Allocution du Dr Ahmad Mohamed Ali Président du Groupe de la ...

Allocution du Dr Ahmad Mohamed Ali
Président du Groupe de la BID
A la cérémonie d’ouverture de la 34 ème réunion annuelle du Conseil des gouverneurs
Ashgabat – Turkménistan
2 juin 2009
(Première séance de travail)
Bismillahi Arahmani Arrahim
Louange à Dieu, Que la Prière et le Salut soient sur le Messager du Dieu, Sa famille
et tous Ses compagnons.
Excellence, Monsieur le Président du Conseil des Gouverneurs,
Excellences, Messieurs les Gouverneurs et Gouverneurs suppléants,
Excellences, Messieurs les membres des délégations et les représentants des
organisations internationales, des institutions financières et du Corps diplomatique,
Chères frères, Chères sœurs,
Assalamou Alaïkoum wa Rahmatullahi wa Barakatouh,
Je voudrais, en votre nom à tous, prier Son Excellence, le Président de notre réunion, de
transmettre à Son Excellence le Président Gourbanguly Berdymuhamedov, l’expression
de nos vifs remerciements, pour l’honneur qu’il nous a fait par sa présence à la cérémonie
d’ouverture. Je demanderai à Son Excellence, également, de faire part au gouvernement
et au peuple de ce pays qui nous est cher notre profonde reconnaissance pour la
généreuse hospitalité qui nous a été réservée et les excellences dispositions prises en vue
de la tenue de notre réunion annuelle.
Permettez-moi, Monsieur le Président, de poursuivre en axant mon allocution sur un seul
sujet central, relatif à la plus grave crise que, le monde ait connue depuis la Grande
dépression, crise qui a entraîné la plus forte récession économique de ces cinquante
dernières années, par son ampleur, ses répercussions et les risques de la voir perdurer.
Ce qui est nouveau dans cette crise, c’est qu’elle nous a mis face à des modèles de défis
que notre institution a pressentis en élaborant la Vision 1440H, comme les avait
également pressentis le Sommet extraordinaire de Makkah al Moukarramah, en appelant
à se préparer à la crise, à la devancer et a y faire front, sur la base d’un programme
d’action décennal destiné à relever les défis du XXI ème siècle.
Cette anticipation, fondée sur cette Vision et sur le Programme d’action décennal, ainsi
que sur nos capacités, nous a donné plus de force et de résistance dans notre
confrontation avec les mutations mondiales.
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S’agissant de la première réunion du Conseil des Gouverneurs à se tenir après les crises
successives qui viennent d’éclater, la Banque souhaiterait que votre présente réunion soit
l’occasion d’un débat d’idées innovantes qui irait au-delà de la lutte contre les
répercussions néfastes de la crise économique mondiale, pour un examen prospectif des
orientations politiques et stratégiques que commande la sortie de crise.
Le Conseil des Directeurs exécutifs et l’administration de la Banque souhaiteraient que
Vos Excellences les fassent bénéficier d’orientations à même d’aider à la réflexion en
cours sur la révision des stratégies de développement et la manière d’appréhender les
mutations mondiales.
Excellence, Monsieur le Président,
Les leçons de la crise sont venues confirmer ce que vous aviez admis un animent, à
savoir qu’il ne pourrait y avoir pour notre Oummah, de refuge ni de salut, face aux défis
sans crise croissants de la mondialisation, que par la conjugaison de ses efforts et par une
action commune pertinente visant la concrétisation d’une approche économique globale.
La crise a souligné la nécessité de mobiliser les capacités et les ressources et de
conjuguer les efforts pour élaborer les mécanismes les plus efficients, capables de
traduire en projets concrets les nobles objectifs fixées dans le Programme d’action
décennal adopté par le Sommet extraordinaire de Makkah al Moukarramah.
La crise nous impose, par ailleurs, de revoir plusieurs données économiques et de
rechercher de nouveaux moteurs de développement stratégique. Il est temps pour nos
Etats membres d’adopter un modèle de développement basé sur le savoir, la créativité et
l’innovation. Il faut dire que le seul instrument de créativité est l’homme, cette ressource
qui se distingue par se capacité à aller au-delà des failles, et à raccourcir la marche des
siècles pour passer de l’agriculture et de l’industrie à la connaissance. L’homme est le
réceptacle du savoir, cette locomotive essentielle en matière de compétitivité et le facteur
le plus important pour recomposer la carte du monde et restructurer les modèles de
développement économique et d’activités humaines. La question qui se pose est de savoir
comment il serait possible pour la Banque d’aider les pays membres - individuellement,
en groupe ou en nation réunie – à se tracer un avenir fondé sur l’économie du savoir.
C’est à cette question que le séminaire sur « La gestion du changement vers l’économie
de la connaissance » qui se tient parallèlement à notre réunion, tente de répondre, sans
exclure aucune opinion ou directive que vous pourriez émettre.
Votre institution aura à apporter sa contribution sur ce plan, s’agissant d’un domaine
essentiel pour les principaux changements dans les missions des institutions d’aide au
développement multilatéral à l’aune duquel se mesure sa crédibilité quant à son
orientation en matière de transfert des ressources liées à la connaissance.
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Excellence, Monsieur le Président,
Il y a une deuxième question qui se pose avec autant d’insistance. Elle porte sur la
manière de soutenir les PMA à faire face aux impacts de la récession économique
mondiale, de remédier au recul des aides réservées aux PMA et de relever le niveau des
investissements dans l’exploitation des ressources humaines et naturelles, avec un
nouveau regard porté sur l’autre face des devises, celle de la subvention que cache
l’épreuve.
La crise financière actuelle menace la stabilité sociale et porte atteinte aux acquis réalisés
par nos pays membres en matière de développement. L’échec à mettre un terme à la
dégradation du développement humain risque de déséquilibrer le marché du travail,
d’accroître le chômage et d’avoir un impact négatif sur la réalisation des objectifs de
développement du Millénaire.
De plus, la crise nous a ouvert les yeux sur le net ralentissement de l’aide étrangère aux
programmes de lutte contre la pauvreté, au point que les sources de financement
concessionnelle ont failli se tarir dans ce monde fortement secoué par les retournements
des marchés internationaux.
Je voudrais, ici, témoigner que votre auguste conseil, avec la création du Fonds de
solidarité islamique pour le développement (FSID), en concrétisation de la résolution
pertinente du Sommet extraordinaire, est parvenu à une solution remarquable pour
anticiper tout désordre éventuel au niveau des ressources réservées à la lute contre la
pauvreté et l’analphabétisme, à la création d’emplois et à la construction et au
renforcement des capacités.
J’ai le plaisir de vous annoncer que le FSID a financé, au cours de sa première année
d’activité, 26 projets dans divers domaines, à commencer par ses programmes centraux
de formation professionnelle, de micor-financement, de lutte contre la malaria et le Sida.
Il reste que la crise a accru le poids de la demande sur le Fonds et l’a amené à prendre
davantage d’initiatives.
Excellence, Monsieur le Président,
Parmi les autres répercussions négatives de la crise, il y a lieu de relever le ralentissement
de l’investissement dans les infrastructures des pays membres, compte tenu de la
raréfaction des opportunités de financement sur les marchés internationaux et de la
diminution du flux des investissements étrangers directs. La crise actuelle nous a
enseigné, plus que tout autre conjoncture, événement ou école, qu’on ne peut se passer de
la coopération économique et de la complémentarité commerciale, si l’on veut réaliser la
relance et le développement durable.
Il nous faut reconnaître, ici, que des pas ont été franchis, de plus en plus vite, en vue
d’atteindre l’objectif des 20% fixé par le Sommet de Makkah al-Moukarama pour le
commerce intra communautaire, taux qui se situe actuellement à environ 17%, alors que
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le régime préférentiel s’accélère afin d’atténuer les problèmes qui handicapent la
production, le commerce et l’investissement. Ce qui a été réalisé doit nous inciter à fixer
d’autres objectifs, plus ambitieux, au niveau de l’investissement intra-communautaire.
De même que j’ai évoqué, dans l’allocution d’ouverture, le programme d’investissement
stratégique dans le transport garanti de l’énergie sous l’égide du Turkménistan, je
voudrais mentionner, ici, la création de la « Société saoudienne pour l’investissement
agricole et la production animale » dotée d’un capital s’élevant à 3 milliards de Riyals. Je
salue, par la même occasion, les initiatives d’avant-garde prises par certains pays du
Golfe pour développer le co-investissement dans l’agriculture et la richesse animale, et
pour exploiter toutes les opportunités à même d’aider à faire face à la crise alimentaire.
A l’exemple de ces initiatives, d’autres mesures bénéfiques ont été prises pour lever les
obstacles qui se dressent devant l’investissement intra-communautaire, d’autant que la
crise a révélé la présence sur les marchés internationaux de handicaps bien plus graves.
La crise et l’effondrement de l’investissement qui s’en est suivi, dépassent de loin et
représentent des dangers mille fois plus graves que ceux que le capital reprochait à nos
marchés en matière de change, d’inflation ou de désordres.
Dans ce climat où des capitaux bien substantiels ont pris le chemin de guichets lointains,
nous craignons que la crise financière mondiale nous fasse perdre des occasions propices,
avec le passage de la dernière vague des revenus pétroliers, sans qu’ils soient affectés à la
réalisation d’un progrès notable sur le plan des infrastructures, au service du codéveloppement.
Il s’offre, là, un vaste domaine pour les activités des banques d’investissement désireuses
de prendre pied dans l’économie réelle, pour les fonds souverains poursuivant des
objectifs mutuellement avantageux et pour les hommes d’affaires avisés qui cherchent à
travailler avec la Banque, sur la base d’un investissement partenarial réunissant des
hommes qui se sont distingués par leurs succès dans les pays membres exportateurs
d’investissement et leurs homologues dans des pays d’accueil bénéficiant d’un climat
attractif pour les investissements.
La Banque est heureuse de renforcer les efforts d’investissement intra communautaire en
augmentant ses financements pour le développement des pays membres, en réponse aux
besoins pressants induits par la crise, et ce dans les limites autorisées par les règles
suivies et les politiques de gestion des risques. A ce propos, le Conseil des Directeurs
exécutifs a approuvé, avant-hier, dimanche, le doublement du montant affecté au
programme des opérations financées par les revenus ordinaires du capital, pour le porter
de 15% à 30 % par an, pendant 3 ans, à partir de l’année 1430H, afin qu’il puisse offrir
un financement supplémentaire d’une valeur de 2,5 milliards de $EU, au cours de cette
même période.
La Banque entend, également, accélérer le suivi de la mise en œuvre des programmes et
projets d’investissement déjà prêts, dans le but de hâter le retour à une économie saine et
d’atténuer les pressions et le fardeau financiers qui pèsent sur les pays membres.
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La 3 ème question qui se pose est celle-ci : Comment les autorités nationales pour
l’investissement – banques d’investissement, fonds souverains, banques centrales –
peuvent-elle participer aux programmes de mobilisation des ressources pour le Groupe de
la BID, et appuyer des partenariats novateurs entre les pays disposant de capacités
d’investissement et d’autres ayant des ressources humaines et des projets prometteurs ?
Comment, également, ces mêmes autorités doivent-elles œuvrer pour favoriser, avec
l’appui de la BID et les autres institutions bancaires islamiques, un bond qualitatif où les
bénéfices sont orientés vers les investissements dans le développement et le commerce et
où les liquidités ne pourront plus servir à des spéculations telles que celles qui ont
conduit la finance à la crise actuelle.
Excellence, Monsieur le Président,
Permettez-moi d’aborder, à ce point du discours, les défis et les opportunités qui s’offrent
à l’industrie bancaire islamique, sur la scène internationale.
Au moment où la crise financière mondiale a éclaté, en octobre 2008, la Banque a pris
l’initiative d’inviter les dirigeants des institutions bancaires islamiques à un séminaire
organisé au siège de la BID, à Djeddah. Parmi les résolutions qui y ont été prises, il y eut
la création d’un groupe de travail de haut niveau chargé d’étudier et d’assurer le suivi de
l’impact de la crise financière sur l’industrie financière islamique et de faire connaître
l’essence des services financiers islamiques et leur rôle éventuel dans la stabilité
financière, à l’échelle mondiale. Ce groupe est présidé par Madame Tan Seri Datu, Dr.
Ziti Akhtar, gouverneur de la Banque centrale de Malaisie. Un autre groupe, au sein de la
BID, a été chargé d’étudier les répercussions de la crise sur les activités mêmes de la
Banque.
Excellences,
Monsieur le Président,
Je voudrais, avant de conclure, saluer, en votre nom à tous, l’appui fort et constant dont
bénéficie la BID de la part de tous les pays membres, notamment le pays du siège, sous
la haute direction du Serviteur des Deux Saintes Mosquées, le Roi Abdallah ibn
Abdelaziz Al-Saoud.
Je remercie, également, l’ensemble des partenaires de la Banque, comme les
organisations internationales et régionales sœurs, qui tiennent à s’engager dans une action
commune, au service du développement. La Banque tire une légitime fierté de sa
coopération avec tous ces partenaires.
Je saisis cette occasion pour réitérer ma profonde gratitude au Turkménistan – Président,
gouvernement et peuple – pour l’accueil prévenant qui nous a été réservé. J’adresse,
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aussi, à votre auguste assemblée, mes sincères remerciements et mes chaleureuses
félicitations.
Mes remerciements vont, également à mes frères, les membres du Conseil des Directeurs
Exécutifs et les membres des Conseils d’Administration des institutions affiliées au
Groupe de la BID, pour les orientations éclairées et l’appui efficient qu’ils apportent à la
Banque. Je ne puis que leur rendre hommage pour les efforts sincères et soutenus qu’ils
déploient au service du Groupe, et pour leur participation active aux travaux de la
communauté.
Je prie le Très Haut de bénir les efforts de tous ceux qui travaillent au sein du Groupe de
la BID, qui soutiennent la Banque et lui apportent leur aide pour qu’elle puisse relever les
défis et assurer davantage de progrès et de prospérité aux peuples de notre glorieuse
Oummah.
Wassalamou Alaïkoum wa Rahmatoullah wa Barakaouth.
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