Le Nord
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Prise en charge des PVVIH dans les structures de santé au <strong>Nord</strong><br />
Un véritable parcours de combattant 12-13<br />
n°15<br />
<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> - du 16 Juillet au 15 Août 2011<br />
Informations et réflexions de la Région <strong>Nord</strong><br />
Burkina Faso<br />
200 FCFA<br />
Bimensuel<br />
Conférence publique en milieu scolaire<br />
Manifestations des scolaires<br />
UPC /Kongoussi<br />
de YAKO<br />
" nous voulons<br />
Faire de la jeunesse, le fer de<br />
La rançon d'une politisation<br />
accéder aux conseils munici-<br />
lance du développement<br />
paux et à l'Assemblée nationale<br />
outrancière de la cité<br />
Niampa Marcel,<br />
3 B. Etienne.B.Ouédraogo,<br />
7<br />
6<br />
Festival Lafi Bala<br />
" Un savant dosage de<br />
festivités culturelles,<br />
d'intérêts économiques<br />
et de mobilisation citoyenne "<br />
Kalsaka Mining<br />
<strong>Le</strong>s travailleurs et la population<br />
se dressent contre le pillage<br />
5<br />
8-9<br />
Grossesses en milieu<br />
scolaire<br />
" Je le traduirai<br />
en justice pour fuite de<br />
responsabilité "<br />
14-15 10
10 SOCIETE<br />
" Je<br />
dois me débrouiller toute seule. Mes parents refusent<br />
de m'accorder un quelconque soutien, ma tutrice m'a<br />
chassée de chez elle. L'auteur de ma grossesse est sans sous<br />
". Devant son étalage de layette, OB, appelons-la<br />
ainsi, a du mal à expliquer ce qui lui arrive. Venue<br />
de Ouagadougou pour fréquenter à Ouahigouya,<br />
le cours de sa vie a pris un tournant décisif. A 17<br />
ans, elle doit déjà affronter les revers amers de la<br />
vie. <strong>Le</strong>s yeux ankylosés par des nuits blanches à<br />
répétition, la peau tendue par une énorme boule<br />
de chair, elle est assise, le menton soutenu par les<br />
deux mains, songeuse. Elle se demande sans cesse<br />
ce qui l'a bien prise de se retrouver dans une situation<br />
aussi inconfortable. Elle ne cesse de maudire<br />
cette foutue nuit au cours de laquelle tout a commencé.<br />
" Mon petit ami et moi nous nous sommes retrouvés<br />
chez lui une nuit. C'était la troisième fois. On s'était<br />
connu lors d'une manifestation culturelle scolaire. On s'y est<br />
rencontré et dès qu'il m'a abordé, il m'a tout de suite plu,<br />
bien séduisant qu'il est. Dès lors nous nous fréquentions et<br />
je ne lui refusais rien. Cette nuit-là donc, il a manifesté le<br />
désir de me prendre. Chose que je n'ai pas refusée. Il a commencé<br />
à me couvrir de caresses. Je lui ai demandé de porter<br />
un condom mais il m'a fait savoir qu'il n'en avait pas et<br />
qu'il ne possédait pas d'argent pour en acheter. Je l'ai prévenu<br />
des risques que nous allons courir. mais face à son<br />
insistance, j'ai cédé car je l'aime ". Dans un soupir de<br />
regret, Mlle OB s'arrête, puis continue son histoire.<br />
C'est trois mois après qu'elle a su qu'à cette<br />
nuit-là, les germes d'un bébé poussaient dans ses<br />
entrailles. Et c'est le début des déboires. Plusieurs<br />
fois elle a tenté d'avorter. Autant de fois, elle a<br />
échoué. OB s'est résolue à attendre le fameux<br />
bébé. <strong>Le</strong>s semaines qui ont suivi, elle a abandonné<br />
l'école, elle-même abandonnée par ses parents à<br />
Ouagadougou et sa tutrice. Ses rires insouciants<br />
de jeune fille ont cédé la place au silence, percluse<br />
elle-même dans ses pensées, se demandant chaque<br />
jour ce que l'avenir sera fait. L'auteur de son état ?<br />
Un élève de la classe de seconde. " Il reconnaît la<br />
grossesse mais n'a rien pour me soutenir. Je vis des revenus<br />
de mon petit commerce attendant l'accouchement ". confiet-elle.<br />
Une camarade de classe a accepté de l'héberger.<br />
Ce cas illustre bien un mal caché dans nos établissements<br />
scolaires. <strong>Le</strong>s cas sont légion et prennent<br />
de l'ampleur. On en parle peu. Certaines filles<br />
accouchent. D'autres s'adonnent à des actes<br />
immoraux. Des bébés sont retrouvés fréquemment<br />
dans des ''poubelles'' et remis à des services<br />
sociaux. Pire, des avortons sont jetés dans des fosses<br />
sceptiques. Pas plus tard que dans la troisième<br />
semaine du mois de mai 2011, une élève de la<br />
classe de 4ème au collège privé Wend-Lamita a été<br />
mal inspirée de jeter son bébé dans la fouille familiale<br />
au secteur 6 de Ouahigouya. Cela après avoir<br />
pu camoufler sa grossesse 8 mois durant. Elle<br />
rumine son acte dans les locaux de la Maison d'arrêt<br />
et de correction de Ouahigouya attendant de<br />
comparaître devant le juge. A peine sortie de l'âge<br />
de la puberté, Mlle AO risque fort d'affronter les<br />
vicissitudes du milieu carcéral pendant longtemps.<br />
" Quand il m'a dragué je ne pouvais<br />
Grossesses en milieu scolaire<br />
" Je le traduirai en justice pour fuite de responsabilité "<br />
pas refuser, car c'est mon professeur "<br />
A peine sortie des jupons de leurs génitrices, ces<br />
jouvencelles sont victimes de leurs imprudences.<br />
Beaucoup d’auteurs de grossesse sont des élèves<br />
comme elles. Il y a également celles qui ont eu le<br />
malheur de rencontrer dans leur envolée des adultes<br />
à la libido débordante. Des hommes mariés et<br />
responsables de familles. Élève en classe de 4è au<br />
lycée Yadéga, Ami attend d'être maman dans<br />
moins de 6 mois. Elle n'a que 17 ans également.<br />
L'auteur selon elle est un de ses professeurs. "<br />
Quand il m'a dragué je ne pouvais pas refuser car c'est mon<br />
professeur. On sort ensemble depuis la rentrée scolaire en<br />
octobre 2010. Au début, il se préservait quand nous faisions<br />
l'amour. Mais entre temps, il m'a dit qu'étant donné<br />
que nous avons duré ensemble, il n'y a plus de risque.<br />
Donc, on faisait l'amour comme ça et c'est venu. Je ne<br />
savais même pas que j'étais enceinte. C'est un jour que ma<br />
mère m'a conduite dans une formation sanitaire car j'étais<br />
prise de vomissements. C'est là-bas que la nouvelle est tombée.<br />
Ma mère m'a roué copieusement de coups mais elle<br />
a fini par me comprendre. Mon père, lui, ne m'adresse<br />
plus la parole " raconte Mlle Ami. La gêne provoquée<br />
par son état l'éloigne de jour en jour de<br />
l'école. Elle fuit ses camarades de classe. Elle est la<br />
risée du quartier. " Il se dit sur toutes les lèvres que je<br />
suis enceinte d'un homme marié. Maman se sent déshonorée<br />
même si elle me soutient de temps à autres. Je n'en peux<br />
plus " gémit-elle. MO, élève en classe de 5è au lycée<br />
Sabil El Nadja, subit également les affres de sa<br />
grossesse. Craignant la publicité sur son état de<br />
gestation à l'école, elle a préféré mettre fin à sa<br />
scolarité. " Je me vois comme une fille frivole quand je suis<br />
à côté de mes camarades " explique la pauvre. Séduite<br />
puis enceintée par un monsieur qui l'a abandonnée<br />
par la suite, elle a été chassée par ses parents de la<br />
cour familiale. C'est en allant chez son prince charmant<br />
qu'elle a été choquée par une autre réalité.<br />
Elle raconte : " Il est commerçant, marié et père de trois<br />
enfants dont le premier me dépasse en âge. Il avait loué une<br />
maison où nous nous retrouvions régulièrement qu'il a pris<br />
le soin d'équiper. Au début, je croyais que c'était chez lui.<br />
Grande fut ma surprise de constater que la maison était<br />
habitée par un jeune homme, un élève de surcroît que je n'ai<br />
jamais rencontré. Quand j'ai demandé d'après mon<br />
copain, le jeune s'est précipité de l'appeler. Mon mec m'a<br />
rappelée sur mon portable. Je lui ai expliqué ma situation.<br />
Il me proposa alors d'avorter et en compensation, il me<br />
donnera 100 000F. J'ai refusé sa proposition. Ne pouvant<br />
pas m'amener chez lui, il a fini par m'envoyer chez sa tante<br />
au secteur 4. Depuis lors, il m'a abandonnée. Il refuse<br />
même d'acheter mes produits. Bientôt je vais accoucher. Je le<br />
traduirai en justice pour fuite de responsabilité ". Des<br />
exemples pareils, on en trouve à profusion dans la<br />
province du Yatenga. " J'ai connu une fille en 2009,<br />
une de mes élèves de 6ème. Cette année je l'ai vu avec un<br />
enfant. Elle me dit que c'est elle la maman. Elle ne fait<br />
plus rien et le papa de l'enfant a disparu dans la nature.<br />
Vous voyez comment c'est triste. " s'offusque Aly<br />
Ouédraogo professeur de la science de la vie et de<br />
la terre au lycée Yamwaya. De là, on est amené à<br />
se demander si ces cas sont propres à la province.<br />
Entre les parents et l'école, lequel ne joue pas son<br />
rôle? " La vie sexuelle est enseignée au lycée à partir de la<br />
6ème, mais ce n'est pas partout et ce n'est pas dans toutes<br />
les classes. Une heure par semaine est insuffisante. On n'a<br />
même pas souvent le temps pour dispenser ces modules. "<br />
indique Aly Ouédraogo. <strong>Le</strong> président de l'association<br />
des parents d'élèves du lycée Yadéga,<br />
Moussa Sawadogo pointe du doigt la pauvreté et<br />
l'irresponsabilité des parents. " <strong>Le</strong>s grossesses en<br />
milieu scolaire selon moi sont liées à la pauvreté. La plus<br />
part des parents qui ont leurs enfants à l'école n'arrivent<br />
même pas à se suffirent. Elles partent à l'école sans un<br />
minimum. Un petit coca, un petit sandwich ou une petite<br />
somme d'argent peut faire céder la jeune fille. Il y a aussi la<br />
mauvaise éducation. <strong>Le</strong>s enfants s'auto éduquent à l'école.<br />
Rien n'est fait dans leurs familles pour venir en appui à ce<br />
qui leur est enseigné. " s'indigne- t- il.<br />
Pour le médecin-chef adjoint du district sanitaire<br />
de Ouahigouya, Hamado Séogo, les causes restent<br />
encore à rechercher " Quand on les pose la question, si<br />
elles voulaient tomber enceinte, elles disent non. Quant à<br />
l'utilisation des préservatifs, elles disent le faire. Mais comment<br />
se fait-il que c'est ainsi. Il y a aussi l'envie d'avoir ce<br />
que sa copine possède. N'ayant pas les moyens pour s'acheter<br />
ce qu'elles veulent, si elles ont une proposition concrète,<br />
elles peuvent facilement céder. Nous sommes entrain de<br />
mener une étude pour mieux cerner le problème afin de le<br />
contrer " a-t- il indiqué. Selon une étude commanditée<br />
par l'ONG ICCO des Pays-Bas et ses partenaires<br />
dont l'Association Développement sans<br />
frontière(DSF) en 2010 sur la santé reproductive<br />
et les droits sexuels, 12, 5% des filles dans la<br />
région du <strong>Nord</strong> abandonnent les bancs pour cause<br />
de grossesses. Un fort taux de pourcentage de jeu-<br />
<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> - du 16 Juillet au 16 Août1- N°15<br />
Dans presque tous les collèges, les lycées et même dans certaines écoles primaires de la province du Yatenga, il existe des élèves mères ou en état de grossesse. <strong>Le</strong> phénomène est en<br />
train de prendre de l'ampleur surtout au niveau des pubères. Nous avons essayé de comprendre les causes et les conséquences de cet état de fait dans quelques établissements.<br />
Je le traduirai en justice pour fuite<br />
de responsabilité<br />
<strong>Le</strong> président de l’association des parents d’élèves<br />
du lycée Yadéga, Moussa Sawadogo''<br />
<strong>Le</strong>s enfants s’auto éduquent à l’école''.<br />
Saturnin W Sankara chef de service de la<br />
promotion de la famille''Pour satisfaire à<br />
leurs besoins, les jeunes filles se donnent à<br />
plusieurs partenaires''<br />
Aly Ouédraogo professeur de la science de<br />
la vie et de la terre au lycée Yamwaya'' J’ai<br />
connu une fille en 2009, une de mes élèves<br />
de 6ème qui est mère aujourdh'ui''.<br />
Docteur Hamado, médécin chef adjoint au disrtict<br />
sanitaire de Ouahifouya''si elles ont une<br />
proposition concrète, elles peuvent facilement<br />
céder''.<br />
nes s'adonne aux rapports sexuels sans se protéger.<br />
Ce qui expliquerait un taux élevé de séroprévalence<br />
du Sida au sein de cette frange. La majorité<br />
des parents font de la santé reproductive et<br />
des droits sexuels un sujet tabou. Certains<br />
parents, selon cette étude ont une mauvaise perception<br />
des méthodes contraceptives, estimant<br />
qu'elles sont contraires aux enseignements religieux<br />
ou favorisent le vagabondage sexuel. " Nous<br />
enregistrons en moyenne 15 cas de plaintes d'élèves filles<br />
mères. La plupart des plaintes est la non reconnaissance de<br />
la grossesse ou la non prise en charge d'une grossesse reconnue<br />
par l'auteur et le bannissement des filles dans leur<br />
famille. Nous tentons toujours de concilier les différentes<br />
parties. Et 90% des plaintes connaissent des issues favorables.<br />
Il faut reconnaître qu'au Yatenga, la pauvreté est cruciale.<br />
Pour satisfaire à leurs besoins, les jeunes filles se donnent<br />
à plusieurs partenaires avec ce que cela comporte<br />
comme risque. " fait savoir le chef de service de la<br />
promotion de la famille à la direction provinciale<br />
de l'action sociale du Yatenga, Sankara W Saturnin<br />
D.Aimé SAWADOGO<br />
<strong>Le</strong>s statistiques parlent<br />
d'elles-mêmes<br />
Notre petite enquête dans quelques établissements<br />
de la province du Yatenga au cours de cette année<br />
scolaire (2010-2011) a révélé 12 cas de grossesse<br />
au lycée départemental de Koumbri. Au Lycée<br />
Yamwaya le nombre de cas de grossesse se chiffre<br />
à 9. Au lycée Yadéga, on enregistre 7 cas de grossesse<br />
dont une en classe de première. Au lycée<br />
Sabil El Nadja, sur un total de 25 cas dont 5 au<br />
second cycle. 11 élèves ont accouché. On enregistre<br />
un cas d'avortement dans ce lot. Au lycée<br />
Teltaaba ils sont 7 élèves du premier cycle à être<br />
enceintes cette année, tandis qu'au collège privé<br />
Wend Lamita, ils sont au nombre de 14 avec 8 au<br />
premier cycle. Au CEG de Zogoré, il y a 4 cas dont<br />
un litigieux après l'accouchement suite à une<br />
plainte des parents de la fillette- mère qui est en<br />
classe de 5ème. Ce dossier est géré actuellement<br />
par le préfet dudit département. Cette liste n'est pas<br />
exhaustive. En se basant sur les dispenses accordées<br />
aux élèves en classe d'examen, les statistiques<br />
de l'année scolaire 2009-2010 relevées au niveau du<br />
district sanitaire de Ouahigouya font état de 95<br />
grossesses dont 3 au niveau du primaire (CM2), 69<br />
en classe de 3e, et 19 élèves en classe de terminal.<br />
Fait marquant, si les pourcentages sont plus élevés<br />
dans les classes de 4ème et 3ème dans la ville<br />
de Ouahigouya, à Koumbri ce sont les classes de<br />
6ème et 5ème qui battent le record avec 12 cas. Au<br />
CEG de Barga à 30km de Ouahigouya, on nous<br />
apprend que les nombreux cas de grossesses irritent<br />
les enseignants et les parents d'élèves.
<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> - du 16 Juillet au 16 Août1- N°15<br />
DÉCENTRALISATION & GOUVERNANCE LOCALE<br />
Conférence publique en milieu scolaire<br />
Faire de la jeunesse, le fer de lance du développement<br />
Dans le cadre d'un projet dénommé " Reporters migrants " conduit par la radio " la Voix du paysan<br />
" des jeunes scolaires de la ville de Ouahigouya ont bénéficié d'un encadrement sur les fondamentaux<br />
du journalisme (presse écrite, radio, vidéo, reportage photos) et d'un voyage d'échanges<br />
sur l'immigration. Ce projet qui a pris fin en fin décembre 2010 a touché des jeunes de 4 pays<br />
(la France, l'Italie, le Sénégal et le Burkina Faso. Ceux de Ouahigouya ne se sont pas quittés sur<br />
la pointe des pieds. Ils ont organisé le Samedi 11 Juin 2011 des jeux radiophoniques et une conférence<br />
publique autour du thème " Jeunesse et culture d'une citoyenneté responsable, quels défis<br />
pour le développement ? " . Ladite conférence a été animée par B. Etienne.B. Ouédraogo, psychosociologue<br />
des enjeux en milieu professionnel du travail, expert en communication pour le développement,<br />
également Président du Mouvement pour la promotion de la dignité humaine pour le<br />
développement (MPDHD).<br />
Pour cette conférence publique, les élèves de la<br />
ville de Ouahigouya ne se sont pas fait prier<br />
pour répondre à l'appel. Massés dans la salle de<br />
réunions des groupements Naam, chacun tenait<br />
son stylo pour prendre des notes. Signe de l'intérêt<br />
accordé au thème de la communication du jour<br />
en ce samedi 11 juin 2011. Après avoir défini certains<br />
concepts notamment la jeunesse, la citoyenneté,<br />
le civisme, B. Etienne.B Ouédraogo martèlera<br />
que " le développement humain est un processus<br />
consistant à élargir le champ des possibilités ouvert aux<br />
individus. Cela passe par le développement des capacités et<br />
des potentialités humaines ". Il dira que le niveau de<br />
développement se mesure sur trois possibilités<br />
essentielles : vivre longtemps et en bonne santé,<br />
l'acquisition des connaissances et du savoir, l'accès<br />
aux ressources nécessaires pour vivre décemment.<br />
Mais il n'y a pas que ces trois. Il citera en plus, les<br />
opportunités de créativité et de productivité dans<br />
les sphères politique, économique, et sociale, le<br />
droit à la dignité et à la maîtrise de sa destinée, le<br />
sentiment d'appartenir à un groupe, à une communauté.<br />
<strong>Le</strong> communicateur juge que le développement<br />
des pays africains en général et du Burkina<br />
Faso en particulier tangue à cause de la faible participation<br />
de la majorité de la population aux<br />
actions de développement. L'analphabétisme et les<br />
pesanteurs socioculturels en sont les causes. Ils<br />
proposent comme solutions, l'appropriation des<br />
droits humains, les valeurs démocratiques et<br />
citoyennes. " Indiquer à un homme ses droits et devoirs,<br />
c'est lui indiquer ce que la société attend de lui comme participation<br />
au développement de la société entière et ce qu'il<br />
doit attendre en retour de celle-ci " se convainc le conférencier<br />
du jour. Qu'en est-il du rôle et de la responsabilité de<br />
la jeunesse, surtout du monde scolaire dans le contexte<br />
actuel du développement du Burkina ? S'interroge-t-il.<br />
Pour le psychosociologue des enjeux en milieu professionnel<br />
du travail, le mot " Renaissance " en vogue actuellement<br />
sonne comme la volonté de certaines personnes éclairées luttant<br />
pour construire une Afrique qui s'assume. La jeunesse<br />
selon lui a son mot à dire dans cette lutte. Elle doit se<br />
battre pour que la renaissance se traduise en acte concret<br />
sur le terrain. " Une jeunesse doit être active, consciente et<br />
citoyenne. Elle doit prendre part à la vie de la nation, respecter<br />
les lois et autres textes réglementant la vie de la cité.<br />
Elle doit participer aux processus électoraux en toute<br />
conscience et sans complaisance. Loin d'accepter que des<br />
hommes politiques achètent sa conscience ou sa voix, la jeunesse<br />
doit lutter contre la corruption, la fraude électorale, la<br />
B. Etienne.B.Ouédraogo,<br />
fraude aux examens scolaires " soutient avec force le<br />
président du MPDHD. Puis d'inviter les jeunes à<br />
se concentrer sur les actions qui confirment qu'ils<br />
sont le fer de lance du développement. Il proposera<br />
par exemple l'institution de fonds communaux<br />
d'appui à l'apprentissage et à la formation<br />
professionnelle des jeunes scolarisés et non scolarisés.<br />
<strong>Le</strong> communicateur a su capter l'attention des<br />
participants en les titillant par des questions afférentes<br />
au rôle qu'ils ont joué dans la crise que le<br />
Burkina vit présentement. Pour lui, les jeunes scolaires<br />
à travers cette crise ont montré leur refus de<br />
cautionner l'impunité et leur soif d'une justice<br />
équitable pour tous. <strong>Le</strong>s destructions massives des<br />
biens publics étaient -elles indiquées ? <strong>Le</strong>s manifestants<br />
avaient-ils d'autres choix que d'adopter<br />
des comportements extrémistes ? Chacun y est<br />
allé de son argumentaire avant de s'accorder que<br />
ce sont les dérives des dirigeants qui expliqueraient<br />
les violentes réactions de ceux qui s'estiment<br />
être des laissés pour compte. <strong>Le</strong> patron des débats<br />
du jour pour clore les débats, a voulu fouetter<br />
l'orgueil de son auditoire en clamant cette déclaration<br />
d'une grande personnalité bien connue "<br />
L'esclave qui ne se bat pas pour se libérer de ses chaînes ne<br />
mérite pas qu'on s'apitoie sur son sort." Après cette activité<br />
intellectuelle de haut vol, les jeunes reporters<br />
migrants et leurs camarades se sont décontractés à<br />
travers une soirée dansante, parrainée par Gérôme<br />
Zoma, un mécène bien connu dans le milieu culturel<br />
et dans le monde des affaires.<br />
Prudence Estelle KABORE<br />
Ecole de Hamdallaye<br />
Trois nouveaux logements pour maîtres<br />
L'école de Hamdallaye, secteur 7 de la commune<br />
rurale de Thiou, vient d'être agrandie<br />
avec de nouvelles infrastructures. Acquises<br />
grâce à l'association pour la promotion de<br />
l'éducation (APRED), les trois logements<br />
ont été inaugurés le lundi 20 juin 2011, sous la<br />
présidence du Haut commissaire de la province<br />
du Yatenga représenté par son secrétaire<br />
général, Inoussa Kaboré. C'était en présence<br />
du directeur provincial de l'enseignement<br />
de base, Mady Sawadogo et du président<br />
du conseil régional du <strong>Nord</strong>, Aboubacar<br />
Sawadogo<br />
Ouverte en 2003, l'école de Hamdallaye ne<br />
disposait que de trois classes et un seul<br />
logement de maitres construits en banco par la<br />
population Ses occupants avaient de sérieuses<br />
difficultés . Grâce à l'APRED, ces conditions précaires<br />
relèvent désormais du passé. Elle a érigé<br />
un bâtiment flambant neuf dans la cour de cette<br />
école en 2008 sur financement de l'avocat pour<br />
l'Afrique, une association allemande. Il comporte<br />
trois salles de classe, un magasin, et un bureau.<br />
Cerise sur le gâteau, cette année encore, c'est trois<br />
logements de type F2, d'une valeur totale de 15<br />
800 000 F, composé d'un salon, de deux chambres<br />
et une douche interne. Enseignante à<br />
Hamdallaye, Ramatou Traoré dit être satisfaite<br />
des réalisations de l'APRED ; étant donné que le<br />
second bureau de l'enseignant c'est son domicile,<br />
ces logements viennent les soulager beaucoup. "<br />
Avant, notre quotidien était la navette. Il fallait braver le<br />
froid, le vent et la chaleur entre Thiou et Hamdallaye<br />
pour dispenser les cours. Vous voyez l'état lamentable de<br />
la route. Mais maintenant c'est fini. Nous allons y loger<br />
décemment et préparer tranquillement nos leçons. Je suis<br />
sûre que le rendement sera nettement mieux " s'est - elle<br />
réjouit. Et de plaider pour l'obtention d'un<br />
forage. Pour le président de l'APRED, Moussa<br />
Ouédraogo a souhaité une bonne utilisation pour<br />
que d'autres générations puissent en profiter. Il a<br />
<strong>Le</strong>s officiels lors de la cérémonie<br />
inaugurale<br />
<strong>Le</strong> MPDHD et ses actions.<br />
3<br />
<strong>Le</strong> président de l'APRED, Moussa<br />
Ouédraogo.<br />
promis que d'autres réalisations verront le jour à<br />
Hamdallaye et dans d'autres localités de la commune<br />
de Thiou. L'ambassade de la République<br />
Fédérale d'Allemagne, qui a financé cette réalisation<br />
par la voix de son représentant, Cyriaque<br />
Sanon a confié que l'APRED est la première a<br />
respecté ses engagements parmi les structures<br />
bénéficiaires de leurs appuis. Il a traduit toute sa<br />
reconnaissance au président de l'association pour<br />
son dynamisme.<br />
<strong>Le</strong> représentant du Haut commissaire dira que<br />
cet investissement est un gain pour le Yatenga et<br />
pour la commune de Thiou, qui voit ses capacités<br />
infrastructurelles augmentées. " L'éducation est une<br />
cause nationale et doit bénéficier de soutien de tous. Donc<br />
les bâtiments inaugurés constituent l'une des conditions<br />
d'amélioration des conditions de vie de l'enseignant et de<br />
l'éducation " a- t-il indiqué.<br />
<strong>Le</strong> maire de Thiou, Harouna Belem tout comme<br />
le chef de la circonscription de l'enseignement de<br />
base, Mamoudou Ouédraogo ont reconnu les<br />
précieux combats que mènent l'APRED pour<br />
l'éducation pour tous. " Il n'y a aucun logement<br />
administratif adapté dans les 26 écoles de la CEB," a<br />
déploré l'inspecteur.<br />
DAS<br />
Un des nouveaux logements trônant juste<br />
à coté de l'unique ancien logement.<br />
Cette communication traduit la mise en œuvre du projet " Action d'information et de communication<br />
pour la promotion des droits humains, de la démocratie et de la citoyenneté responsable<br />
dans la région du <strong>Nord</strong> " conduit par le MPDHD, fruit de la coopération entre l'Union européenne<br />
et le Burkina Faso. <strong>Le</strong> MPDHD conduit concomitamment un autre projet financé par la même<br />
structure, dénommée " Renforcement des compétences et de la représentation des organisations<br />
de la société civile de la région du <strong>Nord</strong>, selon une approche concertée ". Ces actions marquent la<br />
matérialisation des objectifs et priorités du Programme de renforcement des capacités des organisations<br />
de la société civile (PROS) œuvrant pour l'amélioration de la participation citoyenne à la<br />
lutte contre la pauvreté. Crée le 03 octobre 1999, et reconnu officiellement en 2000, le MPDHD<br />
s'est donné pour mission de sensibiliser les populations sur les actions et les stratégies en vue<br />
d'aboutir à un réel développement socio-économique et culturel durable. Il entend également combattre<br />
l'ignorance et la pauvreté des populations par l'alphabétisation, l'éducation, la communication<br />
sociale, la formation professionnelle et l'apprentissage tout en montrant un intérêt particulier<br />
pour la promotion des droits humains et plus spécifiquement ceux de la femme et de l'enfant.
<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> - du 16 Juillet au 16 Août1- N°15<br />
CULTURE<br />
Festival Lafi Bala<br />
Venue avec une pile d'habits et de pagnes au<br />
marché Laafi Bala 2011, Delphine Kindo dit<br />
s'en sortir bien du côté de la vente : " Je pourrai<br />
payer tous les frais liés à mon voyage et à la confection<br />
des habits ". Awa Sawadogo, de l'association<br />
Baasnéré, se dit satisfaite de l'aventure. " Je dois<br />
dire qu'au départ, j'ai eu quelques appréhensions<br />
mais vraiment au soir du festival, je suis<br />
très contente quand bien même j'aurai eu plus<br />
si nous avions commencé la vente dès notre<br />
arrivée " lâche-t-elle, empilant le reste de la<br />
marchandise.<strong>Le</strong> patron du salon de coiffure<br />
Idi Tresse à Ouahigouya, Idrissa Ouédraogo<br />
est aux anges. " Je n'ai pas eu le temps de tresser<br />
beaucoup de têtes mais l'engouement devant mon stand<br />
prouve que mon activité intéresse les européens. Ce<br />
qui est important et me réconforte. Je repars donc avec<br />
le sentiment d'avoir accompli une mission. Mon carnet<br />
d'adresses est bourré et j'ai des raisons d'être optimiste<br />
". <strong>Le</strong>s chambériens s'arrachaient certains produits<br />
qui se vendaient difficilement à<br />
Ouahigouya. Sankara Kabré Jocélyne<br />
Kambou de l'entreprise Sol Béni, en sait quel-<br />
" Je paierai s'il le faut pour être bénévole<br />
"<br />
Ils sont à pied d'œuvre du matin au soir.<br />
Dans les cuisines, à la billetterie, dans les<br />
stands, etc. Qui ça ? <strong>Le</strong>s 180 bénévoles qui<br />
se sont mobilisés pour faire de cette 7ème<br />
édition du festival une vraie réussite.<br />
Bien mise dans son gilet, l'air pressé,<br />
Eloïse Bérard, 20 ans, est au jardin du<br />
Verney très tôt ce matin du vendredi 24 juin.<br />
Venue de Chambéry-<strong>Le</strong>-Haut, elle a entre<br />
autres pour rôle ce matin, l'accueil et l'encadrement<br />
des enfants d'une école. C'est une<br />
bénévole du Festival Lafi Bala. A grandes<br />
enjambées, elle va, revient, puis s'arrête,<br />
écoute un festivalier, repart encore pour<br />
rejoindre une horde de gosses qui s'amène<br />
pour une séance de danse. Elle n'a visiblement<br />
pas de temps à perdre. " Il faut que les<br />
bénévoles bougent pour que le festival marche<br />
", lâche-t-elle. Cette phrase donne tout<br />
son sens à la présence des bénévoles sur le<br />
site. Ce sont ces filles et ces garçons, ces hommes<br />
et ces femmes qui accueillent les festivaliers,<br />
les guident dans les allées, leur donnent<br />
des explications sur tel ou tel point… Au<br />
maquis, à l'espace bénévole, aux côtés des<br />
artisans, à la billetterie, à la buvette, ils sont<br />
présents, prêts à rendre un quelconque ser-<br />
que chose. Elle dit avoir épuisé des stocks de<br />
ses produits alimentaires (bissap, jus de<br />
gigembre, de wèda,etc) dès le premier jour.<br />
<strong>Le</strong>s vendeurs se frottent les mains<br />
Des boutiques type de Ouahigouya sur le site du festival Lafi Bala (Awa OUEDRAOGO et Delmaria couture)<br />
La Coordonatrice<br />
Idis<br />
tresses,<br />
la grande<br />
révélation<br />
Avec certains de ses contacts, elle entendait<br />
profiter de son séjour à chambéry pour s'essayer<br />
à la transformation de certains produits,<br />
mais le temps ne l'a pas permis. N'empêche,<br />
la responsable de l'entreprise Sol Béni ne finit<br />
pas d'énumérer les opportunités qu'on s’est<br />
créées en participant au festival Lafi-bala. " Il<br />
faut qu'on se penche sérieusement sur la revalorisation,<br />
la transformation et la commercialisation<br />
des produits forestiers non ligneux au<br />
Burkina Faso " souhaite-t-elle. Précurseur du<br />
recyclage de sachets plastiques, Azèta<br />
Ouédraogo de l'association Vie<br />
meilleure(AVM) n'a que Chambéry comme<br />
lieu d'écoulement. Présente à l'édition de<br />
2009, cette 7ème édition a été une occasion<br />
pour elle de vendre une bonne partie de ses<br />
articles (portes clés, sacs, bandes tissées etc.)<br />
Artisans et acteurs du secteur économique<br />
qui ont pris part à cette 7ème édition ont tous<br />
reconnu le festival Lafi Bala est un cadre qui<br />
leur permet de fructifier leur savoir faire et<br />
d'apprendre des autres. Avec les stands qu'el-<br />
vice, le sourire et la bonne humeur affichés.<br />
La coordination des équipes de bénévoles est<br />
assurée par Nerys Crowther. Beaucoup sollicitée<br />
par ses " soldats ", elle aussi est très<br />
occupée. Elle entre deux échanges téléphoniques,<br />
elle raconte " c'est depuis le mois de<br />
septembre que nous avons commencé nos<br />
rencontres. Mais c'est surtout en avril que<br />
nous sommes passés à la vitesse supérieure vu<br />
que nous avons enregistré de nouveaux inscrits<br />
et que le temps à pressait. Nous avons<br />
dès lors multiplié les rencontres et les formations<br />
afin de mieux nous outiller, surtout les<br />
nouveaux qui constituent la moitié du groupe<br />
". Ils sont 180 bénévoles pour cette édition<br />
Un groupe de bénévoles<br />
9<br />
les ont installés sur le site festival, les représentants<br />
des associations invitées à ce festival<br />
ont aussi fait découvrir les activités qu'elles<br />
mènent et se nouer de nouveaux partenariats.<br />
Hé oui, le marché Lafi Bala, c'est aussi les<br />
relations. Aussi bien devant les étals qu'au<br />
maquis, on se rencontrait, se tapotait amicalement<br />
et échangeait des adresses. <strong>Le</strong> tout soutenu<br />
par l'espoir que la coopération se renforce<br />
d'avantage au bonheur des populations<br />
et des collectivités.<br />
L’information<br />
fiable et de<br />
proximité,<br />
c’est dans le <strong>Nord</strong>.<br />
(contre 150 en 2009). " Chez la plupart d'entre<br />
eux sont hébergés des membres de nos<br />
amis venus du Burkina Faso. Ce sont les<br />
bénévoles qui constituent la locomotive de<br />
LAFI BALA. Sans eux, il n'y aurait pas de festival<br />
", indique Mlle Bérard. " C'est que du<br />
plaisir ", souligne celle qui endosse cette carapace<br />
pour la troisième fois consécutive. Une<br />
idée que soutiennent Lydiana Ravelojoana et<br />
Stéphanie Dupont, toutes deux bénévoles : "<br />
en plus du service qu'on rend, nous faisons<br />
des rencontres de gens d'ici et d'ailleurs, discutons,<br />
découvrons et c'est plaisant ". Et<br />
Eloïse Bérard de terminer : " Je paierais s'il le<br />
faut pour être bénévole ".
<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> - du 16 Juillet au 16 Août1- N°15<br />
Pratique de l'excision<br />
Une caravane pour l'éradiquer dans le Yatenga<br />
Lancée le 9 avril 2011 dans la commune rurale de Barga, la caravane pour la promotion de l'abandon<br />
de la pratique de l'excision dans la province du Yatenga, après avoir fait le tour des 12 autres<br />
communes s'est achevée le samedi 18 mai 2011 à Ouahigouya. Elle a été initiée par l'association<br />
Appui moral, matériel et intellectuel à l'enfant (AMMIE). C'était en présence du ministère de l'action<br />
sociale et de la solidarité nationale représenté par son directeur régional au <strong>Nord</strong>, Abdou<br />
Balboné et le président du comité provincial de lutte contre la pratique de l'excision, Jean Baptiste<br />
Zongo, Haut Commissaire de la province du Yatenga parrain de la caravane.<br />
Ancienne exciseuse elle a juré de ne plus toucher<br />
à une lame<br />
Hasard ou pure coïncidence de calendrier.<br />
Au moment ou la journée nationale de<br />
lutte contre la pratique de l'excision est commémorée<br />
un peu partout à travers le Burkina<br />
Faso, la caravane pour la promotion de l'abandon<br />
de la pratique de l'excision au Yatenga se<br />
bouclait ce jour-même à Ouahigouya. Courses<br />
cyclistes féminines, sketchs, témoignages, tels<br />
sont les activités qui ont été menées par l'association<br />
Appui moral, matériel et intellectuel à<br />
l'enfant (AMMIE) dans le cadre de ce périple<br />
avec pour objectif, la mobilisation de toutes les<br />
couches sociales contre la pratique de l'excision<br />
dans la province " L'excision constitue une<br />
violation flagrante des droits de la jeune fille et de la<br />
" <strong>Le</strong>s<br />
femme. Malheureusement cette pratique a longtemps<br />
marqué le temps et les communautés humaines dans le<br />
monde et de nos jours encore. Elle est toujours présente<br />
dans beaucoup de nos contrées " regrette la présidente<br />
de l'association AMMIE, Cécile Beloum. Pour elle,<br />
malgré les sensibilisations, les arrestations et les<br />
condamnations, certaines exciseuses ont toujours une<br />
oreille dure et cela avec la complicité de certains parents<br />
eux-mêmes. " Ceux-là qui continuent de jouer<br />
au plus malin en se cachant soit dans les buissons<br />
ou hors du pays pour compromettre<br />
l'avenir de leurs enfants seront dénoncés et<br />
punis par la loi. En même temps que nous<br />
continuons la sensibilisation, nous allons répri-<br />
Lutte contre la pratique de l'excision au Yatenga<br />
Des clubs de jeunes pour combattre le fléau<br />
<strong>Le</strong> Complexe éducatif Zoodo sis au secteur 1 de Ouahigouya a servi de cadre à une formation<br />
sur les mutilations génitales féminines (MGF) le jeudi 02 juin 2011. Issus des ''clubs de jeunes''<br />
formés par l'Association développement sans frontière (DSF), les participants ont pris l'engagement,<br />
à la fin de la session, d'apporter leur touche à la lutte contre le fléau de l'excision.<br />
conséquences de l'excision sont si graves que je<br />
ne dormirai pas. J'irai partout dans les concessions<br />
informer et sensibiliser sur les conséquences des mutilations<br />
génitales féminines. Je m'investirai réellement pour<br />
contribuer à bouter cette mauvaise pratique hors de mon<br />
village " déclaration d'une participante, Aïssata<br />
Ouédraogo, élève de la classe de troisième au<br />
Collège d'enseignement général (CEG) de<br />
Chacun de ces jeunes aura pour rôle l'animation de séances<br />
de sensibilisation sur les mutilations génitales f<br />
éminines dans sa localité.<br />
Hamidou OUEDRAOGO a assisté impuissant<br />
à la mort de sa fille à la suite d’une excision.<br />
Tangaye (Yatenga), au sortir de la formation.<br />
"Vivement que nous retournions à Tangaye pour<br />
l'élaboration et l'exécution du programme de<br />
notre club " elle manifeste déjà de l'impatience.<br />
Sera-t-elle à la hauteur de la tâche à elle confiée ?<br />
" Oui, car à la formation on nous a appris plusieurs techniques<br />
d'animation " rétorque-t-elle, l'air confiante. A ses<br />
côtés, des claquements de mains se font entendre en signe<br />
d'approbation. " Nous<br />
allons faire en sorte de mériter<br />
la confiance de DSF dans<br />
cette nouvelle mission qu'elle<br />
nous charge. Ça ne sera pas<br />
facile, nous en sommes<br />
conscients mais c'est le prix à<br />
payer pour éradiquer l'excision<br />
et sauver des vies " renchérit<br />
Alassane<br />
Ouédraogo, 21 ans,<br />
membre du club de jeunes<br />
de Zogoré. Ils sont<br />
tous des jeunes, issus des<br />
lycées et collèges et des<br />
Centres permanents<br />
d'alphabétisation fonctionnelle<br />
(CPAF). Ces fil-<br />
mer les récalcitrants " a-t-elle prévenu. Et d'ajouter<br />
que cela est possible avec l'engagement de toutes les<br />
couches sociales." Il est donc important que nous<br />
allions au-delà de ces engagements et autres<br />
professions de foi publiquement proclamés. Il<br />
s'agira d'en faire le point de départ d'autres<br />
actions à même de consolider ces victoires<br />
engrangées sur les forces obscurantistes et<br />
rétrogrades " martèle Jean-Baptiste Zongo,<br />
Haut commissaire de la province du Yatenga,<br />
parrain de la cérémonie. Pour le représentant<br />
du ministre de l'action sociale, Abdou<br />
Balboné, cette pratique se perpétue par<br />
conformisme grâce à un amalgame de superstitions<br />
et de préjugés forgés dans les traditions<br />
ancestrales avant de laisser entendre qu'il<br />
existe un cadre juridique assez fournis en texte<br />
de lois pour punir les récalcitrants <strong>Le</strong>s temps<br />
émotionnels de la cérémonie ont été les témoignages<br />
poignants d’une ancienne exciseuse,<br />
celui d'un parent d'une fille décédée suite à<br />
l'excision et les belles mélodies des cantatrices<br />
de la chanson stigmatisant la pratique de l'ex-<br />
les et garçons ont été organisés en clubs de dix<br />
jeunes. Chacun de ces jeunes aura pour rôle l'animation<br />
de séances de sensibilisation sur les mutilations<br />
génitales féminines dans sa localité. "<br />
L'objectif pour nous est qu'ils puissent être des relais de<br />
communication auprès de leurs parents dans la lutte<br />
contre les (MGF) " a indiqué le Chargé de programme<br />
de DSF, Lomboro Coulibaly. Mais<br />
avant, les outiller des connaissances nécessaires<br />
pour un rendement efficace s'imposait. C'est<br />
pourquoi ces messagers ont été conviés à une<br />
séance de formation le jeudi 02 juin 2011.<br />
Organisation et gestion d'un club ; Droits de<br />
l'enfant et MGF ; Techniques d'animation ; ce<br />
sont là, les modules développés au cours de cette<br />
formation. " Cette formation est une nouvelle expérience<br />
que nous tentons. C'est pourquoi nous avons choisi cinq<br />
villages pour cette phase pilote. Ce sont Lilbouré,<br />
SOCIETE<br />
<strong>Le</strong>s officiels écoutant les différents témoignages<br />
11<br />
cision. " Combien de personnes ai-je déshumanisé ?<br />
Combien d'enfants et de femmes sont morts de par ma<br />
faute ? Combien de femmes ne peuvent pas mettre un<br />
enfant au monde de par ma faute ? Combien ont<br />
perdu leurs foyers pour des séquelles liées à l'excision?<br />
Que Dieu me pardonne ! " Cette confession d'une<br />
ancienne exciseuse de troisième âge au cours<br />
de la cérémonie a plongé l'assistance dans un<br />
silence de cimetière. " Je suis resté insensible<br />
quand ma fille a été excisée. Pour moi, à l'époque je<br />
croyais que c'était une manière de la rendre femme et<br />
pure. J'ai cru à la tradition. J'invite tout le monde à<br />
abandonner cette pratique honteuse et déshonorante. Je<br />
suis prêt à conseiller mon ennemie d'abandonner l'excision<br />
" a professé le père de la fille défunte, les<br />
yeux remplis de larmes. <strong>Le</strong> représentant du<br />
maire de Ouahigouya, Hamidou Ouédraogo<br />
de donner l'assurance que la cité de Naaba<br />
Kango est plus que jamais engagée à soutenir<br />
les différents acteurs dans la lutte contre ce<br />
fléau.<br />
DAS<br />
Coulibaly Lomboro de DSF : " (à gauche) Nous mettrons tout en œuvre pour accompagner<br />
ces jeunes afin que les résultats attendus soient probants ".<br />
Nimpouya, Tangaye, Nango fulsé et Gosséré " note M.<br />
Coulibaly, puis de poursuivre que l'expérience, au<br />
fil du temps, sera dupliquée dans d'autres localités.<br />
" Combattre ce fléau requiert un grand engagement<br />
de soi. Nous mettrons tout en œuvre pour accompagner ces<br />
jeunes afin que les résultats attendus soient probants " a<br />
promis le Chargé de programme de DSF.<br />
<strong>Le</strong>s mutilations génitales féminines (MGF) en<br />
dépit des campagnes de sensibilisation restent<br />
une pratique fortement ancrée au Yatenga. Il ne<br />
se passe pratiquement pas de jour sans qu'il ne<br />
soit signalé qu'une fillette a perdu atrocement un<br />
bout de chair. L'engagement de ces clubs de jeunes<br />
pourra sans doute faire tache d'huile dans la<br />
croisade contre les MGF.<br />
pèdg-windé ouédraogo
12 SOCIETE<br />
Prise en charge des PVVIH dans les structures<br />
de santé au <strong>Nord</strong><br />
Un véritable parcours de combattant<br />
<strong>Le</strong>s personnes vivant avec le VIH (PVVIH) rencontrent de sérieuses difficultés quand elles se rendent dans les centres médicaux de la<br />
région du <strong>Nord</strong> pour leurs prises en charge. Absences des infirmiers ou médecins traitants, rupture des stocks de médicaments, manque<br />
de réactifs, escroquerie des agents de santé. Aller à l'hôpital est devenu un véritable cauchemar pour les PVVIH.Constat de la situation<br />
en collaboration avec le réseau national pour une plus grande implication des personnes inféctées par le VIH SIDA ( REGIPIV-BF)<br />
Titao :<br />
l'infirmier chargé de la gestion de la file<br />
active au banc des accusés.<br />
Mardi 26 avril 2011. Il est 09 heures .Dame AT<br />
après avoir fait le pied de grue au Centre médical<br />
avec antenne chirurgicale de Titao, chef<br />
lieu de la province du Lorum, précisément<br />
devant la porte de l'infirmier chargé du suivi<br />
des PVVIH, retourne chez elle toute triste .<br />
C'est après 2 heures et 30mn d'attente qu'elle<br />
s'est entendue dire que l'infirmier est parti<br />
pour une visite de supervision dans un village.<br />
AT quitte les lieux, visiblement très déçue. Une<br />
déception bien légitime. C'est depuis une<br />
semaine qu'elle quitte chaque matin son village<br />
situé à 25km de Titao, et ne trouve pas l'infirmier<br />
traitant. Pourtant, sa dotation de médicaments<br />
dans le cadre de la prise en charge de sa<br />
maladie est épuisée. Ce mardi 26 avril 2011,<br />
AT est repartie chez elle bredouille. Combien<br />
de jours perdra -telle encore avant de rencontrer<br />
celui qui donne les armes nécessaires lui<br />
permettant de vivre avec son mal ? Une, deux<br />
semaines ? Renseignements pris, c'est finalement<br />
le vendredi 29 avril 2011 que la pauvre<br />
dame a trouvé son sauveur. <strong>Le</strong> cas de cette<br />
dame est loin d'être isolé. A écouter ceux qui<br />
fréquentent le CMA de Titao, pour la même<br />
cause, trouver l'infirmier chargé de la gestion<br />
de la file active à son premier rendez-vous<br />
relève d'un miracle. Il faut multiplier les va et<br />
vient. Et même quand il est là, les conditions<br />
d'accueils laissent à désirer. " Des fois, très nombreux,<br />
nous nous alignons devant sa porte, durant<br />
trois heures. Quand il arrive, il ouvre son bureau,<br />
tourne, puis ressort en disant de l'attendre qu'il arrive<br />
tout de suite. Nous l'attendons en vain et nous finissons<br />
par quitter les lieux pour revenir revivre la même<br />
situation le lendemain." nous rapporte-t-on.<br />
Conséquence, A entendre les plaignants, leurs<br />
stocks de produits s'épuisent sans qu'ils ne<br />
puissent renouveler leurs ordonnances à temps<br />
pour une nouvelle dotation. Certains disent<br />
être obligés d'aller se confier au pharmacien,<br />
sur présentation de leurs boîtes vides, pour<br />
attester l'épuisement de leur dotation. Ce dernier<br />
très compréhensif, accepte leur servir tout<br />
en leur demandant de repartir régulariser chez<br />
l'infirmier traitant. Une autre paire de manche.<br />
Selon les différents témoignages, la communication<br />
est défaillante entre les patients et les<br />
agents du CMA. <strong>Le</strong> calvaire des patients ne se<br />
limite pas seulement aux absences de leur<br />
Karim<br />
Ouédraogo<br />
le chargé de<br />
gestion de la file<br />
active au CMA<br />
de Titao<br />
interlocuteur. Ils s'offusquent qu'on leur cache<br />
la gratuité des examens médicaux. " Il arrive que<br />
l'infirmier traitant vous dise de faire tel ou tel examen.<br />
Quand certains lui rétorque qu'ils ne disposent pas<br />
d'argent pour le faire, il leur dit d'attendre quand ils<br />
seront en possession des frais exigés. Si vous lui parlez<br />
de l'exonération, il vous autorise à faire l'examen<br />
sans broncher " relève-t- on également.<br />
Selon les patients, on ne sent pas la moindre<br />
organisation au CMA de Titao, en ce qui<br />
concerne la prise en charge des PVVIH. "<br />
A part l'infirmier chargé de la gestion de la file active,<br />
on ne sait pas quel agent de santé est impliqué dans<br />
la prise en charge des malades. Chaque fois, on se<br />
retrouve face au même individu qui nous malmène<br />
comme il veut. Il n'y a jamais eu de rencontre pour discuter<br />
de la prise en charge des malades entre les associations<br />
impliquées dans la lutte et le Centre médical avec<br />
antenne chirurgicale de Titao. Contrairement aux<br />
autres centres de santé, à Titao, il n'y a pas la moindre<br />
présence d'un conseiller psychosocial pour guider les<br />
patients" confie avec regret, une responsable<br />
d'une association de la localité. Visiblement<br />
excédée, elle enfonce le clou " quand nous y<br />
allons pour poser un problème, l'infirmier chargé de la<br />
file active ne cesse de nous ressasser les oreilles que<br />
nous bouffons nos financements sans se sourciller de lui<br />
"<br />
<strong>Le</strong>s voix s'accordent pour clamer haut et fort<br />
qu'un examen CD4 au centre médical de<br />
Titao, c'est du jamais vu. Comme pour dire que<br />
cet appareil est un luxe pour le CMA. Dans ces<br />
conditions, les malades avalent aveuglement les<br />
produits, sans savoir les effets sur leurs corps.<br />
Des incompréhensions naissent souvent entre<br />
des malades et l'agent de santé, qui se soucie<br />
peu de se faire bien comprendre.<br />
C'est avec presque les larmes aux yeux que HN<br />
nous raconte ses déboires. " Pendant deux ans, je<br />
prenais les produits à Ouahigouya. Entre temps, j'ai<br />
demandé à être transféré à Titao. J'ai continué à prendre<br />
là-bas, sans problème bien que les rendez- vous<br />
n'étaient pas respecté comme à Ouahigouya. Six mois<br />
après, on m'a dit de repartir à Ouahigouya. Je leur ai<br />
répondu, que je n'avais pas les moyens pour répartir.<br />
Après d'âpres négociations, on ne s'est pas compris. J'ai<br />
continué d'y aller croyant qu'en me voyant, les infirmiers<br />
(ils étaient deux à l'époque) allaient changer<br />
d'avis. Voyant que la communication était difficile<br />
entre nous et se terminant parfois par des injures, je me<br />
suis résolue à rester chez moi. Entre temps, mon état de<br />
santé s'est détérioré et je suis allé expliquer mes problèmes<br />
à Ouahigouya où on m'a invité de leur accorder une<br />
semaine pour qu'on puisse rechercher ma fiche de traitement.<br />
A défaut de frais de séjour pour tenir pendant<br />
tout ce temps, je suis retournée à Titao. Depuis octobre<br />
2009, je ne gagne pas de produits pour ma prise en<br />
charge. Je ne comprends pas pourquoi cette méchanceté<br />
de l'infirmier chargé de suivi de Titao à mon égard. J'ai<br />
confié mon sort au bon Dieu " raconte HN,<br />
essuyant les larmes qui perlaient sur ses joues.<br />
La dotation mensuelle des produits n'est pas<br />
du goût des patients. . " À force de passer une<br />
semaine à tourner chaque mois à l'hôpital à la recherche<br />
de l'infirmier chargé du suivi, l'entourage finit par<br />
découvrir de quoi tu souffres," grognent-ils. Ils souhaitent<br />
une dotation trimestrielle. <strong>Le</strong> temps mis<br />
entre le dépistage et l'acceptation de la requête<br />
pour la prise des ARV n'est guère apprécié. "<br />
Après le dépistage, on te dit d'aller faire les examens<br />
biologiques à Ouagadougou. Après on ne cesse de te<br />
répéter que la requête a été faite, et il faut que les instances<br />
habilitées donnent leur mot. L'attente peut durer<br />
3 à 4 mois. Beaucoup de malades très épuisés succombent<br />
de leurs maux, sans voir l'arrivée de la prétendue<br />
requête " s'enrage une responsable d'association.<br />
Infirmier diplômé d'état de son état, le chargé<br />
de gestion de la file active au CMA de Titao<br />
Karim Ouédraogo avance des arguments qui<br />
ne laissent pas percevoir des dysfonctionnements<br />
dans la gestion du volet VIH/SIDA,<br />
dont la responsabilité lui a été confiée. " Il ya<br />
bien une équipe chargée de la prise en charge des<br />
PVVIH au CMA de Titao. Elle est composée d'un<br />
médecin, d'infirmiers et du pharmacien. Quand je ne<br />
suis pas là, un autre agent de santé de l'équipe prend le<br />
relais " avance-t-il. Pour le cas de celle dont le<br />
traitement a été arrêté depuis un an, Karim<br />
Ouédraogo montre son étonnement " Pour tous<br />
les malades transférés, ils viennent avec un dossier et<br />
nous les enregistrons dans notre registre de file active.<br />
Après cette étape, on communique leurs noms pour que<br />
leurs médicaments puissent être programmés dans la<br />
nouvelle dotation trimestrielle. Nous n'avons pas de<br />
problème particulier avec un patient qui nous a été<br />
transféré " réplique-t-il. Il précisera également<br />
que la dotation mensuelle des produits<br />
concerne seulement les nouveaux patients,<br />
étant au stade d'initiation. Pour les habitués, la<br />
dotation est bimestrielle ou trimestrielle.<br />
L'incriminé balaie également du revers de la<br />
main, les manquements relevés au niveau des<br />
examens médicaux. " Tous les examens médicaux<br />
des PVVIH, se font ici gratuitement. Il y a l'examen<br />
CD4 que nous ne pouvons pas faire parce que nous<br />
n'avons pas de compteur CD4 "jure-t-il, la main sur<br />
le cœur. Tout se passerait dans les règles de<br />
l'art aux dires de l'infirmier chargé de la gestion<br />
de la file active. Il ne prend même pas la peine<br />
de dire que certains dysfonctionnements ne<br />
relèveraient pas de sa compétence. Dans tous<br />
les cas, entre les déclarations des patients, et<br />
celles de l'infirmier chargé de la gestion de la<br />
file active, il y a des contradictions. Laquelle<br />
des deux parties n'assume pas ses responsabilités<br />
?<br />
Centre médical de Gourcy<br />
Rupture de réactifs, appareils<br />
CD4 en panne<br />
Au Centre médical de Gourcy, les malades<br />
sont dans l'incapacité de faire leurs examens<br />
biologiques depuis un certain temps. Pourtant<br />
en début 2010, le centre médical de Gourcy a<br />
été doté d'un appareil CD4, ultra moderne par<br />
une ONG. Cet appareil qui a vu une de ses<br />
pièces se détériorer depuis le mois d'août<br />
attend d'être réparé. Impossible, également de<br />
faire les autres examens mineurs, pourtant très<br />
importants dans la prise en charge des malades,<br />
le laboratoire est régulièrement confronté<br />
au manque de réactifs. " Ces derniers temps,<br />
quand nous arrivons à l'hôpital, après chaque<br />
consultation, on te tend une ordonnance. Nous<br />
payons jusqu'au cotri qu'on nous donnait gratuitement<br />
" se plaint un groupe de patients. Ces derniers<br />
disent ne pas trop souffrir d'absences répétées de<br />
l'agent chargé de la gestion de la file active. " Il arrive<br />
qu'il ne respecte pas les rendez- vous, parce<br />
que occupé ailleurs, mais ce n'est pas de façon<br />
répétée, quand nous le retrouvons le jour sui-<br />
<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> - du 16 Juillet au 16 Août1- N°15<br />
vant, il s'excuse de son absence " relate le<br />
groupe de patients rencontré. Nos tentatives<br />
d'avoir la version des responsables du CMA de<br />
Gourcy sont restées vaines. Après plusieurs<br />
échanges téléphoniques, avec le chargé de la<br />
gestion de la file active, nous nous sommes<br />
finalement rencontré le vendredi 09 Juin 2011.<br />
Quand il a donné un coup de fil à son médecin<br />
chef pour l'informer de notre arrivée,<br />
celui-ci nous a exigé une autorisation venant de<br />
ses supérieurs hiérarchiques avant de nous<br />
livrer les informations. Tenaillé par un calendrier<br />
trop chargé, nous n'avons pas pu nous<br />
soumettre à cette exigence.<br />
A Gourcy beaucoup de PVVIH ont opté de<br />
faire leur prise en charge à Ouahigouya. Ils<br />
gardent toujours en mémoire le calvaire qu'ils<br />
ont vécu l'année dernière " au CHR de<br />
Ouahigouya , il fallait multiplier les aller-retour avant<br />
de rencontrer le médecin traitant. On nous disait chaque<br />
fois qu'il est en formation ou il est parti en mission<br />
" souligne, un de Gourcy qui a fait le choix de<br />
l'hôpital de Ouahigouya pour sa prise en<br />
charge. Pour ceux qui font leur suivi à l'association<br />
Appui moral, matériel et intellectuel à l'enfant<br />
(AMMIE) par exemple, il arrive qu'on<br />
leur dise de payer quand ils partent pour les<br />
examens médicaux au Centre hospitalier régional<br />
de Ouahigouya. Certains qui quittent le<br />
centre médical de Gourcy pour le CHR de<br />
Ouahigouya pour les examens médicaux<br />
avouent rencontrer les mêmes difficultés,<br />
même si ce n'est pas à tous les coups.<br />
L'association SEMUS YAKO accueille aussi<br />
des malades venant de Gourcy. La -bas, on<br />
absente très rarement le médecin traitant, mais<br />
à entendre les clients de cette association, les<br />
examens médicaux sont rares et même quand<br />
on le fait, les résultats ne sont pas mis à leurs<br />
dispositions. " Au niveau du SEMUS, on nous faisait<br />
faire les examens deux fois au cours de l'année,<br />
mais on ne nous a jamais fait savoir le résultat. On<br />
avait annoncé des examens médicaux au mois de juillet<br />
2010. Ca été reporté et on est plus revenu là-dessus<br />
" témoigne un adepte de SEMUS Yako.<br />
Centre médical avec antenne<br />
chirurgicale de Yako.<br />
Plateau technique défaillant<br />
A Yako, ce sont ceux qui viennent des villages<br />
environnants et qui fréquentent le CMA qui<br />
connaissent beaucoup de difficultés. <strong>Le</strong>s rendez-vous<br />
manqués sont légion. Certains<br />
patients parcourent la cinquantaine de kilomètres<br />
et des fois, il ne trouve pas l'infirmier<br />
chargé de suivi . " Tout dernièrement, un patient<br />
résident à Arbollé 25km de Yako venu à plusieurs<br />
reprises n'arrivait pas à rentrer en contact avec l'infirmier<br />
chargé de suivi. Il nous a contacté, et nous avons<br />
été obligés de prendre une partie des molécules d'une<br />
autre personne pour dépanner celui d'Arbollé en atten-<br />
<strong>Le</strong>s deux responsables chargés, de la prise<br />
en charges des PVVIH SEMUS Yako
<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> - du 16 Juillet au 16 Août1- N°15<br />
<strong>Le</strong> médecin chef Gaston Foro de YAKO<br />
dant qu'il puisse rentrer en contact avec l'infirmier<br />
chargé de la gestion de la file active " relate une responsable<br />
d'une association basée à Yako.<br />
Comme à Gourcy, le plateau technique du<br />
CMA de Yako , ne permet pas de faire les examens<br />
médicaux . Il faut aller à Ouahigouya ou<br />
à Ouagadougou. Ce n'est pas une mince affaire<br />
pour la majorité des malades, qui vivent dans<br />
une pauvreté ambiante. Certains se résignent,<br />
faute de moyens. La radiologie du CMA de<br />
Yako, ne fonctionne pas ou du moins n'a<br />
jamais existé. L'appareil CD4, vieux de plusieurs<br />
générations est irréparable. A propos de<br />
l'impossibilité de faire les examens médicaux à<br />
Yako, les responsables chargés du volet<br />
PVVIH au SEMUS-Yako s'occupant de la<br />
prise en charge de 682 personnes dont 172<br />
femmes et 80 hommes sous ARV en savent<br />
beaucoup de choses. Cette association transfère<br />
ses patients qui sont dans l'urgence à Saint<br />
Camille à Ouagadougou. Chaque patient<br />
débourse 20500 f pour les examens médicaux,<br />
sans compter les frais de transport et la restauration.<br />
" <strong>Le</strong>s examens médicaux restent une étape qu'on ne<br />
peut pas contourner, c'est à base de ces examens qu'on<br />
décide s'il faut mettre le malade sous ARV ou pas.<br />
Après il faut faire le bilan pour voir l'impact des produits<br />
sur le patient " explique Maurice<br />
Ouédraogo, responsable de la cellule PVVIH à<br />
SEMUS-YAKO . Il confirmera les dires du<br />
patient de Gourcy concernant la non effectivité<br />
des examens médicaux depuis le mois d'août<br />
2010, pour dire que le financement que l'association<br />
bénéficiait pour ce volet a été arrêté. <strong>Le</strong><br />
SEMUS exige des patients, une contribution de<br />
500 FCFA à chaque consultation. Une somme<br />
que certains, très démunis ont du mal à rassembler.<br />
. " Tout récemment, une patiente venue de<br />
Tema-Bokin ne disposait pas de la somme de 1000 f<br />
qu'on lui exigeait pour deux molécules. Elle a fini par<br />
verser 800fcfa après des dures négociations avec le médecin<br />
traitant " témoigne une association impliquée<br />
dans la prise en charge des PVVIH. "<br />
Avant ce sont deux structures basées à Ouagadougou<br />
avec lesquelles nous travaillons qui nous dotaient les<br />
produits pour la prise en charge. Ces structures ne disposent<br />
plus de moyens pour nous envoyer ces produits, la<br />
SEMUS est contrainte d'aller les chercher- à<br />
Ouagadougou. <strong>Le</strong>s 500f CFA demandés aux<br />
patients, c'est pour faire face aux frais de transport.<br />
Conscients des difficultés que connaissent certains malades,<br />
nous n'en tenons pas trop rigueur " répond le<br />
responsable du volet sida à SEMUS-Yako.<br />
L'impossibilité de faire la prise en charge médicale<br />
des enfants à Yako est une autre difficulté<br />
qui tourmente les responsables de l'Association<br />
SEMUS. Nous nous occupons de la prise en<br />
charge de 25 enfants de 0 à 14 ans. Mais<br />
comme il n'y a pas de médecins pédiatres à<br />
Yako, il faut qu'on les amène à Ouahigouya où<br />
a Ouagadougou. De ces 25 enfants, 6 sous trai-<br />
tement antirétroviraux sont pris en charge à<br />
Ouahigouya et 2 à Ouagadougou. <strong>Le</strong>s parents<br />
de deux d'entre eux , venant d'un village à 45<br />
km de Yako , impotents présentement, ne peuvent<br />
plus accompagner leurs enfants à<br />
Ouagadougou " regrette le responsable volet<br />
VIH/SIDA à l'association SEMUS. A l'heure<br />
actuelle, cette association se bat comme elle<br />
peut afin de pouvoir offrir aux enfants leur<br />
dotation de lait dans le cadre de la prise en<br />
charge mères- enfants (PTME). <strong>Le</strong> financement<br />
de ce volet dont elle bénéficiait du<br />
PAMAC a connu des restrictions à cause de la<br />
crise financière. N'empêche, la contribution de<br />
l'association SEMUS au côté des structures de<br />
santé est fort louable. C'est depuis 2000 qu'elle<br />
s'est impliquée dans la prise en charge des<br />
malades en signant une convention avec les<br />
structures de soins compétentes tout en facilitant<br />
la naissance d'autres associations comme<br />
Espoir santé à Gourcy et Solidarité organisation<br />
lutte et vie (SOLVIE) à Yako, toutes deux<br />
impliquées dans la prise en charge des PVVIH.<br />
Au district sanitaire de Yako, le médecin<br />
Gaston Foro chef partage les problèmes que<br />
vivent les PVVIH. Il souligne au passage, l'existence<br />
d'une équipe composée des responsables<br />
de toutes les unités au sein du Centre médical<br />
pour la prise en charge des patients, mais<br />
s'empresse de relever la non implication de<br />
l'ensemble des membres du groupe. Certains,<br />
dira-t-il sont trop absorbés par d' immenses<br />
activités au niveau de leurs unités au point<br />
qu'ils ne maitrisent pas les différentes facettes<br />
liées à la prise en charge des patients.<br />
Nouvellement affectés dans leurs services,<br />
d'autres n'ont pas encore reçu la formation<br />
nécessaire liée à la prise en charge. Du coup, la<br />
grande partie du boulot est laissée entre les<br />
mains de l'infirmier chargé de la gestion de la<br />
file active. Ce dernier également ne s'occupe<br />
pas que de ce volet. C'est ce qui expliquerait<br />
que quand il est appelé à d'autres activités, il<br />
n'arrive pas à respecter certains rendez-vous.<br />
Ce qui complique encore les choses, c'est la<br />
confiance nouée entre lui et les malades au<br />
point que ces derniers ne sont prêts à se faire<br />
consulter par d'autres agents. " Même quand les<br />
patients viennent pour d'autres maladies opportunistes<br />
qui ne rentrent pas dans le cadre de la prise en charge,<br />
ils demandent à voir l'agent chargé de la gestion de la<br />
file active. Certains agents de santé les encouragent dans<br />
ce comportement. Nous ne manquons pas d'attirer leur<br />
attention sur cet état de fait. Tout infirmier est susceptible<br />
de recevoir n'importe quel patient " insiste le<br />
premier responsable du Centre médical de<br />
Yako. Revenant aux examens médicaux, il traduit<br />
toute son impuissance face à la vétusté des<br />
appareils. " Des techniciens nous ont clairement<br />
signifié de changer nos appareils, que si<br />
ce n'est dans les musées, on n'en trouve pas<br />
fonctionnels dans une structure de soins de<br />
nos jours " déclare le médecin chef avec un soupire<br />
qui traduit les déboires dans lesquels, ils végètent<br />
.Quant aux ruptures de réactifs, il pointe un doigt accusateur<br />
au CMLS qui ne se presserait pas pour donner<br />
suite aux expressions de besoin qui lui sont adressées.<br />
" Il arrive que la demande traine au niveau du<br />
Comité National de Lutte contre le Sida<br />
(CNLS) un mois durant, sans la moindre<br />
réponse. C'est à ce niveau que la demande est<br />
traitée avant d'être transmise à la CAMEG qui<br />
se charge de la livraison des produits " explique<br />
le MCD. Pour avoir géré ce volet quand il n'occupait<br />
pas les fonctions administratives, il dit<br />
toujours y accorder une attention particulière<br />
et fait de son mieux pour minimiser les problèmes.<br />
Comme le suggère les associations impliquées<br />
dans la prise en charge des PVVIH, il<br />
montre sa totale adhésion à l'instauration d'un<br />
cadre d'échanges avec les associations autour<br />
de la prise en charge des PPVIH. " Nous souhaitons<br />
l'institution de ce cadre de nos vœux. Mais trop de<br />
cadres entrainent souvent des lourdeurs, nous sommes<br />
entrain d'étudier les voies et les moyens pour permettre<br />
à ces associations de participer au Conseil provincial de<br />
santé du district. Statutairement elles ne sont pas membre<br />
de ce Conseil, nous sommes entrain d'étudier avec<br />
le Haut commissaire, la possibilité d'intégrer ces associations<br />
de lutte contre le Sida afin d'éviter la création<br />
d'un autre cadre qui pourrait être de trop " confie le<br />
patron du CMA de Yako. Pour l'amélioration<br />
de la prise en charge des malades, Maurice<br />
Ouedraogo de l'Association SEMUS, lui prie<br />
pour que des dispositions soient prises pour<br />
rapprocher les plateaux techniques et les ARV<br />
des malades. " Si nous, association, nous devons<br />
dépenser pour aller prendre les ARV et que les malades<br />
pour des examens médicaux doivent parcourir des<br />
centaines de km pour aller dans des structures de soins<br />
privées, vous comprendrez que de nos jours, la gratuité<br />
de la prise en charge des PVVIH est rélative. Il reste<br />
toujours des efforts à déployer pour la rendre effective "<br />
martèle Maurice Ouédraogo. À son tour le<br />
MCD de Yako, appelle les agents de santé à une<br />
perpétuelle remise en cause. " Une bonne communication,<br />
un bon accueil peut soulager un malade. Si<br />
les malades se plaignent qu'on les fait payer le cotri, c'est<br />
parce qu'on ne leur dit pas qu'il ya rupture. Il faut une<br />
franche discussion avec l'ensemble des acteurs impliqués<br />
dans la prise en charge des PVVIH. Si on fait des<br />
défaillances dans les structures sanitaires, un sujet<br />
tabou, ce sont les agents et les malades qui récolteront<br />
les pots cassés. <strong>Le</strong>s premiers seront accusés de ne pas<br />
leur travail tandis que les malades continueront de souffrir<br />
de leurs maux "relève le MCD de Yako, très<br />
disponible pour débattre des problèmes autour<br />
de ce volet.<br />
.<br />
Centre hospitalier régional<br />
de Ouahigouya<br />
Des brebis galeuses arnaquent<br />
des patients.<br />
Parti au service où se fait la prise en charge des<br />
PVVIH, le mardi 05 avril 2011, aux environs de<br />
8h, nous avons trouvé une dizaine de personnes<br />
alignées. Elles rentraient dans la salle de<br />
consultation à tour de rôle. Vers 11h, tous les<br />
patients qui étaient programmés ce jour ont été<br />
reçus, sans grandes difficultés. Approché, un<br />
membre de l'équipe chargé de la prise en<br />
charge nous renseignera que les consultations<br />
pour les PVVIH se font les mardi, mercredi et<br />
jeudi. Selon les prévisions, l'équipe doit recevoir<br />
au minimum 15 patients à chaque jour de<br />
rendez-vous. Mais tant qu'il y a des patients alignés,<br />
l'équipe se charge de les recevoir tous.<br />
Ceux qui trainent les pas qui ne trouvent pas<br />
l'équipe sur place, sont obligés de revenir un<br />
autre jour. Concernant les rendez-vous manqués,<br />
ou la non disponibilité de l'équipe chargée<br />
de la prise en charge, il a avoué que dans un<br />
passé récent, le problème était réel. Cela était<br />
dû à un problème d'organisation et au fait que<br />
certains agents en faisaient leur chasse gardée.<br />
Quand ils n'étaient pas là, tout le circuit se bloquait.<br />
Notre interlocuteur avoue la main sur le<br />
cœur que ce manquement relève désormais du<br />
passé. Une nouvelle équipe élargie vient d'être<br />
reconstituée. De deux jours dans la semaine,<br />
mardi et mercredi, on est passé à trois jours<br />
mardi, mercredi et jeudi. Pour le moment,<br />
l'équipe tente de son mieux pour respecter les<br />
rendez-vous avec les patients. A son tour, il dira<br />
que certains patients ne font pas preuves d'assiduités,<br />
bien que les programmations soient<br />
fixées par les associations autorisées au sein du<br />
CHR à les assister dans la prise en charge. Si<br />
SOCIETE<br />
13<br />
les malades ne se soucient pas de respecter<br />
les rendez-vous, poursuit-il, c'est la responsabilité<br />
des associations qui est engagée.<br />
Ce rôle leur revient. <strong>Le</strong> jouent-t-il réellement ?<br />
se demande-t-il. Il reconnaît que des brebis<br />
galeuses soutirent de l'argent chez des patients<br />
pour les examens, sans s'empêcher de juger<br />
que la situation leur est favorisée par les<br />
patients eux-mêmes. Il estime que certains<br />
patients négligeant les consignes qu'on leur<br />
donne, partent se confier à des agents véreux<br />
au niveau du service du laboratoire. " La dernière<br />
fois, j'ai eu à consulter une dame. Je lui ai montré<br />
le circuit en lui disant de se signaler au service social<br />
munie de ses bulletins d'examen. Elle s'est entêtée et<br />
partir directement au laboratoire pour revenir me dire<br />
après qu'on lui a pris 10 000fcfa " reconnait notre<br />
interlocuteur. Au niveau du laboratoire, on dit<br />
parfois faire face à des malades qui ne détiennent<br />
aucun document qui montre qu'ils bénéficient<br />
des exonérations.<br />
" En ce moment on leur dit d'aller payer à la caisse. Ces<br />
cas nous viennent souvent des malades qui viennent des<br />
autres centres de santé Gourcy, Yako, Titao ou de l'association<br />
AMMIE. <strong>Le</strong>s malades qui sont traités au<br />
CHR viennent avec des codes qui nous indiquent qu'ils<br />
sont exonérés des frais d'examen. Que faire, devant un<br />
patient qui ne dispose pas de ce code. On ne reconnait<br />
pas un PVVIH à vue d'œil. " Au niveau de ce service<br />
on dit également que l'incapacité de faire<br />
certains examens occasionnant les aller-retours<br />
ne relève pas d'un manque de volonté. Comme<br />
pour tous les malades, quand il n'y a pas de<br />
réactifs où quand un appareil ne fonctionne<br />
pas, on ne peut pas faire d'examen. Il n'y a pas<br />
d'appareil uniquement pour les PVVIH. C'est<br />
un problème imputable au plus haut niveau. Si<br />
elle est résolue, cela enlève l'épine des pieds des<br />
patients et des agents. Au service de l'imagerie<br />
médicale communément appelée radiologie, on<br />
avance les mêmes arguments. Beaucoup de<br />
patients qui viennent d'autres structures sanitaires<br />
se présentent sans aucun papier d'exonération.<br />
" Si tu as déjà eu affaire au patient, tu peux<br />
l'inviter souplement à aller vers le service social se procurer<br />
le papier d'exonération avant de revenir. Dans le<br />
cas contraire, il part honorer les frais à la caisse.<br />
Souvent des associations donnent des bons prenant en<br />
charge les frais de radiologie, mais encore faut-il que le<br />
médecin traitant mette ce bon dans le dossier du patient"<br />
nous explique-t-on. La situation est d'autant<br />
plus compliquée au niveau de la radiologie du<br />
fait qu'il n'y a pas longtemps, elle n'était pas<br />
impliquée dans l'équipe chargée de la prise en<br />
charge des malades. Il y avait comme un vide,<br />
aucun document n'indiquait qu'il faut exonérer<br />
les frais de consultation des PVVIH au niveau<br />
de la radiologie.<br />
" La prise en charge des PVVIH est un domaine complexe.<br />
Il y a trop de non dis autour de certaines décisions<br />
prises par le Gouvernement. Ce qu'on déclare<br />
n'est pas traduit rapidement en réalité sur le terrain.<br />
Une prise en charge correcte des malades dépend de<br />
l'amélioration des conditions de travail dans les structures<br />
sanitaires. Il faut un personnel suffisant, la dotation<br />
continue et à temps des ARV, et du matériel adéquat.<br />
Sans cela, les agents de santé et les patients vont continuer<br />
de se jeter des pierres. Ce qui n'arrange aucune des<br />
deux parties appelées à se frotter tous les jours "<br />
conclut notre interlocuteur de l'équipe de la<br />
prise en charge des PVVIH au CHR de<br />
Ouahigouya<br />
Jules ZONGO
14 SOCIETE<br />
Une grogne des travailleurs de la société<br />
minière de Kalsaka a fait couler beaucoup<br />
de salive à Kalsaka. <strong>Le</strong>s raisons de la grogne, des<br />
reclassements et une augmentation de 80% de<br />
salaire demandés par les travailleurs depuis le 29<br />
octobre 2010. Ils disent fonder leurs revendications<br />
sur un certain nombre d'indicateurs qui<br />
prouvent une très bonne rentabilisation de la<br />
mine. Dans leur plate forme revendicative, figurent<br />
l'amélioration de leur condition de travail, de<br />
santé et d'hygiène. " L'année dernière en terme d'once<br />
d'or, la mine a fait une surproduction de 36%. Alors<br />
qu'au démarrage l'once coutait 560 dollars. C'est sur cette<br />
base que l'étude du marché a été faite. Aujourd'hui, elle<br />
coûte plus de 1500 dollars soit 2 fois plus le prix initial.<br />
La mine produit en terme financier presqu'un milliard par<br />
semaine. <strong>Le</strong> salaire mensuel de tous les travailleurs ne coute<br />
que 80 millions. 80% des 80 millions sont 64 millions. <strong>Le</strong><br />
tout fait 144 millions. Soustraire ce montant par mois<br />
n'est pas impossible " a signifié le délégué des travailleurs,<br />
Moussa Zèba.<br />
Et le superviseur de la maintenance de la mine,<br />
Ibrahima Traoré Sy d'ajouter qu'au départ la mine<br />
a été dimensionnée pour tourner en partie sèche<br />
autour de 240 tonnes par heure. " Aujourd'hui, nous<br />
tournons au minimum 300 tonnes par heure et souvent, on<br />
peut aller à 360 ou 370 tonnes l'heure. Cela signifie qu'il<br />
y a effectivement une surproduction " à l'en croire. "<br />
Nous avons été à la fois surpris et choqués d'entendre le<br />
ministre en charge des mines affirmer qu'à Kalsaka, l'entreprise<br />
minière a investi 362 millions dans la commune.<br />
Où est ce que tout cet argent est rentré ? Il a été investi par<br />
qui et quand ? " s'étonne Wahabo Sawadogo, le président<br />
de comité de crise. D'une gestuelle presque<br />
menaçante, la gorge nouée par l'amertume, le<br />
président du comité de crise ne s'en revient pas :<br />
" <strong>Le</strong>s miniers nous prennent pour des dupes. C'est ce qui<br />
nous a conduit à la mise en place d'un comité de crise dont<br />
je dirige pour aller à la source de l'information. <strong>Le</strong> constat<br />
qui est ressorti montre qu'il y a des surfacturations dans les<br />
dépenses ". Et d'ajouter : " 7 millions pour construire 5<br />
Kalsaka Mining<br />
<strong>Le</strong>s travailleurs et la population se dressent contre le pillage<br />
WC à Kalsaka, c'est nous insulter, c'est du gaspillage " et<br />
tranche d'un ton sec : " Nous voulons voir clair dans<br />
cette affaire sinon pas de travail ". Au sein de la population<br />
le malaise est aussi criard. En effet ,elle se<br />
dit stupéfaite des déclarations du directeur de la<br />
mine lors de la visite du ministre en charge des<br />
mines. Pour elle, le montant d'investissement<br />
annoncé donne la chair de poule. " Ça pue le deal "<br />
s'insurgent certains habitants, très mécontents. Ils<br />
veulent comprendre et l'on fait savoir à travers<br />
une déclaration signée le 13 mai 2011. Il y est clairement<br />
signifié que " nous, population de Kalsaka<br />
avons appris une information provenant de la société<br />
minière de Kalsaka. Elle a financé 362 millions de Francs<br />
CFA. A cet effet la population désire comprendre la gestion<br />
de cette somme. Dans tous les cas, nous voulons un<br />
bilan clair. Nous voulons aussi savoir la situation des<br />
80% des travailleurs que devait composer la jeunesse de<br />
Kalsaka. Nous demandons enfin le départ du directeur de<br />
la mine dans une semaine et également celui de l'interface<br />
entre la population et la mine, Alira Analira sans condition.<br />
Pour finir, nous exigeons la suspension du comité<br />
consultatif communal jusqu'à nouvel ordre ".<br />
Dès son inauguration le 30 octobre 2008 par l'ex<br />
premier ministre Tertius Zongo, la société a suscité<br />
beaucoup d'espoir pour la population. Elle a<br />
annoncé la création d'emploi pour les jeunes, avec<br />
des formations en métier (menuiserie, maçonnerie,<br />
briqueterie etc.) et des femmes en technique<br />
d'embouche, la savonnerie et l'alphabétisation et<br />
leur accompagnement pour mener des activités<br />
génératrices de revenus. A entendre la population<br />
il était prévu que 80% des travailleurs de la mine<br />
serait natifs de Kalsaka. "A ce jour, on est loin de ce<br />
chiffre. Ils ne font qu'employer leurs frères, copains, parents<br />
ou les frères et amis de leurs copines pendant que les habitants<br />
sont là entrain de se tourner les pouces. Ce qui est<br />
sûr, la mine n'est pas là pour nous développer. J'en veux<br />
particulièrement au gouvernement du Burkina qui a vendu<br />
nos terres et nous-mêmes à cette société " S'insurge<br />
Wahabo Sawadogo. Si les femmes ont bénéficié<br />
de deux têtes de moutons chacune soit un total de<br />
58 pour 26 d'entre elles, pour la mise en route de<br />
leurs activités sous forme de prêt, les 50 jeunes<br />
qui ont été formés à hauteur de 7 353 000 F CFA,<br />
sont dans l'expectative. Beaucoup ont préféré tenter<br />
leur chance ailleurs. " La plupart de mes camarades<br />
sont sur les sites d'exploitation artisanale de Gambo,<br />
Séguénega, Doré, Kampti. Certains ont choisi l'exode dans<br />
des villes comme Ouagadougou et Ouahigouya. Ceux qui<br />
ont eu la chance de travailler sur la mine sont sous contrat<br />
d'un ou de deux mois. Ils occupent le bas de l'échelle et sont<br />
ensuite renvoyés au chômage. Tout comme si on était si<br />
incompétent pour travailler à Kalsaka Mining ".<br />
S'indigne Hamadé Sawadogo, un jeune bénéficiaire<br />
de la formation.<br />
" La mine m'a transformé en mendiant "<br />
Yembila Boukaré Sawadogo, avec ses 54 saisons,<br />
père d'une famille de 9 personnes est l'un des<br />
déguerpis. Il dit ne rien comprendre de l'attitude<br />
des responsables de la mine envers les propriétaires<br />
terriens. " Je vivais paisiblement dans les montagnes<br />
avec mes 3 champs en plus de l'élevage que je pratiquais.<br />
Quand la mine est venue pour nous déguerpir, on nous<br />
avait promis un relogement et un dédommagement de 900<br />
000 F par an. On m'a d'abord donné 150 000 F et une<br />
année plus tard j'ai reçu la somme de 750 000 F à la<br />
deuxième année. Pour la première année, les responsables<br />
de la mine m'ont dit que cet argent a été utilisé dans la<br />
construction de la clôture de ma cour. Ça c'est la force que<br />
la mine nous fait. Mais je crois que quand on cherche l'argent<br />
ce n'est pas normal de détruire les autres " expliquet-il.<br />
Un de ses camrades d'infortune, Assane<br />
Sankara, un père de famille, propriétaire terrien<br />
déguerpi raconte son amertume : " La mine m'a<br />
transformé en mendiant. Je ne peux même plus nourrir<br />
correctement ma famille. Je n'ai plus de champ, je n'ai pas<br />
la compensation promise. Il est quasiment impossible<br />
d'avoir un champ cultivable dans les périphéries. Il faut<br />
aller jusqu'à 10 ou 15 Km d'ici et là aussi, c'est peu probable<br />
".<br />
Dans le rapport des dépenses effectuées par la<br />
mine dans le cadre des relations avec les communautés<br />
de 2007 à 2010, il ressort qu'au titre de<br />
réinstallation des familles qui étaient sur ou à<br />
proximité de la mine, Kalsaka Mining a déboursé<br />
26 663 610 F. Dans le même rapport, il est mentionné<br />
que plus de 177 millions ont été débloqués<br />
pour la compensation des terres. Il y a aussi d'autres<br />
investissements non moins importants,<br />
notamment la construction et l'équipement de salles<br />
de classe, de logements de maîtres, d'appui<br />
financier à la commune, la préfecture, la police la<br />
construction et l'équipement du CSPS la réalisation<br />
d'une route en terre de 3 km, l'achat d'une<br />
ambulance à hauteur de 8 6621 271 F, l'appui au<br />
déplacement du fétiche symbole de village "<br />
<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> - du 16 Juillet au 16 Août1- N°15<br />
Du 16 mai au 7 juin 2011, la société minière a traversé une crise sans précédent. <strong>Le</strong>s travailleurs exigent de l'administration, l'amélioration de leurs conditions de travail et une augmentation de<br />
80% de salaire. Pendant ce temps, la population accuse le directeur de la mine, Reynolds Anim Yeboah, de mauvaise gestion des investissements. Contraint de quitter le site sur la pointe des<br />
pieds des négociations ont permis de solutionner la crise le mardi 7 juin 2011. <strong>Le</strong>s récriminations contre la société minière sont loin d'être réglées<br />
Une vue partielle des membres du comité de crise.tif<br />
Ce que les délégués des travailleurs reprochent<br />
aux responsables de la mine<br />
''La mine a une complexité que le citoyen lambda ne<br />
peut pas comprendre. Elle a beaucoup de conséquences<br />
sur la vie humaine. Nous avons beaucoup<br />
d'équipement tournant. Nous manipulons beaucoup<br />
de produits chimiques très dangereux. Il nous<br />
faut un certain nombre d'équipement sécuritaire.<br />
Malheureusement, ce matériel n'est pas fourni régulièrement.<br />
Souvent les masques, les gans, les chaussures<br />
de sécurité font défaut. Plus de 400 personnes<br />
travaillent sur la mine donc la loi impose du<br />
coup l'existence d'une infirmerie. Mais non, il n'y en<br />
a pas. Il n'y a que le dépôt du village. <strong>Le</strong> peu de produits<br />
existant est vendu aux travailleurs.<br />
L'administration doit prendre des mesures pour<br />
nous aider, car personne parmi nous n'a de liquidité<br />
sur lui. <strong>Le</strong> salaire des travailleurs nationaux comparé<br />
à celui des expatriés ghanéens est miséreux.<br />
Ce qui est encore désastreux, ces gens qui devraient<br />
former les autres pour leur laisser par la suite ne le<br />
font pas. D'ailleurs, ils n'ont rien à nous apprendre.<br />
Quelqu'un qui seconde un expatrié peut se retrouver<br />
avec 1/5 ème ou le quart de salaire de ce dernier.<br />
Aussi, le repos des séniors c'est la première<br />
peine que le directeur a lancée à l'encontre des travailleurs.<br />
Il se croit au temps de l'esclavage. Il veut<br />
que les gens dament sur leur vie sociale et rien d'autre<br />
que pour le travail. C'est en fait une création des<br />
entreprises minières. Il y a deux types de travailleurs<br />
: les séniors qui sont des agents d'encadrement et<br />
d'administration et l'ensemble des ouvriers et les<br />
manœuvres sont dits juniors. Cette classification ne<br />
<strong>Le</strong> délégué des<br />
travailleurs Moussa Zèba<br />
<strong>Le</strong> superviseur de la<br />
maintenance de la mine,<br />
Ibrahima Traoré Sy<br />
correspond à rien à notre sens. <strong>Le</strong>s juniors ont 4<br />
jours de repos pour 12 jours de travail tandis que les<br />
séniors ont 4 jours de repos pour 10 jours de travail.<br />
C'est la seule mine qui applique ça. Ailleurs les gens<br />
font 10 jours de repos pour 10 jours de travail ou 7<br />
contre 7. Bien que cela ne nous plaise pas, le directeur<br />
a estimé qu'il faut plus de présence sur la mine.<br />
Naaba chaise " qui se trouvait sur le périmètre de<br />
la mine à 16 millions de nos francs etc. C'est la<br />
gestion de ces montants qui constitue la pomme<br />
de discorde entre la population et la société<br />
minière. Une marche sur la mairie de la commune<br />
de Kalsaka a été organisée pour demander des<br />
justifications, le départ du directeur de la mine et<br />
de l'interface, Alira Analira. La population s'insurge<br />
contre l'attitude passive du maire, Noraogo<br />
Grégoire Ouédraogo du moment ou c'est lui qui<br />
dirige le Comité consultatif communal (CCC)<br />
créé pour la gestion de leurs préoccupations.<br />
Joint au téléphone pour des questions d'équilibre<br />
d'information et de déontologie, ce dernier a fini<br />
nous a donné sa version des faits. (Lire encadré).<br />
A la suite des différentes concertations, l'administration<br />
a proposé une augmentation de 5% que les<br />
travailleurs ont rejetée. Face au silence de l'administration<br />
après le rejet de sa proposition, les travailleurs<br />
ont marqué un arrêt de travail les 8 et 9<br />
mars 2011. L'administration est sortie de son<br />
silence en demandant un délai de grâce jusqu'au<br />
15 mai pour faire d'autres propositions. Elle s'est<br />
effectivement prononcée à la date indiquée en<br />
proposant une augmentation de 7% que les travailleurs<br />
ont une fois de plus rejetée. Suite à des<br />
propos malveillants tenus à leur égard selon les<br />
représentants des travailleurs, lors de la rencontre<br />
dans la nuit du 15 mai, la direction de la mine a<br />
quitté le site dare-dare au petit matin du 16 mai<br />
2011 pour se réfugier à Ouagadougou. <strong>Le</strong>s travailleurs,<br />
en toute responsabilité ont marqué un<br />
arrêt de travail, sécurisé le site et demandé purement<br />
et simplement le départ du directeur de la<br />
mine. Ils le trouvent incapable de diriger une<br />
équipe.<br />
Après moult tractations, c'est finalement le 7 juin<br />
2011, que le travail a repris dans la mine. Ce<br />
dénouement a été diligenté et discuté en présence<br />
du ministère des mines, du haut commissaire du<br />
Yatenga, Jean Baptiste Zongo, des représentants<br />
de la direction générale du travail, des représentants<br />
des travailleurs et de la direction de Kalsaka<br />
Mining. Dans le protocole d'accord, il est dit que<br />
:" les négociations pour sortir Kalsaka mining SA de la<br />
crise entre les travailleurs et la direction du 6 au 7 juin<br />
2011 ont abouti aux accords suivants : 0% pour les catégories<br />
A, une augmentation de 10% pour les catégories B,<br />
12% pour les catégories C, 25% pour les catégories D,<br />
30% pour les catégories E et 35% pour les catégories M.<br />
Sur la base de ces accords, les travailleurs ont jugé nécessaires<br />
de reprendre le travail tout en poursuivant les négociations.<br />
<strong>Le</strong> démarrage symbolique de la mine a été faite en<br />
présence des médiateurs ".<br />
DAS<br />
Il dit aussi ne pas pouvoir utiliser les véhicules pour<br />
convoyer permanemment les travailleurs à<br />
Ouagadougou pour des raisons de coût. La réduction<br />
de ces coûts, il l'a fait sur le repos des travailleurs.<br />
Un système de 14 jours de travail pour 2<br />
jours de repos tout en restant sur la mine. Nous<br />
trouvons cela inadmissible déjà que le repos qui<br />
nous a été accordé est insignifiant. Il y a des manquements<br />
graves de l'administration de la mine.<br />
Cela devrait être perçu par l'inspection de travail. Il<br />
n'y a pas de jour férié et dimanche. Il y a des gens<br />
qui font des heures supplémentaires et qui ne sont<br />
pas payés parce qu'ils sont des juniors. Il y a des<br />
ouvriers qui ont travaillé 18 mois sans contrat.<br />
Depuis 3 ans, il n'y a pas d'avancement ni de reclassement<br />
claire. Tous ces manquements doivent être<br />
corrigés''.<br />
BHO
<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> - du 16 Juillet au 16 Août1- N°15<br />
Noraogo Grégoire Ouédraogo , le maire de Kalsaka, président du Comité consultatif communautaire<br />
" Nous n'avons pas communiqué suffisamment "<br />
<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> (N) : Vous qui êtes le président du<br />
CCC, pouvez nous dire le rôle que joue votre<br />
structure ?<br />
Noraogo Grégoire Ouédraogo (NGO):<br />
<strong>Le</strong> CCC veut dire en claire, Comité consultatif communautaire.<br />
C'est un organe prévu par les textes, que<br />
des sociétés de même nature que Kalsaka Mining<br />
ont obligation de mettre en place au démarrage des<br />
travaux. Il est constitué des représentants des villages<br />
affectés par la mine à raison de deux par village<br />
(le chef plus un représentant NDLR) : <strong>Le</strong>s responsables<br />
des services déconcentrés de l'Etat présents<br />
dans la commune ; deux représentants du Conseil<br />
Municipal ; deux représentants des femmes ; un<br />
représentant des jeunes : trois représentants de la<br />
société civile ; deux représentants de la mine ; la préfecture<br />
et la Mairie représentée par le Maire qui est<br />
président de l'organe.<br />
<strong>Le</strong>s attributions du CCC ont été définies dans l'arrêté<br />
qui consacre sa naissance sont :<br />
1. Faciliter les rapports entre la compagnie et les<br />
populations directement affectées par le projet ;<br />
2. Suivre la mise en œuvre effective des actions et<br />
projets financés par Kalsaka Mining à travers le<br />
Fond de Développement Communautaire (FDC) ;<br />
3.Servir de courroie de transmission entre Kalsaka<br />
Mining et les populations en ce qui concerne la circulation<br />
des informations à travers le plan de communication<br />
et d'information communautaire ;<br />
4. Servir de cadre de gestion des éventuels conflits<br />
entre Kalsaka Mining et les populations directement<br />
affectées ;<br />
5. Servir de cadre d'appui à la mise en œuvre du plan<br />
d'acquisition et de compensation des terres durant<br />
toute la durée de la mine ;<br />
6. Participer à la mise en place et suivi des mesures<br />
de sécurisation des sites sacrés et leur assurer, dans<br />
la mesure du possible, un accès en tout temps ;<br />
7. Faciliter de recrutement de la main d'œuvre locale<br />
et en faire le suivi à partir des données statistiques.<br />
N : Il ressort dans le rapport de Kalsaka Minig<br />
qu'au titre des compensations des terres, le<br />
mine a déboursé 23 millions en 2007, 40 millions<br />
en 2008, 42 millions en 2009 et plus de 52 millions<br />
en 2010. Pouvez- vous nous dire qu'elles<br />
ont été les destinations finales de ces fonds ?<br />
NGO : Vous dites bien compensations des terres.<br />
Je suppose donc que ces sommes ont été distribuées<br />
à ceux qui ont cédé leurs terres à la mine au prorata<br />
de la superficie concédée. Il existe des sous commissions<br />
techniques au sein du CCC composées de<br />
cinq membres dont celle chargée des compensations<br />
conduites par le Chef ZAT qui s'occupe spécifiquement<br />
de la question en rapport avec la mine et les<br />
propriétaires terrains. C'est cette sous commission<br />
qui détermine le montant de la compensation à verser<br />
et cela se passe généralement sans beaucoup de<br />
difficulté.<br />
N : Par rapport aux investissements faits dans le<br />
cadre de l'appui au développement communal,<br />
Noraogo Grégoire Ouédraogo<br />
la population estime qu'au vu des réalisations,<br />
le montant ne vaut pas 362 millions comme il<br />
est dit dans les rapports. Elle pense aussi qu'il<br />
ya des surfacturations. Pouvez-vous éclairer ces<br />
zones d'ombre ?<br />
NGO : Ce qui est fait comme investissement en<br />
faveur de la communauté ne vaut certainement pas<br />
le montant annoncé car s'agit :d'une maternité équipée<br />
; d'une ambulance ; d'un complexe scolaire(3<br />
classes + bureau magasin + logement + latrines) ; de<br />
deux classes et latrines ; d'un logement et une latrine<br />
; d'une formation de 50 jeunes sur une période de 4<br />
mois ; d'une formation des femmes en alpha AI et<br />
AC ; d'une formation professionnelle (savon et<br />
embouche) de 29 femmes et leurs dotations avec 58<br />
moutons pour l'embouche. Jugez-en vous-même.<br />
Quant à la présomption de surfacturation, je n'ai pas<br />
d'éléments pour juger. <strong>Le</strong> CCC n'est impliqué ni<br />
dans la sélection des prestataires ni dans l'exécution<br />
des marchés. J'ai vu les différents montants des réalisations<br />
tout comme vous dans les documents présentés<br />
par la mine.<br />
N : Cette même population dit ne pas être d'accord<br />
quant à la gestion directe des fonds destinés<br />
à la commune par la société Kalsaka Minig<br />
elle-même. Qu'est ce qui a été prévu dans les<br />
accords et combien de francs la société devrait<br />
investir selon les termes des accords.<br />
NGO : La population à parfaitement raison. Cette<br />
situation ne permet pas d'avoir suffisamment de<br />
transparence dans l'utilisation des fonds. Il y a un<br />
fond de développement communautaire (FDC) qui<br />
devrait être mis en place mais cela n' jamais été fait.<br />
<strong>Le</strong>s interventions de la mine se font par année, selon<br />
les résultats des exercices qu'eux seuls connaissent et<br />
le bon vouloir des responsables.<br />
N : Dites nous aussi de ce qui a été fait des 16<br />
millions pour le déplacement de Naaba Chaise<br />
Inauguration du siège de l'association Kogléwéogo à Oula<br />
" Ceux qui n'ont d'yeux que pour les biens<br />
d'autrui sont avertis "<br />
L'Association Kogléwéogo, une structure installée<br />
dans la commune rurale de Oula dispose<br />
désormais d'un siège. Elle l'a inauguré à Kao, un<br />
village situé à 25 km de Ouahigouya, le vendredi<br />
10 juin 2011. C'était au cours d'une cérémonie<br />
parrainée par le député Aboubacar Ouédraogo et<br />
présidée par le Gouverneur de la région du<br />
<strong>Nord</strong>,Viviane Yolande Compaoré.<br />
L'association Kogléwéogo s'illustre bien en<br />
matière de collaboration avec les forces de sécurité,<br />
dans la lutte contre le grand banditisme. Elle s'est<br />
mise au devant pour faire arrêter des bandits de<br />
grands chemins, bien connus dans la province du<br />
Yatenga. L'action que mène cette structure a été<br />
reconnue et appréciée par les autorités de la région du<br />
<strong>Nord</strong>. " Cette initiative locale, pour sécuriser les citoyens a<br />
inspiré le gouvernement en ce qui concerne la mise en place<br />
d'une police de proximité " affirme le gouverneur de la<br />
région du <strong>Nord</strong>, Vivianne Yolande Compaoré. Et de<br />
rappeler " l'année dernière à la même période, quand il a été<br />
question de la présence d'Al quaida dans la région du <strong>Nord</strong>,<br />
les membres de Kogléwéogo sont venus me rassurer qu'ils veillent<br />
au grain. Qu'il n'y a pas à s'inquiéter ". Dans l'optique<br />
d'apporter ses encouragements à cette structure,<br />
la première responsable de la région du <strong>Nord</strong> a procédé<br />
à l'inauguration du siège de l'association dans le<br />
village de Kao dans la commune rurale de Oula, le<br />
vendredi 10 juin 2011. Travaillant en étroite collaboration<br />
avec les forces de sécurité, l'association<br />
Kogléwéogo qui a ses membres repartis dans environ<br />
60 villages au niveau de la province du Yatenga n'hésite<br />
pas à mettre le grappin sur certains bandits. "<br />
Nous collaborons avec la police et la gendarmerie. Si nous<br />
?<br />
NGO : Si vous voulez vraiment le savoir, il faut<br />
poser la question aux responsables coutumiers qui<br />
ont eu à gérer la question.<br />
N : <strong>Le</strong>s déguerpis aussi se plaignent de leur<br />
traitement. Trop de promesses non tenues.<br />
Qu'en dites-vous ?<br />
NGO. Vous savez, Cluff a précédé la commune sur<br />
le terrain. Je pense qu'au moment des études, certainement<br />
des promesses ou des propos compris<br />
comme telles ont dû tenus malheureusement sans<br />
que cela soit écrit quelque part. Kalsaka Mining ne<br />
semble pas vouloir prendre à son compte ces faits.<br />
N : Pour le cas spécifique du déguerpi Yembila<br />
SAWADOGO, agriculteur éleveur de son état,<br />
s'est retrouvé sur un terrain dans la ville sans<br />
avoir le moindre document. Il craint pour son<br />
sort en cas de lotissement. Quelle solution, vous<br />
préconisez pour ce cas ?<br />
NGO : Je crois que le site pour sa réinstallation a été<br />
choisi en accord avec l'intéressé. Ce site étant en<br />
dehors de la zone lotie, la mairie n'a rien à dire pour<br />
le moment. Un arrangement a été trouvé avec les<br />
propriétaires terriens en son temps. Toutefois,<br />
compte tenu de la valeur de l'investissement réalisé,<br />
il va de soit qu'on ne puisse pas l'ignorer en cas d'extension<br />
du lotissement vers ce côté.<br />
N : La population demande des justifications à<br />
tous les services bénéficiaires des appuis de la<br />
mine dans le cadre de l'appui institutionnel.<br />
Elle indexe notamment la police, la mairie, la<br />
préfecture, les services de santé et surtout les 1<br />
million 500 F CFA pour le fonctionnement du<br />
CCC. Qu'est ce qui est fait en ce sens pour leur<br />
redonner confiance ?<br />
NGO : Il faut tout d'abord que je vous corrige. La<br />
santé n'est pas bénéficiaire de cet appui. Pas pour le<br />
moment en tout cas à ma connaissance. De même<br />
l'appui au fonctionnement du CCC est de 1 153 000<br />
F CFA au lieu de 1 500 000 comme vous le dites.<br />
Concernant l'appui institutionnel, il s'agit d'un appui<br />
que la mine apporte au fonctionnement des services<br />
de la mairie, de la préfecture et du commissariat de<br />
police dans le cadre du partenariat établi entre eux.<br />
Je puis vous dire que ces montants ont été engagés<br />
dans le strict respect de leur objectif. Des justificatifs<br />
peuvent être présentés à ceux qui le désirent.<br />
Quant à la somme allouée au CCC pour son fonctionnement,<br />
il est dit à l'article 11 de l'arrêté créant<br />
le CCC ce qui suit : " La fonction de membre du<br />
comité de gestion est gratuite. Toutefois, les membres<br />
seront remboursés des frais engagés pour les<br />
déplacements et la communication dans le cadre des<br />
activités du comité ou des missions ordonnées et<br />
approuvées par la société Kalsaka Mining. Un projet<br />
de budget permettant de faire face au fonctionnement<br />
du comité sera élaboré chaque année et soumis<br />
à la compagnie Kalsaka Mining pour approbation et<br />
financement ". A ce titre, le montant de 1 153 000 F<br />
attrapons un malfaiteur, nous le conduisons chez elles "<br />
confirme le président de l'association Boukary<br />
Ouédraogo. Pour le président de cette structure, la<br />
création de cette association s'explique par une<br />
révolte contre les voleurs qui sévissaient dans la localité<br />
il y a de cela, une quinzaine d'années. " Bon nombre<br />
de bandits qui passent un bout temps dans les geôles reviennent<br />
pour narguer la population " déplore-t-il. Avec l'acquisi-<br />
Coupure du ruban symbolique<br />
SOCIETE<br />
15<br />
CFA a été alloué en 2010 pour les postes ci-après :<br />
prise en charge des membres (35) à chaque AG (4<br />
AG ordinaires par an) ; remboursement du carburant<br />
du président qui est non résident (4 AG) ; prise<br />
en charge des membres es sous commissions techniques<br />
pour chaque presté ; frais de fournitures de<br />
bureau ; frais de communication.<br />
N : Est-ce que cette crise ne dénote pas d'un<br />
déficit de communication entre le CCC, les<br />
responsables de la mine de la population?<br />
NGO : Vous avez parfaitement raison. Vous avez vu<br />
la composition du CCC. Nous avons pensé à tort<br />
que les membres en tant que représentants de leurs<br />
communautés rendaient compte à leur base des<br />
principaux points que nous discutons.<br />
Malheureusement cela n'a pas été ainsi ce qui a causé<br />
ce déficit et entrainé ces malentendus. Cela constitue<br />
une leçon pour nous.<br />
N : <strong>Le</strong>s travailleurs émettent l'éventualité de la<br />
fin de l'exploitation de la ressource minière<br />
avant les 6 ans de contrat. Avez-vous discuté<br />
d'une telle éventualité avec la société minière.<br />
NGO : Non ! Par contre, lors de la visite de<br />
Monsieur le Ministre en charge des mines, les responsables<br />
de la mine ont laissé entendre que de nouveaux<br />
indices permettent d'espérer une prolongation<br />
de la durée de la mine.<br />
N : Au niveau de l'accompagnement, si les femmes<br />
alphabétisées ont reçu des fonds d'installation,<br />
ce n'est pas le cas chez les jeunes qui ont<br />
été formés. A leur niveau, aucun n'aurait reçu<br />
le moindre sou pour son installation. Qu'en<br />
dites- vous ?<br />
NGO : Cela est exact, mais il faut savoir que la formation<br />
n'a pas été achevée. C'est une formation à<br />
deux niveaux et c'est le premier niveau seul qui a été<br />
exécuté. Pour certaines raisons, le deuxième niveau<br />
qui devrait avoir lieu en 2010 n'a pas eu lieu. Des<br />
discussions sont en cours entre la mine et l'ANPE<br />
régionale pour trouver une solution à cela.<br />
N : Qu'avez-vous à ajouter sur les raisons de<br />
cette crise ou sur les solutions à apporter dans<br />
le sens de sa résolution ?<br />
NGO : Pour moi la première raison de cette crise<br />
est le chômage des jeunes et la pauvreté. <strong>Le</strong>s situations<br />
offrent un terreau fertile pour ces genres de<br />
crise. Il y a aussi le déficit de communication. Nous<br />
n'avons pas communiqué suffisamment alors que la<br />
population a besoin de savoir ce que nous faisons<br />
pour la sortir de cette situation. Il y a un proverbe<br />
qui dit : " il ne suffit pas de bien faire, il faut le faire<br />
savoir ". Enfin il faut plus de la transparence dans la<br />
gestion des problèmes communautaires au niveau<br />
de la mine et améliorer les rapports de cette dernière<br />
avec la population.<br />
D.Aimé SAWADOGO<br />
tion de ce nouveau siège, c'est l'activité de l'association<br />
Kogléwéogo qui se voit structurer au bonheur<br />
de la population dans cette contrée. Ainsi, certaines<br />
personnalités à l'image du député Aboubacar<br />
Ouédraogo n'ont pas eu tort de soutenir les activités<br />
de ce regroupement communautaire contre l'insécurité<br />
des citoyens en mettant sa main à la poche pour<br />
aider à la construction du siège. " Avec le temps<br />
Kogléwéogo a démontré qu'elle avait sa raison d'être. Sa contribution<br />
pour faire de Ouahigouya et ses environs une zone à<br />
moindre risque est énorme. Vu l'originalité de son action, je<br />
n'ai pas hésité un instant quand elle m'a contacté pour l'inauguration<br />
du siège " confie-t-il. Au cours de la cérémonie,<br />
<strong>Le</strong>s responsables de l'association Kogléwéogo ont<br />
reçu des ministres Yacouba Barry et Gilbert<br />
Ouédraogo, de l'ambassadeur Salif Diallo et du<br />
député Aboubacar Ouédraogo des dons en natures et<br />
en espèces. Ils se composent de la somme de 100000<br />
F CFA, une vingtaine de téléphones portables et trois<br />
vélos. " Ceux qui n'ont d'yeux que sur les biens d'autrui sont<br />
donc avertis " a prévenu Boukary Ouédraogo.<br />
Prudence Estelle Kaboré
16 DEVELOPPEMENT<br />
Unité régionale de Coordination du <strong>Nord</strong> (URC/N) du PNGT2<br />
De nombreuses réalisations au profit des communes rurales<br />
Commencé en 2007, le deuxième programme national de gestion des terroirs (PNGT2) phase 2 œuvre pour la planification et la mise œuvre des<br />
activités des communes rurales au Burkina Faso. De 11 communes rurales dans la région du <strong>Nord</strong> en 2007-2008, l'Unité de coordination du <strong>Nord</strong><br />
couvre de nos jours l'ensemble des 27 communes rurales. <strong>Le</strong> bilan des trois années d'activités de la coordination du <strong>Nord</strong> est promoteur : élaboration<br />
de plans communaux de développement, formations des conseillers et des CVD, réalisations et diffusions d'émissions. Construction de<br />
fosses fumières, de parcs de vaccination, des infrastructures éducatives et sanitaires, des forages, aménagement de périmètres maraîchers, distribution<br />
de semences améliorées. <strong>Le</strong> PNGT2 s'affiche comme le bras financier des activités des communes rurales.<br />
"<br />
C'est à partir de 2009 que le PNTG2 a commencé<br />
à financer des activités dans la commune de Tangaye.<br />
Si cette structure n'existait pas, il fallait la créer. C'est<br />
grâce au PNGT2 que ma commune a pu réaliser plusieurs<br />
activités inscrites dans le plan communal de développement(PCD)<br />
et également certains plans d'investissements<br />
en dehors du PCD " soutient Mamadou<br />
Ouattara, maire de la commune de Tangaye. Et<br />
de se redresser pour énumérer minutieusement<br />
les différentes réalisations. En 2009 dira-t-il, le<br />
PNGT2 a financé des micro-projets d'un montant<br />
de 48millions cent mille francs CFA. Cette<br />
somme a permis les réalisations de 3 forages,<br />
une aire d'abattage, 5 fosses fumières, de cordons<br />
pierreux, 20 ha de délimitation de forêt,<br />
500m de protection de barrage, et une dotation<br />
de 200kg de semences améliorées. Il n'oublie<br />
pas de citer l'électrification du CSPS du village<br />
de Namssiguia. Pour 2010, Tangaye a reçu un<br />
financement de 36 millions ayant servi aux<br />
constructions d'un parc de vaccination, d'une<br />
maternité et la réalisation d'activités de reboisement.<br />
<strong>Le</strong> maire poursuit en soulignant que la manne<br />
financière déboursée pour sa commune en 2011<br />
s'élève à 49millions 579200fcfa pour l'implantation de<br />
deux forages, un reboisement de 2ha, les constructions<br />
de deux logements d'infirmiers, de deux maternités,<br />
l'équipement de deux formations sanitaires, la<br />
réhabilitation de deux forages etc.. " <strong>Le</strong>s appels d'offres<br />
ont été lancés, certains marchés ont été attribués et sont en cours<br />
d'exécution " s'empresse-t-il d'indiquer. " Si nous faisons<br />
la sommation, on totalise plus de 120 millions de francs CFA<br />
que le PNGT2 a investi dans la commune de Tangaye en l'espace<br />
de trois ans " se réjouie le bourgmestre. Il insiste<br />
pour dire que les activités réalisées par le PNGT2,<br />
émanent des propositions de son conseil municipal.<br />
A l'en croire, les activités sont recensés et adoptés par<br />
le conseil municipal avant d'être transmis à la coordination<br />
du PNGT2. " A partir du moment où les activités<br />
sont proposées par la base, on peut affirmer qu'elles répondent<br />
aux aspirations des bénéficiaires " affirme-t-il avant de préciser<br />
que sa commune apporte une modeste contribution<br />
à l'enveloppe financière accordée par le<br />
PNTG2 pour la mise en œuvre des activités. " En<br />
ma qualité du président régional de l'association des municipalités<br />
au Burkina, je puisse confirmer que toutes les 27 communes<br />
de la région bénéficient de l'appui du PNGT2. <strong>Le</strong>s réalisations<br />
sont financées en fonction de la capacité d'absorption des fonds qui<br />
ont été auparavant attribuées à chaque commune. Ce qui explique<br />
que d'une commune à une autre, le montant accordé n'est pas<br />
la même " explique le représentant régional de l'AMBF.<br />
Amidou Guiro, le maire de la commune rurale de<br />
Oula, éprouve le même sentiment de reconnaissance<br />
à l'égard du PNGT2. " L'action du PNGT2 est vraiment<br />
très salutaire. <strong>Le</strong>s ressources propres à la commune, ne nous permettent<br />
pas d'entreprendre des réalisations importantes "<br />
admet-il. La contribution financière du PNGT2 pour<br />
la commune de Oula était de 50 millions de francs<br />
CFA en 2010. Cette somme a servi à l a<br />
construction de logements d'infirmiers d'un parc de<br />
vaccination, l'implantation de deux forages etc. En<br />
2011, la commune a bénéficié de 13 millions de francs<br />
CFA. Selon le maire, la baisse de l'enveloppe financière<br />
est la conséquence de la faible absorption de l'enveloppe<br />
de 2010 " Selon la philosophie du PNGT2,<br />
si en fin d'année, le financement n'est pas entièrement absorbé,<br />
c'est la somme restante qu'on reconduit pour l'année suivante "<br />
se justifie le patron du conseil municipal de Oula. <strong>Le</strong><br />
maire de Kain à son tour ne tarit pas d'éloges à l'endroit<br />
du PNGT2, qui pour lui reste son principal partenaire.<br />
<strong>Le</strong>s nouvelles procédures de passation<br />
des marchés, le goulot d'étranglement<br />
Mme TAPSOBA Sara, Unité régionale de<br />
Coordination du <strong>Nord</strong> (URC/N) du PNGT2<br />
<strong>Le</strong> PNGT2 fonde son action à travers plusieurs<br />
composantes. Il y a le volet renforcement des<br />
capacités pour le développement rural décentralisé,<br />
la composante fonds de développement<br />
local et celle de la coordination, gestion et suiviévaluation.<br />
Concernant le volet renforcement<br />
des capacités pour le développement rural<br />
décentralisé, les activités au départ ont porté<br />
sur l'élaboration des donnés nominatives sur les<br />
conseils municipaux et conseils villageois de<br />
développement des 27 communes de la région<br />
du <strong>Nord</strong>, l'élaboration de 16 plans communaux<br />
de développement, des formations sur les<br />
IST/SIDA, en approche de gestion intégrée<br />
des ressources naturelles, en alphabétisation, en<br />
gestion des infrastructures. Il y a eu aussi des<br />
formations en techniques d'animation des collectivités<br />
et en technique de communication.<br />
<strong>Le</strong>s actions de cette composante en 2010 se<br />
sont soldées par la réalisation et la diffusion<br />
d'émissions radios, des représentations théâtrales,<br />
l'élaboration d'un dispositif de communication<br />
au niveau communal, l'appui à l'émergence<br />
des canaux de communication, la prise en<br />
compte de l'aspect genre dans les activités des<br />
communes rurales, la formation des élues locales<br />
, des formations en gouvernance locale ect..<br />
En ce qui concerne la composante Fonds de<br />
développement local, on note les réalisations<br />
des fosses fumières, de cordons pierreux, de<br />
parcs de vaccination, des forages, des salles de<br />
classes et d'infrastructures sanitaires. C'est au<br />
total une somme de 415227000 F qui a été<br />
déboursée pour les 11 communes bénéficiaires<br />
en 2009. <strong>Le</strong> montant est passé à 1<br />
<strong>Le</strong> maire de la commune de Tangaye,<br />
président de l'association municipalité<br />
du Burkina au <strong>Nord</strong> Mamadou Ouattara.<br />
038075940fcfa pour l'ensemble des 27 communes<br />
de la région du <strong>Nord</strong> en 2010. La partie<br />
Coordination, gestion et suivi évaluation a été<br />
marquée par les formations des membres de<br />
cellules communales de suivi-évaluation en<br />
suivi participatif, de 6 animateurs prestataires<br />
en suivi participatif et les appuis à la tenue<br />
d'une vingtaine de sessions des cadres de<br />
concertation provinciaux et à la tenue de 2 sessions<br />
du cadre de concertation régionale.<br />
Selon les maires, La visibilité et l'importance<br />
des actions conduites par l'Unité de coordination<br />
du <strong>Nord</strong> sont indéniables. Ils saluent le<br />
dévouement de l'équipe de la coordination et sa<br />
capacité d'écoute. " C'est une équipe pas du tout<br />
étoffé, mais très disponible. <strong>Le</strong>ur sens de l'écoute a permis<br />
d'éviter le blocage de certains microprojets "<br />
confesse le président régional de l'AMBF,<br />
Mamadou Ouattara. Ce dernier tout comme<br />
son collègue de Oula ne se privent pas de pointer<br />
du doigts certaines contraintes freinant<br />
l'exécution des activités. La rigidité des nouvelles<br />
procédures de passation des marchés<br />
publics préoccupe nos deux interlocuteurs. "<br />
Mon souhait est que le PNTG2 nous aide à attirer<br />
Une des réalisations du PNGT2 au <strong>Nord</strong><br />
l'attention des décideurs sur les conditions draconiennes<br />
des nouvelles procédures de passation des marchés<br />
publics. Ce sont les difficultés résultant de la mise en<br />
œuvre de ces nouvelles procédures qui font que l'enveloppe<br />
financière accordée à ma commune en 2011 s'est<br />
fondue à 13 millions. Nous n'avons pas un personnel<br />
suffisamment outillé nous permettant de monter les dossiers<br />
comme l'exige les nouvelles procédures de passation<br />
des marchés " se lamente le maire de la commune<br />
de Oula. <strong>Le</strong> représentant régional de l'AMBF<br />
embouche la même trompette " <strong>Le</strong>s procédures de<br />
décaissements sont compliqués. Ils arrivent que des prestataires<br />
de service finissent leur travail pour attendre 3<br />
à4 mois et souvent au-delà avant de rentrer en possession<br />
de leur dû. Ce n'est pas un problème qui relève des<br />
compétences de la Coordination. Ce sont des dispositions<br />
prises au niveau national, mais qui n'arrangent pas du<br />
tout les communes rurales, moins nantie en ressources<br />
humaines. J'invite le PNG2 et les maires à mener le<br />
plaidoyer ensemble pour l'allègement des nouvelles procédures<br />
gage, d'une meilleure exploitation des ressources<br />
alloués aux communes ". Fort de son titre de représentant<br />
de l'AMBF, il plaide au nom de ses<br />
camarades pour l'augmentation des contributions<br />
apportées par le PNGT2 aux communes<br />
" quand on voit la masse critique de 50 millions, on<br />
pense que c'est énorme. Mais quand on veut la repartir<br />
pour des investissements dans 35 villages, on se rend<br />
compte que la marge de manœuvre est très limitée. Il<br />
faut se tourner les pouces pour faire des choix. Mon<br />
souhait est que le PNGT2 puisse revoir à la hausse son<br />
financement pour un meilleur ancrage de la communalisation<br />
intégrale "<br />
Jules Zongo<br />
<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> - du 16 Juillet au 16 Août1- N°15<br />
RENTREE SCOLAIRE 2011-2012<br />
Lycée Moderne de l’Amitié<br />
L 'Association NEEED à le plaisir d'informer les élèves<br />
et les parents d'élèves qu'au vu<br />
des succès enregistrés et en partenariat avec l'Institut<br />
Stern Stewart d'Allemagne, elle<br />
offre pour cette année scolaire 2011-2012, 850 bourses<br />
d'études aux élèves<br />
régulièrement inscrits au Lycée Moderne de l'Amitié.<br />
Chaque bourse permettra d'offrir gratuitement à chaque<br />
élève de la 6ème à la terminale<br />
A et D régulièrement inscrit au Lycée Moderne de<br />
l'Amitié :<br />
*Un repas quotidien à la cantine (pour toute l'année)<br />
* Une tenue scolaire<br />
* Un kit scolaire<br />
* <strong>Le</strong>s petits soins à l'infirmerie<br />
* Un t-shirt pour les activités sportives<br />
- Chaque élève devra cependant payer le complément<br />
des frais de scolarité et de<br />
gestion définis en fonction du niveau d'études.<br />
- Une attention particulière est accordée à l'inscription<br />
des filles<br />
- <strong>Le</strong>s anciens élèves devront obligatoirement procéder<br />
à leur réinscription avant le<br />
samedi 10 septembre. Passé ce délai il sera procédé<br />
à leur remplacement.<br />
- <strong>Le</strong> Lycée Moderne de l'Amitié est un établissement<br />
conventionné et donc autorisé<br />
à recevoir les élèves admis à l'entrée en 6ème<br />
- L'accueil et l'installation des élèves est prévu du14<br />
au 16 septembre 2011<br />
<strong>Le</strong> début des cours est fixé au lundi 19 septembre à 7<br />
heures pour toutes les<br />
classes, de la 6ème à la terminale A et D<br />
<strong>Le</strong> début des cours est fixé le lundi 19 Septembre à<br />
7h 00 pour toutes les classes de la 6 eme à la terminale<br />
A et D<br />
- <strong>Le</strong>s nouvelles demandes de place seront reçues<br />
jusqu'au mardi 30 août à la<br />
direction du Lycée à Tougzagué, tous les jours ouvrables<br />
de 8 h à 12 h. Toute<br />
demande devra être obligatoirement accompagnée<br />
d'une somme de 500 f, non<br />
remboursable.<br />
Pour tout renseignement complémentaire veuillez vous<br />
adresser à la direction du Lycée Moderne de l'Amitié à<br />
Tougzagué, ou appeler au 40 55 20 25 ou 70 31 60 57<br />
Ensemble pour un monde meilleur !<br />
CEB de Ouindigui<br />
Une journée pour magnifier<br />
le sport et la culture<br />
La circonscription de l'éducation de base (CEB) de la commune<br />
rurale de Ouindigui était en fête le jeudi 14 avril 2011. La raison,<br />
elle a organisé la journée de sport et de la culture de l'écolier. Cette<br />
première édition était placée sous le parrainage du maire de ladite<br />
commune représenté par son premier adjoint Issouf T. Sawadogo.<br />
Football, athlétisme, récitals, danses traditionnelles et modernes,<br />
play back ont constitué le menu de cette première édition de la<br />
journée de sport et de la culture de l'écolier. Organisée par la circonscription<br />
de l'éducation de base (CEB) de la commune rurale<br />
de Ouindiguiu, cette activité a connu la participation de toutes les<br />
écoles de son ressort. A entendre le chef de la circonscription,<br />
Hamidou R Sawadogo, cette journée se veut un cadre de communion<br />
sportive et artistique entre les acteurs de l'éducation. " Elle<br />
constitue une pierre angulaire par excellence pour l'éducation car<br />
le sport et la culture sont des moyens d'éclosion des capacités physiques,<br />
intellectuelles et sociales de l'enfant " a- t- il indiqué. Au<br />
cours de cette journée, les adeptes des différentes disciplines ont<br />
fait valoir leur compétence. . La population qui était au rendez de<br />
cette première journée à satisfait sa curiosité, particulièrement à la<br />
finale du football dans l'après midi du jeudi 14 avril 2011 qui a<br />
opposé l'équipe de l'école de Robolo à celle de Ouidingui " B ". À<br />
la fin du temps règlementaire, aucune équipe n'a pu faire trembler<br />
les filets de l'autre. L'école de Robolo plus réaliste au cours des tirs<br />
aux buts a vaincu son adversaire par un score de 4 buts à 2. Elle<br />
remporte ainsi, le trophée, un jeu de maillots, un ballon, des kits<br />
scolaires et la somme de 12 000 F CFA. Ouindigui " B " s'est<br />
contentée d'un jeu de maillots, d'un ballon, des kits scolaires et la<br />
somme de 7000 F. Quant aux écoles de Dougouri et Ouindigui A,<br />
classées respectivement 3e et 4e, elles ont reçu également des<br />
dons en natures en espèces. <strong>Le</strong>s élèves qui se sont illustrés dans les<br />
autres disciplines ont été aussi primés. <strong>Le</strong>s organisateurs promettent<br />
de rééditer cette journée en vue de la rendre pérenne.<br />
Daniel Kafando
2 DÉCENTRALISATION & GOUVERNANCE LOCALE<br />
Edito<br />
CRISE AU BURKINA FASO<br />
La république va-t-elle se relever après avoir<br />
trébuché ?<br />
Depuis le 21 Février 2011, le Burkina Faso est<br />
entré dans un cycle de manifestations orchestrées<br />
par plusieurs catégories socioprofessionnelles :<br />
Elèves, étudiants, militaires, magistrats commerçants,<br />
cotonculteurs et enseignants .<br />
En 3 mois de tiraillement, le puissant régime de<br />
Blaise COMPAORE a basculé.<br />
<strong>Le</strong>s dégâts collatéraux, humains, infrastructurels et<br />
matériels sont incommensurables. L'autorité de l'Etat<br />
a été mise à rude épreuve. La république a trébuché<br />
avec à la clé le retrait du président de sa tour cossue<br />
de Kossyan pour Ziniaré, son fief natal. Malgré la<br />
stabilité et la paix dont se prévalait le parti majoritaire<br />
et ses thuriféraires pour narguer ceux qui revendiquaient<br />
plus de bonne gouvernance, les institutions<br />
en place n'ont pas pu ou su apporter les mécanismes<br />
nécessaires à l'encadrement des revendications et à<br />
l'exercice des aspirations les plus profondes et les<br />
plus visibles des populations dans un cadre légaliste<br />
et républicain.<br />
Pouvait -il en être autrement ? Clientélisme,<br />
gabegie et favoritisme sont devenus les modes de<br />
gouvernance dans cette contrée jadis réputée pour<br />
son intégrité. <strong>Le</strong> débat d'idées a été complètement<br />
dévoyé. Toute contestation de la version officielle<br />
était perçue comme un acte de rébellion, donc sujet à<br />
répression et représailles. Malgré une presse plurielle,<br />
la liberté d'expression n'est pas encore la chose la<br />
mieux partagée au Faso, le contrôle et la rétention de<br />
l'information étant un sport favori de nos responsables.<br />
Parallèlement, la pauvreté ne recule pas et de<br />
plus en plus les burkinabés éprouvent d'énormes difficultés<br />
à se nourrir, se soigner et honorer les frais de<br />
scolarité de leurs rejetons.<br />
Dans ce tableau si sombre, seul les dignitaires de la<br />
4ème république pouvaient encore croire en un<br />
"Burkina émergent". A la limite de la myopie politicosociale,<br />
les dirigeants n'ont pu prévoir le scénario du<br />
dernier trimestre.<br />
<strong>Le</strong>s récents événements apportent un démenti cinglant<br />
à tous ceux qui, par intérêt ou par puritanisme<br />
politique, pensaient s'approprier de façon impunie la<br />
république et ses ressources.<br />
<strong>Le</strong> gouvernement de crise sera-t-il enfin la<br />
panacée à un Burkina Faso en proie à une crise de<br />
confiance et de gouvernance ? Car, c'est bien de cela<br />
qu'il s'agit. <strong>Le</strong>s burkinabés ne croient plus en leurs<br />
gouvernants. La série des grèves, de sit-in et bien<br />
d'autres mouvements subséquents aux revendications<br />
sociales et professionnelles en disent long sur<br />
l'état d'esprit du citoyen. <strong>Le</strong>s dernières mesures gouvernementales,<br />
même si elles sont dans la bonne<br />
direction, paraissent insuffisantes au regard du fardeau<br />
qui pèse sur le burkinabé moyen. Au plan admi-<br />
Récépissé N° 210/156/CAO/TGI-OHG<br />
Directeur de Publication<br />
Jules Zongo<br />
Rédacteur en chef<br />
Pêgd-Windé Ouédraogo<br />
Contact : 70 10 09 99 / 78 90 11 30<br />
E-mail: lenord2010@yahoo.fr<br />
nistratif, la valse des DG au long règne devrait se<br />
poursuivre. L'apurement de tous les avancements des<br />
agents publics doit être une réalité conformément au<br />
délai indiqué par le gouvernement (septembre 2011).<br />
<strong>Le</strong> document consensuel sur le nouveau système<br />
d'évaluation ne devrait souffrir d'aucune négligence.<br />
Au plan de la gouvernance économique,<br />
tous les crimes économiques devraient être jugés.<br />
L'inspection générale des services, la cour des comptes,<br />
l'ASCE regroupent suffisamment de rapports<br />
permettant de nettoyer la bergerie. <strong>Le</strong>s monopoles<br />
tacites doivent prendre fin et les marchés publics<br />
seront attribués aux entreprises les plus méritantes.<br />
Ce qui suppose la fin du gré à gré, véritable preuve de<br />
la collision entre acteurs économiques et politiques.<br />
<strong>Le</strong>s sociétés prête- noms devront être dénichées et<br />
combattues.<br />
Au plan politique, le gouvernement a fait fi des critiques<br />
de certaines organisations de la société civile et<br />
des partis d'opposition répondant du Chef de file de<br />
l'opposition pour procéder à l'installation du Conseil<br />
consultatif pour les reformes politiques(CCRP). A<br />
vrai dire, il n'y a rien de nouveau dans les travaux<br />
déposés par la dite structure. <strong>Le</strong> peuple burkinabè est<br />
coutumier de constater que quand il y a des remous,<br />
les dirigeants de la IVème république se plaisent à<br />
organiser ce genre de foire, juste pour se faire bonne<br />
conscience. Ils se moquent éperdument de la mise en<br />
œuvre des conclusions auxquelles ces travaux aboutissent.<br />
Qu'à -t- on fait des recommandations du collège<br />
des sages et du MAEP ? Cette-fois ci, nous<br />
allons souffrir de supporter la prolongation de la<br />
comédie à cause de cette histoire de restituer les travaux<br />
du Conseil dans les régions, pour après tenir des<br />
assises nationales. La préoccupation, majeure des<br />
burkinabè pour l'heure, c'est l'alternance au pouvoir.<br />
<strong>Le</strong>s membres du CCRP ont botté en touche à ce<br />
sujet. C'est pourquoi ceux qui pensent que leurs propositions,<br />
même s'elles sont adoptées ne résoudront<br />
en rien la crise politique que traverse notre pays. La<br />
seule solution, que le Chef de l'Etat, annonce clairement<br />
la fin de son règne au terme de son mandat<br />
en 2015.<br />
La Rédaction<br />
Permettre aux élus locaux et aux acteurs de la<br />
société civile de partager leurs savoirs et savoir<br />
faire en matière de dialogue public, c'est l'objectif<br />
de la formation organisée par le Laboratoire<br />
citoyenneté les 25, 26,27 mai 2011 dans la salle<br />
des CITES à Gourcy. Convaincu que le processus<br />
de décentralisation actuellement en cours<br />
impose de nouveaux modes de penser et d'agir<br />
des décideurs et des citoyens, le Laboratoire<br />
citoyennetés à travers son programme " Action<br />
publique et citoyennetés " accorde un intérêt particulier<br />
au dialogue décideurs-citoyens. Ce dialogue<br />
selon cette structure est une exigence pour une<br />
meilleure mise en œuvre de la décentralisation<br />
pour les personnes impliquées dans ce processus.<br />
<strong>Le</strong>s modules de la formation ont été bâtis<br />
autour des points suivants à savoir : l'info-communication<br />
dans les processus de gouvernance<br />
et de construction des citoyennetés, la conduite<br />
d'un processus de plaidoyer sur des enjeux de<br />
gouvernance et de citoyennetés, l'élaboration<br />
d'un plan communal de développement et l'in-<br />
" <strong>Le</strong>s travaux se déroulent normalement sur les<br />
chantiers " c'est le constat fait à chaque étape de la<br />
mission. <strong>Le</strong>s ouvrages en réhabilitation sont déjà<br />
presque fonctionnels. " Sur chacun des chantiers, le<br />
soufflage, le contrôle du débit de l'eau et la pose de<br />
la pompe ont déjà été effectués " a indiqué, Jean<br />
Innocent Rouamba, chargé du contrôle<br />
technique des adductions. Il ne reste plus<br />
selon ce dernier que quelques réglages à<br />
faire. Et enfin, ces points d'eaux, désertés<br />
par les personnes et les bêtes depuis belle<br />
lurette, seront de nouveau fréquentés. Mais<br />
en attendant, comme pour montrer leur<br />
empressement à se les approprier de nouveau,<br />
certains ne semblent pas vouloir<br />
attendre la fin des travaux pour se ruer sur<br />
les pédales, faisant couler à l'envie le liquide<br />
précieux dans leurs récipients.<br />
La mission séance tenante a conseillé à un<br />
peu plus de retenue car, comme l'a souligné<br />
le représentant de la CISV, Sayouba<br />
Ouédraogo, d'ici quelques semaines, les<br />
ouvrages seront remis aux bénéficiaires.<br />
Des propos confortés par M. Rouamba<br />
qui a précisé que dans trois semaines au<br />
plus, les pompes seront fonctionnelles.<br />
<strong>Le</strong> ''Projet eau'' en exécution dans la commune<br />
de Ouahigouya a pour ambition de<br />
favoriser l'accès à l'eau potable aux popula-<br />
<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> - du 16 Juillet au 15 Août- N°15<br />
Réhabilitation de pompes à eau à Ouahigouya<br />
Trois adductions bientôt fonctionnelles<br />
Dans le cadre de l'exécution du ''Projet eau'' de la commune de Ouahigouya,<br />
trois pompes à eau sont en cours de réhabilitation dans les villages de Soubo,<br />
Issigui et Toéssin, sur financement du COCOPA/ Italie. Une mission organisée<br />
par la CISV, représentant cette coordination à Ouahigouya était sur le terrain pour<br />
constater de visu l'état d'avancement des travaux. C'était le mercredi 1er juin 2011.<br />
<strong>Le</strong> représentant de l’ONG CISV, SAYOUBA OUEDRAOGO<br />
essayant une pompe<br />
Plaidoyer et outils d'aide à la décision<br />
Acteurs de la société civile et élus locaux s'y imprègnent<br />
troduction à la démarche de qualité dans le service<br />
public local pour l'essentiel. À ces points<br />
viennent se greffer les sens des notions telles<br />
que le plaidoyer, l'interpellation, le lobbying et<br />
l'influence que le facilitateur Armand Kaboré,<br />
chargé de mission au Laboratoire citoyennetés<br />
par la méthode participative<br />
a explicités aux<br />
participants. Ce qui a<br />
suscité des débats très<br />
enrichis. En somme,<br />
les bénéficiaires sont<br />
repartis, heureux de<br />
voir leur champ de<br />
connaissance s'élargir<br />
à l'issue de cette formation.<br />
En guise de<br />
feed-back, ils promettent<br />
d'utiliser les<br />
connaissances acquises<br />
à bon escient pour<br />
accompagner le pro-<br />
tions. En plus du COCOPA, ce projet est<br />
soutenu par la Coopération décentralisée<br />
avec Chambéry (France) et la commune de<br />
Ouahigouya. C'est à travers le programme<br />
'Ne yibeogo'' que les amis italiens soutiennent<br />
ce projet.<br />
Présents aux côtés de la commune de<br />
Ouahigouya depuis longtemps, le<br />
COCOPA a à son effectif plusieurs réalisations<br />
socioculturelles. " <strong>Le</strong> bâtiment abritant<br />
les classes de CE2, du CM1, du CM2, le magasin<br />
et le bureau de la directrice pourrait succomber<br />
sous le poids des grands vents s'il n'est pas réfectionné<br />
dans de meilleurs délais " avaient fait<br />
savoir les élèves de l'école du village de<br />
Toessin à une délégation italienne venue<br />
pour l'inauguration d'un nouveau bâtiment<br />
de cette école en février dernier. <strong>Le</strong>ur<br />
doléance n'est pas tombé dans l'oreille d'un<br />
sourd. Retournés chez eux, les italiens ont<br />
dégagé des fonds pour permettre la réhabilitation<br />
du bâtiment dégradé. L'annonce de<br />
la nouvelle par le représentant de la coordination<br />
Sayouba Ouédraogo le 1er Juillet<br />
2011 a été fortement applaudie par les<br />
bénéficiaires.<br />
P.W.O<br />
<strong>Le</strong> Laboratoire citoyennetés, a organisé les 25, 26, 27 mai 2011 dans la salle des CITES à Gourcy, une formation sur le Plaidoyer et outils d'aide<br />
à la décision. Cette formation a concerné les acteurs de la société civile et les élus locaux.<br />
cessus de décentralisation. En rappel, les participants<br />
sont venus de (Ouahigouya, Koudougou,<br />
Fada N'Gourma, Réo et Boromo) , des villes où<br />
le Laboratoire Citoyennetés intervient au<br />
Burkina .<br />
BHO<br />
Photo de famille à la fin de la formation
4 DÉCENTRALISATION & GOUVERNANCE LOCALE<br />
Bonne gouvernance locale et développement<br />
Pour une société civile dynamique.<br />
Une cinquantaine de personnes issues d'organisations de la société civile (OSC) au Yatenga ont participé<br />
du 19 au 21 avril 2011 à un atelier d'échanges sur la bonne gouvernance et le développement.<br />
L'objectif de cet atelier organisé par le Mécanisme africain d'évaluation par les pairs(MAEP) avec<br />
l'appui de la Fondation Hanns Seidel, est d'éclairer les acteurs de la société civile au Yatenga sur<br />
la place qu'ils doivent occuper et le rôle qu'ils peuvent jouer dans la promotion de la bonne gouvernance.<br />
Dans l'entretien qui suit le Secrétaire permanent du MAEP, Jean-Baptiste Natama apprécie<br />
l'action de la société civile dans la promotion de la bonne gouvernance, la crise que traverse notre<br />
pays. <strong>Le</strong> coordonnateur de la Fondation Hanns Seidel Pascal Thombiano, lui présente sa structure<br />
et ses domaines d'intervention.<br />
Que vise le MAEP en<br />
organisant une formation<br />
sur la bonne gouvernance<br />
et le développement<br />
au profit des<br />
organisations de la<br />
société civile de la<br />
région du <strong>Nord</strong> ?<br />
<strong>Le</strong> déficit de la bonne<br />
gouvernance ralentit les<br />
efforts que les uns et les<br />
autres déploient pour son propre épanouissement<br />
et le développement du pays. En clair, l'objectif visé<br />
par le MAEP est d'amener la société civile à jouer<br />
sa partition dans la construction d'une société paisible<br />
et stable. Cela implique la mise en place de<br />
mécanismes pour assurer le respect des droits de<br />
l'homme, la séparation des pouvoirs, l'efficacité et<br />
l'équité dans la délivrance du service publique.<br />
Qu'est-ce qui caractérise la bonne gouvernance<br />
?<br />
Succinctement, je dirai que la bonne gouvernance<br />
pourrait se définir comme l'ensemble des mesures<br />
mises en œuvre pour assurer et optimiser la gestion<br />
des affaires publiques sur le plan économique, politique,<br />
social et administratif. Elle se fonde sur la<br />
participation des citoyens aux prises de décision, et<br />
leur implication pour une gestion transparente, efficace,<br />
efficiente et d'équité des affaires de la cité<br />
Comment appréciez -vous les actions des<br />
OSC de la société civile de nos jours ?<br />
Disons que la société civile elle-même est confrontée<br />
à des déficits de bonne gouvernance. Elle a<br />
besoin d'être mieux structurée, mieux formée avec<br />
à sa tête des dirigeants consciencieux et engagés.<br />
Sur le terrain, le MAEP conduit des activités de<br />
sensibilisation ,d'information et de formations à<br />
travers des conférences et des ateliers pour permettre<br />
aux différentes couches sociales de s'approprier<br />
les enjeux et les avantages liés à la bonne gouvernance.<br />
D'autres organisations travaillent également<br />
pour donner plus de dynamisme aux actions de la<br />
société civile. L'idéal c'est de parvenir à une union<br />
des forces, à une synergie d'actions. <strong>Le</strong> travail de la<br />
promotion de la bonne gouvernance exige l'émergence<br />
d'une attitude, d'un nouveau comportement.<br />
<strong>Le</strong>s actions individuelles conduites par telle ou telle<br />
structure ne sont pas à négliger, mais c'est quand les<br />
actions seront vraiment élargies et étendues de<br />
façon verticale et horizontale que les populations<br />
vont pouvoir elles-mêmes adopter les valeurs qui<br />
sont celles de la bonne gouvernance. Pour relever<br />
le déficit de la bonne gouvernance, il faut des<br />
citoyens actifs et non des sujets passifs qui subissent<br />
des modes de gouvernances conduites en solitaire<br />
par les décideurs.<br />
Quelle lecture faites-vous de la crise qui secoue<br />
le Burkina Faso depuis le mois de février 2011 ?<br />
<strong>Le</strong> déficit du dialogue social a favorisé l'exacerbation<br />
de cette crise. Je pense que le Chef de l'Etat et<br />
son nouveau gouvernement ont rapidement pris la<br />
mesure de la situation. Il y a d'abord les rencontres<br />
organisées par le Chef de l'Etat pour recueillir les<br />
préoccupations des citoyens et ensuite celles tenues<br />
par les membres du gouvernement. C'est ce que le<br />
MAEP avait perçu à travers son rapport en soulignant<br />
que les cadres de dialogue devraient être<br />
renforcés. La réaction du gouvernement dans la<br />
mise en œuvre de cette recommandation a été un<br />
peu lente et la cocotte minute à fini par sauter.<br />
Maintenant que le gouvernement a compris la<br />
nécessité de ce dialogue là, il faut qu'il travaille à le<br />
pérenniser en créant des cadres. Tout le monde doit<br />
se sentir concerné par la vie de la cité. Pour la<br />
conduite des affaires de la cité, il est difficile de parvenir<br />
à l'unanimité dans les choix, mais on peut<br />
parvenir au consensus. Ce consensus là, ne peut<br />
être obtenu qu'à travers le dialogue<br />
Pascal Thombiano, coordonnateur de la<br />
Fondation Hanns<br />
Seidel pour le Burkina.<br />
Pouvez-vous nous présenter<br />
la fondation<br />
dont vous assurez la<br />
coordination au<br />
Burkina Faso ?<br />
La fondation Hanns<br />
Seidel est une ONG allemande<br />
qui est arrimée a<br />
un parti politique et qui tire principalement ses ressources<br />
du Budget allemand. Cette fondation est<br />
née après la deuxième guerre mondiale précisément<br />
dans les années 1960. A l'époque les alliés ont<br />
vu la nécessité pour le peuple Allemand de promouvoir<br />
le civisme au sein de leurs communautés.<br />
C'est dans ce sens que des fonds ont été dégagés<br />
pour susciter la naissance des fondations pour que<br />
chaque parti politique allemand puisse promouvoir<br />
le civisme. L'expérience a été très concluante et les<br />
allemands ont décidé de la partager avec d'autres<br />
pays à travers le monde. De nos jours la Fondation<br />
Hanns Seidel est présente dans 70 pays issus de plusieurs<br />
continents. Pour ce qui concerne l'Afrique de<br />
l'Ouest, le siège de la Fondation est à Accra avec<br />
une représentation au Burkina dont je suis le<br />
Coordonnateur. Au Burkina, la Fondation travaille<br />
avec trois partenaires. Il s'agit du Mécanisme<br />
Africain d'évaluation par les pairs (le MAEP) qui a<br />
pour domaine d'action la promotion de la bonne<br />
gouvernance, le Réseau d'initiative des journalistes<br />
(RIJ) qui œuvre pour l'ancrage d'un journalisme<br />
professionnel et de développement. Notre troisième<br />
partenaire est la commune de Yako avec<br />
laquelle, nous mettons en exécution un projet pilote<br />
sur le civisme fiscal. J'insiste pour dire que les résultats<br />
de ce projet -pilote avec la commune de Yako,<br />
nous donnent des satisfactions. De nos jours, les<br />
citoyens de Yako ont compris la nécessité pour eux<br />
de payer les taxes parce qu'ils savent à quoi elles<br />
sont destinées. Si vous jetez un coup d'œil sur les<br />
statistiques du taux de recouvrement à Yako, les<br />
indicateurs sont en hausse.<br />
Concrètement, quels types d'accompagnements<br />
vous accordez à ces trois partenaires ?<br />
Notre accompagnement est technique et financier.<br />
En début d'année, chaque partenaire élabore un<br />
programme d'activités annuel et nous leur apportons<br />
les fonds nécessaires pour la mise en œuvre.<br />
Nous les assistons aussi techniquement pour permettre<br />
une meilleure exécution du programme d'activités.<br />
Avez-vous en projet de soutenir d'autres structures<br />
?<br />
Nous réfléchissons sur les conditions d'élargissement<br />
du nombre des partenaires. Nous avons<br />
entrepris des démarches avec certains ministères<br />
notamment le ministère de la Fonction publique, la<br />
Justice et l'Administration territoriale avec lesquels<br />
nous envisageons travailler toujours avec une forte<br />
implication de la société civile comme actrice d'exécution<br />
et de promotion des activités sur le terrain<br />
Propos recueillis par Jules Zongo.<br />
l<br />
E n<br />
<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> - du 16 Juillet au 16 Août1- N°15<br />
Coopérations décentralisées France-Burkina Faso<br />
La coopération Chambéry-Ouahigouya citée comme exemple<br />
La célébration du 20ème anniversaire de la Coopération décentralisée Chambéry-Ouahigouya a<br />
été marquée par la tenue les 24, 25 juin 2011 du forum des coopérations décentralisées engagées<br />
entre la France et le Burkina Faso. Plusieurs communes françaises et burkinabés ont pris part<br />
aux échanges.<br />
nombre de partenariat<br />
avec les villes<br />
françaises, le Burkina<br />
Faso avec 180 partenariats<br />
occupe la tête de<br />
peloton dans le pôle<br />
Afrique Subsaharienne<br />
regroupant 8 " groupes<br />
pays " : le Benin, le<br />
Burkina Faso, le Mali, la<br />
Mauritanie, le Niger, le<br />
Sénégal, le Togo et<br />
Madagascar. A entendre<br />
Nicolas Vernon, le président<br />
de l'association<br />
Chambéry-Ouahigouya<br />
le ministre délégué chargé des collectivités territoriales<br />
du Burkina, Toussaint Abel Coulibaly, la<br />
mobilisation financière à travers les différentes coopérations<br />
avec son pays se chiffre à 108 milliards de<br />
francs CFA entre 2007 et 2009. Pour le représentant<br />
des Cités Unies France Stéphane Valli, la coopération<br />
entre Chambéry et Ouahigouya est un partenariat<br />
particulier dans le groupe pays et même au<br />
sein de l'association Cités Unies France. " C'est un<br />
partenariat mythique, une référence pour nombre de coopération,<br />
un exemple pour ceux qui souhaitent s'engager sur la<br />
voie de la coopération décentralisée " a-t-il témoigné. Nicolas<br />
Vernon, le président de l'association Chambéry-<br />
Ouahigouya, dévoile le secret de la réussite de cette coopération<br />
" Ne pas faire de l'humanitaire mais coopérer sur des<br />
projets autour desquels se retrouvent les populations des deux<br />
territoires ". En plus de l'appui accordé aux différents<br />
services de la mairie, de nombreuses structures<br />
bénéficient des retombées de cette coopération. Il y<br />
a la coopération hospitalière entre le Centre hospitalier<br />
régional de Ouahigouya et celui de Chambéry,<br />
marquée par des missions chirurgicales et des<br />
échanges entre médecins, pharmaciens, laborantins,<br />
élèves infirmiers et infirmières, personnel administratif.<br />
Dans le milieu associatif, l'association Etre<br />
comme les autres ECLA a été l'un des premiers<br />
acteurs de cette coopération, avec le projet " vélos<br />
pour Ouahigouya ". Plus de 6000 vélos collectés à<br />
Chambéry ont été envoyés à Ouahigouya et revendus<br />
à un prix social. ECLA a également conduit un<br />
projet d'épargne et de crédit. <strong>Le</strong> partenariat avec<br />
l'association Appui moral, matériel et intellectuel à<br />
l'enfant AMMIE s'est soldé par la mise en place<br />
d'une librairie papeterie communautaire et d'un<br />
Centre d'information, de prévention et de prise en<br />
charge du VIH/SIDA. L'association des femmes<br />
burkinabés de Ouahigouya(AFBO) a conduit le<br />
projet de lutte contre la malnutrition et la revue "<br />
Regard de femmes " coécrite par des femmes du Sud et<br />
du <strong>Nord</strong>. Quant à l'association pour le soutien des<br />
enfants déshérités, elle est bénéficiaire d'un appui<br />
pour la prise en charge des enfants déshérités et<br />
pour la construction d'un centre d'accueil. D'autres<br />
L'adjoint au maire de la commune de Ouahigouya<br />
Amidou Ouédraogo et le responsable de l'équipe<br />
technique de la coopération Chambéry -Ouahigouya<br />
Issaka Sawadogo sont revenus de Chambéry avec de<br />
bonnes nouvelles. Il s'agit de cinq(5) conventions<br />
signées, sur la base du programme 2011-2012.<br />
Nous vous proposons l'intitulé. " Conformément au protocole<br />
de coopération pluriannuel qui prévoit " l'élaboration des<br />
conventions techniques opérationnelles régissant les modalités de<br />
fonctionnement et d'organisation de toutes les actions engagées dans<br />
le cadre de la coopération et sur la base du programme 2011-<br />
2012, les conventions sont élaborées et signées par les différentes<br />
parties prenantes. "<br />
1 Convention sur le " renforcement des capacités du Conseil<br />
municipal de la commune de Ouahigouya " entre la Mairie de<br />
Ouahigouya , la ville de Chambéry et l'association<br />
Chambéry Ouahigouya,<br />
2 .convention sur le renforcement de la coordination<br />
générale et des directions de la mairie de Ouahigouya "<br />
entre la mairie de Ouahigouya, la ville de Chambéry et<br />
associations comme AVM, AEFAC, conduisent des<br />
activités soutenues par cette coopération. Celle-ci<br />
se ressource surtout à travers le festival lafi bala<br />
organisé chaque deux ans à Chambéry, alliant festivités,<br />
intérêts économiques et mobilisation<br />
citoyenne. <strong>Le</strong> président de l'association Chambéry-<br />
Ouahigouya, Nicolas Vernon précisera qu'au sortir<br />
de l'édition 2009 du festival Lafi Bala, les artistes<br />
burkinabés ont engrangé une somme d'environ 39<br />
millions de Francs CFA. L'un des projets phares en<br />
cours actuellement et qui fait beaucoup plus d'attention<br />
est celui de l'accès à l'eau potable devant<br />
rapprocher le liquide précieux à 25000 personnes<br />
des 37 villages rattachés à la ville de Ouahigouya.<br />
Sans tomber dans l'autosatisfaction, le maire de la<br />
<strong>Le</strong> Maire de Chambery à côté du ministre<br />
Toussaint Abel COULIBALY<br />
ville de Chambéry, Bernadette Laclais, relève qu'il y<br />
a toujours des efforts à faire. " Il faut que nous sachions<br />
nous adapter à la nouvelle situation. En vingt ans, beaucoup<br />
de choses ont changé. Quand nous avons démarré notre coopération,<br />
nous pensions que notre système économique était<br />
solide. Nous sous- estimions aussi le problème de changement<br />
climatique. Aujourd'hui, c'est aussi au Sud que les conséquences<br />
sont les plus catastrophiques. <strong>Le</strong> message que nous<br />
devons faire passer est que la solidarité avec le Sud est une<br />
exigence " se convainc, le maire de la ville de<br />
Chambéry. Et Véronique Moreira Vice-présidente<br />
Région Rhône Alpes, déléguée aux solidarités internationales<br />
de renchérir " près de un milliard d'êtres<br />
humains ne mangent pas à leur faim, le plus souvent des femmes.<br />
Près de deux milliards de personnes vivent dans l'extrême<br />
pauvreté et subissent la privation de leurs droits. La<br />
coopération décentralisée n'a pas de sens si la volonté politique<br />
internationale ne s'exerce pas à la mesure des catastrophes<br />
éthiques et écologiques en cours et à venir " avant de<br />
plaider pour l'émergence d'une " Citoyenneté monde,<br />
dans une société monde ". Pour faire face à ces défis,<br />
les participants ont orienté les débats sur la valorisation<br />
de la coopération décentralisée et son intérêt<br />
local, la culture comme facteur de développement,<br />
l'appui à la maîtrise d'ouvrage, la coopération au<br />
service de la mobilisation du territoire et des<br />
citoyens, la mutualisation des actions.<br />
BHO<br />
Cinq nouvelles conventions signées.<br />
l'association Chambéry -Ouahigouya.<br />
3. convention sur " l'appui à la mise en œuvre de projets de<br />
services " entre la mairie de Ouahigouya, la ville de<br />
Chambéry et l'association Chambéry Ouahigouya.<br />
4. convention sur " l'appui à la mise en œuvre de la politique<br />
culturelle de la commune de Ouahigouya " entre la mairie de<br />
Ouahigouya, la ville de Chambéry et l'association<br />
Chambéry-Ouahigouya.<br />
5 Convention sur la mise en œuvre du PCD/AEPA de<br />
la commune de Ouahigouya.<br />
3. Conventions de financement entre la mairie de<br />
Ouahigouya et chacune des associations dont le projet a<br />
été retenu suite à l'appel à projet<br />
4. Convention sur " l'appui aux initiatives dans le secteur économique<br />
" entre la mairie de Ouahigouya , la ville de<br />
Chambéry et l'association Chambéry-Ouahigouya.<br />
5. conventions de financement entre la mairie de<br />
Ouahigouya et chacun des porteurs de projets économiques.
<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> - du 16 Juillet au 16 Août1- N°15<br />
POLITIQUE<br />
RAOGO ANTOINE SAWADOGO (Président du Laboratoire Citoyennetés)<br />
" La crise actuelle est une opportunité historique de fortifier les institutions républicaines "<br />
Depuis quelques mois, le Burkina Faso traverse une crise sans précédent dans son histoire. Partie des manifestations de scolaires suite à la mort suspecte d'un des leurs en février dernier à<br />
Koudougou, cette crise a été amplifiée par des mutineries dans l'armée. Quelle lecture peut-on faire de cette crise sociopolitique et comment en est-on arrivé là ? N'est-ce pas la résultante de l'usure<br />
du pouvoir avec le long règne du Président Blaise Compaoré ? Quelles réformes profondes faut-il envisager pour sortir de la crise et selon quelles modalités de mise en œuvre ? Ce sont autant de<br />
questions que nous avons posées à Raogo Antoine Sawadogo, Président du Laboratoire Citoyennetés, ancien ministre de l’administration territoriale, président de la commission nationale de la décentralisation<br />
pendant une dizaine d’années. Dans cet entretien qu'il a bien voulu nous accorder, il répond sans détour à nos questions et fait des propositions de solutions de sortie de crise.<br />
<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> (N) : Quelle est votre lecture de la<br />
crise qui secoue le Burkina Faso, ces derniers<br />
mois ?<br />
RAS : Tout le monde convient que le décès de<br />
l'élève Justin Zongo dans des circonstances<br />
troubles a été le détonateur de la crise. Il y a eu<br />
une mauvaise communication qui laissait<br />
croire qu'on voulait cacher quelque chose<br />
autour de la mort de l'élève. La jeunesse,<br />
notamment les élèves de la ville de Koudougou<br />
sont sortis pour contester les premières déclarations<br />
des autorités. La réaction des autorités<br />
et des forces de sécurité pour restaurer l'ordre<br />
public a provoqué d'autres pertes en vies<br />
humaines. <strong>Le</strong>s différentes parties étaient sur<br />
leurs nerfs. La non mise en place d'un cadre de<br />
concertation à temps a fait que d'autres villes à<br />
l'intérieur du pays ont été touchées par les<br />
manifestations en guise de solidarité.<br />
Encore Koudougou ? Serait- on tenté de se<br />
demander. Il faut signaler que Koudougou a<br />
connu des disparitions tragiques de ses fils. <strong>Le</strong>s<br />
explications données à ces disparitions n'ont<br />
pas répondu aux attentes de la population de<br />
cette ville. Après les évènements de 1987 où les<br />
populations ont été terrorisées par les tueries<br />
des militaires, il y a eu l'affaire Norbert Zongo<br />
qui s'est soldée par un " Non lieu " prononcé<br />
par la justice. Un " non lieu ", le citoyen<br />
lambda ne sait pas ce que cela veut dire. Dans<br />
l'imaginaire populaire, " Non lieu " c'est<br />
comme s'il n'y a pas eu mort d'homme. Quand<br />
on connaît les circonstances tragiques de la disparition<br />
du journaliste Norbert Zongo, on<br />
convient que cette manière de boucler le dossier<br />
a créé de profondes frustrations. Ensuite, il<br />
y a une sorte d'opinion rampante à<br />
Koudougou, qui considère que depuis la disparition<br />
du Président Maurice Yaméogo, la ville a<br />
été délaissée. Cette opinion chante à qui veut<br />
l'entendre la fermeture de l'usine Faso Fani qui<br />
générait beaucoup d'emplois pour les bras valides,<br />
avait des retombées économiques certaines<br />
pour la région et faisait de la ville une plaque<br />
tournante d'activités socioculturelles.<br />
Une autre caractéristique de cette crise est que<br />
c'est la police qui est mise en cause.<br />
Conséquence, des commissariats de police dans<br />
plusieurs localités du pays ont été incendiés<br />
.Cette donne s'explique par le fait que c'est la<br />
police qui accueille les problèmes au quotidien<br />
des citoyens. La police est donc un dépotoir<br />
d'événements malheureux. Chaque fois que les<br />
gens vont à la police ce n'est pas pour résoudre<br />
un problème heureux. Certaines méthodes<br />
utilisées par la police dans la conduite de leurs<br />
enquêtes sont aux antipodes des dispositions<br />
républicaines. Quand un individu se lève le<br />
matin avec de nombreux problèmes sur le dos<br />
et on l'arrête à un feu de stop pour lui tendre<br />
une contravention, si on ne lui exige pas la moitié<br />
pour empocher, il part frustré en vous maudissant.<br />
Si quelqu'un est convoqué par la police<br />
à maintes reprises et en un laps de temps, et<br />
que par hasard, il meurt, cela crée des suspicions.<br />
On déduit qu'il est mort des suites de<br />
mauvais traitements. Du coup, l'institution policière<br />
est crainte et décriée. Il faut désormais<br />
une bonne communication pour polir l'image<br />
de la police. Au delà de la formation de base, il<br />
faut des stages de recyclage pour rappeler<br />
continuellement aux agents, le devoir d'exercer<br />
leur métier selon les principes des droits<br />
humains et des règles démocratiques.<br />
Une autre caractéristique de cette crise est que<br />
généralement les manifestations précédentes<br />
partaient de Ouagadougou. Mais cette fois-ci,<br />
elles ont démarré en périphérie notamment à<br />
Koudougou, Ouahigouya, Fada, avant de<br />
gagner Ouagadougou. Cela veut dire simplement<br />
que l'analyse selon laquelle, si on maîtrise<br />
Ouagadougou, on maîtrise l'ensemble du<br />
pays n'est plus vraie. En tant que militant de la<br />
décentralisation, je dirai que le Local est désormais<br />
conscient de sa force et il faut être à<br />
l'écoute de la périphérie, des régions, et des<br />
communes. Nous allons devoir rechercher<br />
d'autres types de lunettes pour relire nos dispositions,<br />
refaire nos calculs et s'occuper un peu<br />
plus de la périphérie. Nous sommes face à un<br />
village monde. N'importe quel coin du monde<br />
entier peut constituer l'épicentre d'un événement<br />
national et international. Je me répèterai<br />
pour dire que nous sommes face à une nouvelle<br />
situation, se traduisant par des manifestations<br />
violentes et orchestrées par des jeunes.<br />
Ces derniers nous donnent un message qu'il<br />
faut savoir décrypter, déconstruire pour comprendre<br />
pourquoi les manifestants ciblent certaines<br />
entités et des individus. Ce comportement<br />
s'explique en partie par l'échec de l'Etat<br />
de droit en construction au Burkina Faso.<br />
Chaque échelle du pouvoir, chaque institution<br />
n'a pas joué son rôle à temps.<br />
Elles n'ont pas été suffisamment accompagnées<br />
et encadrées pour pouvoir assurer leur<br />
mission de régulation de la société. <strong>Le</strong>s aspirations,<br />
les attentes d'amélioration des conditions<br />
de vie des peuples ainsi que leurs demandes en<br />
matière de gouvernance sont toujours en décalage<br />
avec les capacités des gouvernants à y<br />
répondre.<br />
Une autre leçon qu'on peut tirer est que les<br />
moyens traditionnels de manipulation de la<br />
population, de la jeunesse sont devenus inopérants.<br />
<strong>Le</strong>s tentatives d'empêcher les manifestations<br />
en corrompant les leaders d'opinions et<br />
les acteurs ont produit des effets contraires<br />
dans certaines localités. En affrontant les bâillons<br />
et en refusant la corruption, la jeunesse<br />
entend dicter sa vision de la moralisation de la<br />
vie publique, parce qu'elle pense que si on peut<br />
empêcher une manifestation par la corruption,<br />
cela sous entend que les pratiques de corruption<br />
sont de règle dans le fonctionnement des<br />
institutions publiques de l'Etat. La jeunesse a<br />
compris que la méritocratie, la transparence, la<br />
bonne gouvernance sécurisent tous les<br />
citoyens. Elle revendique les mêmes chances<br />
devant les offres de services publics, les<br />
concours, les marchés, la redistribution équitable<br />
des richesses.<br />
Pour me résumer, je dirai que la crise sociopolitique<br />
actuelle est caractérisée par une forte<br />
entrée en scène du Local et de la jeunesse et<br />
partant, le refus de la trop grande concentration<br />
du pouvoir, des ressources et des investissements<br />
dans la capitale, entre les mains d'une<br />
minorité de privilégiés. Elle est donc soutenue<br />
par une forte revendication d'une forme<br />
d'Etat.Un Etat qui transfère réellement le pouvoir,<br />
les ressources et les compétences vers les<br />
milieux de vie quotidienne des populations à<br />
savoir les villages, les secteurs, les communes et<br />
les régions.<br />
N : A la suite des élèves , il y a les militaires<br />
qui sont rentrés dans la danse pour protester<br />
avec armes aux poings contre une décision<br />
judiciaire prononcée à l'encontre de<br />
certains de leurs camarades et pour ensuite<br />
revendiquer de meilleurs conditions de vie<br />
. Une réaction tout de même surprenante<br />
pour un corps où la discipline est le maître<br />
mot.<br />
RAS : Cela montre également le mauvais<br />
fonctionnement de nos institutions. Beaucoup<br />
de choses ont été dites sur la justice au point<br />
qu'on ne lui accorde pas beaucoup de crédit.<br />
<strong>Le</strong>s gens ont le sentiment qu'il y a toujours des<br />
mains souterraines qui dictent les décisions<br />
judiciaires. <strong>Le</strong>s manifestants sont aussi habités<br />
par ce sentiment. Dans le passé, des forces de<br />
l'ordre ont posé des actes en violation de<br />
droits humains et n'ont pas été inquiétées.<br />
Donc les manifestants raisonnent par comparaison.<br />
Ils savent que les manipulations, la corruption,<br />
ont pignon sur rue sous leur propre<br />
toit. Cette décision judicaire a été perçue<br />
comme la prolongation des multiples " affaires<br />
classées " et de l'exploitation qu'ils subissent<br />
depuis. Comme les élèves, l'action des militaires<br />
s'inscrit dans la volonté d'exiger une meilleure<br />
gestion des institutions. Nous sommes un peu<br />
en retard dans la lecture de l'influence de la<br />
mondialisation. Au sein des forces armées présentement<br />
beaucoup de jeunes ont un bagage<br />
intellectuel solide. Ils ont l'esprit alerte pour<br />
analyser et décortiquer les tenants et les aboutissants<br />
des conditions dans lesquelles ils baignent.<br />
Ils sont allés au Darfour, en Centre<br />
Afrique, au Congo RDC, en HAITI etc., ils<br />
connaissent ce que leurs camarades perçoivent<br />
comme salaire et ce qu'ils perçoivent au retour<br />
de ces missions. <strong>Le</strong> temps des sacro-saints slogans<br />
disant que la discipline fait la force des<br />
armées est dépassée. Il me paraît urgent de<br />
trouver des mécanismes qui puissent motiver le<br />
respect de la discipline au sein de l'armée. Cela<br />
passe par l'amélioration des conditions de vie<br />
des individus qui font cette armée et la gestion<br />
transparente de leur dû. Il faut reconnaître éga-<br />
5<br />
lement que l'armée n'a plus le monopole du<br />
génie militaire. Si un seul individu organise un<br />
réseau clandestin et arrive à attaquer les institutions<br />
du pays qui a l'armée la plus puissante au<br />
monde, je veux parler de Ben Laden et les Etats<br />
unis d'Amérique, cela donne à réfléchir. La<br />
nécessité de la reforme de l'armée s'impose. Il<br />
faut le faire avec lucidité, avec pragmatisme et<br />
ne pas considérer l'armée comme une masse<br />
d'hommes, commandée par une seule discipline.<br />
N : Pensez vous que le changement du<br />
gouvernement et les nouvelles mesures<br />
que ce gouvernement a prises notamment<br />
la suppression de la TDC , la diminution<br />
des prix des produits de première nécessité,<br />
et la promesse d'apurer les avancements<br />
des fonctionnaires suffisent pour<br />
résorber définitivement la crise?<br />
RAS : <strong>Le</strong> changement opéré à la tête du gouvernement<br />
est une très bonne chose. Cette fois<br />
ci le mouvement a été vaste. Cela pourrait<br />
contribuer à donner beaucoup plus de vivacité<br />
et de dynamisme. Si les mêmes personnes sont<br />
aux mêmes postes pendant plusieurs années en<br />
ce qui concernent les postes nominatifs, on<br />
court le risque de tomber dans une léthargie. Il<br />
est important de procéder à des changements à<br />
certains moments pour apporter beaucoup plus<br />
d'émulation. Il faut donner la chance à toutes<br />
les compétences pour qu'elles puissent apporter<br />
de nouvelles idées et d'autres touches dans<br />
la conduite des services de l'État. Concernant<br />
les mesures qui ont été prises, pour le moment,<br />
je pense qu'on peut les comparer à des sparadraps,<br />
des aspirines administrées pour calmer la<br />
douleur.<br />
<strong>Le</strong>s calmants ne soignent pas définitivement<br />
une maladie. Je dirai donc que ces mesures sont<br />
provisoires, purement transitoires. Je les appellerai<br />
des mesures calmes - douleur.<br />
Nous sommes dans un contexte d'État en<br />
construction et les crises font parties intégrantes<br />
de l'évolution des États. Un État qui ne sait<br />
pas faire face à des crises et qui ne se construit<br />
pas en tenant compte des crises est voué à<br />
l'échec. Il faut lire les événements actuels<br />
comme la revendication d'un besoin de maturation<br />
des mécanismes et des appareils de l'État,<br />
dans un contexte d'État de droit. <strong>Le</strong>s crises laissent<br />
voir des dysfonctionnements et des malaises<br />
dont on doit se servir comme des leçons<br />
afin de chercher des réponses adéquates pour<br />
une meilleure gestion de la chose publique.<br />
Comment placer l'intérêt de l'État, de l'ensemble<br />
des citoyens en priorité par rapport aux<br />
intérêts bassement matériels des individus, ou<br />
des groupes sociaux ? Convenons qu'il n'y a<br />
pas de communauté humaine qui ne produise<br />
pas d'exclusion. Mais à tout moment, on doit<br />
savoir créer l'équilibre entre les marges et les<br />
privilégiés. Intégrer les marges au fur et à<br />
mesure qu'on avance, doit être un souci permanent.<br />
Si on les laisse tout le temps sur le bas<br />
coté de la route, elles finiront par se révolter et<br />
obstruer la voie ou changer l'ordre établi. Au<br />
stade actuel dans notre pays, nous sommes face<br />
à un contexte de production de grandes margi-
6 POLITIQUE<br />
nalités. <strong>Le</strong> fossé entre les riches et les pauvres,<br />
l'urbain et le rural, les jeunes et les aînés, l'élite<br />
intellectuelle et le non alphabétisé est très profond.<br />
Cette crise doit nous permettre de revoir<br />
les mécanismes de régulation pour corriger le<br />
fonctionnement de nos institutions.<br />
C'est une occasion historique qu'il ne faut pas<br />
rater pour pouvoir réinterroger nos façons de<br />
régler nos problèmes. <strong>Le</strong>s seuls discours du<br />
Président du Faso ne règlent pas systématiquement<br />
les problèmes. La mise en place d'un nouveau<br />
gouvernement n'amène pas automatiquement<br />
les manifestants à baisser la garde. La sérénité,<br />
le calme, la cohésion sociale, on ne peut<br />
les pérenniser que quand les dirigeants auront<br />
bâti des mécanismes efficaces pour rassurer au<br />
fils du pauvre qu'il a les mêmes chances que le<br />
fils du ministre, le fils du riche commerçant,<br />
quand ils doivent compétir pour un poste et<br />
pour une offre de service de l'État. Quand vous<br />
écoutez les discours de ceux qui revendiquent,<br />
les messages se résument en ces termes, " On ne<br />
veut pas tel chef. Nos chefs nous exploitent. Ils<br />
ne nous écoutent pas ". Ces messages qui reviennent<br />
de façon récurrente, doivent être décryptés<br />
pour apporter l'antidote efficace. Cela passe par<br />
la fortification des audits institutionnels et des<br />
accompagnements rigoureux avec obligation de<br />
compte rendu à l'opinion publique.<br />
N : Est-ce que le long règne du président<br />
Blaise Compaoré et le mystère gardé<br />
autour de sa succession ne contribuent pas à<br />
l'exacerbation de cette crise ?<br />
RAS : Ce n'est pas en réalité les 23 ans de règne<br />
du président Blaise Compaoré à la tête de l'État<br />
qui constitue le noeud du problème. <strong>Le</strong> président<br />
Blaise Compaoré au cours de ses mandats a<br />
travaillé pour asseoir la stabilité au Burkina Faso.<br />
Beaucoup se posent maintenant la question de<br />
savoir à qui profite cette stabilité. Aujourd'hui,<br />
l'opinion tend à dire que cette stabilité ne profite<br />
qu'à un clan, une famille, pour ne pas dire la stabilité<br />
d'un groupuscule d'opérateurs économiques.<br />
Il faut relativiser pour saluer le sens de<br />
management du Président Blaise Compaoré qui<br />
a su rompre avec les régimes d'exception que<br />
notre pays a connu de 1960 à 1987. C'est une<br />
clairvoyance, un mérite qu'il faille saluer à sa<br />
juste valeur. Maintenant, nous devons travailler<br />
à faire en sorte que la stabilité soit accompagnée<br />
de sécurité alimentaire, de santé pour tous,<br />
d'éducation pour tous. C'est donc l'occasion<br />
pour nous de nous interroger sur les moyens et<br />
les mécanismes de la mise en œuvre d'une stabilité<br />
adéquate pour les burkinabè.<br />
N : Faut il des reformes et une refondation<br />
comme le proclame certain ?<br />
RAS : Il faut qu'on se donne les moyens de réfléchir<br />
et de trouver le régime qui convient au peuple<br />
burkinabé. L'essentiel est que tout se déroule<br />
dans un contexte d'État de droit. <strong>Le</strong> danger, c'est<br />
de basculer vers un régime d'exception, au risque<br />
de tomber dans le chaos. Toute chose qui n'arrange<br />
personne. Certains acteurs braquent à desseins<br />
les reformes politiques sur la révision de<br />
l'article 37.<br />
Ce qui n'est pas de nature à instaurer un cadre<br />
serein de concertation et de propositions. Quand<br />
on part autour d'une table de discussions en traînant<br />
la suspicion, il est difficile d'asseoir quelque<br />
chose de solide. C'est parce que nous avons des<br />
horizons très limités que nous nous focalisons<br />
sur la longévité au pouvoir et la question de l'alternance.<br />
Si nous prenons l'exemple des pays<br />
Anglos saxons, ils ont organisé des systèmes<br />
ambivalents. Il y a le système monarchique, stable<br />
depuis des siècles et qui est régulateur de l'en-<br />
semble de la conscience citoyenne. Ensuite, ils<br />
ont des institutions gérées par des élus qui sécrètent<br />
l'exécutif et le parlement et qui fonctionnent<br />
de sorte qu'aucun groupe ne prétende s'accaparer<br />
de quoique ce soit pendant des décennies.<br />
Chez nous, nous avons concentré le pouvoir<br />
entre les mains de la présidence ou de<br />
l'Assemblée. Cette concentration entraîne par<br />
moments des lourdeurs, des abus et des pousses<br />
toi que je m'y mette. N'est-il pas temps de penser<br />
à d'autres types de régimes ?<br />
N : Vous voulez dire le régime parlementaire ?<br />
RAS : Je ne suis pas suffisamment éclairé en la<br />
matière pour indiquer le type de régime qui<br />
convient. Mais la réalité nous impose de constituer<br />
un cadre de débat dans le sens de consulter<br />
l'ensemble du peuple afin de définir le type de<br />
régime où il pourra mieux s'exprimer et prendre<br />
son destin en main. Chaque peuple a son projet<br />
de société et sécrète des leaders pour le réaliser.<br />
N : Cette crise ne relègue t- elle pas aux<br />
calendres grecques, le Burkina émergeant<br />
que voulait construire le président Blaise<br />
Compaoré au cours de ce mandat ?<br />
RAS : Ce nouveau mandat à peine commencé<br />
qu'il fait face à une crise. La forte implication du<br />
président lui-même pour apporter rapidement<br />
des solutions à cette crise me fait penser que le<br />
programme " Bâtir un Burkina émergent " va<br />
connaître une réelle application et sera une réalité.<br />
Avec la conjoncture internationale, les crises<br />
sont imprévisibles. Comme je l'ai dit tantôt, il<br />
faut en sortir très tôt et tirer les leçons utiles.<br />
Généralement quand on sort d'une crise, on se<br />
fait une autre vision des choses et prend des dispositions<br />
pour ne plus y replonger. Ma lecture<br />
de la crise me donne l'impression que les<br />
citoyens n'accordent plus beaucoup de crédits à<br />
la classe politique quand à sa capacité de trouver<br />
des solutions à leurs problèmes. Je dirai que tous<br />
les partis politiques, majorité comme opposition<br />
ont échoué. Nous constatons que l'opposition<br />
n'a pas une capacité de propositions satisfaisantes<br />
vis à vis des intérêts supérieurs de la population.<br />
La majorité également n'arrive pas à juguler<br />
les problèmes auxquels les populations sont<br />
confrontées. Notre société civile aussi se nourrit<br />
de l'événementiel, elle n'est pas suffisamment<br />
interpellatrice. Ce qui veut dire que le président<br />
du Faso, ne peut plus compter sur ces seules<br />
entités pour réussir la mise en œuvre des réformes.<br />
Il lui faut de nouvelles forces, de nouveaux<br />
alliés. La force principale du Burkina sur qui le<br />
président doit compter, viendra de la jeunesse.<br />
Tout le monde doit accepter que les jeunes nous<br />
interpellent. C'est une énergie dormante. Cette<br />
énergie dormante est comme un volcan. <strong>Le</strong> jour<br />
où le volcan fait irruption, il est difficilement<br />
maîtrisable .La réussite du combat pour un<br />
Burkina émergent passe par la maîtrise de cette<br />
énergie dormante qu'est la jeunesse. <strong>Le</strong>s dirigeants<br />
gagneraient en démystifiant la Fonction<br />
publique et en définissant une politique musclée<br />
de création d'emplois formels par le privé. Il y'a<br />
des gisements d'emplois dans ce pays que l'État<br />
peut encadrer et formaliser en allégeant les taxes<br />
patronales. Il faut rompre avec les opérateurs<br />
économiques affairistes, éphémères, partisans de<br />
la réussite à courte échelle pour susciter l'émergence<br />
d'une nouvelle race d'hommes d'affaires<br />
qui se construisent sur la base de leurs capacités<br />
managériales et de leurs maîtrises des enjeux<br />
économiques dans un contexte de mondialisation.<br />
Propos recueillis par Jules ZONGO<br />
<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> - du 16 Juillet au 16 Août1- N°15<br />
UPC /Kongoussi<br />
" nous voulons accéder aux conseils municipaux et à<br />
l'Assemblée nationale en 2012 "<br />
Zéphirin Diabré et ses camarades politiques estiment<br />
qu'il est grand temps qu'il y ait un changement<br />
dans la gestion du pouvoir d'Etat au<br />
Burkina Faso. Et ils s'y attèlent. Pour y parvenir,<br />
ils ont créé un parti politique : l'UPC (Union<br />
pour le Progrès et le Changement).<br />
Convaincus que ce changement passe par la voie<br />
des urnes, ils mènent depuis un certain temps,<br />
un travail d'implantation de ce parti dans les 45<br />
provinces du pays. C'est dans ce cadre que le 26<br />
juin 2011, le correspondant provincial du Bam<br />
de l'UPC a été officiellement installé<br />
à Kongoussi au cours d'une cérémonie solennelle<br />
patronnée par Zéphirin Diabré le président<br />
du parti. C'est monsieur Niampa Marcel qui a<br />
été fait correspondant provincial de l'UPC au<br />
Bam. C'est à lui qu'il revient donc de mettre en<br />
place non seulement le bureau provincial du<br />
Bam, mais aussi les sous sections et les comités<br />
de bases. Avec un brin d'humilité, l'UPC s'est<br />
fixé pour ambition d'occuper le terrain politique<br />
au Bam d'ici quelques mois. " Nous voulons<br />
accéder aux conseils municipaux et à<br />
l'Assemblée Nationale en 2012 " soutient Marcel<br />
Niampa sans négliger la force des formations<br />
politiques déjà présentes sur le même terrain. "<br />
La vie d'opposant n'est pas aisée. Nous respectons<br />
les partis devanciers ; car le travail n'est pas<br />
facile quand il s'agit de convaincre les populations.<br />
Mais nous venons proposer notre projet<br />
de société et si les populations y adhèrent, je<br />
pense que nous présentons une alternative intéressante<br />
" a d'ailleurs prévenu le président de<br />
l'UPC. Toutefois, selon le correspondant provincial<br />
du Bam, l'UPC ne semble pas prêt à jouer les<br />
seconds rôles. " On n'est pas là pour accompagner<br />
qui que ce soit " a-t-il martelé. Mais la question<br />
qu'on se pose est de savoir comment pourront-ils<br />
se faire une place de choix ces jeunes<br />
lionceaux aux longues dents dans une savane<br />
déjà investie et même infesté par de vieux loups<br />
? <strong>Le</strong> CDP et l'ADF/RDA se partagent les 2 sièges<br />
de députés à l'AN de la province depuis les<br />
dernières législatives. <strong>Le</strong>s 9 mairies sont toutes<br />
gérées par le CDP sans ignorer que d'autres partis<br />
comme l'ODT et l'UNIR/PS y comptent des<br />
conseillers municipaux. <strong>Le</strong>s données de représentativité<br />
les plus récentes sont celles que fournies<br />
la dernière élection présidentielle de novembre<br />
2010 où le candidat Blaise Comparé soutenu<br />
par la coalition CDP, ADF/RDA et ODT au<br />
niveau local, avait recueilli 86,60% des suffrages<br />
alors que les deux principaux opposants (Maître<br />
Sankara B. Arba Diallo) mis ensembles, ont<br />
glané environ 10%. Au niveau des communes,<br />
Marcel et ses camarades auront fort à faire. Tout<br />
d'abord à Bourzanga sa commune natale avec le<br />
maire Badini Mahamady (intendant militaire au<br />
palais présidentiel) et le jeune éléphanteau Ali<br />
Nana (ADF/RDA). Guibaré est le fief de Yoro<br />
Moumini Ouédraogo, président de la fédération<br />
provincial de l'UNIR/PS du Bam et Tikaré le vil-<br />
Vous êtes venus prôner le changement.<br />
Qu'est-ce qui justifie ce changement tant<br />
souhaité par l'UPC ?<br />
Zéphirin Diabré : Si vous poser la question à<br />
n'importe quel Burkinabé qui vit, qui travaille,<br />
qui nourrit sa famille, il va estimer qu'il est<br />
temps qu'il y ait un changement au regard des<br />
difficultés qu'il rencontre sur le plan salarial, sur<br />
le plan personnel, sur le plan de l'emploi et<br />
même (malheureusement) sur le plan sécuritaire.<br />
Il y a une forte aspiration au changement qui<br />
s'explique par le fait que ceux qui sont là ont<br />
sans aucun doute fait des efforts mais ces efforts<br />
n'ont pas apporté toutes les réponses aux questions<br />
qui se posent aux individus. Et puis c'est<br />
naturel : les gens sont gouvernés par des gens, ils<br />
Niampa Marcel, correspondant provincial<br />
de l'UPC au Bam<br />
lage du député Galiam Ouédraogo de<br />
l'ADF/RDA. Sabcé reste jusqu'à preuve du<br />
contraire presque une chasse gardée du maire<br />
Mahamoudou Pierre Zougrana et de l'ex gouverneur<br />
du Centre Est Siméon Sawadogo. A Rollo,<br />
il faut compter avec Tibo le sankariste<br />
(UNIR/PS). Selon certains observateurs de la<br />
scène politique locale, Nasséré semble la commune<br />
la plus ouverte au nouveau parti, suivie de<br />
Zimtanga et Rouko, mais aussi, dans une moindre<br />
mesure, la commune urbaine de Kongoussi.<br />
Marcel et camarades restent convaincus que rien<br />
n'est impossible et que tout repose sur la question<br />
de personnalité et d'approche.<br />
Né à Alga à côté de Bourzanga, Niampa Marcel<br />
est âgé de moins de quarante ans. Informaticien<br />
de formation, il est le web master au secrétariat<br />
Zephirin DIABRE en compagnie<br />
de naaba KOANGA<br />
à l'information et la communication de l'UPC<br />
(gère le site web du parti) Membre fondateur de<br />
l'UPC, celui qui représente ce parti aujourd'hui<br />
dans la province du Bam est aussi le délégué<br />
général du comité de base du secteur n° 13 de<br />
Ouagadougou, quartier de résidence de Zéphirin<br />
Diabré.<br />
Avant son engagement, Marcel était observateur<br />
avisé de la scène politique nationale et internationale<br />
selon ses propres dires. Dans son fief<br />
(Bourzanga), il a créé une association de développement.<br />
Ambition : implanter l'UPC au Bam<br />
et offrir un tremplin à son mentor<br />
Zéph en 2012 dans la course au palais de<br />
Kosyam<br />
Par BD<br />
Zéphirin Diabré " il y a une forte aspiration au changement "<br />
veulent voir autre chose comme c'est le cas au<br />
Mali au Ghana, aux Etats-Unis… Quand on dit<br />
qu'on veut l'alternance, cela ne veut pas dire que<br />
ceux qui passent là n'ont pas bien travaillé. Au<br />
Mali, ATT l'an prochain va s'en aller quelque soit<br />
son bilan. C'est ça aussi la démocratie. Il faut<br />
toujours donner l'occasion à d'autres personnes,<br />
à d'autres équipes de faire aussi leurs preuves.<br />
C'est une des conditions pour éviter les tensions<br />
et les crises. Mais je répète que l'UPC prône un<br />
changement démocratique. Et c'est pour cela<br />
que nous passons le temps à faire un travail<br />
d'implantation du parti. Parce que nous savons<br />
que la bataille est d'abord électorale.<br />
Par Belko Dior
<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> - du 16 Juillet au 16 Août1- N°15<br />
<strong>Le</strong>s dégâts enregistrés suite aux différentes<br />
manifestations scolaires sont importants :<br />
incendie de la direction provinciale de la police<br />
nationale le 7 mars 2011, incendie du siège du<br />
CDP et de celui de l'association de lutte contre les<br />
violences faites aux femmes (ALCV) le 11 Avril<br />
2011, sans oublier les dégâts mineurs au Hautcommissariat<br />
et à la Justice. Inutile de revenir sur<br />
les mobiles de cette sortie historique des élèves<br />
qui sont déjà connus par l'opinion nationale.<br />
Toutefois, à Yako, le déroulement des manifestations,<br />
les tentatives de médiation et l'intrusion du<br />
politique permettent de faire certaines analyses à<br />
l'échelle locale.<br />
De la cible CDP<br />
Dès l'entame des manifestations, les organisateurs<br />
ont été suffisamment clairs " Nous ne sommes pas<br />
contre un parti politique, nous combattons un système basé<br />
sur l'impunité des crimes de sang dont celui de Justin<br />
ZONGO en particulier ", avaient-ils prévenu lors<br />
d'un de leur sit-in au Haut-commissariat le 7 Mars<br />
2011. C'est pourquoi leur premier objectif a été<br />
l'attaque du commissariat de Police, du Hautcommissariat<br />
et de la Justice, symboles des pouvoirs<br />
exécutifs et Judiciaire. Ces premiers actes de<br />
vandalisme vont courroucer les responsables du<br />
parti au pouvoir qui, pour s'immiscer dans la crise,<br />
vont dénicher on ne sait où des informations faisant<br />
du parti la prochaine cible des " guérilleros ".<br />
Une brigade de sécurité est vite mise en place.<br />
Femmes, hommes, jeunes et vieillards, réunion sur<br />
réunion, vont se succéder au siège du CDP, rappelant<br />
au passage les moments forts de la révolution<br />
sous le vocable " permanence ". Il n'en fallait pas<br />
plus pour que les élèves se voient offrir un défi.<br />
<strong>Le</strong> comble fut atteint le 11 Avril 2011 avec non<br />
seulement des dégâts matériels et humains mais<br />
POLITIQUE<br />
Manifestations des scolaires de YAKO<br />
La rançon d'une politisation outrancière de la cité<br />
On se rappelle que suite au décès de l'élève JUSTIN ZONGO de KOUDOUGOU, notre pays a connu plusieurs manifestations de scolaires avec leur corollaire de destruction de biens publics et<br />
privés .La ville de YAKO n'a pas fait l'exception, Pire, les scolaires ont eu sur leur route une déroutante cohorte de militants du parti au pouvoir qui l'aurait appris à ses dépens :affrontement<br />
direct, blessés plus ou moins graves, incendie d'engins et aux sièges du CDP et l'ALCV , une association présidée par la Député Fatou DIENDERE . A l'analyse, cette réaction des élèves sonnent<br />
comme une volonté de se libérer de l'emprise d'un groupuscule de politiciens arrogants qui ont eu le malheur de croire que tout leur était permis à Yako.<br />
aussi des tirs de sommation de militaires et de<br />
gendarmes venus d'autres contrées du pays. Toute<br />
la ville de Yako sera ainsi assiégée pendant un<br />
mois avec toutes les dérives souvent constatées ça<br />
et là : coups de matraques en pleine nuit à de paisibles<br />
citoyens, menaces à des élèves et commerçants,<br />
peur bleue des populations qui ont dû se<br />
terrer chez elles pour la plupart dès la tombée de<br />
la nuit même en l'absence de couvre-feu. Une<br />
situation de ni-paix ni-guerre que les élèves ont su<br />
stopper après avoir rencontré le gouverneur le 19<br />
Avril 2011. On retiendra d'ailleurs les doléances<br />
soumises lors de cette visite à Ouahigouya : la<br />
prise en charge des élèves blessés, la levée du renfort<br />
des gendarmes venus de Kaya et de<br />
Ouahigouya, le départ du 1er Adjoint au Maire de<br />
Yako, la publication de la " liste noire ". Selon des<br />
témoignages concordants, le 1er Adjoint aurait<br />
rendu des visites peu " catholique " aux familles de<br />
certains élèves dits meneurs. L'intéressé aurait<br />
d'ailleurs reconnu les faits puisqu'il s'est engagé<br />
publiquement lors d'une rencontre tenue au CEL-<br />
PAC à demander pardon aux familles incriminées.<br />
De l'absence d'une autorité<br />
consensuellement acceptée.<br />
Si la crise a atteint un tel paroxysme, ce n'est pas<br />
faute de médiation. Des personnalités de la localité<br />
s'y sont employées, avec pour objectif de<br />
minimiser les effets à défaut de les enrayer.<br />
Malheureusement, toutes ces tentatives ont<br />
lamentablement échoué, les élèves ayant promis<br />
de ne plus sortir pour faire exactement le<br />
contraire dès le jour suivant. Ce qui dénote de la<br />
méfiance et de la négligence que les élèves manifestent<br />
à l'égard de leurs interlocuteurs. On le sait,<br />
le Passoré est un vrai bastion politique et son<br />
chef-lieu en est l'illustration la plus parfaite.<br />
4ème édition de l'OSEP de Séguenega<br />
L'équipe de Gouroungo victorieuse<br />
<strong>Le</strong> jeudi 2 juin 2011, s'est joué la finale de l'organisation<br />
des sports a l'école primaire de la<br />
circonscription d'éducation de base de ladite<br />
commune. Placée sous le parrainage du maire,<br />
Mamoudou Beloum, cette finale a opposé<br />
l'équipe de Téonsgo, championne l'année dernière<br />
à celle de Gouroungo qui a su tirer son<br />
épingle du jeu lors des tirs au but par 4 buts à<br />
2 .<br />
Quand l'arbitre central a donné le coup de sifflet<br />
pour le début des hostilités, aucune équipe n'a<br />
accordé un temps d'observation à l'autre. <strong>Le</strong>s attaques<br />
et les tirs se multipliaient. <strong>Le</strong>s hors jeux et les<br />
tirs non cadrés aussi. De part et d'autres les efforts<br />
sont fournis pour pousser leur équipe à la victoire.<br />
<strong>Le</strong>s supporters aussi ne cessent d'encourager par<br />
des applaudissements. A la mi- temps, le score est<br />
de zéro but partout. A la reprise, chaque équipe a<br />
redoublé d'effort pour remporter le trophée, soigneusement<br />
posé sur une table dressée pour la circonstance.<br />
Chaque équipe, chaque supporter devrait<br />
prendre son mal en patience. Au coup de sifflet<br />
final, les deux équipes étaient en égalité sur un score<br />
nul et vierge. Il a fallu faire recours aux épreuves<br />
fatidiques des tirs aux buts pour départager les<br />
deux équipes. C'est l'équipe de Gouroungo qui s'est<br />
montrée plus adroite en marquant 4 tirs contre 2<br />
pour son adversaire.<br />
Au titre des récompenses, Gouroungo, victorieuse<br />
de la 4ème édition remporte le trophée, un jeu de<br />
maillot et une somme de 20000 F. <strong>Le</strong> finaliste malheureux,<br />
elle retourne avec un jeu de maillot plus 15<br />
000 F. L'école de Guitti, 4ème et celle de Séguénega<br />
" A ", 3ème ont été les vainqueurs en athlétisme<br />
et danse traditionnelle. Elles ont été également<br />
récompensées. Chacune de ces équipes a reçu un<br />
jeu de maillot.<br />
<strong>Le</strong> maire de la commune, Mamadou Beloum, parrain<br />
de cette édition s'est dit animé d'un sentiment<br />
de satisfaction. " <strong>Le</strong> sport a des vertus qu'il faut<br />
inculquer aux enfants. Au sein de notre conseil<br />
municipal, il occupe une place de choix " a-t-il indiqué.<br />
Pour l'inspecteur de la CEB, Béli Nébié, cette<br />
coupe est placée dans le cadre de l'amélioration de<br />
la formation sportive des élèves.<br />
En rappel, 70 équipes des écoles publiques, privés et<br />
medersa ont pris part à la présente édition.<br />
DAS<br />
<strong>Le</strong> maire de la commune de Séguenega<br />
a remis le trophée à l'équipe victorieuse<br />
Difficile aujourd'hui d'identifier une seule autorité<br />
religieuse, coutumière, administrative qui ne soit<br />
inféodée à un parti politique dans cette partie du<br />
BF, même de façon voilée. Chacun, à quelque<br />
niveau que ce soit, s'est rué vers les politiques, se<br />
décrédibilisant de fait aux yeux de l'opinion locale.<br />
<strong>Le</strong>s manifs des scolaires sont venues apporter la<br />
preuve irréfutable de cet état des choses.<br />
Même pour la réunion du 21 Avril 2011 voulue<br />
par ce fameux comité de crise, il a fallu des pré -<br />
négociation pour que les élèves acceptent d'y participer.<br />
<strong>Le</strong> comité de crise dirigé par le Haut-commissaire<br />
n'en fait pas mieux. Son succès aura été<br />
de réunir les protagonistes autour d'une même<br />
table. Quand au fond des questions, le PV qui a<br />
sanctionné les débats est totalement aphone. Des<br />
leaders d'opinion récusés par les élèves pour avoir<br />
mené campagne en faveur du CDP, des<br />
Directeurs d'établissements, des Députés et Maire<br />
du parti au pouvoir, des militants locaux et pas des<br />
moindres du CDP, toutes ces têtes d'affiches locales<br />
face à des élèves menacés par appels anonymes,<br />
voilà ce qu'on a appelé " la rencontre de médiation<br />
du comité de crise entre les responsables provinciaux<br />
du CDP et la coordination communale des élèves de Yako<br />
". Sous d'autres cieux, ce sont des leaders coutumiers<br />
ou religieux qui ont non seulement présidé<br />
ce type de comité mais aussi et surtout l'ont composé.<br />
Que peut faire un responsable administratif,<br />
Haut-commissaire fut-il, en face d'une cohorte de<br />
personnalités de 1er plan du parti au pouvoir<br />
quand on sait que le ver politique est déjà dans le<br />
fruit de l'administration ? On l'aura remarqué, la<br />
société civile et l'opposition locales ont été royalement<br />
ignorées par les initiateurs de ce comité. <strong>Le</strong><br />
résultat est d'avance connu. Dès la fin de la réunion,<br />
des élèves sont immédiatement revenus sur<br />
leurs engagements qui se résument " à pardonner et<br />
La finale du tournoi de football du village de<br />
Nimbou dans la commune rurale de Thiou<br />
s'est jouée le samedi 25 juin 2011 sur le terrain<br />
dudit village. Elle a opposé l'équipe de Chelsea<br />
contre Arsenal et a connu la victoire de<br />
Chelsea. C'était en présence des autorités de la<br />
commune de Thiou et celles de Kaïn.<br />
Parrainé par Lassané Touma Sawadogo,<br />
représentant provincial de la Société Minière<br />
Kindo Adama (SOMIKA) au Yatenga, 8 équipes<br />
ont pris part à ce tournoi. L'ambiance a été<br />
bon enfant ce jour là dans le village. Chacune<br />
des deux équipes tenait à remporter la victoire.<br />
<strong>Le</strong>s maladresses des premières minutes ont<br />
laissé place à un beau jeu. Au bout du temps<br />
réglementaire, aucune des équipes n'a pu faire<br />
la différence. <strong>Le</strong> score étant<br />
resté vierge à la fin des 90<br />
minutes, les supporters sortis<br />
nombreux pour soutenir leurs<br />
équipes ont finalement attendu<br />
les épreuves de tirs au but pour<br />
voir le dénouement final. Plus<br />
habile et adroite, c'est Chelsea<br />
qui a gagné le match en marquant<br />
6 tirs contre 5 pour<br />
Arsénal. Elle a donc remporté<br />
le trophée, une somme de<br />
40000 F, un jeu de maillot, deux<br />
ballons et une prime spéciale de<br />
50000 F offert par le représen-<br />
7<br />
à présenter leurs excuses pour les dégâts enregistrés ".<br />
Autant dire que la montagne a accouché d'une<br />
souris. L'accalmie constatée est moins l'effet d'une<br />
quelconque médiation locale que les dispositions<br />
prises au niveau régional et national par les autorités<br />
compétentes, le 1er ministre ayant promis la<br />
tenue du procès sur la mort de Justin ZONGO<br />
avant les vacances judiciaires. Néanmoins, les suspicions<br />
se poursuivent entre protagonistes même<br />
si l'étau se desserre petit à petit sur les leaders des<br />
élèves, aidés en cela par des éléments de la gendarmerie<br />
de Yako qui ont su garder un sang froid<br />
impeccable en ne participant point à une certaine<br />
traque de ceux-ci. <strong>Le</strong>ur neutralité a même inspiré<br />
les manifestants qui s'y sont rendus pour déposer<br />
une plainte contre x après avoir été menacés par<br />
des appels anonymes.<br />
Comme on peut le constater, Yako semble évoluer<br />
en " laisse-guidon ". Deux enseignements sont<br />
à tirer dans l'immédiat : l'hégémonie du CDP et le<br />
charisme de ces responsables ont été largement<br />
entamés.<br />
Espérons enfin que cette crise aura l'avantage<br />
d'inculquer une bonne dose d'humilité et de réalisme<br />
à ceux qui se croyaient hier " Intouchables ".<br />
A quelque chose, malheur est bon. Sans faire<br />
l'apologie des destructions des biens matériels et<br />
des violences physiques sur les individus, ceux qui<br />
s'étaient érigés, faiseurs de la pluie et du beau<br />
temps au Passoré doivent revoir leur copie. <strong>Le</strong><br />
sectarisme, les airs de suffisance, l'embrigadement<br />
politique, les décisions unilatérales, se soldent toujours<br />
par des réactions violentes. <strong>Le</strong> meilleur<br />
devenir du Passoré passe par la prise en compte<br />
des opinions de l'ensemble de ses fils.<br />
Tournoi de football de Nimbou<br />
Chelsea sur la plus haute marche du podium<br />
Ibrahim BARRY<br />
tant de SOMIKA. Quant à Arsenal, elle s'en<br />
tire avec un jeu de maillot, un ballon et une<br />
enveloppe de 30000F. Toutes les équipes qui<br />
ont participé ont eu droit à des prix d'encouragement.<br />
Selon les promoteurs, le duo<br />
Mahamady Zorom et Boukary Diallo, le tournoi<br />
est l'occasion de contribuer à la cohésion<br />
sociales, à l'éclosion des talents dans le souci<br />
de renforcer les équipes départementales et<br />
même provinciales. <strong>Le</strong> parrain, Lassané<br />
Touma Sawadogo s'est dit disponible à accompagner,<br />
le sport dans la localité. " Un exploitant<br />
minier est aussi un sportif. En tant que minier, soutenir<br />
le sport pour moi, c'est se soutenir soi-même ". a<br />
-t - il indiqué.<br />
DAS
8 CULTURE<br />
Festival Lafi Bala<br />
" Un savant dosage de festivités culturelles, d'intérêts économiques<br />
et de mobilisation citoyenne "<br />
La ville de Chambéry (France) et celle de Ouahigouya (Burkina Faso) ont commémoré les 24, 25, 26 juin 2011 dans la ville Chambérienne le<br />
20ème anniversaire de leur coopération. L'activité phare a été la 7éme édition du festival Lafi-Bala, parrainée par le journaliste de nationalité<br />
ivoirienne, Co -animateur de l'émission " Afrique enchantée " sur France inter, Soro Solo. Environ une cinquantaine de burkinabès, dont des<br />
autorités locales de Ouahigouya, des hommes de médias, des artistes, et le ministre délégué chargé des Collectivités territoriales, Toussaint Abel<br />
Coulibaly ont pris part à la fête.<br />
Commencé le vendredi 24 juin 2011, ce sont<br />
les élèves qui ont pris d'assaut le site du festival<br />
avant la cérémonie d'ouverture officielle qui a<br />
eu lieu dans la soirée "Né en 1996, le festival Lafi<br />
Bala a pour objectif de faire découvrir la culture burkinabè<br />
à la population chambérienne, mais aussi de proposer des<br />
espaces de réflexion, de débat pour faire progresser la compréhension<br />
des relations nord sud. Lafi bala apporte aussi<br />
la preuve que la culture peut être un vecteur de développement<br />
" a soutenu la responsable de la commune<br />
chambérienne, Bernadette Laclais. Et le premier<br />
adjoint au maire de Ouahigouya Hamidou<br />
Ouédraogo de s'appesantir sur les retombées que<br />
ce biennal de la culture à Chambéry, procure aux<br />
artistes de Ouahigouya sélectionnés pour y participer.<br />
" Avec le festival Lafi Bala, la coopération<br />
Chambéry Ouahigouya donne un bel exemple d'un savant<br />
dosage qui allie festivités culturelles, intérêts économiques et<br />
mobilisation citoyenne " se réjouiT le ministre délégué<br />
chargé des collectivités territoriales du Burkina,<br />
Toussaint Abel Coulibaly.<br />
Pour le président de l'association Chambéry -<br />
Ouahigouya, Nicolas Vernon, cette rencontre culturelle<br />
permet aux Chambériens de partir au<br />
Burkina Faso, sans prendre l'avion et ainsi de donner<br />
à découvrir toutes les richesses culturelles de<br />
ce pays. Elle constitue également une opportunité<br />
selon lui, de générer l'activité économique par et<br />
pour les artistes et artisans burkinabés et de sensibiliser<br />
les habitants du bassin chambérien à la solidarité<br />
internationale. Des objectifs que partagent<br />
le parrain de cette 7ème édition, le journaliste de<br />
nationalité ivoirienne Soro Solo. " C'est une manière<br />
de repenser les relations avec l'Afrique, sans que l'on ne<br />
vienne avec son savoir pour imposer à l'autre. Nous<br />
saluons et encourageons ce choix de susciter des rencontres<br />
de personnes à personnes, de villes en villes. " Après les<br />
discours, les percussionnistes de la troupe<br />
Badema de Ouahigouya se sont donnés corps et<br />
âmes pour servir au public d'intenses moments de<br />
plaisir. Quand le DJ James steward a entonné la<br />
soirée Bal AFRO, c'était l'extase. La variété et la<br />
qualité du menu du premier jour ayant certainement<br />
fait le tour de la ville, beaucoup n'ont pas<br />
voulu se faire conter les activités des deux derniers<br />
jours. <strong>Le</strong> samedi étant jour de repos, les<br />
chambériens mais surtout de nombreux africains<br />
vivant dans la région ont envahi le marché africain.<br />
" Oh que c'est sympa de pouvoir s'offrir des souvenirs du<br />
Burkina ! " Dame Emilie, venue de La Tuile, un<br />
petit village voisin de Chambéry en sort bien satisfaite<br />
de son détour à la galerie marchande. Elle<br />
glisse gracieusement ses achats dans son sac porté<br />
en bandoulière. Ce sont des objets d'art pour la<br />
plupart : bijoux aux grains noirs et des boucles<br />
d'oreilles. Derrière son étal un vendeur s'en frotte<br />
les mains. C'est Ali, un jeune artisan venu de<br />
Ouahigouya qui fait des merveilles avec du cuir. Il<br />
est heureux d'avoir conclu une bonne affaire.<br />
Un marché à ciel ouvert<br />
Pendant ce temps, dans les stands, les marchandises<br />
sont là, toutes coquettes et attirantes. Dans<br />
chaque rayon, la beauté artistique des conceptions<br />
captive irrésistiblement les regards. D'une allée à<br />
une autre, le visiteur est écartelé par l'embarras du<br />
choix. Ici, des vêtements, des sacs, des bijoux. Là,<br />
des statuettes, et des produits de beauté. Du tout<br />
pour satisfaire tous les goûts et tous les genres. Il<br />
y a aussi, empilés les uns sur les autres, des objets<br />
de récupération et des parures. La galerie marchande,<br />
c'est aussi l'univers de la gastronomie. <strong>Le</strong><br />
bissap aux " milles vertus ", le jus de gingembre,<br />
réputé être un bon philtre d'amour, le riz gras, sont<br />
autant de mets qui ont excité bien de papilles au<br />
maquis Lafi Bala.<br />
Dans ce marché à ciel ouvert, difficile de résister<br />
au pouvoir enivrant des étals. Subjugués, certains<br />
visiteurs n'hésitent pas à casser leur tirelire.<br />
D'autres par contre observent, apprécient, puis<br />
La troupe Badéma a donné des spectacles de belles factures<br />
<strong>Le</strong> 1er adjoint au Maire de Ouahigouya, Hamidou Ouédraogo lisant son discours, en arrière plan,<br />
Nicolas Vernon, Président de l'association Chambéry - Ouahigouya, le parrain Soro Solo, et le<br />
maire de Chambéry, Bernadette Laclais<br />
continuent leur chemin.<br />
De par son caractère festif et culturel, Lafi Bala a<br />
été le rendez-vous à ne pas manquer. Enfin, c'est<br />
ce qu'en pensent bon nombre de festivaliers rencontrés<br />
sur le site de la fête. Appréciation de<br />
Kader Cissé, un burkinabé expatrié, vivant à Lyon<br />
:" Pour une première fois que je viens, j'en sors à la fois<br />
édifié et satisfait. Je me suis senti en l'espace de quelques<br />
heures dans mon pays. J'y ai rencontré plein d'amis et<br />
apprécié la diversité culturelle exposée au marché ".<br />
Claude <strong>Le</strong>neveu, les cheveux blanchis par 68 ans<br />
de vie à Chambéry, embouche la même trompette.<br />
Il souhaite la consolidation des liens d'amitié entre<br />
Ouahigouya et Chambéry et surtout la pérennisation<br />
de cette activité culturelle qu'est Lafi Bala qui<br />
apporte tant le sourire aux habitants qu'aux visiteurs.<br />
Clémence konaté, Bordelaise, apprécie la gratuité<br />
des scènes et surtout la participation des enfants<br />
aux activités de scène. " Ceci leur ouvre déjà l'esprit à<br />
la diversité culturelle " ajoute-t-elle. Expert dans la<br />
coiffure féminine, lauréat du premier prix en tresses<br />
africaines en 2009, Idrissa Ouédraogo a été la<br />
grande vedette de cette 7éme édition. Son stand ne<br />
désemplissait pas et il avait visiblement du mal<br />
pour honorer aux sollicitudes des clients qui s'ali-<br />
<strong>Le</strong> <strong>Nord</strong> - du 16 Juillet au 16 Août1- N°15<br />
gnait pour donner une couleur africaine à leurs<br />
têtes. Ce coiffeur atypique a étalé tout son savoir<br />
faire à travers un défilé de mode managé en partenariat<br />
avec Del maria couture de Delphine<br />
Kinda et d'autres coiffeuses et stylistes chambériens.<br />
<strong>Le</strong>s groupes musicaux Kalyanga du Burkina<br />
Faso, Dobet Gnahoré de la Côte d'ivoire ont mis<br />
le site du festival en ébullition au cours de cette<br />
soirée. Et le lendemain dimanche 26 juillet ce fut<br />
le tour des groupes musicaux kwassa kwassa , les<br />
Mountains Men et Badema d'offrir aux spectateurs<br />
un spectacle digne de la fin d'un événement<br />
qui s'est voulu grandiose.<br />
Enterrer le cadavre<br />
Autres moments d'échanges et de découvertes des<br />
réalités burkinabè, le match de football ayant<br />
opposé chambériens et burkinabés , remportés<br />
par les Burkinabè par 6 buts à 5, les contes de l'artiste<br />
Bintou Sombié, les causeries à l'ombre du<br />
baobab sur les thèmes : parrainages et scolarisation<br />
des jeunes filles en difficultés à Ouahigouya,<br />
l'eau une denrée rare, l'allaitement maternel, l'inter<br />
culturalité au sein du couple, le djembé, les relations<br />
intergénérationnelles au sein de la famille etc.<br />
" Quelle que soit la beauté d'un cadavre, On finit par<br />
l'enterrer " une sagesse africaine emprunter par<br />
Cherif Mamadou Coulibaly de la radio " la voix du<br />
paysan " à Ouahigouya pour annoncer la fin du festival.<br />
" Ce fut un mixage de toutes les couches de la société, un<br />
beau lien d'amitié et de fraternité. Plus de 18000 personnes<br />
y ont participé, un bond par rapport à l'édition de<br />
2009. Chacun des 180 bénévoles aura marché 10km par<br />
jour sur le site, soit les 5000 km qui séparent Chambéry<br />
de Ouahigouya " s'auto-félicite le président de l'association<br />
Chambéry - Ouahigouya Nicolas Vernon.<br />
Il signifiera que cette édition doit sa réussite à la<br />
grande détermination des bénévoles, à l'engagement<br />
sans faille de l'équipe de la coordination pilotée<br />
par Samuel Caillaut , responsable chargé de la<br />
coopération décentralisée et des relations à la mairie<br />
de Chambéry , Davina Derain, la coordonnatrice<br />
de l'association Chambéry- Ouahigouya et les<br />
stagiaires . La délocalisation de la manifestation à<br />
l'espace du Jardin le Verney, le talent des artistes<br />
et la gratuité des concerts ont été selon lui, des<br />
atouts qui ont donné à la fête toute sa beauté. <strong>Le</strong><br />
maire adjoint de Ouahigouya et l'adjointe au maire<br />
chargée de la coopération à la mairie de Chambéry<br />
Isabelle HERLIN, tout sourire ont montré leur<br />
volonté de soutenir l'organisation d'une 1ère édition<br />
d'un festival du même genre en 2012 dans la<br />
cité de Naba-Kango . <strong>Le</strong>s artistes burkinabés ont<br />
repris le chemin de retour dans une joie débordante.<br />
Avouant avoir fait de bonnes affaires, ils<br />
étaient pressés de revenir au bercail pour réinvestir<br />
les bénéfices récoltés tout en nourrissant l'espoir<br />
d'être parmi les heureux élus l'édition prochaine.<br />
PEGD-WINDE OUEDRAOGO & Ben<br />
Hamed Ouedraogo<br />
Issaka Sawadogo,le coordonnateur de la coopération Chambéry-OUAHIGOUYA, au retour<br />
avait de bonnes nouvelles pour la Mairie de Ouahigouya .<strong>Le</strong> directeur de la radio la Voix<br />
du Paysan, la main collée au menton, semblait regrétter son retour au pays.