jeunesse<br />

doit lutter contre la corruption, la fraude électorale, la<br />

B. Etienne.B.Ouédraogo,<br />

fraude aux examens scolaires " soutient avec force le<br />

président du MPDHD. Puis d'inviter les jeunes à<br />

se concentrer sur les actions qui confirment qu'ils<br />

sont le fer de lance du développement. Il proposera<br />

par exemple l'institution de fonds communaux<br />

d'appui à l'apprentissage et à la formation<br />

professionnelle des jeunes scolarisés et non scolarisés.<br />

<strong>Le</strong> communicateur a su capter l'attention des<br />

participants en les titillant par des questions afférentes<br />

au rôle qu'ils ont joué dans la crise que le<br />

Burkina vit présentement. Pour lui, les jeunes scolaires<br />

à travers cette crise ont montré leur refus de<br />

cautionner l'impunité et leur soif d'une justice<br />

équitable pour tous. <strong>Le</strong>s destructions massives des<br />

biens publics étaient -elles indiquées ? <strong>Le</strong>s manifestants<br />

avaient-ils d'autres choix que d'adopter<br />

des comportements extrémistes ? Chacun y est<br />

allé de son argumentaire avant de s'accorder que<br />

ce sont les dérives des dirigeants qui expliqueraient<br />

les violentes réactions de ceux qui s'estiment<br />

être des laissés pour compte. <strong>Le</strong> patron des débats<br />

du jour pour clore les débats, a voulu fouetter<br />

l'orgueil de son auditoire en clamant cette déclaration<br />

d'une grande personnalité bien connue "<br />

L'esclave qui ne se bat pas pour se libérer de ses chaînes ne<br />

mérite pas qu'on s'apitoie sur son sort." Après cette activité<br />

intellectuelle de haut vol, les jeunes reporters<br />

migrants et leurs camarades se sont décontractés à<br />

travers une soirée dansante, parrainée par Gérôme<br />

Zoma, un mécène bien connu dans le milieu culturel<br />

et dans le monde des affaires.<br />

Prudence Estelle KABORE<br />

Ecole de Hamdallaye<br />

Trois nouveaux logements pour maîtres<br />

L'école de Hamdallaye, secteur 7 de la commune<br />

rurale de Thiou, vient d'être agrandie<br />

avec de nouvelles infrastructures. Acquises<br />

grâce à l'association pour la promotion de<br />

l'éducation (APRED), les trois logements<br />

ont été inaugurés le lundi 20 juin 2011, sous la<br />

présidence du Haut commissaire de la province<br />

du Yatenga représenté par son secrétaire<br />

général, Inoussa Kaboré. C'était en présence<br />

du directeur provincial de l'enseignement<br />

de base, Mady Sawadogo et du président<br />

du conseil régional du <strong>Nord</strong>, Aboubacar<br />

Sawadogo<br />

Ouverte en 2003, l'école de Hamdallaye ne<br />

disposait que de trois classes et un seul<br />

logement de maitres construits en banco par la<br />

population Ses occupants avaient de sérieuses<br />

difficultés . Grâce à l'APRED, ces conditions précaires<br />

relèvent désormais du passé. Elle a érigé<br />

un bâtiment flambant neuf dans la cour de cette<br />

école en 2008 sur financement de l'avocat pour<br />

l'Afrique, une association allemande. Il comporte<br />

trois salles de classe, un magasin, et un bureau.<br />

Cerise sur le gâteau, cette année encore, c'est trois<br />

logements de type F2, d'une valeur totale de 15<br />

800 000 F, composé d'un salon, de deux chambres<br />

et une douche interne. Enseignante à<br />

Hamdallaye, Ramatou Traoré dit être satisfaite<br />

des réalisations de l'APRED ; étant donné que le<br />

second bureau de l'enseignant c'est son domicile,<br />

ces logements viennent les soulager beaucoup. "<br />

Avant, notre quotidien était la navette. Il fallait braver le<br />

froid, le vent et la chaleur entre Thiou et Hamdallaye<br />

pour dispenser les cours. Vous voyez l'état lamentable de<br />

la route. Mais maintenant c'est fini. Nous allons y loger<br />

décemment et préparer tranquillement nos leçons. Je suis<br />

sûre que le rendement sera nettement mieux " s'est - elle<br />

réjouit. Et de plaider pour l'obtention d'un<br />

forage. Pour le président de l'APRED, Moussa<br />

Ouédraogo a souhaité une bonne utilisation pour<br />

que d'autres générations puissent en profiter. Il a<br />

<strong>Le</strong>s officiels lors de la cérémonie<br />

inaugurale<br />

<strong>Le</strong> MPDHD et ses actions.<br />

3<br />

<strong>Le</strong> président de l'APRED, Moussa<br />

Ouédraogo.<br />

promis que d'autres réalisations verront le jour à<br />

Hamdallaye et dans d'autres localités de la commune<br />

de Thiou. L'ambassade de la République<br />

Fédérale d'Allemagne, qui a financé cette réalisation<br />

par la voix de son représentant, Cyriaque<br />

Sanon a confié que l'APRED est la première a<br />

respecté ses engagements parmi les structures<br />

bénéficiaires de leurs appuis. Il a traduit toute sa<br />

reconnaissance au président de l'association pour<br />

son dynamisme.<br />

<strong>Le</strong> représentant du Haut commissaire dira que<br />

cet investissement est un gain pour le Yatenga et<br />

pour la commune de Thiou, qui voit ses capacités<br />

infrastructurelles augmentées. " L'éducation est une<br />

cause nationale et doit bénéficier de soutien de tous. Donc<br />

les bâtiments inaugurés constituent l'une des conditions<br />

d'amélioration des conditions de vie de l'enseignant et de<br />

l'éducation " a- t-il indiqué.<br />

<strong>Le</strong> maire de Thiou, Harouna Belem tout comme<br />

le chef de la circonscription de l'enseignement de<br />

base, Mamoudou Ouédraogo ont reconnu les<br />

précieux combats que mènent l'APRED pour<br />

l'éducation pour tous. " Il n'y a aucun logement<br />

administratif adapté dans les 26 écoles de la CEB," a<br />

déploré l'inspecteur.<br />

DAS<br />

Un des nouveaux logements trônant juste<br />

à coté de l'unique ancien logement.<br />

Cette communication traduit la mise en œuvre du projet " Action d'information et de communication<br />

pour la promotion des droits humains, de la démocratie et de la citoyenneté responsable<br />

dans la région du <strong>Nord</strong> " conduit par le MPDHD, fruit de la coopération entre l'Union européenne<br />

et le Burkina Faso. <strong>Le</strong> MPDHD conduit concomitamment un autre projet financé par la même<br />

structure, dénommée " Renforcement des compétences et de la représentation des organisations<br />

de la société civile de la région du <strong>Nord</strong>, selon une approche concertée ". Ces actions marquent la<br />

matérialisation des objectifs et priorités du Programme de renforcement des capacités des organisations<br />

de la société civile (PROS) œuvrant pour l'amélioration de la participation citoyenne à la<br />

lutte contre la pauvreté. Crée le 03 octobre 1999, et reconnu officiellement en 2000, le MPDHD<br />

s'est donné pour mission de sensibiliser les populations sur les actions et les stratégies en vue<br />

d'aboutir à un réel développement socio-économique et culturel durable. Il entend également combattre<br />

l'ignorance et la pauvreté des populations par l'alphabétisation, l'éducation, la communication<br />

sociale, la formation professionnelle et l'apprentissage tout en montrant un intérêt particulier<br />

pour la promotion des droits humains et plus spécifiquement ceux de la femme et de l'enfant.


<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> - du 16 Juillet au 16 Août1- N°15<br />

CULTURE<br />

Festival Lafi Bala<br />

Venue avec une pile d'habits et de pagnes au<br />

marché Laafi Bala 2011, Delphine Kindo dit<br />

s'en sortir bien du côté de la vente : " Je pourrai<br />

payer tous les frais liés à mon voyage et à la confection<br />

des habits ". Awa Sawadogo, de l'association<br />

Baasnéré, se dit satisfaite de l'aventure. " Je dois<br />

dire qu'au départ, j'ai eu quelques appréhensions<br />

mais vraiment au soir du festival, je suis<br />

très contente quand bien même j'aurai eu plus<br />

si nous avions commencé la vente dès notre<br />

arrivée " lâche-t-elle, empilant le reste de la<br />

marchandise.<strong>Le</strong> patron du salon de coiffure<br />

Idi Tresse à Ouahigouya, Idrissa Ouédraogo<br />

est aux anges. " Je n'ai pas eu le temps de tresser<br />

beaucoup de têtes mais l'engouement devant mon stand<br />

prouve que mon activité intéresse les européens. Ce<br />

qui est important et me réconforte. Je repars donc avec<br />

le sentiment d'avoir accompli une mission. Mon carnet<br />

d'adresses est bourré et j'ai des raisons d'être optimiste<br />

". <strong>Le</strong>s chambériens s'arrachaient certains produits<br />

qui se vendaient difficilement à<br />

Ouahigouya. Sankara Kabré Jocélyne<br />

Kambou de l'entreprise Sol Béni, en sait quel-<br />

" Je paierai s'il le faut pour être bénévole<br />

"<br />

Ils sont à pied d'œuvre du matin au soir.<br />

Dans les cuisines, à la billetterie, dans les<br />

stands, etc. Qui ça ? <strong>Le</strong>s 180 bénévoles qui<br />

se sont mobilisés pour faire de cette 7ème<br />

édition du festival une vraie réussite.<br />

Bien mise dans son gilet, l'air pressé,<br />

Eloïse Bérard, 20 ans, est au jardin du<br />

Verney très tôt ce matin du vendredi 24 juin.<br />

Venue de Chambéry-<strong>Le</strong>-Haut, elle a entre<br />

autres pour rôle ce matin, l'accueil et l'encadrement<br />

des enfants d'une école. C'est une<br />

bénévole du Festival Lafi Bala. A grandes<br />

enjambées, elle va, revient, puis s'arrête,<br />

écoute un festivalier, repart encore pour<br />

rejoindre une horde de gosses qui s'amène<br />

pour une séance de danse. Elle n'a visiblement<br />

pas de temps à perdre. " Il faut que les<br />

bénévoles bougent pour que le festival marche<br />

", lâche-t-elle. Cette phrase donne tout<br />

son sens à la présence des bénévoles sur le<br />

site. Ce sont ces filles et ces garçons, ces hommes<br />

et ces femmes qui accueillent les festivaliers,<br />

les guident dans les allées, leur donnent<br />

des explications sur tel ou tel point… Au<br />

maquis, à l'espace bénévole, aux côtés des<br />

artisans, à la billetterie, à la buvette, ils sont<br />

présents, prêts à rendre un quelconque ser-<br />

que chose. Elle dit avoir épuisé des stocks de<br />

ses produits alimentaires (bissap, jus de<br />

gigembre, de wèda,etc) dès le premier jour.<br />

<strong>Le</strong>s vendeurs se frottent les mains<br />

Des boutiques type de Ouahigouya sur le site du festival Lafi Bala (Awa OUEDRAOGO et Delmaria couture)<br />

La Coordonatrice<br />

Idis<br />

tresses,<br />

la grande<br />

révélation<br />

Avec certains de ses contacts, elle entendait<br />

profiter de son séjour à chambéry pour s'essayer<br />

à la transformation de certains produits,<br />

mais le temps ne l'a pas permis. N'empêche,<br />

la responsable de l'entreprise Sol Béni ne finit<br />

pas d'énumérer les opportunités qu'on s’est<br />

créées en participant au festival Lafi-bala. " Il<br />

faut qu'on se penche sérieusement sur la revalorisation,<br />

la transformation et la commercialisation<br />

des produits forestiers non ligneux au<br />

Burkina Faso " souhaite-t-elle. Précurseur du<br />

recyclage de sachets plastiques, Azèta<br />

Ouédraogo de l'association Vie<br />

meilleure(AVM) n'a que Chambéry comme<br />

lieu d'écoulement. Présente à l'édition de<br />

2009, cette 7ème édition a été une occasion<br />

pour elle de vendre une bonne partie de ses<br />

articles (portes clés, sacs, bandes tissées etc.)<br />

Artisans et acteurs du secteur économique<br />

qui ont pris part à cette 7ème édition ont tous<br />

reconnu le festival Lafi Bala est un cadre qui<br />

leur permet de fructifier leur savoir faire et<br />

d'apprendre des autres. Avec les stands qu'el-<br />

vice, le sourire et la bonne humeur affichés.<br />

La coordination des équipes de bénévoles est<br />

assurée par Nerys Crowther. Beaucoup sollicitée<br />

par ses " soldats ", elle aussi est très<br />

occupée. Elle entre deux échanges téléphoniques,<br />

elle raconte " c'est depuis le mois de<br />

septembre que nous avons commencé nos<br />

rencontres. Mais c'est surtout en avril que<br />

nous sommes passés à la vitesse supérieure vu<br />

que nous avons enregistré de nouveaux inscrits<br />

et que le temps à pressait. Nous avons<br />

dès lors multiplié les rencontres et les formations<br />

afin de mieux nous outiller, surtout les<br />

nouveaux qui constituent la moitié du groupe<br />

". Ils sont 180 bénévoles pour cette édition<br />

Un groupe de bénévoles<br />

9<br />

les ont installés sur le site festival, les représentants<br />

des associations invitées à ce festival<br />

ont aussi fait découvrir les activités qu'elles<br />

mènent et se nouer de nouveaux partenariats.<br />

Hé oui, le marché Lafi Bala, c'est aussi les<br />

relations. Aussi bien devant les étals qu'au<br />

maquis, on se rencontrait, se tapotait amicalement<br />

et échangeait des adresses. <strong>Le</strong> tout soutenu<br />

par l'espoir que la coopération se renforce<br />

d'avantage au bonheur des populations<br />

et des collectivités.<br />

L’information<br />

fiable et de<br />

proximité,<br />

c’est dans le <strong>Nord</strong>.<br />

(contre 150 en 2009). " Chez la plupart d'entre<br />

eux sont hébergés des membres de nos<br />

amis venus du Burkina Faso. Ce sont les<br />

bénévoles qui constituent la locomotive de<br />

LAFI BALA. Sans eux, il n'y aurait pas de festival<br />

", indique Mlle Bérard. " C'est que du<br />

plaisir ", souligne celle qui endosse cette carapace<br />

pour la troisième fois consécutive. Une<br />

idée que soutiennent Lydiana Ravelojoana et<br />

Stéphanie Dupont, toutes deux bénévoles : "<br />

en plus du service qu'on rend, nous faisons<br />

des rencontres de gens d'ici et d'ailleurs, discutons,<br />

découvrons et c'est plaisant ". Et<br />

Eloïse Bérard de terminer : " Je paierais s'il le<br />

faut pour être bénévole ".


<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> - du 16 Juillet au 16 Août1- N°15<br />

Pratique de l'excision<br />

Une caravane pour l'éradiquer dans le Yatenga<br />

Lancée le 9 avril 2011 dans la commune rurale de Barga, la caravane pour la promotion de l'abandon<br />

de la pratique de l'excision dans la province du Yatenga, après avoir fait le tour des 12 autres<br />

communes s'est achevée le samedi 18 mai 2011 à Ouahigouya. Elle a été initiée par l'association<br />

Appui moral, matériel et intellectuel à l'enfant (AMMIE). C'était en présence du ministère de l'action<br />

sociale et de la solidarité nationale représenté par son directeur régional au <strong>Nord</strong>, Abdou<br />

Balboné et le président du comité provincial de lutte contre la pratique de l'excision, Jean Baptiste<br />

Zongo, Haut Commissaire de la province du Yatenga parrain de la caravane.<br />

Ancienne exciseuse elle a juré de ne plus toucher<br />

à une lame<br />

Hasard ou pure coïncidence de calendrier.<br />

Au moment ou la journée nationale de<br />

lutte contre la pratique de l'excision est commémorée<br />

un peu partout à travers le Burkina<br />

Faso, la caravane pour la promotion de l'abandon<br />

de la pratique de l'excision au Yatenga se<br />

bouclait ce jour-même à Ouahigouya. Courses<br />

cyclistes féminines, sketchs, témoignages, tels<br />

sont les activités qui ont été menées par l'association<br />

Appui moral, matériel et intellectuel à<br />

l'enfant (AMMIE) dans le cadre de ce périple<br />

avec pour objectif, la mobilisation de toutes les<br />

couches sociales contre la pratique de l'excision<br />

dans la province " L'excision constitue une<br />

violation flagrante des droits de la jeune fille et de la<br />

" <strong>Le</strong>s<br />

femme. Malheureusement cette pratique a longtemps<br />

marqué le temps et les communautés humaines dans le<br />

monde et de nos jours encore. Elle est toujours présente<br />

dans beaucoup de nos contrées " regrette la présidente<br />

de l'association AMMIE, Cécile Beloum. Pour elle,<br />

malgré les sensibilisations, les arrestations et les<br />

condamnations, certaines exciseuses ont toujours une<br />

oreille dure et cela avec la complicité de certains parents<br />

eux-mêmes. " Ceux-là qui continuent de jouer<br />

au plus malin en se cachant soit dans les buissons<br />

ou hors du pays pour compromettre<br />

l'avenir de leurs enfants seront dénoncés et<br />

punis par la loi. En même temps que nous<br />

continuons la sensibilisation, nous allons répri-<br />

Lutte contre la pratique de l'excision au Yatenga<br />

Des clubs de jeunes pour combattre le fléau<br />

<strong>Le</strong> Complexe éducatif Zoodo sis au secteur 1 de Ouahigouya a servi de cadre à une formation<br />

sur les mutilations génitales féminines (MGF) le jeudi 02 juin 2011. Issus des ''clubs de jeunes''<br />

formés par l'Association développement sans frontière (DSF), les participants ont pris l'engagement,<br />

à la fin de la session, d'apporter leur touche à la lutte contre le fléau de l'excision.<br />

conséquences de l'excision sont si graves que je<br />

ne dormirai pas. J'irai partout dans les concessions<br />

informer et sensibiliser sur les conséquences des mutilations<br />

génitales féminines. Je m'investirai réellement pour<br />

contribuer à bouter cette mauvaise pratique hors de mon<br />

village " déclaration d'une participante, Aïssata<br />

Ouédraogo, élève de la classe de troisième au<br />

Collège d'enseignement général (CEG) de<br />

Chacun de ces jeunes aura pour rôle l'animation de séances<br />

de sensibilisation sur les mutilations génitales f<br />

éminines dans sa localité.<br />

Hamidou OUEDRAOGO a assisté impuissant<br />

à la mort de sa fille à la suite d’une excision.<br />

Tangaye (Yatenga), au sortir de la formation.<br />

"Vivement que nous retournions à Tangaye pour<br />

l'élaboration et l'exécution du programme de<br />

notre club " elle manifeste déjà de l'impatience.<br />

Sera-t-elle à la hauteur de la tâche à elle confiée ?<br />

" Oui, car à la formation on nous a appris plusieurs techniques<br />

d'animation " rétorque-t-elle, l'air confiante. A ses<br />

côtés, des claquements de mains se font entendre en signe<br />

d'approbation. " Nous<br />

allons faire en sorte de mériter<br />

la confiance de DSF dans<br />

cette nouvelle mission qu'elle<br />

nous charge. Ça ne sera pas<br />

facile, nous en sommes<br />

conscients mais c'est le prix à<br />

payer pour éradiquer l'excision<br />

et sauver des vies " renchérit<br />

Alassane<br />

Ouédraogo, 21 ans,<br />

membre du club de jeunes<br />

de Zogoré. Ils sont<br />

tous des jeunes, issus des<br />

lycées et collèges et des<br />

Centres permanents<br />

d'alphabétisation fonctionnelle<br />

(CPAF). Ces fil-<br />

mer les récalcitrants " a-t-elle prévenu. Et d'ajouter<br />

que cela est possible avec l'engagement de toutes les<br />

couches sociales." Il est donc important que nous<br />

allions au-delà de ces engagements et autres<br />

professions de foi publiquement proclamés. Il<br />

s'agira d'en faire le point de départ d'autres<br />

actions à même de consolider ces victoires<br />

engrangées sur les forces obscurantistes et<br />

rétrogrades " martèle Jean-Baptiste Zongo,<br />

Haut commissaire de la province du Yatenga,<br />

parrain de la cérémonie. Pour le représentant<br />

du ministre de l'action sociale, Abdou<br />

Balboné, cette pratique se perpétue par<br />

conformisme grâce à un amalgame de superstitions<br />

et de préjugés forgés dans les traditions<br />

ancestrales avant de laisser entendre qu'il<br />

existe un cadre juridique assez fournis en texte<br />

de lois pour punir les récalcitrants <strong>Le</strong>s temps<br />

émotionnels de la cérémonie ont été les témoignages<br />

poignants d’une ancienne exciseuse,<br />

celui d'un parent d'une fille décédée suite à<br />

l'excision et les belles mélodies des cantatrices<br />

de la chanson stigmatisant la pratique de l'ex-<br />

les et garçons ont été organisés en clubs de dix<br />

jeunes. Chacun de ces jeunes aura pour rôle l'animation<br />

de séances de sensibilisation sur les mutilations<br />

génitales féminines dans sa localité. "<br />

L'objectif pour nous est qu'ils puissent être des relais de<br />

communication auprès de leurs parents dans la lutte<br />

contre les (MGF) " a indiqué le Chargé de programme<br />

de DSF, Lomboro Coulibaly. Mais<br />

avant, les outiller des connaissances nécessaires<br />

pour un rendement efficace s'imposait. C'est<br />

pourquoi ces messagers ont été conviés à une<br />

séance de formation le jeudi 02 juin 2011.<br />

Organisation et gestion d'un club ; Droits de<br />

l'enfant et MGF ; Techniques d'animation ; ce<br />

sont là, les modules développés au cours de cette<br />

formation. " Cette formation est une nouvelle expérience<br />

que nous tentons. C'est pourquoi nous avons choisi cinq<br />

villages pour cette phase pilote. Ce sont Lilbouré,<br />

SOCIETE<br />

<strong>Le</strong>s officiels écoutant les différents témoignages<br />

11<br />

cision. " Combien de personnes ai-je déshumanisé ?<br />

Combien d'enfants et de femmes sont morts de par ma<br />

faute ? Combien de femmes ne peuvent pas mettre un<br />

enfant au monde de par ma faute ? Combien ont<br />

perdu leurs foyers pour des séquelles liées à l'excision?<br />

Que Dieu me pardonne ! " Cette confession d'une<br />

ancienne exciseuse de troisième âge au cours<br />

de la cérémonie a plongé l'assistance dans un<br />

silence de cimetière. " Je suis resté insensible<br />

quand ma fille a été excisée. Pour moi, à l'époque je<br />

croyais que c'était une manière de la rendre femme et<br />

pure. J'ai cru à la tradition. J'invite tout le monde à<br />

abandonner cette pratique honteuse et déshonorante. Je<br />

suis prêt à conseiller mon ennemie d'abandonner l'excision<br />

" a professé le père de la fille défunte, les<br />

yeux remplis de larmes. <strong>Le</strong> représentant du<br />

maire de Ouahigouya, Hamidou Ouédraogo<br />

de donner l'assurance que la cité de Naaba<br />

Kango est plus que jamais engagée à soutenir<br />

les différents acteurs dans la lutte contre ce<br />

fléau.<br />

DAS<br />

Coulibaly Lomboro de DSF : " (à gauche) Nous mettrons tout en œuvre pour accompagner<br />

ces jeunes afin que les résultats attendus soient probants ".<br />

Nimpouya, Tangaye, Nango fulsé et Gosséré " note M.<br />

Coulibaly, puis de poursuivre que l'expérience, au<br />

fil du temps, sera dupliquée dans d'autres localités.<br />

" Combattre ce fléau requiert un grand engagement<br />

de soi. Nous mettrons tout en œuvre pour accompagner ces<br />

jeunes afin que les résultats attendus soient probants " a<br />

promis le Chargé de programme de DSF.<br />

<strong>Le</strong>s mutilations génitales féminines (MGF) en<br />

dépit des campagnes de sensibilisation restent<br />

une pratique fortement ancrée au Yatenga. Il ne<br />

se passe pratiquement pas de jour sans qu'il ne<br />

soit signalé qu'une fillette a perdu atrocement un<br />

bout de chair. L'engagement de ces clubs de jeunes<br />

pourra sans doute faire tache d'huile dans la<br />

croisade contre les MGF.<br />

pèdg-windé ouédraogo


12 SOCIETE<br />

Prise en charge des PVVIH dans les structures<br />

de santé au <strong>Nord</strong><br />

Un véritable parcours de combattant<br />

<strong>Le</strong>s personnes vivant avec le VIH (PVVIH) rencontrent de sérieuses difficultés quand elles se rendent dans les centres médicaux de la<br />

région du <strong>Nord</strong> pour leurs prises en charge. Absences des infirmiers ou médecins traitants, rupture des stocks de médicaments, manque<br />

de réactifs, escroquerie des agents de santé. Aller à l'hôpital est devenu un véritable cauchemar pour les PVVIH.Constat de la situation<br />

en collaboration avec le réseau national pour une plus grande implication des personnes inféctées par le VIH SIDA ( REGIPIV-BF)<br />

Titao :<br />

l'infirmier chargé de la gestion de la file<br />

active au banc des accusés.<br />

Mardi 26 avril 2011. Il est 09 heures .Dame AT<br />

après avoir fait le pied de grue au Centre médical<br />

avec antenne chirurgicale de Titao, chef<br />

lieu de la province du Lorum, précisément<br />

devant la porte de l'infirmier chargé du suivi<br />

des PVVIH, retourne chez elle toute triste .<br />

C'est après 2 heures et 30mn d'attente qu'elle<br />

s'est entendue dire que l'infirmier est parti<br />

pour une visite de supervision dans un village.<br />

AT quitte les lieux, visiblement très déçue. Une<br />

déception bien légitime. C'est depuis une<br />

semaine qu'elle quitte chaque matin son village<br />

situé à 25km de Titao, et ne trouve pas l'infirmier<br />

traitant. Pourtant, sa dotation de médicaments<br />

dans le cadre de la prise en charge de sa<br />

maladie est épuisée. Ce mardi 26 avril 2011,<br />

AT est repartie chez elle bredouille. Combien<br />

de jours perdra -telle encore avant de rencontrer<br />

celui qui donne les armes nécessaires lui<br />

permettant de vivre avec son mal ? Une, deux<br />

semaines ? Renseignements pris, c'est finalement<br />

le vendredi 29 avril 2011 que la pauvre<br />

dame a trouvé son sauveur. <strong>Le</strong> cas de cette<br />

dame est loin d'être isolé. A écouter ceux qui<br />

fréquentent le CMA de Titao, pour la même<br />

cause, trouver l'infirmier chargé de la gestion<br />

de la file active à son premier rendez-vous<br />

relève d'un miracle. Il faut multiplier les va et<br />

vient. Et même quand il est là, les conditions<br />

d'accueils laissent à désirer. " Des fois, très nombreux,<br />

nous nous alignons devant sa porte, durant<br />

trois heures. Quand il arrive, il ouvre son bureau,<br />

tourne, puis ressort en disant de l'attendre qu'il arrive<br />

tout de suite. Nous l'attendons en vain et nous finissons<br />

par quitter les lieux pour revenir revivre la même<br />

situation le lendemain." nous rapporte-t-on.<br />

Conséquence, A entendre les plaignants, leurs<br />

stocks de produits s'épuisent sans qu'ils ne<br />

puissent renouveler leurs ordonnances à temps<br />

pour une nouvelle dotation. Certains disent<br />

être obligés d'aller se confier au pharmacien,<br />

sur présentation de leurs boîtes vides, pour<br />

attester l'épuisement de leur dotation. Ce dernier<br />

très compréhensif, accepte leur servir tout<br />

en leur demandant de repartir régulariser chez<br />

l'infirmier traitant. Une autre paire de manche.<br />

Selon les différents témoignages, la communication<br />

est défaillante entre les patients et les<br />

agents du CMA. <strong>Le</strong> calvaire des patients ne se<br />

limite pas seulement aux absences de leur<br />

Karim<br />

Ouédraogo<br />

le chargé de<br />

gestion de la file<br />

active au CMA<br />

de Titao<br />

interlocuteur. Ils s'offusquent qu'on leur cache<br />

la gratuité des examens médicaux. " Il arrive que<br />

l'infirmier traitant vous dise de faire tel ou tel examen.<br />

Quand certains lui rétorque qu'ils ne disposent pas<br />

d'argent pour le faire, il leur dit d'attendre quand ils<br />

seront en possession des frais exigés. Si vous lui parlez<br />

de l'exonération, il vous autorise à faire l'examen<br />

sans broncher " relève-t- on également.<br />

Selon les patients, on ne sent pas la moindre<br />

organisation au CMA de Titao, en ce qui<br />

concerne la prise en charge des PVVIH. "<br />

A part l'infirmier chargé de la gestion de la file active,<br />

on ne sait pas quel agent de santé est impliqué dans<br />

la prise en charge des malades. Chaque fois, on se<br />

retrouve face au même individu qui nous malmène<br />

comme il veut. Il n'y a jamais eu de rencontre pour discuter<br />

de la prise en charge des malades entre les associations<br />

impliquées dans la lutte et le Centre médical avec<br />

antenne chirurgicale de Titao. Contrairement aux<br />

autres centres de santé, à Titao, il n'y a pas la moindre<br />

présence d'un conseiller psychosocial pour guider les<br />

patients" confie avec regret, une responsable<br />

d'une association de la localité. Visiblement<br />

excédée, elle enfonce le clou " quand nous y<br />

allons pour poser un problème, l'infirmier chargé de la<br />

file active ne cesse de nous ressasser les oreilles que<br />

nous bouffons nos financements sans se sourciller de lui<br />

"<br />

<strong>Le</strong>s voix s'accordent pour clamer haut et fort<br />

qu'un examen CD4 au centre médical de<br />

Titao, c'est du jamais vu. Comme pour dire que<br />

cet appareil est un luxe pour le CMA. Dans ces<br />

conditions, les malades avalent aveuglement les<br />

produits, sans savoir les effets sur leurs corps.<br />

Des incompréhensions naissent souvent entre<br />

des malades et l'agent de santé, qui se soucie<br />

peu de se faire bien comprendre.<br />

C'est avec presque les larmes aux yeux que HN<br />

nous raconte ses déboires. " Pendant deux ans, je<br />

prenais les produits à Ouahigouya. Entre temps, j'ai<br />

demandé à être transféré à Titao. J'ai continué à prendre<br />

là-bas, sans problème bien que les rendez- vous<br />

n'étaient pas respecté comme à Ouahigouya. Six mois<br />

après, on m'a dit de repartir à Ouahigouya. Je leur ai<br />

répondu, que je n'avais pas les moyens pour répartir.<br />

Après d'âpres négociations, on ne s'est pas compris. J'ai<br />

continué d'y aller croyant qu'en me voyant, les infirmiers<br />

(ils étaient deux à l'époque) allaient changer<br />

d'avis. Voyant que la communication était difficile<br />

entre nous et se terminant parfois par des injures, je me<br />

suis résolue à rester chez moi. Entre temps, mon état de<br />

santé s'est détérioré et je suis allé expliquer mes problèmes<br />

à Ouahigouya où on m'a invité de leur accorder une<br />

semaine pour qu'on puisse rechercher ma fiche de traitement.<br />

A défaut de frais de séjour pour tenir pendant<br />

tout ce temps, je suis retournée à Titao. Depuis octobre<br />

2009, je ne gagne pas de produits pour ma prise en<br />

charge. Je ne comprends pas pourquoi cette méchanceté<br />

de l'infirmier chargé de suivi de Titao à mon égard. J'ai<br />

confié mon sort au bon Dieu " raconte HN,<br />

essuyant les larmes qui perlaient sur ses joues.<br />

La dotation mensuelle des produits n'est pas<br />

du goût des patients. . " À force de passer une<br />

semaine à tourner chaque mois à l'hôpital à la recherche<br />

de l'infirmier chargé du suivi, l'entourage finit par<br />

découvrir de quoi tu souffres," grognent-ils. Ils souhaitent<br />

une dotation trimestrielle. <strong>Le</strong> temps mis<br />

entre le dépistage et l'acceptation de la requête<br />

pour la prise des ARV n'est guère apprécié. "<br />

Après le dépistage, on te dit d'aller faire les examens<br />

biologiques à Ouagadougou. Après on ne cesse de te<br />

répéter que la requête a été faite, et il faut que les instances<br />

habilitées donnent leur mot. L'attente peut durer<br />

3 à 4 mois. Beaucoup de malades très épuisés succombent<br />

de leurs maux, sans voir l'arrivée de la prétendue<br />

requête " s'enrage une responsable d'association.<br />

Infirmier diplômé d'état de son état, le chargé<br />

de gestion de la file active au CMA de Titao<br />

Karim Ouédraogo avance des arguments qui<br />

ne laissent pas percevoir des dysfonctionnements<br />

dans la gestion du volet VIH/SIDA,<br />

dont la responsabilité lui a été confiée. " Il ya<br />

bien une équipe chargée de la prise en charge des<br />

PVVIH au CMA de Titao. Elle est composée d'un<br />

médecin, d'infirmiers et du pharmacien. Quand je ne<br />

suis pas là, un autre agent de santé de l'équipe prend le<br />

relais " avance-t-il. Pour le cas de celle dont le<br />

traitement a été arrêté depuis un an, Karim<br />

Ouédraogo montre son étonnement " Pour tous<br />

les malades transférés, ils viennent avec un dossier et<br />

nous les enregistrons dans notre registre de file active.<br />

Après cette étape, on communique leurs noms pour que<br />

leurs médicaments puissent être programmés dans la<br />

nouvelle dotation trimestrielle. Nous n'avons pas de<br />

problème particulier avec un patient qui nous a été<br />

transféré " réplique-t-il. Il précisera également<br />

que la dotation mensuelle des produits<br />

concerne seulement les nouveaux patients,<br />

étant au stade d'initiation. Pour les habitués, la<br />

dotation est bimestrielle ou trimestrielle.<br />

L'incriminé balaie également du revers de la<br />

main, les manquements relevés au niveau des<br />

examens médicaux. " Tous les examens médicaux<br />

des PVVIH, se font ici gratuitement. Il y a l'examen<br />

CD4 que nous ne pouvons pas faire parce que nous<br />

n'avons pas de compteur CD4 "jure-t-il, la main sur<br />

le cœur. Tout se passerait dans les règles de<br />

l'art aux dires de l'infirmier chargé de la gestion<br />

de la file active. Il ne prend même pas la peine<br />

de dire que certains dysfonctionnements ne<br />

relèveraient pas de sa compétence. Dans tous<br />

les cas, entre les déclarations des patients, et<br />

celles de l'infirmier chargé de la gestion de la<br />

file active, il y a des contradictions. Laquelle<br />

des deux parties n'assume pas ses responsabilités<br />

?<br />

Centre médical de Gourcy<br />

Rupture de réactifs, appareils<br />

CD4 en panne<br />

Au Centre médical de Gourcy, les malades<br />

sont dans l'incapacité de faire leurs examens<br />

biologiques depuis un certain temps. Pourtant<br />

en début 2010, le centre médical de Gourcy a<br />

été doté d'un appareil CD4, ultra moderne par<br />

une ONG. Cet appareil qui a vu une de ses<br />

pièces se détériorer depuis le mois d'août<br />

attend d'être réparé. Impossible, également de<br />

faire les autres examens mineurs, pourtant très<br />

importants dans la prise en charge des malades,<br />

le laboratoire est régulièrement confronté<br />

au manque de réactifs. " Ces derniers temps,<br />

quand nous arrivons à l'hôpital, après chaque<br />

consultation, on te tend une ordonnance. Nous<br />

payons jusqu'au cotri qu'on nous donnait gratuitement<br />

" se plaint un groupe de patients. Ces derniers<br />

disent ne pas trop souffrir d'absences répétées de<br />

l'agent chargé de la gestion de la file active. " Il arrive<br />

qu'il ne respecte pas les rendez- vous, parce<br />

que occupé ailleurs, mais ce n'est pas de façon<br />

répétée, quand nous le retrouvons le jour sui-<br />

<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> - du 16 Juillet au 16 Août1- N°15<br />

vant, il s'excuse de son absence " relate le<br />

groupe de patients rencontré. Nos tentatives<br />

d'avoir la version des responsables du CMA de<br />

Gourcy sont restées vaines. Après plusieurs<br />

échanges téléphoniques, avec le chargé de la<br />

gestion de la file active, nous nous sommes<br />

finalement rencontré le vendredi 09 Juin 2011.<br />

Quand il a donné un coup de fil à son médecin<br />

chef pour l'informer de notre arrivée,<br />

celui-ci nous a exigé une autorisation venant de<br />

ses supérieurs hiérarchiques avant de nous<br />

livrer les informations. Tenaillé par un calendrier<br />

trop chargé, nous n'avons pas pu nous<br />

soumettre à cette exigence.<br />

A Gourcy beaucoup de PVVIH ont opté de<br />

faire leur prise en charge à Ouahigouya. Ils<br />

gardent toujours en mémoire le calvaire qu'ils<br />

ont vécu l'année dernière " au CHR de<br />

Ouahigouya , il fallait multiplier les aller-retour avant<br />

de rencontrer le médecin traitant. On nous disait chaque<br />

fois qu'il est en formation ou il est parti en mission<br />

" souligne, un de Gourcy qui a fait le choix de<br />

l'hôpital de Ouahigouya pour sa prise en<br />

charge. Pour ceux qui font leur suivi à l'association<br />

Appui moral, matériel et intellectuel à l'enfant<br />

(AMMIE) par exemple, il arrive qu'on<br />

leur dise de payer quand ils partent pour les<br />

examens médicaux au Centre hospitalier régional<br />

de Ouahigouya. Certains qui quittent le<br />

centre médical de Gourcy pour le CHR de<br />

Ouahigouya pour les examens médicaux<br />

avouent rencontrer les mêmes difficultés,<br />

même si ce n'est pas à tous les coups.<br />

L'association SEMUS YAKO accueille aussi<br />

des malades venant de Gourcy. La -bas, on<br />

absente très rarement le médecin traitant, mais<br />

à entendre les clients de cette association, les<br />

examens médicaux sont rares et même quand<br />

on le fait, les résultats ne sont pas mis à leurs<br />

dispositions. " Au niveau du SEMUS, on nous faisait<br />

faire les examens deux fois au cours de l'année,<br />

mais on ne nous a jamais fait savoir le résultat. On<br />

avait annoncé des examens médicaux au mois de juillet<br />

2010. Ca été reporté et on est plus revenu là-dessus<br />

" témoigne un adepte de SEMUS Yako.<br />

Centre médical avec antenne<br />

chirurgicale de Yako.<br />

Plateau technique défaillant<br />

A Yako, ce sont ceux qui viennent des villages<br />

environnants et qui fréquentent le CMA qui<br />

connaissent beaucoup de difficultés. <strong>Le</strong>s rendez-vous<br />

manqués sont légion. Certains<br />

patients parcourent la cinquantaine de kilomètres<br />

et des fois, il ne trouve pas l'infirmier<br />

chargé de suivi . " Tout dernièrement, un patient<br />

résident à Arbollé 25km de Yako venu à plusieurs<br />

reprises n'arrivait pas à rentrer en contact avec l'infirmier<br />

chargé de suivi. Il nous a contacté, et nous avons<br />

été obligés de prendre une partie des molécules d'une<br />

autre personne pour dépanner celui d'Arbollé en atten-<br />

<strong>Le</strong>s deux responsables chargés, de la prise<br />

en charges des PVVIH SEMUS Yako


<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> - du 16 Juillet au 16 Août1- N°15<br />

<strong>Le</strong> médecin chef Gaston Foro de YAKO<br />

dant qu'il puisse rentrer en contact avec l'infirmier<br />

chargé de la gestion de la file active " relate une responsable<br />

d'une association basée à Yako.<br />

Comme à Gourcy, le plateau technique du<br />

CMA de Yako , ne permet pas de faire les examens<br />

médicaux . Il faut aller à Ouahigouya ou<br />

à Ouagadougou. Ce n'est pas une mince affaire<br />

pour la majorité des malades, qui vivent dans<br />

une pauvreté ambiante. Certains se résignent,<br />

faute de moyens. La radiologie du CMA de<br />

Yako, ne fonctionne pas ou du moins n'a<br />

jamais existé. L'appareil CD4, vieux de plusieurs<br />

générations est irréparable. A propos de<br />

l'impossibilité de faire les examens médicaux à<br />

Yako, les responsables chargés du volet<br />

PVVIH au SEMUS-Yako s'occupant de la<br />

prise en charge de 682 personnes dont 172<br />

femmes et 80 hommes sous ARV en savent<br />

beaucoup de choses. Cette association transfère<br />

ses patients qui sont dans l'urgence à Saint<br />

Camille à Ouagadougou. Chaque patient<br />

débourse 20500 f pour les examens médicaux,<br />

sans compter les frais de transport et la restauration.<br />

" <strong>Le</strong>s examens médicaux restent une étape qu'on ne<br />

peut pas contourner, c'est à base de ces examens qu'on<br />

décide s'il faut mettre le malade sous ARV ou pas.<br />

Après il faut faire le bilan pour voir l'impact des produits<br />

sur le patient " explique Maurice<br />

Ouédraogo, responsable de la cellule PVVIH à<br />

SEMUS-YAKO . Il confirmera les dires du<br />

patient de Gourcy concernant la non effectivité<br />

des examens médicaux depuis le mois d'août<br />

2010, pour dire que le financement que l'association<br />

bénéficiait pour ce volet a été arrêté. <strong>Le</strong><br />

SEMUS exige des patients, une contribution de<br />

500 FCFA à chaque consultation. Une somme<br />

que certains, très démunis ont du mal à rassembler.<br />

. " Tout récemment, une patiente venue de<br />

Tema-Bokin ne disposait pas de la somme de 1000 f<br />

qu'on lui exigeait pour deux molécules. Elle a fini par<br />

verser 800fcfa après des dures négociations avec le médecin<br />

traitant " témoigne une association impliquée<br />

dans la prise en charge des PVVIH. "<br />

Avant ce sont deux structures basées à Ouagadougou<br />

avec lesquelles nous travaillons qui nous dotaient les<br />

produits pour la prise en charge. Ces structures ne disposent<br />

plus de moyens pour nous envoyer ces produits, la<br />

SEMUS est contrainte d'aller les chercher- à<br />

Ouagadougou. <strong>Le</strong>s 500f CFA demandés aux<br />

patients, c'est pour faire face aux frais de transport.<br />

Conscients des difficultés que connaissent certains malades,<br />

nous n'en tenons pas trop rigueur " répond le<br />

responsable du volet sida à SEMUS-Yako.<br />

L'impossibilité de faire la prise en charge médicale<br />

des enfants à Yako est une autre difficulté<br />

qui tourmente les responsables de l'Association<br />

SEMUS. Nous nous occupons de la prise en<br />

charge de 25 enfants de 0 à 14 ans. Mais<br />

comme il n'y a pas de médecins pédiatres à<br />

Yako, il faut qu'on les amène à Ouahigouya où<br />

a Ouagadougou. De ces 25 enfants, 6 sous trai-<br />

tement antirétroviraux sont pris en charge à<br />

Ouahigouya et 2 à Ouagadougou. <strong>Le</strong>s parents<br />

de deux d'entre eux , venant d'un village à 45<br />

km de Yako , impotents présentement, ne peuvent<br />

plus accompagner leurs enfants à<br />

Ouagadougou " regrette le responsable volet<br />

VIH/SIDA à l'association SEMUS. A l'heure<br />

actuelle, cette association se bat comme elle<br />

peut afin de pouvoir offrir aux enfants leur<br />

dotation de lait dans le cadre de la prise en<br />

charge mères- enfants (PTME). <strong>Le</strong> financement<br />

de ce volet dont elle bénéficiait du<br />

PAMAC a connu des restrictions à cause de la<br />

crise financière. N'empêche, la contribution de<br />

l'association SEMUS au côté des structures de<br />

santé est fort louable. C'est depuis 2000 qu'elle<br />

s'est impliquée dans la prise en charge des<br />

malades en signant une convention avec les<br />

structures de soins compétentes tout en facilitant<br />

la naissance d'autres associations comme<br />

Espoir santé à Gourcy et Solidarité organisation<br />

lutte et vie (SOLVIE) à Yako, toutes deux<br />

impliquées dans la prise en charge des PVVIH.<br />

Au district sanitaire de Yako, le médecin<br />

Gaston Foro chef partage les problèmes que<br />

vivent les PVVIH. Il souligne au passage, l'existence<br />

d'une équipe composée des responsables<br />

de toutes les unités au sein du Centre médical<br />

pour la prise en charge des patients, mais<br />

s'empresse de relever la non implication de<br />

l'ensemble des membres du groupe. Certains,<br />

dira-t-il sont trop absorbés par d' immenses<br />

activités au niveau de leurs unités au point<br />

qu'ils ne maitrisent pas les différentes facettes<br />

liées à la prise en charge des patients.<br />

Nouvellement affectés dans leurs services,<br />

d'autres n'ont pas encore reçu la formation<br />

nécessaire liée à la prise en charge. Du coup, la<br />

grande partie du boulot est laissée entre les<br />

mains de l'infirmier chargé de la gestion de la<br />

file active. Ce dernier également ne s'occupe<br />

pas que de ce volet. C'est ce qui expliquerait<br />

que quand il est appelé à d'autres activités, il<br />

n'arrive pas à respecter certains rendez-vous.<br />

Ce qui complique encore les choses, c'est la<br />

confiance nouée entre lui et les malades au<br />

point que ces derniers ne sont prêts à se faire<br />

consulter par d'autres agents. " Même quand les<br />

patients viennent pour d'autres maladies opportunistes<br />

qui ne rentrent pas dans le cadre de la prise en charge,<br />

ils demandent à voir l'agent chargé de la gestion de la<br />

file active. Certains agents de santé les encouragent dans<br />

ce comportement. Nous ne manquons pas d'attirer leur<br />

attention sur cet état de fait. Tout infirmier est susceptible<br />

de recevoir n'importe quel patient " insiste le<br />

premier responsable du Centre médical de<br />

Yako. Revenant aux examens médicaux, il traduit<br />

toute son impuissance face à la vétusté des<br />

appareils. " Des techniciens nous ont clairement<br />

signifié de changer nos appareils, que si<br />

ce n'est dans les musées, on n'en trouve pas<br />

fonctionnels dans une structure de soins de<br />

nos jours " déclare le médecin chef avec un soupire<br />

qui traduit les déboires dans lesquels, ils végètent<br />

.Quant aux ruptures de réactifs, il pointe un doigt accusateur<br />

au CMLS qui ne se presserait pas pour donner<br />

suite aux expressions de besoin qui lui sont adressées.<br />

" Il arrive que la demande traine au niveau du<br />

Comité National de Lutte contre le Sida<br />

(CNLS) un mois durant, sans la moindre<br />

réponse. C'est à ce niveau que la demande est<br />

traitée avant d'être transmise à la CAMEG qui<br />

se charge de la livraison des produits " explique<br />

le MCD. Pour avoir géré ce volet quand il n'occupait<br />

pas les fonctions administratives, il dit<br />

toujours y accorder une attention particulière<br />

et fait de son mieux pour minimiser les problèmes.<br />

Comme le suggère les associations impliquées<br />

dans la prise en charge des PVVIH, il<br />

montre sa totale adhésion à l'instauration d'un<br />

cadre d'échanges avec les associations autour<br />

de la prise en charge des PPVIH. " Nous souhaitons<br />

l'institution de ce cadre de nos vœux. Mais trop de<br />

cadres entrainent souvent des lourdeurs, nous sommes<br />

entrain d'étudier les voies et les moyens pour permettre<br />

à ces associations de participer au Conseil provincial de<br />

santé du district. Statutairement elles ne sont pas membre<br />

de ce Conseil, nous sommes entrain d'étudier avec<br />

le Haut commissaire, la possibilité d'intégrer ces associations<br />

de lutte contre le Sida afin d'éviter la création<br />

d'un autre cadre qui pourrait être de trop " confie le<br />

patron du CMA de Yako. Pour l'amélioration<br />

de la prise en charge des malades, Maurice<br />

Ouedraogo de l'Association SEMUS, lui prie<br />

pour que des dispositions soient prises pour<br />

rapprocher les plateaux techniques et les ARV<br />

des malades. " Si nous, association, nous devons<br />

dépenser pour aller prendre les ARV et que les malades<br />

pour des examens médicaux doivent parcourir des<br />

centaines de km pour aller dans des structures de soins<br />

privées, vous comprendrez que de nos jours, la gratuité<br />

de la prise en charge des PVVIH est rélative. Il reste<br />

toujours des efforts à déployer pour la rendre effective "<br />

martèle Maurice Ouédraogo. À son tour le<br />

MCD de Yako, appelle les agents de santé à une<br />

perpétuelle remise en cause. " Une bonne communication,<br />

un bon accueil peut soulager un malade. Si<br />

les malades se plaignent qu'on les fait payer le cotri, c'est<br />

parce qu'on ne leur dit pas qu'il ya rupture. Il faut une<br />

franche discussion avec l'ensemble des acteurs impliqués<br />

dans la prise en charge des PVVIH. Si on fait des<br />

défaillances dans les structures sanitaires, un sujet<br />

tabou, ce sont les agents et les malades qui récolteront<br />

les pots cassés. <strong>Le</strong>s premiers seront accusés de ne pas<br />

leur travail tandis que les malades continueront de souffrir<br />

de leurs maux "relève le MCD de Yako, très<br />

disponible pour débattre des problèmes autour<br />

de ce volet.<br />

.<br />

Centre hospitalier régional<br />

de Ouahigouya<br />

Des brebis galeuses arnaquent<br />

des patients.<br />

Parti au service où se fait la prise en charge des<br />

PVVIH, le mardi 05 avril 2011, aux environs de<br />

8h, nous avons trouvé une dizaine de personnes<br />

alignées. Elles rentraient dans la salle de<br />

consultation à tour de rôle. Vers 11h, tous les<br />

patients qui étaient programmés ce jour ont été<br />

reçus, sans grandes difficultés. Approché, un<br />

membre de l'équipe chargé de la prise en<br />

charge nous renseignera que les consultations<br />

pour les PVVIH se font les mardi, mercredi et<br />

jeudi. Selon les prévisions, l'équipe doit recevoir<br />

au minimum 15 patients à chaque jour de<br />

rendez-vous. Mais tant qu'il y a des patients alignés,<br />

l'équipe se charge de les recevoir tous.<br />

Ceux qui trainent les pas qui ne trouvent pas<br />

l'équipe sur place, sont obligés de revenir un<br />

autre jour. Concernant les rendez-vous manqués,<br />

ou la non disponibilité de l'équipe chargée<br />

de la prise en charge, il a avoué que dans un<br />

passé récent, le problème était réel. Cela était<br />

dû à un problème d'organisation et au fait que<br />

certains agents en faisaient leur chasse gardée.<br />

Quand ils n'étaient pas là, tout le circuit se bloquait.<br />

Notre interlocuteur avoue la main sur le<br />

cœur que ce manquement relève désormais du<br />

passé. Une nouvelle équipe élargie vient d'être<br />

reconstituée. De deux jours dans la semaine,<br />

mardi et mercredi, on est passé à trois jours<br />

mardi, mercredi et jeudi. Pour le moment,<br />

l'équipe tente de son mieux pour respecter les<br />

rendez-vous avec les patients. A son tour, il dira<br />

que certains patients ne font pas preuves d'assiduités,<br />

bien que les programmations soient<br />

fixées par les associations autorisées au sein du<br />

CHR à les assister dans la prise en charge. Si<br />

SOCIETE<br />

13<br />

les malades ne se soucient pas de respecter<br />

les rendez-vous, poursuit-il, c'est la responsabilité<br />

des associations qui est engagée.<br />

Ce rôle leur revient. <strong>Le</strong> jouent-t-il réellement ?<br />

se demande-t-il. Il reconnaît que des brebis<br />

galeuses soutirent de l'argent chez des patients<br />

pour les examens, sans s'empêcher de juger<br />

que la situation leur est favorisée par les<br />

patients eux-mêmes. Il estime que certains<br />

patients négligeant les consignes qu'on leur<br />

donne, partent se confier à des agents véreux<br />

au niveau du service du laboratoire. " La dernière<br />

fois, j'ai eu à consulter une dame. Je lui ai montré<br />

le circuit en lui disant de se signaler au service social<br />

munie de ses bulletins d'examen. Elle s'est entêtée et<br />

partir directement au laboratoire pour revenir me dire<br />

après qu'on lui a pris 10 000fcfa " reconnait notre<br />

interlocuteur. Au niveau du laboratoire, on dit<br />

parfois faire face à des malades qui ne détiennent<br />

aucun document qui montre qu'ils bénéficient<br />

des exonérations.<br />

" En ce moment on leur dit d'aller payer à la caisse. Ces<br />

cas nous viennent souvent des malades qui viennent des<br />

autres centres de santé Gourcy, Yako, Titao ou de l'association<br />

AMMIE. <strong>Le</strong>s malades qui sont traités au<br />

CHR viennent avec des codes qui nous indiquent qu'ils<br />

sont exonérés des frais d'examen. Que faire, devant un<br />

patient qui ne dispose pas de ce code. On ne reconnait<br />

pas un PVVIH à vue d'œil. " Au niveau de ce service<br />

on dit également que l'incapacité de faire<br />

certains examens occasionnant les aller-retours<br />

ne relève pas d'un manque de volonté. Comme<br />

pour tous les malades, quand il n'y a pas de<br />

réactifs où quand un appareil ne fonctionne<br />

pas, on ne peut pas faire d'examen. Il n'y a pas<br />

d'appareil uniquement pour les PVVIH. C'est<br />

un problème imputable au plus haut niveau. Si<br />

elle est résolue, cela enlève l'épine des pieds des<br />

patients et des agents. Au service de l'imagerie<br />

médicale communément appelée radiologie, on<br />

avance les mêmes arguments. Beaucoup de<br />

patients qui viennent d'autres structures sanitaires<br />

se présentent sans aucun papier d'exonération.<br />

" Si tu as déjà eu affaire au patient, tu peux<br />

l'inviter souplement à aller vers le service social se procurer<br />

le papier d'exonération avant de revenir. Dans le<br />

cas contraire, il part honorer les frais à la caisse.<br />

Souvent des associations donnent des bons prenant en<br />

charge les frais de radiologie, mais encore faut-il que le<br />

médecin traitant mette ce bon dans le dossier du patient"<br />

nous explique-t-on. La situation est d'autant<br />

plus compliquée au niveau de la radiologie du<br />

fait qu'il n'y a pas longtemps, elle n'était pas<br />

impliquée dans l'équipe chargée de la prise en<br />

charge des malades. Il y avait comme un vide,<br />

aucun document n'indiquait qu'il faut exonérer<br />

les frais de consultation des PVVIH au niveau<br />

de la radiologie.<br />

" La prise en charge des PVVIH est un domaine complexe.<br />

Il y a trop de non dis autour de certaines décisions<br />

prises par le Gouvernement. Ce qu'on déclare<br />

n'est pas traduit rapidement en réalité sur le terrain.<br />

Une prise en charge correcte des malades dépend de<br />

l'amélioration des conditions de travail dans les structures<br />

sanitaires. Il faut un personnel suffisant, la dotation<br />

continue et à temps des ARV, et du matériel adéquat.<br />

Sans cela, les agents de santé et les patients vont continuer<br />

de se jeter des pierres. Ce qui n'arrange aucune des<br />

deux parties appelées à se frotter tous les jours "<br />

conclut notre interlocuteur de l'équipe de la<br />

prise en charge des PVVIH au CHR de<br />

Ouahigouya<br />

Jules ZONGO


14 SOCIETE<br />

Une grogne des travailleurs de la société<br />

minière de Kalsaka a fait couler beaucoup<br />

de salive à Kalsaka. <strong>Le</strong>s raisons de la grogne, des<br />

reclassements et une augmentation de 80% de<br />

salaire demandés par les travailleurs depuis le 29<br />

octobre 2010. Ils disent fonder leurs revendications<br />

sur un certain nombre d'indicateurs qui<br />

prouvent une très bonne rentabilisation de la<br />

mine. Dans leur plate forme revendicative, figurent<br />

l'amélioration de leur condition de travail, de<br />

santé et d'hygiène. " L'année dernière en terme d'once<br />

d'or, la mine a fait une surproduction de 36%. Alors<br />

qu'au démarrage l'once coutait 560 dollars. C'est sur cette<br />

base que l'étude du marché a été faite. Aujourd'hui, elle<br />

coûte plus de 1500 dollars soit 2 fois plus le prix initial.<br />

La mine produit en terme financier presqu'un milliard par<br />

semaine. <strong>Le</strong> salaire mensuel de tous les travailleurs ne coute<br />

que 80 millions. 80% des 80 millions sont 64 millions. <strong>Le</strong><br />

tout fait 144 millions. Soustraire ce montant par mois<br />

n'est pas impossible " a signifié le délégué des travailleurs,<br />

Moussa Zèba.<br />

Et le superviseur de la maintenance de la mine,<br />

Ibrahima Traoré Sy d'ajouter qu'au départ la mine<br />

a été dimensionnée pour tourner en partie sèche<br />

autour de 240 tonnes par heure. " Aujourd'hui, nous<br />

tournons au minimum 300 tonnes par heure et souvent, on<br />

peut aller à 360 ou 370 tonnes l'heure. Cela signifie qu'il<br />

y a effectivement une surproduction " à l'en croire. "<br />

Nous avons été à la fois surpris et choqués d'entendre le<br />

ministre en charge des mines affirmer qu'à Kalsaka, l'entreprise<br />

minière a investi 362 millions dans la commune.<br />

Où est ce que tout cet argent est rentré ? Il a été investi par<br />

qui et quand ? " s'étonne Wahabo Sawadogo, le président<br />

de comité de crise. D'une gestuelle presque<br />

menaçante, la gorge nouée par l'amertume, le<br />

président du comité de crise ne s'en revient pas :<br />

" <strong>Le</strong>s miniers nous prennent pour des dupes. C'est ce qui<br />

nous a conduit à la mise en place d'un comité de crise dont<br />

je dirige pour aller à la source de l'information. <strong>Le</strong> constat<br />

qui est ressorti montre qu'il y a des surfacturations dans les<br />

dépenses ". Et d'ajouter : " 7 millions pour construire 5<br />

Kalsaka Mining<br />

<strong>Le</strong>s travailleurs et la population se dressent contre le pillage<br />

WC à Kalsaka, c'est nous insulter, c'est du gaspillage " et<br />

tranche d'un ton sec : " Nous voulons voir clair dans<br />

cette affaire sinon pas de travail ". Au sein de la population<br />

le malaise est aussi criard. En effet ,elle se<br />

dit stupéfaite des déclarations du directeur de la<br />

mine lors de la visite du ministre en charge des<br />

mines. Pour elle, le montant d'investissement<br />

annoncé donne la chair de poule. " Ça pue le deal "<br />

s'insurgent certains habitants, très mécontents. Ils<br />

veulent comprendre et l'on fait savoir à travers<br />

une déclaration signée le 13 mai 2011. Il y est clairement<br />

signifié que " nous, population de Kalsaka<br />

avons appris une information provenant de la société<br />

minière de Kalsaka. Elle a financé 362 millions de Francs<br />

CFA. A cet effet la population désire comprendre la gestion<br />

de cette somme. Dans tous les cas, nous voulons un<br />

bilan clair. Nous voulons aussi savoir la situation des<br />

80% des travailleurs que devait composer la jeunesse de<br />

Kalsaka. Nous demandons enfin le départ du directeur de<br />

la mine dans une semaine et également celui de l'interface<br />

entre la population et la mine, Alira Analira sans condition.<br />

Pour finir, nous exigeons la suspension du comité<br />

consultatif communal jusqu'à nouvel ordre ".<br />

Dès son inauguration le 30 octobre 2008 par l'ex<br />

premier ministre Tertius Zongo, la société a suscité<br />

beaucoup d'espoir pour la population. Elle a<br />

annoncé la création d'emploi pour les jeunes, avec<br />

des formations en métier (menuiserie, maçonnerie,<br />

briqueterie etc.) et des femmes en technique<br />

d'embouche, la savonnerie et l'alphabétisation et<br />

leur accompagnement pour mener des activités<br />

génératrices de revenus. A entendre la population<br />

il était prévu que 80% des travailleurs de la mine<br />

serait natifs de Kalsaka. "A ce jour, on est loin de ce<br />

chiffre. Ils ne font qu'employer leurs frères, copains, parents<br />

ou les frères et amis de leurs copines pendant que les habitants<br />

sont là entrain de se tourner les pouces. Ce qui est<br />

sûr, la mine n'est pas là pour nous développer. J'en veux<br />

particulièrement au gouvernement du Burkina qui a vendu<br />

nos terres et nous-mêmes à cette société " S'insurge<br />

Wahabo Sawadogo. Si les femmes ont bénéficié<br />

de deux têtes de moutons chacune soit un total de<br />

58 pour 26 d'entre elles, pour la mise en route de<br />

leurs activités sous forme de prêt, les 50 jeunes<br />

qui ont été formés à hauteur de 7 353 000 F CFA,<br />

sont dans l'expectative. Beaucoup ont préféré tenter<br />

leur chance ailleurs. " La plupart de mes camarades<br />

sont sur les sites d'exploitation artisanale de Gambo,<br />

Séguénega, Doré, Kampti. Certains ont choisi l'exode dans<br />

des villes comme Ouagadougou et Ouahigouya. Ceux qui<br />

ont eu la chance de travailler sur la mine sont sous contrat<br />

d'un ou de deux mois. Ils occupent le bas de l'échelle et sont<br />

ensuite renvoyés au chômage. Tout comme si on était si<br />

incompétent pour travailler à Kalsaka Mining ".<br />

S'indigne Hamadé Sawadogo, un jeune bénéficiaire<br />

de la formation.<br />

" La mine m'a transformé en mendiant "<br />

Yembila Boukaré Sawadogo, avec ses 54 saisons,<br />

père d'une famille de 9 personnes est l'un des<br />

déguerpis. Il dit ne rien comprendre de l'attitude<br />

des responsables de la mine envers les propriétaires<br />

terriens. " Je vivais paisiblement dans les montagnes<br />

avec mes 3 champs en plus de l'élevage que je pratiquais.<br />

Quand la mine est venue pour nous déguerpir, on nous<br />

avait promis un relogement et un dédommagement de 900<br />

000 F par an. On m'a d'abord donné 150 000 F et une<br />

année plus tard j'ai reçu la somme de 750 000 F à la<br />

deuxième année. Pour la première année, les responsables<br />

de la mine m'ont dit que cet argent a été utilisé dans la<br />

construction de la clôture de ma cour. Ça c'est la force que<br />

la mine nous fait. Mais je crois que quand on cherche l'argent<br />

ce n'est pas normal de détruire les autres " expliquet-il.<br />

Un de ses camrades d'infortune, Assane<br />

Sankara, un père de famille, propriétaire terrien<br />

déguerpi raconte son amertume : " La mine m'a<br />

transformé en mendiant. Je ne peux même plus nourrir<br />

correctement ma famille. Je n'ai plus de champ, je n'ai pas<br />

la compensation promise. Il est quasiment impossible<br />

d'avoir un champ cultivable dans les périphéries. Il faut<br />

aller jusqu'à 10 ou 15 Km d'ici et là aussi, c'est peu probable<br />

".<br />

Dans le rapport des dépenses effectuées par la<br />

mine dans le cadre des relations avec les communautés<br />

de 2007 à 2010, il ressort qu'au titre de<br />

réinstallation des familles qui étaient sur ou à<br />

proximité de la mine, Kalsaka Mining a déboursé<br />

26 663 610 F. Dans le même rapport, il est mentionné<br />

que plus de 177 millions ont été débloqués<br />

pour la compensation des terres. Il y a aussi d'autres<br />

investissements non moins importants,<br />

notamment la construction et l'équipement de salles<br />

de classe, de logements de maîtres, d'appui<br />

financier à la commune, la préfecture, la police la<br />

construction et l'équipement du CSPS la réalisation<br />

d'une route en terre de 3 km, l'achat d'une<br />

ambulance à hauteur de 8 6621 271 F, l'appui au<br />

déplacement du fétiche symbole de village "<br />

<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> - du 16 Juillet au 16 Août1- N°15<br />

Du 16 mai au 7 juin 2011, la société minière a traversé une crise sans précédent. <strong>Le</strong>s travailleurs exigent de l'administration, l'amélioration de leurs conditions de travail et une augmentation de<br />

80% de salaire. Pendant ce temps, la population accuse le directeur de la mine, Reynolds Anim Yeboah, de mauvaise gestion des investissements. Contraint de quitter le site sur la pointe des<br />

pieds des négociations ont permis de solutionner la crise le mardi 7 juin 2011. <strong>Le</strong>s récriminations contre la société minière sont loin d'être réglées<br />

Une vue partielle des membres du comité de crise.tif<br />

Ce que les délégués des travailleurs reprochent<br />

aux responsables de la mine<br />

''La mine a une complexité que le citoyen lambda ne<br />

peut pas comprendre. Elle a beaucoup de conséquences<br />

sur la vie humaine. Nous avons beaucoup<br />

d'équipement tournant. Nous manipulons beaucoup<br />

de produits chimiques très dangereux. Il nous<br />

faut un certain nombre d'équipement sécuritaire.<br />

Malheureusement, ce matériel n'est pas fourni régulièrement.<br />

Souvent les masques, les gans, les chaussures<br />

de sécurité font défaut. Plus de 400 personnes<br />

travaillent sur la mine donc la loi impose du<br />

coup l'existence d'une infirmerie. Mais non, il n'y en<br />

a pas. Il n'y a que le dépôt du village. <strong>Le</strong> peu de produits<br />

existant est vendu aux travailleurs.<br />

L'administration doit prendre des mesures pour<br />

nous aider, car personne parmi nous n'a de liquidité<br />

sur lui. <strong>Le</strong> salaire des travailleurs nationaux comparé<br />

à celui des expatriés ghanéens est miséreux.<br />

Ce qui est encore désastreux, ces gens qui devraient<br />

former les autres pour leur laisser par la suite ne le<br />

font pas. D'ailleurs, ils n'ont rien à nous apprendre.<br />

Quelqu'un qui seconde un expatrié peut se retrouver<br />

avec 1/5 ème ou le quart de salaire de ce dernier.<br />

Aussi, le repos des séniors c'est la première<br />

peine que le directeur a lancée à l'encontre des travailleurs.<br />

Il se croit au temps de l'esclavage. Il veut<br />

que les gens dament sur leur vie sociale et rien d'autre<br />

que pour le travail. C'est en fait une création des<br />

entreprises minières. Il y a deux types de travailleurs<br />

: les séniors qui sont des agents d'encadrement et<br />

d'administration et l'ensemble des ouvriers et les<br />

manœuvres sont dits juniors. Cette classification ne<br />

<strong>Le</strong> délégué des<br />

travailleurs Moussa Zèba<br />

<strong>Le</strong> superviseur de la<br />

maintenance de la mine,<br />

Ibrahima Traoré Sy<br />

correspond à rien à notre sens. <strong>Le</strong>s juniors ont 4<br />

jours de repos pour 12 jours de travail tandis que les<br />

séniors ont 4 jours de repos pour 10 jours de travail.<br />

C'est la seule mine qui applique ça. Ailleurs les gens<br />

font 10 jours de repos pour 10 jours de travail ou 7<br />

contre 7. Bien que cela ne nous plaise pas, le directeur<br />

a estimé qu'il faut plus de présence sur la mine.<br />

Naaba chaise " qui se trouvait sur le périmètre de<br />

la mine à 16 millions de nos francs etc. C'est la<br />

gestion de ces montants qui constitue la pomme<br />

de discorde entre la population et la société<br />

minière. Une marche sur la mairie de la commune<br />

de Kalsaka a été organisée pour demander des<br />

justifications, le départ du directeur de la mine et<br />

de l'interface, Alira Analira. La population s'insurge<br />

contre l'attitude passive du maire, Noraogo<br />

Grégoire Ouédraogo du moment ou c'est lui qui<br />

dirige le Comité consultatif communal (CCC)<br />

créé pour la gestion de leurs préoccupations.<br />

Joint au téléphone pour des questions d'équilibre<br />

d'information et de déontologie, ce dernier a fini<br />

nous a donné sa version des faits. (Lire encadré).<br />

A la suite des différentes concertations, l'administration<br />

a proposé une augmentation de 5% que les<br />

travailleurs ont rejetée. Face au silence de l'administration<br />

après le rejet de sa proposition, les travailleurs<br />

ont marqué un arrêt de travail les 8 et 9<br />

mars 2011. L'administration est sortie de son<br />

silence en demandant un délai de grâce jusqu'au<br />

15 mai pour faire d'autres propositions. Elle s'est<br />

effectivement prononcée à la date indiquée en<br />

proposant une augmentation de 7% que les travailleurs<br />

ont une fois de plus rejetée. Suite à des<br />

propos malveillants tenus à leur égard selon les<br />

représentants des travailleurs, lors de la rencontre<br />

dans la nuit du 15 mai, la direction de la mine a<br />

quitté le site dare-dare au petit matin du 16 mai<br />

2011 pour se réfugier à Ouagadougou. <strong>Le</strong>s travailleurs,<br />

en toute responsabilité ont marqué un<br />

arrêt de travail, sécurisé le site et demandé purement<br />

et simplement le départ du directeur de la<br />

mine. Ils le trouvent incapable de diriger une<br />

équipe.<br />

Après moult tractations, c'est finalement le 7 juin<br />

2011, que le travail a repris dans la mine. Ce<br />

dénouement a été diligenté et discuté en présence<br />

du ministère des mines, du haut commissaire du<br />

Yatenga, Jean Baptiste Zongo, des représentants<br />

de la direction générale du travail, des représentants<br />

des travailleurs et de la direction de Kalsaka<br />

Mining. Dans le protocole d'accord, il est dit que<br />

:" les négociations pour sortir Kalsaka mining SA de la<br />

crise entre les travailleurs et la direction du 6 au 7 juin<br />

2011 ont abouti aux accords suivants : 0% pour les catégories<br />

A, une augmentation de 10% pour les catégories B,<br />

12% pour les catégories C, 25% pour les catégories D,<br />

30% pour les catégories E et 35% pour les catégories M.<br />

Sur la base de ces accords, les travailleurs ont jugé nécessaires<br />

de reprendre le travail tout en poursuivant les négociations.<br />

<strong>Le</strong> démarrage symbolique de la mine a été faite en<br />

présence des médiateurs ".<br />

DAS<br />

Il dit aussi ne pas pouvoir utiliser les véhicules pour<br />

convoyer permanemment les travailleurs à<br />

Ouagadougou pour des raisons de coût. La réduction<br />

de ces coûts, il l'a fait sur le repos des travailleurs.<br />

Un système de 14 jours de travail pour 2<br />

jours de repos tout en restant sur la mine. Nous<br />

trouvons cela inadmissible déjà que le repos qui<br />

nous a été accordé est insignifiant. Il y a des manquements<br />

graves de l'administration de la mine.<br />

Cela devrait être perçu par l'inspection de travail. Il<br />

n'y a pas de jour férié et dimanche. Il y a des gens<br />

qui font des heures supplémentaires et qui ne sont<br />

pas payés parce qu'ils sont des juniors. Il y a des<br />

ouvriers qui ont travaillé 18 mois sans contrat.<br />

Depuis 3 ans, il n'y a pas d'avancement ni de reclassement<br />

claire. Tous ces manquements doivent être<br />

corrigés''.<br />

BHO


<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> - du 16 Juillet au 16 Août1- N°15<br />

Noraogo Grégoire Ouédraogo , le maire de Kalsaka, président du Comité consultatif communautaire<br />

" Nous n'avons pas communiqué suffisamment "<br />

<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> (N) : Vous qui êtes le président du<br />

CCC, pouvez nous dire le rôle que joue votre<br />

structure ?<br />

Noraogo Grégoire Ouédraogo (NGO):<br />

<strong>Le</strong> CCC veut dire en claire, Comité consultatif communautaire.<br />

C'est un organe prévu par les textes, que<br />

des sociétés de même nature que Kalsaka Mining<br />

ont obligation de mettre en place au démarrage des<br />

travaux. Il est constitué des représentants des villages<br />

affectés par la mine à raison de deux par village<br />

(le chef plus un représentant NDLR) : <strong>Le</strong>s responsables<br />

des services déconcentrés de l'Etat présents<br />

dans la commune ; deux représentants du Conseil<br />

Municipal ; deux représentants des femmes ; un<br />

représentant des jeunes : trois représentants de la<br />

société civile ; deux représentants de la mine ; la préfecture<br />

et la Mairie représentée par le Maire qui est<br />

président de l'organe.<br />

<strong>Le</strong>s attributions du CCC ont été définies dans l'arrêté<br />

qui consacre sa naissance sont :<br />

1. Faciliter les rapports entre la compagnie et les<br />

populations directement affectées par le projet ;<br />

2. Suivre la mise en œuvre effective des actions et<br />

projets financés par Kalsaka Mining à travers le<br />

Fond de Développement Communautaire (FDC) ;<br />

3.Servir de courroie de transmission entre Kalsaka<br />

Mining et les populations en ce qui concerne la circulation<br />

des informations à travers le plan de communication<br />

et d'information communautaire ;<br />

4. Servir de cadre de gestion des éventuels conflits<br />

entre Kalsaka Mining et les populations directement<br />

affectées ;<br />

5. Servir de cadre d'appui à la mise en œuvre du plan<br />

d'acquisition et de compensation des terres durant<br />

toute la durée de la mine ;<br />

6. Participer à la mise en place et suivi des mesures<br />

de sécurisation des sites sacrés et leur assurer, dans<br />

la mesure du possible, un accès en tout temps ;<br />

7. Faciliter de recrutement de la main d'œuvre locale<br />

et en faire le suivi à partir des données statistiques.<br />

N : Il ressort dans le rapport de Kalsaka Minig<br />

qu'au titre des compensations des terres, le<br />

mine a déboursé 23 millions en 2007, 40 millions<br />

en 2008, 42 millions en 2009 et plus de 52 millions<br />

en 2010. Pouvez- vous nous dire qu'elles<br />

ont été les destinations finales de ces fonds ?<br />

NGO : Vous dites bien compensations des terres.<br />

Je suppose donc que ces sommes ont été distribuées<br />

à ceux qui ont cédé leurs terres à la mine au prorata<br />

de la superficie concédée. Il existe des sous commissions<br />

techniques au sein du CCC composées de<br />

cinq membres dont celle chargée des compensations<br />

conduites par le Chef ZAT qui s'occupe spécifiquement<br />

de la question en rapport avec la mine et les<br />

propriétaires terrains. C'est cette sous commission<br />

qui détermine le montant de la compensation à verser<br />

et cela se passe généralement sans beaucoup de<br />

difficulté.<br />

N : Par rapport aux investissements faits dans le<br />

cadre de l'appui au développement communal,<br />

Noraogo Grégoire Ouédraogo<br />

la population estime qu'au vu des réalisations,<br />

le montant ne vaut pas 362 millions comme il<br />

est dit dans les rapports. Elle pense aussi qu'il<br />

ya des surfacturations. Pouvez-vous éclairer ces<br />

zones d'ombre ?<br />

NGO : Ce qui est fait comme investissement en<br />

faveur de la communauté ne vaut certainement pas<br />

le montant annoncé car s'agit :d'une maternité équipée<br />

; d'une ambulance ; d'un complexe scolaire(3<br />

classes + bureau magasin + logement + latrines) ; de<br />

deux classes et latrines ; d'un logement et une latrine<br />

; d'une formation de 50 jeunes sur une période de 4<br />

mois ; d'une formation des femmes en alpha AI et<br />

AC ; d'une formation professionnelle (savon et<br />

embouche) de 29 femmes et leurs dotations avec 58<br />

moutons pour l'embouche. Jugez-en vous-même.<br />

Quant à la présomption de surfacturation, je n'ai pas<br />

d'éléments pour juger. <strong>Le</strong> CCC n'est impliqué ni<br />

dans la sélection des prestataires ni dans l'exécution<br />

des marchés. J'ai vu les différents montants des réalisations<br />

tout comme vous dans les documents présentés<br />

par la mine.<br />

N : Cette même population dit ne pas être d'accord<br />

quant à la gestion directe des fonds destinés<br />

à la commune par la société Kalsaka Minig<br />

elle-même. Qu'est ce qui a été prévu dans les<br />

accords et combien de francs la société devrait<br />

investir selon les termes des accords.<br />

NGO : La population à parfaitement raison. Cette<br />

situation ne permet pas d'avoir suffisamment de<br />

transparence dans l'utilisation des fonds. Il y a un<br />

fond de développement communautaire (FDC) qui<br />

devrait être mis en place mais cela n' jamais été fait.<br />

<strong>Le</strong>s interventions de la mine se font par année, selon<br />

les résultats des exercices qu'eux seuls connaissent et<br />

le bon vouloir des responsables.<br />

N : Dites nous aussi de ce qui a été fait des 16<br />

millions pour le déplacement de Naaba Chaise<br />

Inauguration du siège de l'association Kogléwéogo à Oula<br />

" Ceux qui n'ont d'yeux que pour les biens<br />

d'autrui sont avertis "<br />

L'Association Kogléwéogo, une structure installée<br />

dans la commune rurale de Oula dispose<br />

désormais d'un siège. Elle l'a inauguré à Kao, un<br />

village situé à 25 km de Ouahigouya, le vendredi<br />

10 juin 2011. C'était au cours d'une cérémonie<br />

parrainée par le député Aboubacar Ouédraogo et<br />

présidée par le Gouverneur de la région du<br />

<strong>Nord</strong>,Viviane Yolande Compaoré.<br />

L'association Kogléwéogo s'illustre bien en<br />

matière de collaboration avec les forces de sécurité,<br />

dans la lutte contre le grand banditisme. Elle s'est<br />

mise au devant pour faire arrêter des bandits de<br />

grands chemins, bien connus dans la province du<br />

Yatenga. L'action que mène cette structure a été<br />

reconnue et appréciée par les autorités de la région du<br />

<strong>Nord</strong>. " Cette initiative locale, pour sécuriser les citoyens a<br />

inspiré le gouvernement en ce qui concerne la mise en place<br />

d'une police de proximité " affirme le gouverneur de la<br />

région du <strong>Nord</strong>, Vivianne Yolande Compaoré. Et de<br />

rappeler " l'année dernière à la même période, quand il a été<br />

question de la présence d'Al quaida dans la région du <strong>Nord</strong>,<br />

les membres de Kogléwéogo sont venus me rassurer qu'ils veillent<br />

au grain. Qu'il n'y a pas à s'inquiéter ". Dans l'optique<br />

d'apporter ses encouragements à cette structure,<br />

la première responsable de la région du <strong>Nord</strong> a procédé<br />

à l'inauguration du siège de l'association dans le<br />

village de Kao dans la commune rurale de Oula, le<br />

vendredi 10 juin 2011. Travaillant en étroite collaboration<br />

avec les forces de sécurité, l'association<br />

Kogléwéogo qui a ses membres repartis dans environ<br />

60 villages au niveau de la province du Yatenga n'hésite<br />

pas à mettre le grappin sur certains bandits. "<br />

Nous collaborons avec la police et la gendarmerie. Si nous<br />

?<br />

NGO : Si vous voulez vraiment le savoir, il faut<br />

poser la question aux responsables coutumiers qui<br />

ont eu à gérer la question.<br />

N : <strong>Le</strong>s déguerpis aussi se plaignent de leur<br />

traitement. Trop de promesses non tenues.<br />

Qu'en dites-vous ?<br />

NGO. Vous savez, Cluff a précédé la commune sur<br />

le terrain. Je pense qu'au moment des études, certainement<br />

des promesses ou des propos compris<br />

comme telles ont dû tenus malheureusement sans<br />

que cela soit écrit quelque part. Kalsaka Mining ne<br />

semble pas vouloir prendre à son compte ces faits.<br />

N : Pour le cas spécifique du déguerpi Yembila<br />

SAWADOGO, agriculteur éleveur de son état,<br />

s'est retrouvé sur un terrain dans la ville sans<br />

avoir le moindre document. Il craint pour son<br />

sort en cas de lotissement. Quelle solution, vous<br />

préconisez pour ce cas ?<br />

NGO : Je crois que le site pour sa réinstallation a été<br />

choisi en accord avec l'intéressé. Ce site étant en<br />

dehors de la zone lotie, la mairie n'a rien à dire pour<br />

le moment. Un arrangement a été trouvé avec les<br />

propriétaires terriens en son temps. Toutefois,<br />

compte tenu de la valeur de l'investissement réalisé,<br />

il va de soit qu'on ne puisse pas l'ignorer en cas d'extension<br />

du lotissement vers ce côté.<br />

N : La population demande des justifications à<br />

tous les services bénéficiaires des appuis de la<br />

mine dans le cadre de l'appui institutionnel.<br />

Elle indexe notamment la police, la mairie, la<br />

préfecture, les services de santé et surtout les 1<br />

million 500 F CFA pour le fonctionnement du<br />

CCC. Qu'est ce qui est fait en ce sens pour leur<br />

redonner confiance ?<br />

NGO : Il faut tout d'abord que je vous corrige. La<br />

santé n'est pas bénéficiaire de cet appui. Pas pour le<br />

moment en tout cas à ma connaissance. De même<br />

l'appui au fonctionnement du CCC est de 1 153 000<br />

F CFA au lieu de 1 500 000 comme vous le dites.<br />

Concernant l'appui institutionnel, il s'agit d'un appui<br />

que la mine apporte au fonctionnement des services<br />

de la mairie, de la préfecture et du commissariat de<br />

police dans le cadre du partenariat établi entre eux.<br />

Je puis vous dire que ces montants ont été engagés<br />

dans le strict respect de leur objectif. Des justificatifs<br />

peuvent être présentés à ceux qui le désirent.<br />

Quant à la somme allouée au CCC pour son fonctionnement,<br />

il est dit à l'article 11 de l'arrêté créant<br />

le CCC ce qui suit : " La fonction de membre du<br />

comité de gestion est gratuite. Toutefois, les membres<br />

seront remboursés des frais engagés pour les<br />

déplacements et la communication dans le cadre des<br />

activités du comité ou des missions ordonnées et<br />

approuvées par la société Kalsaka Mining. Un projet<br />

de budget permettant de faire face au fonctionnement<br />

du comité sera élaboré chaque année et soumis<br />

à la compagnie Kalsaka Mining pour approbation et<br />

financement ". A ce titre, le montant de 1 153 000 F<br />

attrapons un malfaiteur, nous le conduisons chez elles "<br />

confirme le président de l'association Boukary<br />

Ouédraogo. Pour le président de cette structure, la<br />

création de cette association s'explique par une<br />

révolte contre les voleurs qui sévissaient dans la localité<br />

il y a de cela, une quinzaine d'années. " Bon nombre<br />

de bandits qui passent un bout temps dans les geôles reviennent<br />

pour narguer la population " déplore-t-il. Avec l'acquisi-<br />

Coupure du ruban symbolique<br />

SOCIETE<br />

15<br />

CFA a été alloué en 2010 pour les postes ci-après :<br />

prise en charge des membres (35) à chaque AG (4<br />

AG ordinaires par an) ; remboursement du carburant<br />

du président qui est non résident (4 AG) ; prise<br />

en charge des membres es sous commissions techniques<br />

pour chaque presté ; frais de fournitures de<br />

bureau ; frais de communication.<br />

N : Est-ce que cette crise ne dénote pas d'un<br />

déficit de communication entre le CCC, les<br />

responsables de la mine de la population?<br />

NGO : Vous avez parfaitement raison. Vous avez vu<br />

la composition du CCC. Nous avons pensé à tort<br />

que les membres en tant que représentants de leurs<br />

communautés rendaient compte à leur base des<br />

principaux points que nous discutons.<br />

Malheureusement cela n'a pas été ainsi ce qui a causé<br />

ce déficit et entrainé ces malentendus. Cela constitue<br />

une leçon pour nous.<br />

N : <strong>Le</strong>s travailleurs émettent l'éventualité de la<br />

fin de l'exploitation de la ressource minière<br />

avant les 6 ans de contrat. Avez-vous discuté<br />

d'une telle éventualité avec la société minière.<br />

NGO : Non ! Par contre, lors de la visite de<br />

Monsieur le Ministre en charge des mines, les responsables<br />

de la mine ont laissé entendre que de nouveaux<br />

indices permettent d'espérer une prolongation<br />

de la durée de la mine.<br />

N : Au niveau de l'accompagnement, si les femmes<br />

alphabétisées ont reçu des fonds d'installation,<br />

ce n'est pas le cas chez les jeunes qui ont<br />

été formés. A leur niveau, aucun n'aurait reçu<br />

le moindre sou pour son installation. Qu'en<br />

dites- vous ?<br />

NGO : Cela est exact, mais il faut savoir que la formation<br />

n'a pas été achevée. C'est une formation à<br />

deux niveaux et c'est le premier niveau seul qui a été<br />

exécuté. Pour certaines raisons, le deuxième niveau<br />

qui devrait avoir lieu en 2010 n'a pas eu lieu. Des<br />

discussions sont en cours entre la mine et l'ANPE<br />

régionale pour trouver une solution à cela.<br />

N : Qu'avez-vous à ajouter sur les raisons de<br />

cette crise ou sur les solutions à apporter dans<br />

le sens de sa résolution ?<br />

NGO : Pour moi la première raison de cette crise<br />

est le chômage des jeunes et la pauvreté. <strong>Le</strong>s situations<br />

offrent un terreau fertile pour ces genres de<br />

crise. Il y a aussi le déficit de communication. Nous<br />

n'avons pas communiqué suffisamment alors que la<br />

population a besoin de savoir ce que nous faisons<br />

pour la sortir de cette situation. Il y a un proverbe<br />

qui dit : " il ne suffit pas de bien faire, il faut le faire<br />

savoir ". Enfin il faut plus de la transparence dans la<br />

gestion des problèmes communautaires au niveau<br />

de la mine et améliorer les rapports de cette dernière<br />

avec la population.<br />

D.Aimé SAWADOGO<br />

tion de ce nouveau siège, c'est l'activité de l'association<br />

Kogléwéogo qui se voit structurer au bonheur<br />

de la population dans cette contrée. Ainsi, certaines<br />

personnalités à l'image du député Aboubacar<br />

Ouédraogo n'ont pas eu tort de soutenir les activités<br />

de ce regroupement communautaire contre l'insécurité<br />

des citoyens en mettant sa main à la poche pour<br />

aider à la construction du siège. " Avec le temps<br />

Kogléwéogo a démontré qu'elle avait sa raison d'être. Sa contribution<br />

pour faire de Ouahigouya et ses environs une zone à<br />

moindre risque est énorme. Vu l'originalité de son action, je<br />

n'ai pas hésité un instant quand elle m'a contacté pour l'inauguration<br />

du siège " confie-t-il. Au cours de la cérémonie,<br />

<strong>Le</strong>s responsables de l'association Kogléwéogo ont<br />

reçu des ministres Yacouba Barry et Gilbert<br />

Ouédraogo, de l'ambassadeur Salif Diallo et du<br />

député Aboubacar Ouédraogo des dons en natures et<br />

en espèces. Ils se composent de la somme de 100000<br />

F CFA, une vingtaine de téléphones portables et trois<br />

vélos. " Ceux qui n'ont d'yeux que sur les biens d'autrui sont<br />

donc avertis " a prévenu Boukary Ouédraogo.<br />

Prudence Estelle Kaboré


16 DEVELOPPEMENT<br />

Unité régionale de Coordination du <strong>Nord</strong> (URC/N) du PNGT2<br />

De nombreuses réalisations au profit des communes rurales<br />

Commencé en 2007, le deuxième programme national de gestion des terroirs (PNGT2) phase 2 œuvre pour la planification et la mise œuvre des<br />

activités des communes rurales au Burkina Faso. De 11 communes rurales dans la région du <strong>Nord</strong> en 2007-2008, l'Unité de coordination du <strong>Nord</strong><br />

couvre de nos jours l'ensemble des 27 communes rurales. <strong>Le</strong> bilan des trois années d'activités de la coordination du <strong>Nord</strong> est promoteur : élaboration<br />

de plans communaux de développement, formations des conseillers et des CVD, réalisations et diffusions d'émissions. Construction de<br />

fosses fumières, de parcs de vaccination, des infrastructures éducatives et sanitaires, des forages, aménagement de périmètres maraîchers, distribution<br />

de semences améliorées. <strong>Le</strong> PNGT2 s'affiche comme le bras financier des activités des communes rurales.<br />

"<br />

C'est à partir de 2009 que le PNTG2 a commencé<br />

à financer des activités dans la commune de Tangaye.<br />

Si cette structure n'existait pas, il fallait la créer. C'est<br />

grâce au PNGT2 que ma commune a pu réaliser plusieurs<br />

activités inscrites dans le plan communal de développement(PCD)<br />

et également certains plans d'investissements<br />

en dehors du PCD " soutient Mamadou<br />

Ouattara, maire de la commune de Tangaye. Et<br />

de se redresser pour énumérer minutieusement<br />

les différentes réalisations. En 2009 dira-t-il, le<br />

PNGT2 a financé des micro-projets d'un montant<br />

de 48millions cent mille francs CFA. Cette<br />

somme a permis les réalisations de 3 forages,<br />

une aire d'abattage, 5 fosses fumières, de cordons<br />

pierreux, 20 ha de délimitation de forêt,<br />

500m de protection de barrage, et une dotation<br />

de 200kg de semences améliorées. Il n'oublie<br />

pas de citer l'électrification du CSPS du village<br />

de Namssiguia. Pour 2010, Tangaye a reçu un<br />

financement de 36 millions ayant servi aux<br />

constructions d'un parc de vaccination, d'une<br />

maternité et la réalisation d'activités de reboisement.<br />

<strong>Le</strong> maire poursuit en soulignant que la manne<br />

financière déboursée pour sa commune en 2011<br />

s'élève à 49millions 579200fcfa pour l'implantation de<br />

deux forages, un reboisement de 2ha, les constructions<br />

de deux logements d'infirmiers, de deux maternités,<br />

l'équipement de deux formations sanitaires, la<br />

réhabilitation de deux forages etc.. " <strong>Le</strong>s appels d'offres<br />

ont été lancés, certains marchés ont été attribués et sont en cours<br />

d'exécution " s'empresse-t-il d'indiquer. " Si nous faisons<br />

la sommation, on totalise plus de 120 millions de francs CFA<br />

que le PNGT2 a investi dans la commune de Tangaye en l'espace<br />

de trois ans " se réjouie le bourgmestre. Il insiste<br />

pour dire que les activités réalisées par le PNGT2,<br />

émanent des propositions de son conseil municipal.<br />

A l'en croire, les activités sont recensés et adoptés par<br />

le conseil municipal avant d'être transmis à la coordination<br />

du PNGT2. " A partir du moment où les activités<br />

sont proposées par la base, on peut affirmer qu'elles répondent<br />

aux aspirations des bénéficiaires " affirme-t-il avant de préciser<br />

que sa commune apporte une modeste contribution<br />

à l'enveloppe financière accordée par le<br />

PNTG2 pour la mise en œuvre des activités. " En<br />

ma qualité du président régional de l'association des municipalités<br />

au Burkina, je puisse confirmer que toutes les 27 communes<br />

de la région bénéficient de l'appui du PNGT2. <strong>Le</strong>s réalisations<br />

sont financées en fonction de la capacité d'absorption des fonds qui<br />

ont été auparavant attribuées à chaque commune. Ce qui explique<br />

que d'une commune à une autre, le montant accordé n'est pas<br />

la même " explique le représentant régional de l'AMBF.<br />

Amidou Guiro, le maire de la commune rurale de<br />

Oula, éprouve le même sentiment de reconnaissance<br />

à l'égard du PNGT2. " L'action du PNGT2 est vraiment<br />

très salutaire. <strong>Le</strong>s ressources propres à la commune, ne nous permettent<br />

pas d'entreprendre des réalisations importantes "<br />

admet-il. La contribution financière du PNGT2 pour<br />

la commune de Oula était de 50 millions de francs<br />

CFA en 2010. Cette somme a servi à l a<br />

construction de logements d'infirmiers d'un parc de<br />

vaccination, l'implantation de deux forages etc. En<br />

2011, la commune a bénéficié de 13 millions de francs<br />

CFA. Selon le maire, la baisse de l'enveloppe financière<br />

est la conséquence de la faible absorption de l'enveloppe<br />

de 2010 " Selon la philosophie du PNGT2,<br />

si en fin d'année, le financement n'est pas entièrement absorbé,<br />

c'est la somme restante qu'on reconduit pour l'année suivante "<br />

se justifie le patron du conseil municipal de Oula. <strong>Le</strong><br />

maire de Kain à son tour ne tarit pas d'éloges à l'endroit<br />

du PNGT2, qui pour lui reste son principal partenaire.<br />

<strong>Le</strong>s nouvelles procédures de passation<br />

des marchés, le goulot d'étranglement<br />

Mme TAPSOBA Sara, Unité régionale de<br />

Coordination du <strong>Nord</strong> (URC/N) du PNGT2<br />

<strong>Le</strong> PNGT2 fonde son action à travers plusieurs<br />

composantes. Il y a le volet renforcement des<br />

capacités pour le développement rural décentralisé,<br />

la composante fonds de développement<br />

local et celle de la coordination, gestion et suiviévaluation.<br />

Concernant le volet renforcement<br />

des capacités pour le développement rural<br />

décentralisé, les activités au départ ont porté<br />

sur l'élaboration des donnés nominatives sur les<br />

conseils municipaux et conseils villageois de<br />

développement des 27 communes de la région<br />

du <strong>Nord</strong>, l'élaboration de 16 plans communaux<br />

de développement, des formations sur les<br />

IST/SIDA, en approche de gestion intégrée<br />

des ressources naturelles, en alphabétisation, en<br />

gestion des infrastructures. Il y a eu aussi des<br />

formations en techniques d'animation des collectivités<br />

et en technique de communication.<br />

<strong>Le</strong>s actions de cette composante en 2010 se<br />

sont soldées par la réalisation et la diffusion<br />

d'émissions radios, des représentations théâtrales,<br />

l'élaboration d'un dispositif de communication<br />

au niveau communal, l'appui à l'émergence<br />

des canaux de communication, la prise en<br />

compte de l'aspect genre dans les activités des<br />

communes rurales, la formation des élues locales<br />

, des formations en gouvernance locale ect..<br />

En ce qui concerne la composante Fonds de<br />

développement local, on note les réalisations<br />

des fosses fumières, de cordons pierreux, de<br />

parcs de vaccination, des forages, des salles de<br />

classes et d'infrastructures sanitaires. C'est au<br />

total une somme de 415227000 F qui a été<br />

déboursée pour les 11 communes bénéficiaires<br />

en 2009. <strong>Le</strong> montant est passé à 1<br />

<strong>Le</strong> maire de la commune de Tangaye,<br />

président de l'association municipalité<br />

du Burkina au <strong>Nord</strong> Mamadou Ouattara.<br />

038075940fcfa pour l'ensemble des 27 communes<br />

de la région du <strong>Nord</strong> en 2010. La partie<br />

Coordination, gestion et suivi évaluation a été<br />

marquée par les formations des membres de<br />

cellules communales de suivi-évaluation en<br />

suivi participatif, de 6 animateurs prestataires<br />

en suivi participatif et les appuis à la tenue<br />

d'une vingtaine de sessions des cadres de<br />

concertation provinciaux et à la tenue de 2 sessions<br />

du cadre de concertation régionale.<br />

Selon les maires, La visibilité et l'importance<br />

des actions conduites par l'Unité de coordination<br />

du <strong>Nord</strong> sont indéniables. Ils saluent le<br />

dévouement de l'équipe de la coordination et sa<br />

capacité d'écoute. " C'est une équipe pas du tout<br />

étoffé, mais très disponible. <strong>Le</strong>ur sens de l'écoute a permis<br />

d'éviter le blocage de certains microprojets "<br />

confesse le président régional de l'AMBF,<br />

Mamadou Ouattara. Ce dernier tout comme<br />

son collègue de Oula ne se privent pas de pointer<br />

du doigts certaines contraintes freinant<br />

l'exécution des activités. La rigidité des nouvelles<br />

procédures de passation des marchés<br />

publics préoccupe nos deux interlocuteurs. "<br />

Mon souhait est que le PNTG2 nous aide à attirer<br />

Une des réalisations du PNGT2 au <strong>Nord</strong><br />

l'attention des décideurs sur les conditions draconiennes<br />

des nouvelles procédures de passation des marchés<br />

publics. Ce sont les difficultés résultant de la mise en<br />

œuvre de ces nouvelles procédures qui font que l'enveloppe<br />

financière accordée à ma commune en 2011 s'est<br />

fondue à 13 millions. Nous n'avons pas un personnel<br />

suffisamment outillé nous permettant de monter les dossiers<br />

comme l'exige les nouvelles procédures de passation<br />

des marchés " se lamente le maire de la commune<br />

de Oula. <strong>Le</strong> représentant régional de l'AMBF<br />

embouche la même trompette " <strong>Le</strong>s procédures de<br />

décaissements sont compliqués. Ils arrivent que des prestataires<br />

de service finissent leur travail pour attendre 3<br />

à4 mois et souvent au-delà avant de rentrer en possession<br />

de leur dû. Ce n'est pas un problème qui relève des<br />

compétences de la Coordination. Ce sont des dispositions<br />

prises au niveau national, mais qui n'arrangent pas du<br />

tout les communes rurales, moins nantie en ressources<br />

humaines. J'invite le PNG2 et les maires à mener le<br />

plaidoyer ensemble pour l'allègement des nouvelles procédures<br />

gage, d'une meilleure exploitation des ressources<br />

alloués aux communes ". Fort de son titre de représentant<br />

de l'AMBF, il plaide au nom de ses<br />

camarades pour l'augmentation des contributions<br />

apportées par le PNGT2 aux communes<br />

" quand on voit la masse critique de 50 millions, on<br />

pense que c'est énorme. Mais quand on veut la repartir<br />

pour des investissements dans 35 villages, on se rend<br />

compte que la marge de manœuvre est très limitée. Il<br />

faut se tourner les pouces pour faire des choix. Mon<br />

souhait est que le PNGT2 puisse revoir à la hausse son<br />

financement pour un meilleur ancrage de la communalisation<br />

intégrale "<br />

Jules Zongo<br />

<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> - du 16 Juillet au 16 Août1- N°15<br />

RENTREE SCOLAIRE 2011-2012<br />

Lycée Moderne de l’Amitié<br />

L 'Association NEEED à le plaisir d'informer les élèves<br />

et les parents d'élèves qu'au vu<br />

des succès enregistrés et en partenariat avec l'Institut<br />

Stern Stewart d'Allemagne, elle<br />

offre pour cette année scolaire 2011-2012, 850 bourses<br />

d'études aux élèves<br />

régulièrement inscrits au Lycée Moderne de l'Amitié.<br />

Chaque bourse permettra d'offrir gratuitement à chaque<br />

élève de la 6ème à la terminale<br />

A et D régulièrement inscrit au Lycée Moderne de<br />

l'Amitié :<br />

*Un repas quotidien à la cantine (pour toute l'année)<br />

* Une tenue scolaire<br />

* Un kit scolaire<br />

* <strong>Le</strong>s petits soins à l'infirmerie<br />

* Un t-shirt pour les activités sportives<br />

- Chaque élève devra cependant payer le complément<br />

des frais de scolarité et de<br />

gestion définis en fonction du niveau d'études.<br />

- Une attention particulière est accordée à l'inscription<br />

des filles<br />

- <strong>Le</strong>s anciens élèves devront obligatoirement procéder<br />

à leur réinscription avant le<br />

samedi 10 septembre. Passé ce délai il sera procédé<br />

à leur remplacement.<br />

- <strong>Le</strong> Lycée Moderne de l'Amitié est un établissement<br />

conventionné et donc autorisé<br />

à recevoir les élèves admis à l'entrée en 6ème<br />

- L'accueil et l'installation des élèves est prévu du14<br />

au 16 septembre 2011<br />

<strong>Le</strong> début des cours est fixé au lundi 19 septembre à 7<br />

heures pour toutes les<br />

classes, de la 6ème à la terminale A et D<br />

<strong>Le</strong> début des cours est fixé le lundi 19 Septembre à<br />

7h 00 pour toutes les classes de la 6 eme à la terminale<br />

A et D<br />

- <strong>Le</strong>s nouvelles demandes de place seront reçues<br />

jusqu'au mardi 30 août à la<br />

direction du Lycée à Tougzagué, tous les jours ouvrables<br />

de 8 h à 12 h. Toute<br />

demande devra être obligatoirement accompagnée<br />

d'une somme de 500 f, non<br />

remboursable.<br />

Pour tout renseignement complémentaire veuillez vous<br />

adresser à la direction du Lycée Moderne de l'Amitié à<br />

Tougzagué, ou appeler au 40 55 20 25 ou 70 31 60 57<br />

Ensemble pour un monde meilleur !<br />

CEB de Ouindigui<br />

Une journée pour magnifier<br />

le sport et la culture<br />

La circonscription de l'éducation de base (CEB) de la commune<br />

rurale de Ouindigui était en fête le jeudi 14 avril 2011. La raison,<br />

elle a organisé la journée de sport et de la culture de l'écolier. Cette<br />

première édition était placée sous le parrainage du maire de ladite<br />

commune représenté par son premier adjoint Issouf T. Sawadogo.<br />

Football, athlétisme, récitals, danses traditionnelles et modernes,<br />

play back ont constitué le menu de cette première édition de la<br />

journée de sport et de la culture de l'écolier. Organisée par la circonscription<br />

de l'éducation de base (CEB) de la commune rurale<br />

de Ouindiguiu, cette activité a connu la participation de toutes les<br />

écoles de son ressort. A entendre le chef de la circonscription,<br />

Hamidou R Sawadogo, cette journée se veut un cadre de communion<br />

sportive et artistique entre les acteurs de l'éducation. " Elle<br />

constitue une pierre angulaire par excellence pour l'éducation car<br />

le sport et la culture sont des moyens d'éclosion des capacités physiques,<br />

intellectuelles et sociales de l'enfant " a- t- il indiqué. Au<br />

cours de cette journée, les adeptes des différentes disciplines ont<br />

fait valoir leur compétence. . La population qui était au rendez de<br />

cette première journée à satisfait sa curiosité, particulièrement à la<br />

finale du football dans l'après midi du jeudi 14 avril 2011 qui a<br />

opposé l'équipe de l'école de Robolo à celle de Ouidingui " B ". À<br />

la fin du temps règlementaire, aucune équipe n'a pu faire trembler<br />

les filets de l'autre. L'école de Robolo plus réaliste au cours des tirs<br />

aux buts a vaincu son adversaire par un score de 4 buts à 2. Elle<br />

remporte ainsi, le trophée, un jeu de maillots, un ballon, des kits<br />

scolaires et la somme de 12 000 F CFA. Ouindigui " B " s'est<br />

contentée d'un jeu de maillots, d'un ballon, des kits scolaires et la<br />

somme de 7000 F. Quant aux écoles de Dougouri et Ouindigui A,<br />

classées respectivement 3e et 4e, elles ont reçu également des<br />

dons en natures en espèces. <strong>Le</strong>s élèves qui se sont illustrés dans les<br />

autres disciplines ont été aussi primés. <strong>Le</strong>s organisateurs promettent<br />

de rééditer cette journée en vue de la rendre pérenne.<br />

Daniel Kafando


2 DÉCENTRALISATION & GOUVERNANCE LOCALE<br />

Edito<br />

CRISE AU BURKINA FASO<br />

La république va-t-elle se relever après avoir<br />

trébuché ?<br />

Depuis le 21 Février 2011, le Burkina Faso est<br />

entré dans un cycle de manifestations orchestrées<br />

par plusieurs catégories socioprofessionnelles :<br />

Elèves, étudiants, militaires, magistrats commerçants,<br />

cotonculteurs et enseignants .<br />

En 3 mois de tiraillement, le puissant régime de<br />

Blaise COMPAORE a basculé.<br />

<strong>Le</strong>s dégâts collatéraux, humains, infrastructurels et<br />

matériels sont incommensurables. L'autorité de l'Etat<br />

a été mise à rude épreuve. La république a trébuché<br />

avec à la clé le retrait du président de sa tour cossue<br />

de Kossyan pour Ziniaré, son fief natal. Malgré la<br />

stabilité et la paix dont se prévalait le parti majoritaire<br />

et ses thuriféraires pour narguer ceux qui revendiquaient<br />

plus de bonne gouvernance, les institutions<br />

en place n'ont pas pu ou su apporter les mécanismes<br />

nécessaires à l'encadrement des revendications et à<br />

l'exercice des aspirations les plus profondes et les<br />

plus visibles des populations dans un cadre légaliste<br />

et républicain.<br />

Pouvait -il en être autrement ? Clientélisme,<br />

gabegie et favoritisme sont devenus les modes de<br />

gouvernance dans cette contrée jadis réputée pour<br />

son intégrité. <strong>Le</strong> débat d'idées a été complètement<br />

dévoyé. Toute contestation de la version officielle<br />

était perçue comme un acte de rébellion, donc sujet à<br />

répression et représailles. Malgré une presse plurielle,<br />

la liberté d'expression n'est pas encore la chose la<br />

mieux partagée au Faso, le contrôle et la rétention de<br />

l'information étant un sport favori de nos responsables.<br />

Parallèlement, la pauvreté ne recule pas et de<br />

plus en plus les burkinabés éprouvent d'énormes difficultés<br />

à se nourrir, se soigner et honorer les frais de<br />

scolarité de leurs rejetons.<br />

Dans ce tableau si sombre, seul les dignitaires de la<br />

4ème république pouvaient encore croire en un<br />

"Burkina émergent". A la limite de la myopie politicosociale,<br />

les dirigeants n'ont pu prévoir le scénario du<br />

dernier trimestre.<br />

<strong>Le</strong>s récents événements apportent un démenti cinglant<br />

à tous ceux qui, par intérêt ou par puritanisme<br />

politique, pensaient s'approprier de façon impunie la<br />

république et ses ressources.<br />

<strong>Le</strong> gouvernement de crise sera-t-il enfin la<br />

panacée à un Burkina Faso en proie à une crise de<br />

confiance et de gouvernance ? Car, c'est bien de cela<br />

qu'il s'agit. <strong>Le</strong>s burkinabés ne croient plus en leurs<br />

gouvernants. La série des grèves, de sit-in et bien<br />

d'autres mouvements subséquents aux revendications<br />

sociales et professionnelles en disent long sur<br />

l'état d'esprit du citoyen. <strong>Le</strong>s dernières mesures gouvernementales,<br />

même si elles sont dans la bonne<br />

direction, paraissent insuffisantes au regard du fardeau<br />

qui pèse sur le burkinabé moyen. Au plan admi-<br />

Récépissé N° 210/156/CAO/TGI-OHG<br />

Directeur de Publication<br />

Jules Zongo<br />

Rédacteur en chef<br />

Pêgd-Windé Ouédraogo<br />

Contact : 70 10 09 99 / 78 90 11 30<br />

E-mail: lenord2010@yahoo.fr<br />

nistratif, la valse des DG au long règne devrait se<br />

poursuivre. L'apurement de tous les avancements des<br />

agents publics doit être une réalité conformément au<br />

délai indiqué par le gouvernement (septembre 2011).<br />

<strong>Le</strong> document consensuel sur le nouveau système<br />

d'évaluation ne devrait souffrir d'aucune négligence.<br />

Au plan de la gouvernance économique,<br />

tous les crimes économiques devraient être jugés.<br />

L'inspection générale des services, la cour des comptes,<br />

l'ASCE regroupent suffisamment de rapports<br />

permettant de nettoyer la bergerie. <strong>Le</strong>s monopoles<br />

tacites doivent prendre fin et les marchés publics<br />

seront attribués aux entreprises les plus méritantes.<br />

Ce qui suppose la fin du gré à gré, véritable preuve de<br />

la collision entre acteurs économiques et politiques.<br />

<strong>Le</strong>s sociétés prête- noms devront être dénichées et<br />

combattues.<br />

Au plan politique, le gouvernement a fait fi des critiques<br />

de certaines organisations de la société civile et<br />

des partis d'opposition répondant du Chef de file de<br />

l'opposition pour procéder à l'installation du Conseil<br />

consultatif pour les reformes politiques(CCRP). A<br />

vrai dire, il n'y a rien de nouveau dans les travaux<br />

déposés par la dite structure. <strong>Le</strong> peuple burkinabè est<br />

coutumier de constater que quand il y a des remous,<br />

les dirigeants de la IVème république se plaisent à<br />

organiser ce genre de foire, juste pour se faire bonne<br />

conscience. Ils se moquent éperdument de la mise en<br />

œuvre des conclusions auxquelles ces travaux aboutissent.<br />

Qu'à -t- on fait des recommandations du collège<br />

des sages et du MAEP ? Cette-fois ci, nous<br />

allons souffrir de supporter la prolongation de la<br />

comédie à cause de cette histoire de restituer les travaux<br />

du Conseil dans les régions, pour après tenir des<br />

assises nationales. La préoccupation, majeure des<br />

burkinabè pour l'heure, c'est l'alternance au pouvoir.<br />

<strong>Le</strong>s membres du CCRP ont botté en touche à ce<br />

sujet. C'est pourquoi ceux qui pensent que leurs propositions,<br />

même s'elles sont adoptées ne résoudront<br />

en rien la crise politique que traverse notre pays. La<br />

seule solution, que le Chef de l'Etat, annonce clairement<br />

la fin de son règne au terme de son mandat<br />

en 2015.<br />

La Rédaction<br />

Permettre aux élus locaux et aux acteurs de la<br />

société civile de partager leurs savoirs et savoir<br />

faire en matière de dialogue public, c'est l'objectif<br />

de la formation organisée par le Laboratoire<br />

citoyenneté les 25, 26,27 mai 2011 dans la salle<br />

des CITES à Gourcy. Convaincu que le processus<br />

de décentralisation actuellement en cours<br />

impose de nouveaux modes de penser et d'agir<br />

des décideurs et des citoyens, le Laboratoire<br />

citoyennetés à travers son programme " Action<br />

publique et citoyennetés " accorde un intérêt particulier<br />

au dialogue décideurs-citoyens. Ce dialogue<br />

selon cette structure est une exigence pour une<br />

meilleure mise en œuvre de la décentralisation<br />

pour les personnes impliquées dans ce processus.<br />

<strong>Le</strong>s modules de la formation ont été bâtis<br />

autour des points suivants à savoir : l'info-communication<br />

dans les processus de gouvernance<br />

et de construction des citoyennetés, la conduite<br />

d'un processus de plaidoyer sur des enjeux de<br />

gouvernance et de citoyennetés, l'élaboration<br />

d'un plan communal de développement et l'in-<br />

" <strong>Le</strong>s travaux se déroulent normalement sur les<br />

chantiers " c'est le constat fait à chaque étape de la<br />

mission. <strong>Le</strong>s ouvrages en réhabilitation sont déjà<br />

presque fonctionnels. " Sur chacun des chantiers, le<br />

soufflage, le contrôle du débit de l'eau et la pose de<br />

la pompe ont déjà été effectués " a indiqué, Jean<br />

Innocent Rouamba, chargé du contrôle<br />

technique des adductions. Il ne reste plus<br />

selon ce dernier que quelques réglages à<br />

faire. Et enfin, ces points d'eaux, désertés<br />

par les personnes et les bêtes depuis belle<br />

lurette, seront de nouveau fréquentés. Mais<br />

en attendant, comme pour montrer leur<br />

empressement à se les approprier de nouveau,<br />

certains ne semblent pas vouloir<br />

attendre la fin des travaux pour se ruer sur<br />

les pédales, faisant couler à l'envie le liquide<br />

précieux dans leurs récipients.<br />

La mission séance tenante a conseillé à un<br />

peu plus de retenue car, comme l'a souligné<br />

le représentant de la CISV, Sayouba<br />

Ouédraogo, d'ici quelques semaines, les<br />

ouvrages seront remis aux bénéficiaires.<br />

Des propos confortés par M. Rouamba<br />

qui a précisé que dans trois semaines au<br />

plus, les pompes seront fonctionnelles.<br />

<strong>Le</strong> ''Projet eau'' en exécution dans la commune<br />

de Ouahigouya a pour ambition de<br />

favoriser l'accès à l'eau potable aux popula-<br />

<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> - du 16 Juillet au 15 Août- N°15<br />

Réhabilitation de pompes à eau à Ouahigouya<br />

Trois adductions bientôt fonctionnelles<br />

Dans le cadre de l'exécution du ''Projet eau'' de la commune de Ouahigouya,<br />

trois pompes à eau sont en cours de réhabilitation dans les villages de Soubo,<br />

Issigui et Toéssin, sur financement du COCOPA/ Italie. Une mission organisée<br />

par la CISV, représentant cette coordination à Ouahigouya était sur le terrain pour<br />

constater de visu l'état d'avancement des travaux. C'était le mercredi 1er juin 2011.<br />

<strong>Le</strong> représentant de l’ONG CISV, SAYOUBA OUEDRAOGO<br />

essayant une pompe<br />

Plaidoyer et outils d'aide à la décision<br />

Acteurs de la société civile et élus locaux s'y imprègnent<br />

troduction à la démarche de qualité dans le service<br />

public local pour l'essentiel. À ces points<br />

viennent se greffer les sens des notions telles<br />

que le plaidoyer, l'interpellation, le lobbying et<br />

l'influence que le facilitateur Armand Kaboré,<br />

chargé de mission au Laboratoire citoyennetés<br />

par la méthode participative<br />

a explicités aux<br />

participants. Ce qui a<br />

suscité des débats très<br />

enrichis. En somme,<br />

les bénéficiaires sont<br />

repartis, heureux de<br />

voir leur champ de<br />

connaissance s'élargir<br />

à l'issue de cette formation.<br />

En guise de<br />

feed-back, ils promettent<br />

d'utiliser les<br />

connaissances acquises<br />

à bon escient pour<br />

accompagner le pro-<br />

tions. En plus du COCOPA, ce projet est<br />

soutenu par la Coopération décentralisée<br />

avec Chambéry (France) et la commune de<br />

Ouahigouya. C'est à travers le programme<br />

'Ne yibeogo'' que les amis italiens soutiennent<br />

ce projet.<br />

Présents aux côtés de la commune de<br />

Ouahigouya depuis longtemps, le<br />

COCOPA a à son effectif plusieurs réalisations<br />

socioculturelles. " <strong>Le</strong> bâtiment abritant<br />

les classes de CE2, du CM1, du CM2, le magasin<br />

et le bureau de la directrice pourrait succomber<br />

sous le poids des grands vents s'il n'est pas réfectionné<br />

dans de meilleurs délais " avaient fait<br />

savoir les élèves de l'école du village de<br />

Toessin à une délégation italienne venue<br />

pour l'inauguration d'un nouveau bâtiment<br />

de cette école en février dernier. <strong>Le</strong>ur<br />

doléance n'est pas tombé dans l'oreille d'un<br />

sourd. Retournés chez eux, les italiens ont<br />

dégagé des fonds pour permettre la réhabilitation<br />

du bâtiment dégradé. L'annonce de<br />

la nouvelle par le représentant de la coordination<br />

Sayouba Ouédraogo le 1er Juillet<br />

2011 a été fortement applaudie par les<br />

bénéficiaires.<br />

P.W.O<br />

<strong>Le</strong> Laboratoire citoyennetés, a organisé les 25, 26, 27 mai 2011 dans la salle des CITES à Gourcy, une formation sur le Plaidoyer et outils d'aide<br />

à la décision. Cette formation a concerné les acteurs de la société civile et les élus locaux.<br />

cessus de décentralisation. En rappel, les participants<br />

sont venus de (Ouahigouya, Koudougou,<br />

Fada N'Gourma, Réo et Boromo) , des villes où<br />

le Laboratoire Citoyennetés intervient au<br />

Burkina .<br />

BHO<br />

Photo de famille à la fin de la formation


4 DÉCENTRALISATION & GOUVERNANCE LOCALE<br />

Bonne gouvernance locale et développement<br />

Pour une société civile dynamique.<br />

Une cinquantaine de personnes issues d'organisations de la société civile (OSC) au Yatenga ont participé<br />

du 19 au 21 avril 2011 à un atelier d'échanges sur la bonne gouvernance et le développement.<br />

L'objectif de cet atelier organisé par le Mécanisme africain d'évaluation par les pairs(MAEP) avec<br />

l'appui de la Fondation Hanns Seidel, est d'éclairer les acteurs de la société civile au Yatenga sur<br />

la place qu'ils doivent occuper et le rôle qu'ils peuvent jouer dans la promotion de la bonne gouvernance.<br />

Dans l'entretien qui suit le Secrétaire permanent du MAEP, Jean-Baptiste Natama apprécie<br />

l'action de la société civile dans la promotion de la bonne gouvernance, la crise que traverse notre<br />

pays. <strong>Le</strong> coordonnateur de la Fondation Hanns Seidel Pascal Thombiano, lui présente sa structure<br />

et ses domaines d'intervention.<br />

Que vise le MAEP en<br />

organisant une formation<br />

sur la bonne gouvernance<br />

et le développement<br />

au profit des<br />

organisations de la<br />

société civile de la<br />

région du <strong>Nord</strong> ?<br />

<strong>Le</strong> déficit de la bonne<br />

gouvernance ralentit les<br />

efforts que les uns et les<br />

autres déploient pour son propre épanouissement<br />

et le développement du pays. En clair, l'objectif visé<br />

par le MAEP est d'amener la société civile à jouer<br />

sa partition dans la construction d'une société paisible<br />

et stable. Cela implique la mise en place de<br />

mécanismes pour assurer le respect des droits de<br />

l'homme, la séparation des pouvoirs, l'efficacité et<br />

l'équité dans la délivrance du service publique.<br />

Qu'est-ce qui caractérise la bonne gouvernance<br />

?<br />

Succinctement, je dirai que la bonne gouvernance<br />

pourrait se définir comme l'ensemble des mesures<br />

mises en œuvre pour assurer et optimiser la gestion<br />

des affaires publiques sur le plan économique, politique,<br />

social et administratif. Elle se fonde sur la<br />

participation des citoyens aux prises de décision, et<br />

leur implication pour une gestion transparente, efficace,<br />

efficiente et d'équité des affaires de la cité<br />

Comment appréciez -vous les actions des<br />

OSC de la société civile de nos jours ?<br />

Disons que la société civile elle-même est confrontée<br />

à des déficits de bonne gouvernance. Elle a<br />

besoin d'être mieux structurée, mieux formée avec<br />

à sa tête des dirigeants consciencieux et engagés.<br />

Sur le terrain, le MAEP conduit des activités de<br />

sensibilisation ,d'information et de formations à<br />

travers des conférences et des ateliers pour permettre<br />

aux différentes couches sociales de s'approprier<br />

les enjeux et les avantages liés à la bonne gouvernance.<br />

D'autres organisations travaillent également<br />

pour donner plus de dynamisme aux actions de la<br />

société civile. L'idéal c'est de parvenir à une union<br />

des forces, à une synergie d'actions. <strong>Le</strong> travail de la<br />

promotion de la bonne gouvernance exige l'émergence<br />

d'une attitude, d'un nouveau comportement.<br />

<strong>Le</strong>s actions individuelles conduites par telle ou telle<br />

structure ne sont pas à négliger, mais c'est quand les<br />

actions seront vraiment élargies et étendues de<br />

façon verticale et horizontale que les populations<br />

vont pouvoir elles-mêmes adopter les valeurs qui<br />

sont celles de la bonne gouvernance. Pour relever<br />

le déficit de la bonne gouvernance, il faut des<br />

citoyens actifs et non des sujets passifs qui subissent<br />

des modes de gouvernances conduites en solitaire<br />

par les décideurs.<br />

Quelle lecture faites-vous de la crise qui secoue<br />

le Burkina Faso depuis le mois de février 2011 ?<br />

<strong>Le</strong> déficit du dialogue social a favorisé l'exacerbation<br />

de cette crise. Je pense que le Chef de l'Etat et<br />

son nouveau gouvernement ont rapidement pris la<br />

mesure de la situation. Il y a d'abord les rencontres<br />

organisées par le Chef de l'Etat pour recueillir les<br />

préoccupations des citoyens et ensuite celles tenues<br />

par les membres du gouvernement. C'est ce que le<br />

MAEP avait perçu à travers son rapport en soulignant<br />

que les cadres de dialogue devraient être<br />

renforcés. La réaction du gouvernement dans la<br />

mise en œuvre de cette recommandation a été un<br />

peu lente et la cocotte minute à fini par sauter.<br />

Maintenant que le gouvernement a compris la<br />

nécessité de ce dialogue là, il faut qu'il travaille à le<br />

pérenniser en créant des cadres. Tout le monde doit<br />

se sentir concerné par la vie de la cité. Pour la<br />

conduite des affaires de la cité, il est difficile de parvenir<br />

à l'unanimité dans les choix, mais on peut<br />

parvenir au consensus. Ce consensus là, ne peut<br />

être obtenu qu'à travers le dialogue<br />

Pascal Thombiano, coordonnateur de la<br />

Fondation Hanns<br />

Seidel pour le Burkina.<br />

Pouvez-vous nous présenter<br />

la fondation<br />

dont vous assurez la<br />

coordination au<br />

Burkina Faso ?<br />

La fondation Hanns<br />

Seidel est une ONG allemande<br />

qui est arrimée a<br />

un parti politique et qui tire principalement ses ressources<br />

du Budget allemand. Cette fondation est<br />

née après la deuxième guerre mondiale précisément<br />

dans les années 1960. A l'époque les alliés ont<br />

vu la nécessité pour le peuple Allemand de promouvoir<br />

le civisme au sein de leurs communautés.<br />

C'est dans ce sens que des fonds ont été dégagés<br />

pour susciter la naissance des fondations pour que<br />

chaque parti politique allemand puisse promouvoir<br />

le civisme. L'expérience a été très concluante et les<br />

allemands ont décidé de la partager avec d'autres<br />

pays à travers le monde. De nos jours la Fondation<br />

Hanns Seidel est présente dans 70 pays issus de plusieurs<br />

continents. Pour ce qui concerne l'Afrique de<br />

l'Ouest, le siège de la Fondation est à Accra avec<br />

une représentation au Burkina dont je suis le<br />

Coordonnateur. Au Burkina, la Fondation travaille<br />

avec trois partenaires. Il s'agit du Mécanisme<br />

Africain d'évaluation par les pairs (le MAEP) qui a<br />

pour domaine d'action la promotion de la bonne<br />

gouvernance, le Réseau d'initiative des journalistes<br />

(RIJ) qui œuvre pour l'ancrage d'un journalisme<br />

professionnel et de développement. Notre troisième<br />

partenaire est la commune de Yako avec<br />

laquelle, nous mettons en exécution un projet pilote<br />

sur le civisme fiscal. J'insiste pour dire que les résultats<br />

de ce projet -pilote avec la commune de Yako,<br />

nous donnent des satisfactions. De nos jours, les<br />

citoyens de Yako ont compris la nécessité pour eux<br />

de payer les taxes parce qu'ils savent à quoi elles<br />

sont destinées. Si vous jetez un coup d'œil sur les<br />

statistiques du taux de recouvrement à Yako, les<br />

indicateurs sont en hausse.<br />

Concrètement, quels types d'accompagnements<br />

vous accordez à ces trois partenaires ?<br />

Notre accompagnement est technique et financier.<br />

En début d'année, chaque partenaire élabore un<br />

programme d'activités annuel et nous leur apportons<br />

les fonds nécessaires pour la mise en œuvre.<br />

Nous les assistons aussi techniquement pour permettre<br />

une meilleure exécution du programme d'activités.<br />

Avez-vous en projet de soutenir d'autres structures<br />

?<br />

Nous réfléchissons sur les conditions d'élargissement<br />

du nombre des partenaires. Nous avons<br />

entrepris des démarches avec certains ministères<br />

notamment le ministère de la Fonction publique, la<br />

Justice et l'Administration territoriale avec lesquels<br />

nous envisageons travailler toujours avec une forte<br />

implication de la société civile comme actrice d'exécution<br />

et de promotion des activités sur le terrain<br />

Propos recueillis par Jules Zongo.<br />

l<br />

E n<br />

<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> - du 16 Juillet au 16 Août1- N°15<br />

Coopérations décentralisées France-Burkina Faso<br />

La coopération Chambéry-Ouahigouya citée comme exemple<br />

La célébration du 20ème anniversaire de la Coopération décentralisée Chambéry-Ouahigouya a<br />

été marquée par la tenue les 24, 25 juin 2011 du forum des coopérations décentralisées engagées<br />

entre la France et le Burkina Faso. Plusieurs communes françaises et burkinabés ont pris part<br />

aux échanges.<br />

nombre de partenariat<br />

avec les villes<br />

françaises, le Burkina<br />

Faso avec 180 partenariats<br />

occupe la tête de<br />

peloton dans le pôle<br />

Afrique Subsaharienne<br />

regroupant 8 " groupes<br />

pays " : le Benin, le<br />

Burkina Faso, le Mali, la<br />

Mauritanie, le Niger, le<br />

Sénégal, le Togo et<br />

Madagascar. A entendre<br />

Nicolas Vernon, le président<br />

de l'association<br />

Chambéry-Ouahigouya<br />

le ministre délégué chargé des collectivités territoriales<br />

du Burkina, Toussaint Abel Coulibaly, la<br />

mobilisation financière à travers les différentes coopérations<br />

avec son pays se chiffre à 108 milliards de<br />

francs CFA entre 2007 et 2009. Pour le représentant<br />

des Cités Unies France Stéphane Valli, la coopération<br />

entre Chambéry et Ouahigouya est un partenariat<br />

particulier dans le groupe pays et même au<br />

sein de l'association Cités Unies France. " C'est un<br />

partenariat mythique, une référence pour nombre de coopération,<br />

un exemple pour ceux qui souhaitent s'engager sur la<br />

voie de la coopération décentralisée " a-t-il témoigné. Nicolas<br />

Vernon, le président de l'association Chambéry-<br />

Ouahigouya, dévoile le secret de la réussite de cette coopération<br />

" Ne pas faire de l'humanitaire mais coopérer sur des<br />

projets autour desquels se retrouvent les populations des deux<br />

territoires ". En plus de l'appui accordé aux différents<br />

services de la mairie, de nombreuses structures<br />

bénéficient des retombées de cette coopération. Il y<br />

a la coopération hospitalière entre le Centre hospitalier<br />

régional de Ouahigouya et celui de Chambéry,<br />

marquée par des missions chirurgicales et des<br />

échanges entre médecins, pharmaciens, laborantins,<br />

élèves infirmiers et infirmières, personnel administratif.<br />

Dans le milieu associatif, l'association Etre<br />

comme les autres ECLA a été l'un des premiers<br />

acteurs de cette coopération, avec le projet " vélos<br />

pour Ouahigouya ". Plus de 6000 vélos collectés à<br />

Chambéry ont été envoyés à Ouahigouya et revendus<br />

à un prix social. ECLA a également conduit un<br />

projet d'épargne et de crédit. <strong>Le</strong> partenariat avec<br />

l'association Appui moral, matériel et intellectuel à<br />

l'enfant AMMIE s'est soldé par la mise en place<br />

d'une librairie papeterie communautaire et d'un<br />

Centre d'information, de prévention et de prise en<br />

charge du VIH/SIDA. L'association des femmes<br />

burkinabés de Ouahigouya(AFBO) a conduit le<br />

projet de lutte contre la malnutrition et la revue "<br />

Regard de femmes " coécrite par des femmes du Sud et<br />

du <strong>Nord</strong>. Quant à l'association pour le soutien des<br />

enfants déshérités, elle est bénéficiaire d'un appui<br />

pour la prise en charge des enfants déshérités et<br />

pour la construction d'un centre d'accueil. D'autres<br />

L'adjoint au maire de la commune de Ouahigouya<br />

Amidou Ouédraogo et le responsable de l'équipe<br />

technique de la coopération Chambéry -Ouahigouya<br />

Issaka Sawadogo sont revenus de Chambéry avec de<br />

bonnes nouvelles. Il s'agit de cinq(5) conventions<br />

signées, sur la base du programme 2011-2012.<br />

Nous vous proposons l'intitulé. " Conformément au protocole<br />

de coopération pluriannuel qui prévoit " l'élaboration des<br />

conventions techniques opérationnelles régissant les modalités de<br />

fonctionnement et d'organisation de toutes les actions engagées dans<br />

le cadre de la coopération et sur la base du programme 2011-<br />

2012, les conventions sont élaborées et signées par les différentes<br />

parties prenantes. "<br />

1 Convention sur le " renforcement des capacités du Conseil<br />

municipal de la commune de Ouahigouya " entre la Mairie de<br />

Ouahigouya , la ville de Chambéry et l'association<br />

Chambéry Ouahigouya,<br />

2 .convention sur le renforcement de la coordination<br />

générale et des directions de la mairie de Ouahigouya "<br />

entre la mairie de Ouahigouya, la ville de Chambéry et<br />

associations comme AVM, AEFAC, conduisent des<br />

activités soutenues par cette coopération. Celle-ci<br />

se ressource surtout à travers le festival lafi bala<br />

organisé chaque deux ans à Chambéry, alliant festivités,<br />

intérêts économiques et mobilisation<br />

citoyenne. <strong>Le</strong> président de l'association Chambéry-<br />

Ouahigouya, Nicolas Vernon précisera qu'au sortir<br />

de l'édition 2009 du festival Lafi Bala, les artistes<br />

burkinabés ont engrangé une somme d'environ 39<br />

millions de Francs CFA. L'un des projets phares en<br />

cours actuellement et qui fait beaucoup plus d'attention<br />

est celui de l'accès à l'eau potable devant<br />

rapprocher le liquide précieux à 25000 personnes<br />

des 37 villages rattachés à la ville de Ouahigouya.<br />

Sans tomber dans l'autosatisfaction, le maire de la<br />

<strong>Le</strong> Maire de Chambery à côté du ministre<br />

Toussaint Abel COULIBALY<br />

ville de Chambéry, Bernadette Laclais, relève qu'il y<br />

a toujours des efforts à faire. " Il faut que nous sachions<br />

nous adapter à la nouvelle situation. En vingt ans, beaucoup<br />

de choses ont changé. Quand nous avons démarré notre coopération,<br />

nous pensions que notre système économique était<br />

solide. Nous sous- estimions aussi le problème de changement<br />

climatique. Aujourd'hui, c'est aussi au Sud que les conséquences<br />

sont les plus catastrophiques. <strong>Le</strong> message que nous<br />

devons faire passer est que la solidarité avec le Sud est une<br />

exigence " se convainc, le maire de la ville de<br />

Chambéry. Et Véronique Moreira Vice-présidente<br />

Région Rhône Alpes, déléguée aux solidarités internationales<br />

de renchérir " près de un milliard d'êtres<br />

humains ne mangent pas à leur faim, le plus souvent des femmes.<br />

Près de deux milliards de personnes vivent dans l'extrême<br />

pauvreté et subissent la privation de leurs droits. La<br />

coopération décentralisée n'a pas de sens si la volonté politique<br />

internationale ne s'exerce pas à la mesure des catastrophes<br />

éthiques et écologiques en cours et à venir " avant de<br />

plaider pour l'émergence d'une " Citoyenneté monde,<br />

dans une société monde ". Pour faire face à ces défis,<br />

les participants ont orienté les débats sur la valorisation<br />

de la coopération décentralisée et son intérêt<br />

local, la culture comme facteur de développement,<br />

l'appui à la maîtrise d'ouvrage, la coopération au<br />

service de la mobilisation du territoire et des<br />

citoyens, la mutualisation des actions.<br />

BHO<br />

Cinq nouvelles conventions signées.<br />

l'association Chambéry -Ouahigouya.<br />

3. convention sur " l'appui à la mise en œuvre de projets de<br />

services " entre la mairie de Ouahigouya, la ville de<br />

Chambéry et l'association Chambéry Ouahigouya.<br />

4. convention sur " l'appui à la mise en œuvre de la politique<br />

culturelle de la commune de Ouahigouya " entre la mairie de<br />

Ouahigouya, la ville de Chambéry et l'association<br />

Chambéry-Ouahigouya.<br />

5 Convention sur la mise en œuvre du PCD/AEPA de<br />

la commune de Ouahigouya.<br />

3. Conventions de financement entre la mairie de<br />

Ouahigouya et chacune des associations dont le projet a<br />

été retenu suite à l'appel à projet<br />

4. Convention sur " l'appui aux initiatives dans le secteur économique<br />

" entre la mairie de Ouahigouya , la ville de<br />

Chambéry et l'association Chambéry-Ouahigouya.<br />

5. conventions de financement entre la mairie de<br />

Ouahigouya et chacun des porteurs de projets économiques.


<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> - du 16 Juillet au 16 Août1- N°15<br />

POLITIQUE<br />

RAOGO ANTOINE SAWADOGO (Président du Laboratoire Citoyennetés)<br />

" La crise actuelle est une opportunité historique de fortifier les institutions républicaines "<br />

Depuis quelques mois, le Burkina Faso traverse une crise sans précédent dans son histoire. Partie des manifestations de scolaires suite à la mort suspecte d'un des leurs en février dernier à<br />

Koudougou, cette crise a été amplifiée par des mutineries dans l'armée. Quelle lecture peut-on faire de cette crise sociopolitique et comment en est-on arrivé là ? N'est-ce pas la résultante de l'usure<br />

du pouvoir avec le long règne du Président Blaise Compaoré ? Quelles réformes profondes faut-il envisager pour sortir de la crise et selon quelles modalités de mise en œuvre ? Ce sont autant de<br />

questions que nous avons posées à Raogo Antoine Sawadogo, Président du Laboratoire Citoyennetés, ancien ministre de l’administration territoriale, président de la commission nationale de la décentralisation<br />

pendant une dizaine d’années. Dans cet entretien qu'il a bien voulu nous accorder, il répond sans détour à nos questions et fait des propositions de solutions de sortie de crise.<br />

<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> (N) : Quelle est votre lecture de la<br />

crise qui secoue le Burkina Faso, ces derniers<br />

mois ?<br />

RAS : Tout le monde convient que le décès de<br />

l'élève Justin Zongo dans des circonstances<br />

troubles a été le détonateur de la crise. Il y a eu<br />

une mauvaise communication qui laissait<br />

croire qu'on voulait cacher quelque chose<br />

autour de la mort de l'élève. La jeunesse,<br />

notamment les élèves de la ville de Koudougou<br />

sont sortis pour contester les premières déclarations<br />

des autorités. La réaction des autorités<br />

et des forces de sécurité pour restaurer l'ordre<br />

public a provoqué d'autres pertes en vies<br />

humaines. <strong>Le</strong>s différentes parties étaient sur<br />

leurs nerfs. La non mise en place d'un cadre de<br />

concertation à temps a fait que d'autres villes à<br />

l'intérieur du pays ont été touchées par les<br />

manifestations en guise de solidarité.<br />

Encore Koudougou ? Serait- on tenté de se<br />

demander. Il faut signaler que Koudougou a<br />

connu des disparitions tragiques de ses fils. <strong>Le</strong>s<br />

explications données à ces disparitions n'ont<br />

pas répondu aux attentes de la population de<br />

cette ville. Après les évènements de 1987 où les<br />

populations ont été terrorisées par les tueries<br />

des militaires, il y a eu l'affaire Norbert Zongo<br />

qui s'est soldée par un " Non lieu " prononcé<br />

par la justice. Un " non lieu ", le citoyen<br />

lambda ne sait pas ce que cela veut dire. Dans<br />

l'imaginaire populaire, " Non lieu " c'est<br />

comme s'il n'y a pas eu mort d'homme. Quand<br />

on connaît les circonstances tragiques de la disparition<br />

du journaliste Norbert Zongo, on<br />

convient que cette manière de boucler le dossier<br />

a créé de profondes frustrations. Ensuite, il<br />

y a une sorte d'opinion rampante à<br />

Koudougou, qui considère que depuis la disparition<br />

du Président Maurice Yaméogo, la ville a<br />

été délaissée. Cette opinion chante à qui veut<br />

l'entendre la fermeture de l'usine Faso Fani qui<br />

générait beaucoup d'emplois pour les bras valides,<br />

avait des retombées économiques certaines<br />

pour la région et faisait de la ville une plaque<br />

tournante d'activités socioculturelles.<br />

Une autre caractéristique de cette crise est que<br />

c'est la police qui est mise en cause.<br />

Conséquence, des commissariats de police dans<br />

plusieurs localités du pays ont été incendiés<br />

.Cette donne s'explique par le fait que c'est la<br />

police qui accueille les problèmes au quotidien<br />

des citoyens. La police est donc un dépotoir<br />

d'événements malheureux. Chaque fois que les<br />

gens vont à la police ce n'est pas pour résoudre<br />

un problème heureux. Certaines méthodes<br />

utilisées par la police dans la conduite de leurs<br />

enquêtes sont aux antipodes des dispositions<br />

républicaines. Quand un individu se lève le<br />

matin avec de nombreux problèmes sur le dos<br />

et on l'arrête à un feu de stop pour lui tendre<br />

une contravention, si on ne lui exige pas la moitié<br />

pour empocher, il part frustré en vous maudissant.<br />

Si quelqu'un est convoqué par la police<br />

à maintes reprises et en un laps de temps, et<br />

que par hasard, il meurt, cela crée des suspicions.<br />

On déduit qu'il est mort des suites de<br />

mauvais traitements. Du coup, l'institution policière<br />

est crainte et décriée. Il faut désormais<br />

une bonne communication pour polir l'image<br />

de la police. Au delà de la formation de base, il<br />

faut des stages de recyclage pour rappeler<br />

continuellement aux agents, le devoir d'exercer<br />

leur métier selon les principes des droits<br />

humains et des règles démocratiques.<br />

Une autre caractéristique de cette crise est que<br />

généralement les manifestations précédentes<br />

partaient de Ouagadougou. Mais cette fois-ci,<br />

elles ont démarré en périphérie notamment à<br />

Koudougou, Ouahigouya, Fada, avant de<br />

gagner Ouagadougou. Cela veut dire simplement<br />

que l'analyse selon laquelle, si on maîtrise<br />

Ouagadougou, on maîtrise l'ensemble du<br />

pays n'est plus vraie. En tant que militant de la<br />

décentralisation, je dirai que le Local est désormais<br />

conscient de sa force et il faut être à<br />

l'écoute de la périphérie, des régions, et des<br />

communes. Nous allons devoir rechercher<br />

d'autres types de lunettes pour relire nos dispositions,<br />

refaire nos calculs et s'occuper un peu<br />

plus de la périphérie. Nous sommes face à un<br />

village monde. N'importe quel coin du monde<br />

entier peut constituer l'épicentre d'un événement<br />

national et international. Je me répèterai<br />

pour dire que nous sommes face à une nouvelle<br />

situation, se traduisant par des manifestations<br />

violentes et orchestrées par des jeunes.<br />

Ces derniers nous donnent un message qu'il<br />

faut savoir décrypter, déconstruire pour comprendre<br />

pourquoi les manifestants ciblent certaines<br />

entités et des individus. Ce comportement<br />

s'explique en partie par l'échec de l'Etat<br />

de droit en construction au Burkina Faso.<br />

Chaque échelle du pouvoir, chaque institution<br />

n'a pas joué son rôle à temps.<br />

Elles n'ont pas été suffisamment accompagnées<br />

et encadrées pour pouvoir assurer leur<br />

mission de régulation de la société. <strong>Le</strong>s aspirations,<br />

les attentes d'amélioration des conditions<br />

de vie des peuples ainsi que leurs demandes en<br />

matière de gouvernance sont toujours en décalage<br />

avec les capacités des gouvernants à y<br />

répondre.<br />

Une autre leçon qu'on peut tirer est que les<br />

moyens traditionnels de manipulation de la<br />

population, de la jeunesse sont devenus inopérants.<br />

<strong>Le</strong>s tentatives d'empêcher les manifestations<br />

en corrompant les leaders d'opinions et<br />

les acteurs ont produit des effets contraires<br />

dans certaines localités. En affrontant les bâillons<br />

et en refusant la corruption, la jeunesse<br />

entend dicter sa vision de la moralisation de la<br />

vie publique, parce qu'elle pense que si on peut<br />

empêcher une manifestation par la corruption,<br />

cela sous entend que les pratiques de corruption<br />

sont de règle dans le fonctionnement des<br />

institutions publiques de l'Etat. La jeunesse a<br />

compris que la méritocratie, la transparence, la<br />

bonne gouvernance sécurisent tous les<br />

citoyens. Elle revendique les mêmes chances<br />

devant les offres de services publics, les<br />

concours, les marchés, la redistribution équitable<br />

des richesses.<br />

Pour me résumer, je dirai que la crise sociopolitique<br />

actuelle est caractérisée par une forte<br />

entrée en scène du Local et de la jeunesse et<br />

partant, le refus de la trop grande concentration<br />

du pouvoir, des ressources et des investissements<br />

dans la capitale, entre les mains d'une<br />

minorité de privilégiés. Elle est donc soutenue<br />

par une forte revendication d'une forme<br />

d'Etat.Un Etat qui transfère réellement le pouvoir,<br />

les ressources et les compétences vers les<br />

milieux de vie quotidienne des populations à<br />

savoir les villages, les secteurs, les communes et<br />

les régions.<br />

N : A la suite des élèves , il y a les militaires<br />

qui sont rentrés dans la danse pour protester<br />

avec armes aux poings contre une décision<br />

judiciaire prononcée à l'encontre de<br />

certains de leurs camarades et pour ensuite<br />

revendiquer de meilleurs conditions de vie<br />

. Une réaction tout de même surprenante<br />

pour un corps où la discipline est le maître<br />

mot.<br />

RAS : Cela montre également le mauvais<br />

fonctionnement de nos institutions. Beaucoup<br />

de choses ont été dites sur la justice au point<br />

qu'on ne lui accorde pas beaucoup de crédit.<br />

<strong>Le</strong>s gens ont le sentiment qu'il y a toujours des<br />

mains souterraines qui dictent les décisions<br />

judiciaires. <strong>Le</strong>s manifestants sont aussi habités<br />

par ce sentiment. Dans le passé, des forces de<br />

l'ordre ont posé des actes en violation de<br />

droits humains et n'ont pas été inquiétées.<br />

Donc les manifestants raisonnent par comparaison.<br />

Ils savent que les manipulations, la corruption,<br />

ont pignon sur rue sous leur propre<br />

toit. Cette décision judicaire a été perçue<br />

comme la prolongation des multiples " affaires<br />

classées " et de l'exploitation qu'ils subissent<br />

depuis. Comme les élèves, l'action des militaires<br />

s'inscrit dans la volonté d'exiger une meilleure<br />

gestion des institutions. Nous sommes un peu<br />

en retard dans la lecture de l'influence de la<br />

mondialisation. Au sein des forces armées présentement<br />

beaucoup de jeunes ont un bagage<br />

intellectuel solide. Ils ont l'esprit alerte pour<br />

analyser et décortiquer les tenants et les aboutissants<br />

des conditions dans lesquelles ils baignent.<br />

Ils sont allés au Darfour, en Centre<br />

Afrique, au Congo RDC, en HAITI etc., ils<br />

connaissent ce que leurs camarades perçoivent<br />

comme salaire et ce qu'ils perçoivent au retour<br />

de ces missions. <strong>Le</strong> temps des sacro-saints slogans<br />

disant que la discipline fait la force des<br />

armées est dépassée. Il me paraît urgent de<br />

trouver des mécanismes qui puissent motiver le<br />

respect de la discipline au sein de l'armée. Cela<br />

passe par l'amélioration des conditions de vie<br />

des individus qui font cette armée et la gestion<br />

transparente de leur dû. Il faut reconnaître éga-<br />

5<br />

lement que l'armée n'a plus le monopole du<br />

génie militaire. Si un seul individu organise un<br />

réseau clandestin et arrive à attaquer les institutions<br />

du pays qui a l'armée la plus puissante au<br />

monde, je veux parler de Ben Laden et les Etats<br />

unis d'Amérique, cela donne à réfléchir. La<br />

nécessité de la reforme de l'armée s'impose. Il<br />

faut le faire avec lucidité, avec pragmatisme et<br />

ne pas considérer l'armée comme une masse<br />

d'hommes, commandée par une seule discipline.<br />

N : Pensez vous que le changement du<br />

gouvernement et les nouvelles mesures<br />

que ce gouvernement a prises notamment<br />

la suppression de la TDC , la diminution<br />

des prix des produits de première nécessité,<br />

et la promesse d'apurer les avancements<br />

des fonctionnaires suffisent pour<br />

résorber définitivement la crise?<br />

RAS : <strong>Le</strong> changement opéré à la tête du gouvernement<br />

est une très bonne chose. Cette fois<br />

ci le mouvement a été vaste. Cela pourrait<br />

contribuer à donner beaucoup plus de vivacité<br />

et de dynamisme. Si les mêmes personnes sont<br />

aux mêmes postes pendant plusieurs années en<br />

ce qui concernent les postes nominatifs, on<br />

court le risque de tomber dans une léthargie. Il<br />

est important de procéder à des changements à<br />

certains moments pour apporter beaucoup plus<br />

d'émulation. Il faut donner la chance à toutes<br />

les compétences pour qu'elles puissent apporter<br />

de nouvelles idées et d'autres touches dans<br />

la conduite des services de l'État. Concernant<br />

les mesures qui ont été prises, pour le moment,<br />

je pense qu'on peut les comparer à des sparadraps,<br />

des aspirines administrées pour calmer la<br />

douleur.<br />

<strong>Le</strong>s calmants ne soignent pas définitivement<br />

une maladie. Je dirai donc que ces mesures sont<br />

provisoires, purement transitoires. Je les appellerai<br />

des mesures calmes - douleur.<br />

Nous sommes dans un contexte d'État en<br />

construction et les crises font parties intégrantes<br />

de l'évolution des États. Un État qui ne sait<br />

pas faire face à des crises et qui ne se construit<br />

pas en tenant compte des crises est voué à<br />

l'échec. Il faut lire les événements actuels<br />

comme la revendication d'un besoin de maturation<br />

des mécanismes et des appareils de l'État,<br />

dans un contexte d'État de droit. <strong>Le</strong>s crises laissent<br />

voir des dysfonctionnements et des malaises<br />

dont on doit se servir comme des leçons<br />

afin de chercher des réponses adéquates pour<br />

une meilleure gestion de la chose publique.<br />

Comment placer l'intérêt de l'État, de l'ensemble<br />

des citoyens en priorité par rapport aux<br />

intérêts bassement matériels des individus, ou<br />

des groupes sociaux ? Convenons qu'il n'y a<br />

pas de communauté humaine qui ne produise<br />

pas d'exclusion. Mais à tout moment, on doit<br />

savoir créer l'équilibre entre les marges et les<br />

privilégiés. Intégrer les marges au fur et à<br />

mesure qu'on avance, doit être un souci permanent.<br />

Si on les laisse tout le temps sur le bas<br />

coté de la route, elles finiront par se révolter et<br />

obstruer la voie ou changer l'ordre établi. Au<br />

stade actuel dans notre pays, nous sommes face<br />

à un contexte de production de grandes margi-


6 POLITIQUE<br />

nalités. <strong>Le</strong> fossé entre les riches et les pauvres,<br />

l'urbain et le rural, les jeunes et les aînés, l'élite<br />

intellectuelle et le non alphabétisé est très profond.<br />

Cette crise doit nous permettre de revoir<br />

les mécanismes de régulation pour corriger le<br />

fonctionnement de nos institutions.<br />

C'est une occasion historique qu'il ne faut pas<br />

rater pour pouvoir réinterroger nos façons de<br />

régler nos problèmes. <strong>Le</strong>s seuls discours du<br />

Président du Faso ne règlent pas systématiquement<br />

les problèmes. La mise en place d'un nouveau<br />

gouvernement n'amène pas automatiquement<br />

les manifestants à baisser la garde. La sérénité,<br />

le calme, la cohésion sociale, on ne peut<br />

les pérenniser que quand les dirigeants auront<br />

bâti des mécanismes efficaces pour rassurer au<br />

fils du pauvre qu'il a les mêmes chances que le<br />

fils du ministre, le fils du riche commerçant,<br />

quand ils doivent compétir pour un poste et<br />

pour une offre de service de l'État. Quand vous<br />

écoutez les discours de ceux qui revendiquent,<br />

les messages se résument en ces termes, " On ne<br />

veut pas tel chef. Nos chefs nous exploitent. Ils<br />

ne nous écoutent pas ". Ces messages qui reviennent<br />

de façon récurrente, doivent être décryptés<br />

pour apporter l'antidote efficace. Cela passe par<br />

la fortification des audits institutionnels et des<br />

accompagnements rigoureux avec obligation de<br />

compte rendu à l'opinion publique.<br />

N : Est-ce que le long règne du président<br />

Blaise Compaoré et le mystère gardé<br />

autour de sa succession ne contribuent pas à<br />

l'exacerbation de cette crise ?<br />

RAS : Ce n'est pas en réalité les 23 ans de règne<br />

du président Blaise Compaoré à la tête de l'État<br />

qui constitue le noeud du problème. <strong>Le</strong> président<br />

Blaise Compaoré au cours de ses mandats a<br />

travaillé pour asseoir la stabilité au Burkina Faso.<br />

Beaucoup se posent maintenant la question de<br />

savoir à qui profite cette stabilité. Aujourd'hui,<br />

l'opinion tend à dire que cette stabilité ne profite<br />

qu'à un clan, une famille, pour ne pas dire la stabilité<br />

d'un groupuscule d'opérateurs économiques.<br />

Il faut relativiser pour saluer le sens de<br />

management du Président Blaise Compaoré qui<br />

a su rompre avec les régimes d'exception que<br />

notre pays a connu de 1960 à 1987. C'est une<br />

clairvoyance, un mérite qu'il faille saluer à sa<br />

juste valeur. Maintenant, nous devons travailler<br />

à faire en sorte que la stabilité soit accompagnée<br />

de sécurité alimentaire, de santé pour tous,<br />

d'éducation pour tous. C'est donc l'occasion<br />

pour nous de nous interroger sur les moyens et<br />

les mécanismes de la mise en œuvre d'une stabilité<br />

adéquate pour les burkinabè.<br />

N : Faut il des reformes et une refondation<br />

comme le proclame certain ?<br />

RAS : Il faut qu'on se donne les moyens de réfléchir<br />

et de trouver le régime qui convient au peuple<br />

burkinabé. L'essentiel est que tout se déroule<br />

dans un contexte d'État de droit. <strong>Le</strong> danger, c'est<br />

de basculer vers un régime d'exception, au risque<br />

de tomber dans le chaos. Toute chose qui n'arrange<br />

personne. Certains acteurs braquent à desseins<br />

les reformes politiques sur la révision de<br />

l'article 37.<br />

Ce qui n'est pas de nature à instaurer un cadre<br />

serein de concertation et de propositions. Quand<br />

on part autour d'une table de discussions en traînant<br />

la suspicion, il est difficile d'asseoir quelque<br />

chose de solide. C'est parce que nous avons des<br />

horizons très limités que nous nous focalisons<br />

sur la longévité au pouvoir et la question de l'alternance.<br />

Si nous prenons l'exemple des pays<br />

Anglos saxons, ils ont organisé des systèmes<br />

ambivalents. Il y a le système monarchique, stable<br />

depuis des siècles et qui est régulateur de l'en-<br />

semble de la conscience citoyenne. Ensuite, ils<br />

ont des institutions gérées par des élus qui sécrètent<br />

l'exécutif et le parlement et qui fonctionnent<br />

de sorte qu'aucun groupe ne prétende s'accaparer<br />

de quoique ce soit pendant des décennies.<br />

Chez nous, nous avons concentré le pouvoir<br />

entre les mains de la présidence ou de<br />

l'Assemblée. Cette concentration entraîne par<br />

moments des lourdeurs, des abus et des pousses<br />

toi que je m'y mette. N'est-il pas temps de penser<br />

à d'autres types de régimes ?<br />

N : Vous voulez dire le régime parlementaire ?<br />

RAS : Je ne suis pas suffisamment éclairé en la<br />

matière pour indiquer le type de régime qui<br />

convient. Mais la réalité nous impose de constituer<br />

un cadre de débat dans le sens de consulter<br />

l'ensemble du peuple afin de définir le type de<br />

régime où il pourra mieux s'exprimer et prendre<br />

son destin en main. Chaque peuple a son projet<br />

de société et sécrète des leaders pour le réaliser.<br />

N : Cette crise ne relègue t- elle pas aux<br />

calendres grecques, le Burkina émergeant<br />

que voulait construire le président Blaise<br />

Compaoré au cours de ce mandat ?<br />

RAS : Ce nouveau mandat à peine commencé<br />

qu'il fait face à une crise. La forte implication du<br />

président lui-même pour apporter rapidement<br />

des solutions à cette crise me fait penser que le<br />

programme " Bâtir un Burkina émergent " va<br />

connaître une réelle application et sera une réalité.<br />

Avec la conjoncture internationale, les crises<br />

sont imprévisibles. Comme je l'ai dit tantôt, il<br />

faut en sortir très tôt et tirer les leçons utiles.<br />

Généralement quand on sort d'une crise, on se<br />

fait une autre vision des choses et prend des dispositions<br />

pour ne plus y replonger. Ma lecture<br />

de la crise me donne l'impression que les<br />

citoyens n'accordent plus beaucoup de crédits à<br />

la classe politique quand à sa capacité de trouver<br />

des solutions à leurs problèmes. Je dirai que tous<br />

les partis politiques, majorité comme opposition<br />

ont échoué. Nous constatons que l'opposition<br />

n'a pas une capacité de propositions satisfaisantes<br />

vis à vis des intérêts supérieurs de la population.<br />

La majorité également n'arrive pas à juguler<br />

les problèmes auxquels les populations sont<br />

confrontées. Notre société civile aussi se nourrit<br />

de l'événementiel, elle n'est pas suffisamment<br />

interpellatrice. Ce qui veut dire que le président<br />

du Faso, ne peut plus compter sur ces seules<br />

entités pour réussir la mise en œuvre des réformes.<br />

Il lui faut de nouvelles forces, de nouveaux<br />

alliés. La force principale du Burkina sur qui le<br />

président doit compter, viendra de la jeunesse.<br />

Tout le monde doit accepter que les jeunes nous<br />

interpellent. C'est une énergie dormante. Cette<br />

énergie dormante est comme un volcan. <strong>Le</strong> jour<br />

où le volcan fait irruption, il est difficilement<br />

maîtrisable .La réussite du combat pour un<br />

Burkina émergent passe par la maîtrise de cette<br />

énergie dormante qu'est la jeunesse. <strong>Le</strong>s dirigeants<br />

gagneraient en démystifiant la Fonction<br />

publique et en définissant une politique musclée<br />

de création d'emplois formels par le privé. Il y'a<br />

des gisements d'emplois dans ce pays que l'État<br />

peut encadrer et formaliser en allégeant les taxes<br />

patronales. Il faut rompre avec les opérateurs<br />

économiques affairistes, éphémères, partisans de<br />

la réussite à courte échelle pour susciter l'émergence<br />

d'une nouvelle race d'hommes d'affaires<br />

qui se construisent sur la base de leurs capacités<br />

managériales et de leurs maîtrises des enjeux<br />

économiques dans un contexte de mondialisation.<br />

Propos recueillis par Jules ZONGO<br />

<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> - du 16 Juillet au 16 Août1- N°15<br />

UPC /Kongoussi<br />

" nous voulons accéder aux conseils municipaux et à<br />

l'Assemblée nationale en 2012 "<br />

Zéphirin Diabré et ses camarades politiques estiment<br />

qu'il est grand temps qu'il y ait un changement<br />

dans la gestion du pouvoir d'Etat au<br />

Burkina Faso. Et ils s'y attèlent. Pour y parvenir,<br />

ils ont créé un parti politique : l'UPC (Union<br />

pour le Progrès et le Changement).<br />

Convaincus que ce changement passe par la voie<br />

des urnes, ils mènent depuis un certain temps,<br />

un travail d'implantation de ce parti dans les 45<br />

provinces du pays. C'est dans ce cadre que le 26<br />

juin 2011, le correspondant provincial du Bam<br />

de l'UPC a été officiellement installé<br />

à Kongoussi au cours d'une cérémonie solennelle<br />

patronnée par Zéphirin Diabré le président<br />

du parti. C'est monsieur Niampa Marcel qui a<br />

été fait correspondant provincial de l'UPC au<br />

Bam. C'est à lui qu'il revient donc de mettre en<br />

place non seulement le bureau provincial du<br />

Bam, mais aussi les sous sections et les comités<br />

de bases. Avec un brin d'humilité, l'UPC s'est<br />

fixé pour ambition d'occuper le terrain politique<br />

au Bam d'ici quelques mois. " Nous voulons<br />

accéder aux conseils municipaux et à<br />

l'Assemblée Nationale en 2012 " soutient Marcel<br />

Niampa sans négliger la force des formations<br />

politiques déjà présentes sur le même terrain. "<br />

La vie d'opposant n'est pas aisée. Nous respectons<br />

les partis devanciers ; car le travail n'est pas<br />

facile quand il s'agit de convaincre les populations.<br />

Mais nous venons proposer notre projet<br />

de société et si les populations y adhèrent, je<br />

pense que nous présentons une alternative intéressante<br />

" a d'ailleurs prévenu le président de<br />

l'UPC. Toutefois, selon le correspondant provincial<br />

du Bam, l'UPC ne semble pas prêt à jouer les<br />

seconds rôles. " On n'est pas là pour accompagner<br />

qui que ce soit " a-t-il martelé. Mais la question<br />

qu'on se pose est de savoir comment pourront-ils<br />

se faire une place de choix ces jeunes<br />

lionceaux aux longues dents dans une savane<br />

déjà investie et même infesté par de vieux loups<br />

? <strong>Le</strong> CDP et l'ADF/RDA se partagent les 2 sièges<br />

de députés à l'AN de la province depuis les<br />

dernières législatives. <strong>Le</strong>s 9 mairies sont toutes<br />

gérées par le CDP sans ignorer que d'autres partis<br />

comme l'ODT et l'UNIR/PS y comptent des<br />

conseillers municipaux. <strong>Le</strong>s données de représentativité<br />

les plus récentes sont celles que fournies<br />

la dernière élection présidentielle de novembre<br />

2010 où le candidat Blaise Comparé soutenu<br />

par la coalition CDP, ADF/RDA et ODT au<br />

niveau local, avait recueilli 86,60% des suffrages<br />

alors que les deux principaux opposants (Maître<br />

Sankara B. Arba Diallo) mis ensembles, ont<br />

glané environ 10%. Au niveau des communes,<br />

Marcel et ses camarades auront fort à faire. Tout<br />

d'abord à Bourzanga sa commune natale avec le<br />

maire Badini Mahamady (intendant militaire au<br />

palais présidentiel) et le jeune éléphanteau Ali<br />

Nana (ADF/RDA). Guibaré est le fief de Yoro<br />

Moumini Ouédraogo, président de la fédération<br />

provincial de l'UNIR/PS du Bam et Tikaré le vil-<br />

Vous êtes venus prôner le changement.<br />

Qu'est-ce qui justifie ce changement tant<br />

souhaité par l'UPC ?<br />

Zéphirin Diabré : Si vous poser la question à<br />

n'importe quel Burkinabé qui vit, qui travaille,<br />

qui nourrit sa famille, il va estimer qu'il est<br />

temps qu'il y ait un changement au regard des<br />

difficultés qu'il rencontre sur le plan salarial, sur<br />

le plan personnel, sur le plan de l'emploi et<br />

même (malheureusement) sur le plan sécuritaire.<br />

Il y a une forte aspiration au changement qui<br />

s'explique par le fait que ceux qui sont là ont<br />

sans aucun doute fait des efforts mais ces efforts<br />

n'ont pas apporté toutes les réponses aux questions<br />

qui se posent aux individus. Et puis c'est<br />

naturel : les gens sont gouvernés par des gens, ils<br />

Niampa Marcel, correspondant provincial<br />

de l'UPC au Bam<br />

lage du député Galiam Ouédraogo de<br />

l'ADF/RDA. Sabcé reste jusqu'à preuve du<br />

contraire presque une chasse gardée du maire<br />

Mahamoudou Pierre Zougrana et de l'ex gouverneur<br />

du Centre Est Siméon Sawadogo. A Rollo,<br />

il faut compter avec Tibo le sankariste<br />

(UNIR/PS). Selon certains observateurs de la<br />

scène politique locale, Nasséré semble la commune<br />

la plus ouverte au nouveau parti, suivie de<br />

Zimtanga et Rouko, mais aussi, dans une moindre<br />

mesure, la commune urbaine de Kongoussi.<br />

Marcel et camarades restent convaincus que rien<br />

n'est impossible et que tout repose sur la question<br />

de personnalité et d'approche.<br />

Né à Alga à côté de Bourzanga, Niampa Marcel<br />

est âgé de moins de quarante ans. Informaticien<br />

de formation, il est le web master au secrétariat<br />

Zephirin DIABRE en compagnie<br />

de naaba KOANGA<br />

à l'information et la communication de l'UPC<br />

(gère le site web du parti) Membre fondateur de<br />

l'UPC, celui qui représente ce parti aujourd'hui<br />

dans la province du Bam est aussi le délégué<br />

général du comité de base du secteur n° 13 de<br />

Ouagadougou, quartier de résidence de Zéphirin<br />

Diabré.<br />

Avant son engagement, Marcel était observateur<br />

avisé de la scène politique nationale et internationale<br />

selon ses propres dires. Dans son fief<br />

(Bourzanga), il a créé une association de développement.<br />

Ambition : implanter l'UPC au Bam<br />

et offrir un tremplin à son mentor<br />

Zéph en 2012 dans la course au palais de<br />

Kosyam<br />

Par BD<br />

Zéphirin Diabré " il y a une forte aspiration au changement "<br />

veulent voir autre chose comme c'est le cas au<br />

Mali au Ghana, aux Etats-Unis… Quand on dit<br />

qu'on veut l'alternance, cela ne veut pas dire que<br />

ceux qui passent là n'ont pas bien travaillé. Au<br />

Mali, ATT l'an prochain va s'en aller quelque soit<br />

son bilan. C'est ça aussi la démocratie. Il faut<br />

toujours donner l'occasion à d'autres personnes,<br />

à d'autres équipes de faire aussi leurs preuves.<br />

C'est une des conditions pour éviter les tensions<br />

et les crises. Mais je répète que l'UPC prône un<br />

changement démocratique. Et c'est pour cela<br />

que nous passons le temps à faire un travail<br />

d'implantation du parti. Parce que nous savons<br />

que la bataille est d'abord électorale.<br />

Par Belko Dior


<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> - du 16 Juillet au 16 Août1- N°15<br />

<strong>Le</strong>s dégâts enregistrés suite aux différentes<br />

manifestations scolaires sont importants :<br />

incendie de la direction provinciale de la police<br />

nationale le 7 mars 2011, incendie du siège du<br />

CDP et de celui de l'association de lutte contre les<br />

violences faites aux femmes (ALCV) le 11 Avril<br />

2011, sans oublier les dégâts mineurs au Hautcommissariat<br />

et à la Justice. Inutile de revenir sur<br />

les mobiles de cette sortie historique des élèves<br />

qui sont déjà connus par l'opinion nationale.<br />

Toutefois, à Yako, le déroulement des manifestations,<br />

les tentatives de médiation et l'intrusion du<br />

politique permettent de faire certaines analyses à<br />

l'échelle locale.<br />

De la cible CDP<br />

Dès l'entame des manifestations, les organisateurs<br />

ont été suffisamment clairs " Nous ne sommes pas<br />

contre un parti politique, nous combattons un système basé<br />

sur l'impunité des crimes de sang dont celui de Justin<br />

ZONGO en particulier ", avaient-ils prévenu lors<br />

d'un de leur sit-in au Haut-commissariat le 7 Mars<br />

2011. C'est pourquoi leur premier objectif a été<br />

l'attaque du commissariat de Police, du Hautcommissariat<br />

et de la Justice, symboles des pouvoirs<br />

exécutifs et Judiciaire. Ces premiers actes de<br />

vandalisme vont courroucer les responsables du<br />

parti au pouvoir qui, pour s'immiscer dans la crise,<br />

vont dénicher on ne sait où des informations faisant<br />

du parti la prochaine cible des " guérilleros ".<br />

Une brigade de sécurité est vite mise en place.<br />

Femmes, hommes, jeunes et vieillards, réunion sur<br />

réunion, vont se succéder au siège du CDP, rappelant<br />

au passage les moments forts de la révolution<br />

sous le vocable " permanence ". Il n'en fallait pas<br />

plus pour que les élèves se voient offrir un défi.<br />

<strong>Le</strong> comble fut atteint le 11 Avril 2011 avec non<br />

seulement des dégâts matériels et humains mais<br />

POLITIQUE<br />

Manifestations des scolaires de YAKO<br />

La rançon d'une politisation outrancière de la cité<br />

On se rappelle que suite au décès de l'élève JUSTIN ZONGO de KOUDOUGOU, notre pays a connu plusieurs manifestations de scolaires avec leur corollaire de destruction de biens publics et<br />

privés .La ville de YAKO n'a pas fait l'exception, Pire, les scolaires ont eu sur leur route une déroutante cohorte de militants du parti au pouvoir qui l'aurait appris à ses dépens :affrontement<br />

direct, blessés plus ou moins graves, incendie d'engins et aux sièges du CDP et l'ALCV , une association présidée par la Député Fatou DIENDERE . A l'analyse, cette réaction des élèves sonnent<br />

comme une volonté de se libérer de l'emprise d'un groupuscule de politiciens arrogants qui ont eu le malheur de croire que tout leur était permis à Yako.<br />

aussi des tirs de sommation de militaires et de<br />

gendarmes venus d'autres contrées du pays. Toute<br />

la ville de Yako sera ainsi assiégée pendant un<br />

mois avec toutes les dérives souvent constatées ça<br />

et là : coups de matraques en pleine nuit à de paisibles<br />

citoyens, menaces à des élèves et commerçants,<br />

peur bleue des populations qui ont dû se<br />

terrer chez elles pour la plupart dès la tombée de<br />

la nuit même en l'absence de couvre-feu. Une<br />

situation de ni-paix ni-guerre que les élèves ont su<br />

stopper après avoir rencontré le gouverneur le 19<br />

Avril 2011. On retiendra d'ailleurs les doléances<br />

soumises lors de cette visite à Ouahigouya : la<br />

prise en charge des élèves blessés, la levée du renfort<br />

des gendarmes venus de Kaya et de<br />

Ouahigouya, le départ du 1er Adjoint au Maire de<br />

Yako, la publication de la " liste noire ". Selon des<br />

témoignages concordants, le 1er Adjoint aurait<br />

rendu des visites peu " catholique " aux familles de<br />

certains élèves dits meneurs. L'intéressé aurait<br />

d'ailleurs reconnu les faits puisqu'il s'est engagé<br />

publiquement lors d'une rencontre tenue au CEL-<br />

PAC à demander pardon aux familles incriminées.<br />

De l'absence d'une autorité<br />

consensuellement acceptée.<br />

Si la crise a atteint un tel paroxysme, ce n'est pas<br />

faute de médiation. Des personnalités de la localité<br />

s'y sont employées, avec pour objectif de<br />

minimiser les effets à défaut de les enrayer.<br />

Malheureusement, toutes ces tentatives ont<br />

lamentablement échoué, les élèves ayant promis<br />

de ne plus sortir pour faire exactement le<br />

contraire dès le jour suivant. Ce qui dénote de la<br />

méfiance et de la négligence que les élèves manifestent<br />

à l'égard de leurs interlocuteurs. On le sait,<br />

le Passoré est un vrai bastion politique et son<br />

chef-lieu en est l'illustration la plus parfaite.<br />

4ème édition de l'OSEP de Séguenega<br />

L'équipe de Gouroungo victorieuse<br />

<strong>Le</strong> jeudi 2 juin 2011, s'est joué la finale de l'organisation<br />

des sports a l'école primaire de la<br />

circonscription d'éducation de base de ladite<br />

commune. Placée sous le parrainage du maire,<br />

Mamoudou Beloum, cette finale a opposé<br />

l'équipe de Téonsgo, championne l'année dernière<br />

à celle de Gouroungo qui a su tirer son<br />

épingle du jeu lors des tirs au but par 4 buts à<br />

2 .<br />

Quand l'arbitre central a donné le coup de sifflet<br />

pour le début des hostilités, aucune équipe n'a<br />

accordé un temps d'observation à l'autre. <strong>Le</strong>s attaques<br />

et les tirs se multipliaient. <strong>Le</strong>s hors jeux et les<br />

tirs non cadrés aussi. De part et d'autres les efforts<br />

sont fournis pour pousser leur équipe à la victoire.<br />

<strong>Le</strong>s supporters aussi ne cessent d'encourager par<br />

des applaudissements. A la mi- temps, le score est<br />

de zéro but partout. A la reprise, chaque équipe a<br />

redoublé d'effort pour remporter le trophée, soigneusement<br />

posé sur une table dressée pour la circonstance.<br />

Chaque équipe, chaque supporter devrait<br />

prendre son mal en patience. Au coup de sifflet<br />

final, les deux équipes étaient en égalité sur un score<br />

nul et vierge. Il a fallu faire recours aux épreuves<br />

fatidiques des tirs aux buts pour départager les<br />

deux équipes. C'est l'équipe de Gouroungo qui s'est<br />

montrée plus adroite en marquant 4 tirs contre 2<br />

pour son adversaire.<br />

Au titre des récompenses, Gouroungo, victorieuse<br />

de la 4ème édition remporte le trophée, un jeu de<br />

maillot et une somme de 20000 F. <strong>Le</strong> finaliste malheureux,<br />

elle retourne avec un jeu de maillot plus 15<br />

000 F. L'école de Guitti, 4ème et celle de Séguénega<br />

" A ", 3ème ont été les vainqueurs en athlétisme<br />

et danse traditionnelle. Elles ont été également<br />

récompensées. Chacune de ces équipes a reçu un<br />

jeu de maillot.<br />

<strong>Le</strong> maire de la commune, Mamadou Beloum, parrain<br />

de cette édition s'est dit animé d'un sentiment<br />

de satisfaction. " <strong>Le</strong> sport a des vertus qu'il faut<br />

inculquer aux enfants. Au sein de notre conseil<br />

municipal, il occupe une place de choix " a-t-il indiqué.<br />

Pour l'inspecteur de la CEB, Béli Nébié, cette<br />

coupe est placée dans le cadre de l'amélioration de<br />

la formation sportive des élèves.<br />

En rappel, 70 équipes des écoles publiques, privés et<br />

medersa ont pris part à la présente édition.<br />

DAS<br />

<strong>Le</strong> maire de la commune de Séguenega<br />

a remis le trophée à l'équipe victorieuse<br />

Difficile aujourd'hui d'identifier une seule autorité<br />

religieuse, coutumière, administrative qui ne soit<br />

inféodée à un parti politique dans cette partie du<br />

BF, même de façon voilée. Chacun, à quelque<br />

niveau que ce soit, s'est rué vers les politiques, se<br />

décrédibilisant de fait aux yeux de l'opinion locale.<br />

<strong>Le</strong>s manifs des scolaires sont venues apporter la<br />

preuve irréfutable de cet état des choses.<br />

Même pour la réunion du 21 Avril 2011 voulue<br />

par ce fameux comité de crise, il a fallu des pré -<br />

négociation pour que les élèves acceptent d'y participer.<br />

<strong>Le</strong> comité de crise dirigé par le Haut-commissaire<br />

n'en fait pas mieux. Son succès aura été<br />

de réunir les protagonistes autour d'une même<br />

table. Quand au fond des questions, le PV qui a<br />

sanctionné les débats est totalement aphone. Des<br />

leaders d'opinion récusés par les élèves pour avoir<br />

mené campagne en faveur du CDP, des<br />

Directeurs d'établissements, des Députés et Maire<br />

du parti au pouvoir, des militants locaux et pas des<br />

moindres du CDP, toutes ces têtes d'affiches locales<br />

face à des élèves menacés par appels anonymes,<br />

voilà ce qu'on a appelé " la rencontre de médiation<br />

du comité de crise entre les responsables provinciaux<br />

du CDP et la coordination communale des élèves de Yako<br />

". Sous d'autres cieux, ce sont des leaders coutumiers<br />

ou religieux qui ont non seulement présidé<br />

ce type de comité mais aussi et surtout l'ont composé.<br />

Que peut faire un responsable administratif,<br />

Haut-commissaire fut-il, en face d'une cohorte de<br />

personnalités de 1er plan du parti au pouvoir<br />

quand on sait que le ver politique est déjà dans le<br />

fruit de l'administration ? On l'aura remarqué, la<br />

société civile et l'opposition locales ont été royalement<br />

ignorées par les initiateurs de ce comité. <strong>Le</strong><br />

résultat est d'avance connu. Dès la fin de la réunion,<br />

des élèves sont immédiatement revenus sur<br />

leurs engagements qui se résument " à pardonner et<br />

La finale du tournoi de football du village de<br />

Nimbou dans la commune rurale de Thiou<br />

s'est jouée le samedi 25 juin 2011 sur le terrain<br />

dudit village. Elle a opposé l'équipe de Chelsea<br />

contre Arsenal et a connu la victoire de<br />

Chelsea. C'était en présence des autorités de la<br />

commune de Thiou et celles de Kaïn.<br />

Parrainé par Lassané Touma Sawadogo,<br />

représentant provincial de la Société Minière<br />

Kindo Adama (SOMIKA) au Yatenga, 8 équipes<br />

ont pris part à ce tournoi. L'ambiance a été<br />

bon enfant ce jour là dans le village. Chacune<br />

des deux équipes tenait à remporter la victoire.<br />

<strong>Le</strong>s maladresses des premières minutes ont<br />

laissé place à un beau jeu. Au bout du temps<br />

réglementaire, aucune des équipes n'a pu faire<br />

la différence. <strong>Le</strong> score étant<br />

resté vierge à la fin des 90<br />

minutes, les supporters sortis<br />

nombreux pour soutenir leurs<br />

équipes ont finalement attendu<br />

les épreuves de tirs au but pour<br />

voir le dénouement final. Plus<br />

habile et adroite, c'est Chelsea<br />

qui a gagné le match en marquant<br />

6 tirs contre 5 pour<br />

Arsénal. Elle a donc remporté<br />

le trophée, une somme de<br />

40000 F, un jeu de maillot, deux<br />

ballons et une prime spéciale de<br />

50000 F offert par le représen-<br />

7<br />

à présenter leurs excuses pour les dégâts enregistrés ".<br />

Autant dire que la montagne a accouché d'une<br />

souris. L'accalmie constatée est moins l'effet d'une<br />

quelconque médiation locale que les dispositions<br />

prises au niveau régional et national par les autorités<br />

compétentes, le 1er ministre ayant promis la<br />

tenue du procès sur la mort de Justin ZONGO<br />

avant les vacances judiciaires. Néanmoins, les suspicions<br />

se poursuivent entre protagonistes même<br />

si l'étau se desserre petit à petit sur les leaders des<br />

élèves, aidés en cela par des éléments de la gendarmerie<br />

de Yako qui ont su garder un sang froid<br />

impeccable en ne participant point à une certaine<br />

traque de ceux-ci. <strong>Le</strong>ur neutralité a même inspiré<br />

les manifestants qui s'y sont rendus pour déposer<br />

une plainte contre x après avoir été menacés par<br />

des appels anonymes.<br />

Comme on peut le constater, Yako semble évoluer<br />

en " laisse-guidon ". Deux enseignements sont<br />

à tirer dans l'immédiat : l'hégémonie du CDP et le<br />

charisme de ces responsables ont été largement<br />

entamés.<br />

Espérons enfin que cette crise aura l'avantage<br />

d'inculquer une bonne dose d'humilité et de réalisme<br />

à ceux qui se croyaient hier " Intouchables ".<br />

A quelque chose, malheur est bon. Sans faire<br />

l'apologie des destructions des biens matériels et<br />

des violences physiques sur les individus, ceux qui<br />

s'étaient érigés, faiseurs de la pluie et du beau<br />

temps au Passoré doivent revoir leur copie. <strong>Le</strong><br />

sectarisme, les airs de suffisance, l'embrigadement<br />

politique, les décisions unilatérales, se soldent toujours<br />

par des réactions violentes. <strong>Le</strong> meilleur<br />

devenir du Passoré passe par la prise en compte<br />

des opinions de l'ensemble de ses fils.<br />

Tournoi de football de Nimbou<br />

Chelsea sur la plus haute marche du podium<br />

Ibrahim BARRY<br />

tant de SOMIKA. Quant à Arsenal, elle s'en<br />

tire avec un jeu de maillot, un ballon et une<br />

enveloppe de 30000F. Toutes les équipes qui<br />

ont participé ont eu droit à des prix d'encouragement.<br />

Selon les promoteurs, le duo<br />

Mahamady Zorom et Boukary Diallo, le tournoi<br />

est l'occasion de contribuer à la cohésion<br />

sociales, à l'éclosion des talents dans le souci<br />

de renforcer les équipes départementales et<br />

même provinciales. <strong>Le</strong> parrain, Lassané<br />

Touma Sawadogo s'est dit disponible à accompagner,<br />

le sport dans la localité. " Un exploitant<br />

minier est aussi un sportif. En tant que minier, soutenir<br />

le sport pour moi, c'est se soutenir soi-même ". a<br />

-t - il indiqué.<br />

DAS


8 CULTURE<br />

Festival Lafi Bala<br />

" Un savant dosage de festivités culturelles, d'intérêts économiques<br />

et de mobilisation citoyenne "<br />

La ville de Chambéry (France) et celle de Ouahigouya (Burkina Faso) ont commémoré les 24, 25, 26 juin 2011 dans la ville Chambérienne le<br />

20ème anniversaire de leur coopération. L'activité phare a été la 7éme édition du festival Lafi-Bala, parrainée par le journaliste de nationalité<br />

ivoirienne, Co -animateur de l'émission " Afrique enchantée " sur France inter, Soro Solo. Environ une cinquantaine de burkinabès, dont des<br />

autorités locales de Ouahigouya, des hommes de médias, des artistes, et le ministre délégué chargé des Collectivités territoriales, Toussaint Abel<br />

Coulibaly ont pris part à la fête.<br />

Commencé le vendredi 24 juin 2011, ce sont<br />

les élèves qui ont pris d'assaut le site du festival<br />

avant la cérémonie d'ouverture officielle qui a<br />

eu lieu dans la soirée "Né en 1996, le festival Lafi<br />

Bala a pour objectif de faire découvrir la culture burkinabè<br />

à la population chambérienne, mais aussi de proposer des<br />

espaces de réflexion, de débat pour faire progresser la compréhension<br />

des relations nord sud. Lafi bala apporte aussi<br />

la preuve que la culture peut être un vecteur de développement<br />

" a soutenu la responsable de la commune<br />

chambérienne, Bernadette Laclais. Et le premier<br />

adjoint au maire de Ouahigouya Hamidou<br />

Ouédraogo de s'appesantir sur les retombées que<br />

ce biennal de la culture à Chambéry, procure aux<br />

artistes de Ouahigouya sélectionnés pour y participer.<br />

" Avec le festival Lafi Bala, la coopération<br />

Chambéry Ouahigouya donne un bel exemple d'un savant<br />

dosage qui allie festivités culturelles, intérêts économiques et<br />

mobilisation citoyenne " se réjouiT le ministre délégué<br />

chargé des collectivités territoriales du Burkina,<br />

Toussaint Abel Coulibaly.<br />

Pour le président de l'association Chambéry -<br />

Ouahigouya, Nicolas Vernon, cette rencontre culturelle<br />

permet aux Chambériens de partir au<br />

Burkina Faso, sans prendre l'avion et ainsi de donner<br />

à découvrir toutes les richesses culturelles de<br />

ce pays. Elle constitue également une opportunité<br />

selon lui, de générer l'activité économique par et<br />

pour les artistes et artisans burkinabés et de sensibiliser<br />

les habitants du bassin chambérien à la solidarité<br />

internationale. Des objectifs que partagent<br />

le parrain de cette 7ème édition, le journaliste de<br />

nationalité ivoirienne Soro Solo. " C'est une manière<br />

de repenser les relations avec l'Afrique, sans que l'on ne<br />

vienne avec son savoir pour imposer à l'autre. Nous<br />

saluons et encourageons ce choix de susciter des rencontres<br />

de personnes à personnes, de villes en villes. " Après les<br />

discours, les percussionnistes de la troupe<br />

Badema de Ouahigouya se sont donnés corps et<br />

âmes pour servir au public d'intenses moments de<br />

plaisir. Quand le DJ James steward a entonné la<br />

soirée Bal AFRO, c'était l'extase. La variété et la<br />

qualité du menu du premier jour ayant certainement<br />

fait le tour de la ville, beaucoup n'ont pas<br />

voulu se faire conter les activités des deux derniers<br />

jours. <strong>Le</strong> samedi étant jour de repos, les<br />

chambériens mais surtout de nombreux africains<br />

vivant dans la région ont envahi le marché africain.<br />

" Oh que c'est sympa de pouvoir s'offrir des souvenirs du<br />

Burkina ! " Dame Emilie, venue de La Tuile, un<br />

petit village voisin de Chambéry en sort bien satisfaite<br />

de son détour à la galerie marchande. Elle<br />

glisse gracieusement ses achats dans son sac porté<br />

en bandoulière. Ce sont des objets d'art pour la<br />

plupart : bijoux aux grains noirs et des boucles<br />

d'oreilles. Derrière son étal un vendeur s'en frotte<br />

les mains. C'est Ali, un jeune artisan venu de<br />

Ouahigouya qui fait des merveilles avec du cuir. Il<br />

est heureux d'avoir conclu une bonne affaire.<br />

Un marché à ciel ouvert<br />

Pendant ce temps, dans les stands, les marchandises<br />

sont là, toutes coquettes et attirantes. Dans<br />

chaque rayon, la beauté artistique des conceptions<br />

captive irrésistiblement les regards. D'une allée à<br />

une autre, le visiteur est écartelé par l'embarras du<br />

choix. Ici, des vêtements, des sacs, des bijoux. Là,<br />

des statuettes, et des produits de beauté. Du tout<br />

pour satisfaire tous les goûts et tous les genres. Il<br />

y a aussi, empilés les uns sur les autres, des objets<br />

de récupération et des parures. La galerie marchande,<br />

c'est aussi l'univers de la gastronomie. <strong>Le</strong><br />

bissap aux " milles vertus ", le jus de gingembre,<br />

réputé être un bon philtre d'amour, le riz gras, sont<br />

autant de mets qui ont excité bien de papilles au<br />

maquis Lafi Bala.<br />

Dans ce marché à ciel ouvert, difficile de résister<br />

au pouvoir enivrant des étals. Subjugués, certains<br />

visiteurs n'hésitent pas à casser leur tirelire.<br />

D'autres par contre observent, apprécient, puis<br />

La troupe Badéma a donné des spectacles de belles factures<br />

<strong>Le</strong> 1er adjoint au Maire de Ouahigouya, Hamidou Ouédraogo lisant son discours, en arrière plan,<br />

Nicolas Vernon, Président de l'association Chambéry - Ouahigouya, le parrain Soro Solo, et le<br />

maire de Chambéry, Bernadette Laclais<br />

continuent leur chemin.<br />

De par son caractère festif et culturel, Lafi Bala a<br />

été le rendez-vous à ne pas manquer. Enfin, c'est<br />

ce qu'en pensent bon nombre de festivaliers rencontrés<br />

sur le site de la fête. Appréciation de<br />

Kader Cissé, un burkinabé expatrié, vivant à Lyon<br />

:" Pour une première fois que je viens, j'en sors à la fois<br />

édifié et satisfait. Je me suis senti en l'espace de quelques<br />

heures dans mon pays. J'y ai rencontré plein d'amis et<br />

apprécié la diversité culturelle exposée au marché ".<br />

Claude <strong>Le</strong>neveu, les cheveux blanchis par 68 ans<br />

de vie à Chambéry, embouche la même trompette.<br />

Il souhaite la consolidation des liens d'amitié entre<br />

Ouahigouya et Chambéry et surtout la pérennisation<br />

de cette activité culturelle qu'est Lafi Bala qui<br />

apporte tant le sourire aux habitants qu'aux visiteurs.<br />

Clémence konaté, Bordelaise, apprécie la gratuité<br />

des scènes et surtout la participation des enfants<br />

aux activités de scène. " Ceci leur ouvre déjà l'esprit à<br />

la diversité culturelle " ajoute-t-elle. Expert dans la<br />

coiffure féminine, lauréat du premier prix en tresses<br />

africaines en 2009, Idrissa Ouédraogo a été la<br />

grande vedette de cette 7éme édition. Son stand ne<br />

désemplissait pas et il avait visiblement du mal<br />

pour honorer aux sollicitudes des clients qui s'ali-<br />

<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> - du 16 Juillet au 16 Août1- N°15<br />

gnait pour donner une couleur africaine à leurs<br />

têtes. Ce coiffeur atypique a étalé tout son savoir<br />

faire à travers un défilé de mode managé en partenariat<br />

avec Del maria couture de Delphine<br />

Kinda et d'autres coiffeuses et stylistes chambériens.<br />

<strong>Le</strong>s groupes musicaux Kalyanga du Burkina<br />

Faso, Dobet Gnahoré de la Côte d'ivoire ont mis<br />

le site du festival en ébullition au cours de cette<br />

soirée. Et le lendemain dimanche 26 juillet ce fut<br />

le tour des groupes musicaux kwassa kwassa , les<br />

Mountains Men et Badema d'offrir aux spectateurs<br />

un spectacle digne de la fin d'un événement<br />

qui s'est voulu grandiose.<br />

Enterrer le cadavre<br />

Autres moments d'échanges et de découvertes des<br />

réalités burkinabè, le match de football ayant<br />

opposé chambériens et burkinabés , remportés<br />

par les Burkinabè par 6 buts à 5, les contes de l'artiste<br />

Bintou Sombié, les causeries à l'ombre du<br />

baobab sur les thèmes : parrainages et scolarisation<br />

des jeunes filles en difficultés à Ouahigouya,<br />

l'eau une denrée rare, l'allaitement maternel, l'inter<br />

culturalité au sein du couple, le djembé, les relations<br />

intergénérationnelles au sein de la famille etc.<br />

" Quelle que soit la beauté d'un cadavre, On finit par<br />

l'enterrer " une sagesse africaine emprunter par<br />

Cherif Mamadou Coulibaly de la radio " la voix du<br />

paysan " à Ouahigouya pour annoncer la fin du festival.<br />

" Ce fut un mixage de toutes les couches de la société, un<br />

beau lien d'amitié et de fraternité. Plus de 18000 personnes<br />

y ont participé, un bond par rapport à l'édition de<br />

2009. Chacun des 180 bénévoles aura marché 10km par<br />

jour sur le site, soit les 5000 km qui séparent Chambéry<br />

de Ouahigouya " s'auto-félicite le président de l'association<br />

Chambéry - Ouahigouya Nicolas Vernon.<br />

Il signifiera que cette édition doit sa réussite à la<br />

grande détermination des bénévoles, à l'engagement<br />

sans faille de l'équipe de la coordination pilotée<br />

par Samuel Caillaut , responsable chargé de la<br />

coopération décentralisée et des relations à la mairie<br />

de Chambéry , Davina Derain, la coordonnatrice<br />

de l'association Chambéry- Ouahigouya et les<br />

stagiaires . La délocalisation de la manifestation à<br />

l'espace du Jardin le Verney, le talent des artistes<br />

et la gratuité des concerts ont été selon lui, des<br />

atouts qui ont donné à la fête toute sa beauté. <strong>Le</strong><br />

maire adjoint de Ouahigouya et l'adjointe au maire<br />

chargée de la coopération à la mairie de Chambéry<br />

Isabelle HERLIN, tout sourire ont montré leur<br />

volonté de soutenir l'organisation d'une 1ère édition<br />

d'un festival du même genre en 2012 dans la<br />

cité de Naba-Kango . <strong>Le</strong>s artistes burkinabés ont<br />

repris le chemin de retour dans une joie débordante.<br />

Avouant avoir fait de bonnes affaires, ils<br />

étaient pressés de revenir au bercail pour réinvestir<br />

les bénéfices récoltés tout en nourrissant l'espoir<br />

d'être parmi les heureux élus l'édition prochaine.<br />

PEGD-WINDE OUEDRAOGO & Ben<br />

Hamed Ouedraogo<br />

Issaka Sawadogo,le coordonnateur de la coopération Chambéry-OUAHIGOUYA, au retour<br />

avait de bonnes nouvelles pour la Mairie de Ouahigouya .<strong>Le</strong> directeur de la radio la Voix<br />

du Paysan, la main collée au menton, semblait regrétter son retour au pays.

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