1 Une communauté lettrée transnationale Márcia ... - IEL - Unicamp
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<strong>Une</strong> <strong>communauté</strong> <strong>lettrée</strong> <strong>transnationale</strong><br />
<strong>Márcia</strong> Abreu i<br />
Introduction<br />
Dans le texte que j’ai présenté à l’Escola São Paulo ii , j’ai cherché à identifier les<br />
romans de plus grande circulation au Brésil entre la fin du XVIIIe siècle et la moitié du<br />
XIXe siècle, en examinant leur origine (française de façon prépondérante) et leur mode<br />
de diffusion (surtout par le moyen de traductions vers le portugais). J’ai également<br />
essayé de mettre en parallèle cet ensemble de titres avec des données réunies par M.<br />
Lyons, qui a analysé les tirages des livres publiés en France entre 1813 et 1850, afin<br />
d’identifier ce qu’il a appelé les « best-sellers français ». La confrontation entre les<br />
livres à succès de Rio de Janeiro et « les succès de longue et de moyenne durée »<br />
retenus par Lyons a révélé une forte syntonie entre les lectures de fiction réalisées à Rio<br />
de Janeiro et à Paris au cours de la même période. La comparaison a permis de<br />
distinguer clairement l’existence d’un goût littéraire mondialisé, marqué par les œuvres<br />
françaises des XVIIe et XVIIIe siècles et les références classiques, une tendance dont le<br />
changement n’a eu lieu que lors de l’entrée en scène des romans-feuilletons qui ont<br />
orienté la préférence des lecteurs vers des œuvres plus récentes, tout en préservant la<br />
prépondérance de la référence française et la syntonie avec les lectures en vogue à Paris.<br />
Toutefois, il y a de notoires dissemblances entre les lecteurs des deux côtés de<br />
l’Atlantique. Si en France des éditions successives d’ouvrages de Walter Scott et de<br />
Victor Hugo s’épuisaient, au Brésil, par contre, leurs œuvres semblent ne pas avoir<br />
conquis le grand public dans la première moitié du XIXe siècle. Cependant, elles ont<br />
attiré l’attention des lettrés, qui les mentionnaient régulièrement dans leurs textes.<br />
C’est surtout sur les lettrés, brésiliens et européens, que je veux maintenant fixer<br />
mon attention, en faisant le même exercice adopté dans le cas des livres à succès : il<br />
s’agira de vérifier s’il y avait une syntonie entre leurs réactions vis-à-vis des romans en<br />
circulation entre 1789 et 1839. La date limite finale se justifie en ce qu’elle correspond<br />
au début de la publication des romans-feuilletons au Brésil (à peine trois ans après leur<br />
parution en France), ce qui a fortement modifié la production, la lecture et l’évaluation<br />
des œuvres fictionnelles. Au cours de cette même année, la plus grande diffusion des<br />
textes littéraires a suscité la célèbre critique de Sainte-Beuve, intitulée La Littérature<br />
Industrielle. Simultanément aux critiques dirigées contre la massification de la<br />
1
littérature, l’on assiste à un changement progressif dans la manière d’envisager le genre<br />
dans son ensemble, avec sa perte graduelle de prestige à partir des années 1840. iii<br />
Pour apprécier les réactions des lettrés envers les romans, l’analyse a été tournée<br />
vers deux types d’écrits : des textes de diffusion ample, publiés dans des périodiques<br />
anglais, français, portugais et brésiliens, et des textes de diffusion restreinte à de petits<br />
cercles lettrés, produits par des censeurs français, portugais et luso-brésiliens, afin<br />
d’autoriser la publication ou la diffusion de romans. iv En raison de la limite de pages<br />
établie pour ce texte, je serai obligée de passer rapidement d’une époque à une autre, en<br />
me concentrant sur quelques exemples à même de permettre de saisir la manière dont le<br />
genre était évalué dans les différents lieux, ainsi que les critères d’évaluation de ces<br />
romans, ce qui, malheureusement, ne donnera qu’une pâle idée de la vivacité et de<br />
l’intérêt des arguments ourdis dans les tribunaux de censure et dans la presse de cette<br />
période.<br />
Ce que vaut un roman<br />
Certaines questions disposent d’un traitement notoirement homogène entre les<br />
lettrés de différentes régions d’Europe et du Brésil. L’une d’entre elles est le mépris<br />
évident pour le genre romanesque. Parmi une centaine de textes qui associent les<br />
romans à « la médiocrité », « à la futilité », « au désœuvrement », je prends quelques<br />
exemples, extraits d’écrits produits par des anglais, français, portugais et brésiliens, afin<br />
d’illustrer ce type d’évaluation et, principalement, pour permettre de percevoir leur<br />
syntonie.<br />
Dans The Gentleman’s Magazine, de décembre 1787, l’on trouve la<br />
considération suivante : « Il y a quelques temps et fréquemment, les romans sont<br />
considérés non seulement comme inutiles pour la société, voire comme pernicieux,<br />
en raison de la moralité très médiocre et du mode de penser ridicule qu’ils ont<br />
presque toujours inculqué. » v <strong>Une</strong> idée très similaire a été exprimée dans la Nouvelle<br />
bibliothèque d'un homme de goût, publié à Paris en 1810 : « Nous voudrions bien<br />
pouvoir exclure de cet ouvrage, toute cette partie de notre littérature [les romans]<br />
; nous en connoissions l’inutilité et même le danger. » vi En langue portugaise, la<br />
situation n’était pas très différente, à l’image de ce qu’on peut noter dans le<br />
commentaire fait, en 1812, dans le Correio Braziliense, publié à Londres par Hipólito<br />
2
José de la Costa : « L’immensité de feuilletons publiés au cours du siècle passé et aussi<br />
dans ce siècle, l’insipidité, l’inutilité, et souvent la dépravation de ces publications, ont<br />
autorisé à caractériser cette sorte de composition comme une lecture propre aux seuls<br />
esprits frivoles, et comme un usage inutile, voire aux conséquences funestes à la morale<br />
du lecteur. » vii À Lisbonne, quelques années plus tard, Marques de Penalva, censeur<br />
royal, insistait sur le même point, lorsqu’il évaluait une traduction de l’anglais,<br />
ayant pour titre Contos do Castelo, ou os Illustres Emigrados, qui cherchait un<br />
permis d’impression en 1817: « je déteste cette profusion de Feuilletons presque<br />
toujours dangereux et rarement utiles ». viii<br />
<strong>Une</strong> partie du discrédit du genre provenait de son association au grand public.<br />
Bien que la quantité de lecteurs fût très différente en Angleterre, en France, au Portugal<br />
et au Brésil, étant donnés les taux d’alphabétisations dans ces quatre pays, partout<br />
existaient des commentaires péjoratifs sur l’intérêt que le roman éveillait au sein de<br />
vastes couches du public, mais spécialement auprès de certains groupes bien précis : les<br />
femmes, les jeunes et les pauvres. Lorsqu’on réunissait les trois caractéristiques, soit<br />
dans le cas des jeunes femmes dépourvues de ressources financières, les critiques<br />
étaient encore plus mais mordantes, comme l’on peut le noter dans les Brèves réflexions<br />
sur le roman moderne, publiées dans The Lady’s Magazine, en 1780 : « les romans [...]<br />
sont de puissants moteurs grâce auxquels le séducteur attaque le cœur féminin ; et, si<br />
l’on peut les juger à partir de l’expérience quotidienne, leurs intrigues sont rarement<br />
conçues en vain. [...] Mlle, fille du tailleur, parle maintenant à sa confidente, Mlle Polly<br />
Staytape, au sujet de prétendants et des sentiments, avec autant de familiarité que les<br />
jeunes filles les mieux élevées de la haute société » ix . Contre les jeunes et leurs lectures<br />
se battaient également les censeurs français, tel que l’on peut voir dans l’évaluation du<br />
Roman intitulé : Lisady de Rainville : « de pareils sophismes doivent être éloignés avec<br />
soin de l’esprit des Jeunes gens qui font des Romans leur lecture trop ordinaire » x .<br />
Francisco Xavier de Oliveira, censeur royal au Portugal, se préoccupait non seulement<br />
des femmes, mais aussi de la diffusion de la lecture au sein des couches populaires.<br />
Lorsqu’il analyse le roman de chevalerie L'Histoire de Charlemagne, il caractérise son<br />
public avec mépris : « cette Œuvre est tellement bien accueillie au sein de notre racaille<br />
qu’il n’y a pas un seul Cordonnier, Larbin et Tailleur qui n’en dispose d’un exemplaire<br />
[...] ce qui leur engourdit l’esprit et les maintient toujours dans un état de stupidité<br />
brutale. » xi . Au Brésil, Miguel do Sacramento Lopes Gama, prêtre de l’État brésilien<br />
3
de Pernambuco, a publié dans les années 1830 xii divers textes où il conseillait de<br />
maintenir les femmes éloignées des livres, en répétant des idées concernant l’influence<br />
des romans sur le comportement féminin : « Ce qui corrompt les mœurs, ce qui pervertit<br />
la morale est, par exemple, la lecture d’une telle profusion de feuilletons vils, où l’on<br />
apprend à une fille à duper la vigilance de ses parents pour jouir de la compagnie de son<br />
amant, à une épouse de tromper son mari etc. etc. » xiii<br />
Quoique les commentaires dépréciatifs ayant trait au genre romanesque et aux<br />
lecteurs considérés comme habitués se fussent disséminés un peu partout, le plus<br />
commun à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle n’était pas le rejet du<br />
genre dans son ensemble. Beaucoup ont séparé le bon grain de l’ivraie en identifiant des<br />
romans à succès ou tout au moins tolérables.<br />
Dans ces cas là, l’on observe une homogénéité notoire des critères d’évaluation.<br />
L’un des plus employés était la vérification de la moralité du texte, étant donné que tout<br />
le monde croyait que la lecture provoquait, nécessairement, des effets chez le lecteur.<br />
Dans le cas des romans, au précepte horatien du mélange entre instruction et plaisir s’est<br />
associé la moralisation, qui serait obtenue grâce à des intrigues où le vice subirait un<br />
châtiment et la vertu recevrait sa récompense. Les romans où ces éléments étaient<br />
présents furent ennoblis, tel que l’on peut le constater, par exemple, dans l’avis émis par<br />
la censure portugaise au sujet de Cécile fille de Achmet, évalué par les censeurs comme<br />
« un feuilleton qui édifie et récrée simultanément [...] en instruisant à chaque pas les<br />
lecteurs dans le néant sur les grandeurs du monde, et à quel point les Mortels doivent<br />
chercher à aimer la vertu tout en abhorrant les vices. » xiv La presse anglaise a répercuté<br />
une idée similaire lors de la publication, en 1820, d’un texte où Mrs. Barbauld assura : «<br />
il ne faut pas baser le crédit de ces œuvres [romans] uniquement sur le divertissement,<br />
puisqu’elles ont certainement eu des effets considérables sur l’inspiration des principes<br />
et des sentiments moraux. Il est indéniable que les sentiments de vertu les plus<br />
enthousiastes et émouvants peuvent être trouvés dans plusieurs de ces compositions et<br />
ont été intégrés par leurs jeunes lecteurs ». xv<br />
Toutefois, les effets moralisateurs n’étaient pas suffisants pour assurer une<br />
évaluation positive à un roman, y compris lorsque le jugement du texte était élaboré par<br />
un censeur, à l’image de ce qui s’est produit lors de la soumission à la censure française<br />
du livre La véritable école des femmes ou histoire de Gesmina Gusman : « ce roman,<br />
dont le fond est assez commun, ne manquerait pas d’un intérêt doux, moral et décent, si<br />
le Style de l’auteur ne fatiguait pas sa Prétention, son incorrection et sa diffusion » xvi .<br />
4
De la même manière, la soumission à la censure portugaise du livre A virtude exercitada<br />
ou heroismo chines a démontré clairement qu’il ne suffisait pas de satisfaire aux attentes<br />
en ce qui concerne l’édification du lecteur : « Bien qu’il soit effectivement possible de<br />
trouver dans cette histoire certaines règles d’une morale solide et saine, de même que<br />
quelques exemples de vertu, qui font honneur à la mémoire de son héros, toutes ces<br />
choses en soi précieuses se trouvent d’une certaine manière mêlées à la boue, de par le<br />
manque d’ordre, de sens, d’éducation, en raison de multiples inepties et futilités qui<br />
conduisent l’Auteur dans la voie d’un style puéril, impropre et marqué par le manque de<br />
correction, dont il se sert par absence de critique et de bon sens. » xvii<br />
L’on s’attendait également à ce que l’intrigue éveillât et retînt l’attention du<br />
lecteur, comme l’a affirmé le censeur français chargé de l’évaluation du livre Erreurs et<br />
mystère : son « Roman dont le style a de la facilité, de la correction et même de la grâce.<br />
La morale en est pure, mais il est faible d’intrigue et d’intérèt [sic], et comme beaucoup<br />
de pièces n’offre pas un heureux dénouement. » xviii Les critiques qui écrivaient de<br />
l’autre côté de la Manche étaient d’accord avec les Français et les Portugais, comme<br />
l’on peut le voir dans le texte On the origin and progress of novel-writing : « l’invention<br />
d’une histoire, le choix de l’incident approprié, l’ordonnance du plan, les belles<br />
descriptions occasionnelles et, surtout, l’amour, la pitié, la joie, l’angoisse, l’extase ou<br />
l’indignation, associés à la morale sérieuse et émouvante qui en résulte, mettent en jeu<br />
des talents d’un ordre supérieur, et devraient être mis en valeur selon la même<br />
proportion. » xix À ces éléments viennent s’ajouter les critères d’évaluation répertoriés<br />
par l’auteur de General observations on modern novels, publié dans The Lady’s<br />
Magazine :<br />
« De nombreuses situations sont, il est vrai, décrites dans les romans d’aujourd’hui ; mais de<br />
manière tellement froide et mesquine que nous n’avons pas été le moins du monde intéressés par les<br />
personnages à propos desquels nous avons lu ; des personnages que nous ne parvenons pas à<br />
recommander avec enthousiasme, bien que l’on ne trouve absolument aucun défaut dans leur approche ou<br />
dans leur conduite. Ils sont, à la rigueur, représentés avec tant de soumission, tant d’insipidité que nous<br />
avons tendance à bailler par-dessus les pages que nous examinons ; en étant seulement mus par la<br />
curiosité d’arriver à la fin de l’histoire ». xx<br />
Le souci de la vraisemblance du récit est également réitéré, comme on peut le<br />
voir dans l’évaluation faite par la censure française de l’œuvre Charles de Montfort :<br />
« ce roman écrit avec facilité contient une narrative touchante et vraisemblable des<br />
5
égarements occasionnés par les remords et de la triste fin d’une jeune femme exposée,<br />
durant l’absence de son mari, à des séductions auxquelles elle ne parvient pas à<br />
échapper. Ce fond léger permet à l’auteur, M. Thierry de Mauregard, de tracer des<br />
scènes d’un très vif intérêt, lesquelles ne perdent pas leur effet malgré quelques<br />
longueurs. » xxi<br />
Certains semblent réaliser une véritable compilation des critères d’évaluation<br />
lorsqu’ils jugent une œuvre xxii , comme cela est arrivé lors de l’évaluation du roman<br />
Lances da Ventura par la censure portugaise :<br />
« votre œuvre est détestable, en ce qui concerne l’élocution, non seulement du fait du langage corrompu,<br />
mais de par le style inapproprié, affecté et déclamatoire, mais toutefois, par allégeance à la vérité, je dirai<br />
que votre inventivité est bonne, que me semble belle votre cohérence, votre ordre et votre contexture ;<br />
qu’il existe des lieux particulièrement pathétiques ; que sont réellement critiques quelques situations, dans<br />
lesquelles parfois se trouve votre héroïne, desquelles heureusement elle se sauve, ou par chance, ou par<br />
les moyens que lui pourvoit votre admirable constance ; que vous nourrissez sans contradiction le<br />
caractère que vous donnez à vos personnages ; qu’enfin votre Morale est pure et Sainte. Toutefois, étant<br />
donné que cette Histoire est aussi véritable que la Vie de Gil Braz et que tous les faits exposés n’ont<br />
existé que dans l’imagination de l’Auteur, cet auteur devrait indispensablement conserver une possible<br />
vraisemblance ; ce que de nombreuses fois il ne fait pas, soit par négligence, soit par ignorance » xxiii<br />
De sorte que l’observation de centaines de textes produits en Angleterre, au<br />
Brésil, au Portugal et en France permet de percevoir que les lettrés de la fin du XVIIIe<br />
siècle et du début du XIXe partageaient les mêmes critères d’évaluation et espéraient<br />
d’un roman, qu’il présente un style (élocution) et un langage corrects, une bonne<br />
inventivité (choix de l’incident) et de belles descriptions, des scènes qui provoquent une<br />
émotion (pathétique), une disposition adéquate de la matière (ordre, jonction et<br />
déduction), des personnages bien construits, une trame attrayante avec un dénouement<br />
intéressant et, par-dessus tout, plausible, en évitant les longueurs, qui ne semblaient<br />
plaire qu’aux lecteurs anglais. xxiv En plus d’instruire, délecter et moraliser.<br />
Les raisons de la syntonie<br />
Les rares exemples présentés montrent clairement que les discours se répétaient,<br />
indépendamment des différences présentes entre les lieux dont on parlait – des lieux<br />
aussi différents que l’Angleterre industrialisée et le Brésil esclavagiste. Ceci pour<br />
6
montrer que les conditions socio-économiques ont moins de poids que la formation<br />
culturelle des lettrés et que les connexions établies entre eux.<br />
L’un des points de contact importants entre les lettrés européens et brésiliens est<br />
la connaissance des arts rhétoriques et poétiques, qui occupent une place centrale dans<br />
la formation scolaire. Même s’ils ne dédiaient aucun, ou pratiquement aucun, espace<br />
pour la réflexion à propos des romans, ils instruisaient sur les critères d’évaluation de<br />
récit et étaient formateurs d’idées à propos de la fonction des Lettres. Des livres tels que<br />
Lectures on rhetoric and belles lettres de l’écossais Hugh Blair peuvent avoir contribué<br />
à la création d’une pensée commune à propos des romans. Publié en 1783, il a bénéficié<br />
d’une large diffusion en Europe et au Brésil, selon Eduardo Vieira Martins :<br />
« Selon Abrams, ‘the book was very widely used as a scholl texte’. Wilson Martins informe que<br />
seulement pour l’anglais, il y eu 130 éditions entre 1783 et 1911. Curtius désigne quatre traductions<br />
françaises (en 1797, 1808, 1821 et 1825). Le cours du professeur écossais rencontra également une<br />
grande acceptation au Brésil, en ayant été connu, comme tout semble démontrer, par le biais des<br />
traductions françaises [...] La preuve la plus importante de la diffusion de la pensée de Blair au XIXe<br />
siècle sont les déclarations des recteurs eux-mêmes qui, que ce soit dans des préfaces ou dans le corps de<br />
leurs travaux, le présentent comme une source privilégiée de doctrines diffusées par eux. Frei Caneca,<br />
mort en 1825, le citait déjà dans son Tratado de eloqüência, ce qui met en évidence que durant les<br />
premières décennies du siècle les Lectures étaient déjà connues par ici [au Brésil]. » xxv<br />
Le livre a été l’un des premiers manuels de rhétorique – sinon le premier – à<br />
réserver un petit espace pour l’examen de ce qu’il a appelé « Fictitious history ». xxvi En<br />
à peine quatre pages, le recteur discourait à propos de cette « très nombreuse, bien que,<br />
en général, insignifiante classe d’écrivains », très souvent « innocents », mais<br />
fréquemment « insipides », dont l’influence paraissait considérable « tant au niveau de<br />
la morale que du point de vue de goût d’une nation », en affirmant que l’objet des<br />
œuvres « connues sous le nom de romans et nouvelles » était d’instruire, par l’exemple,<br />
en rendant « la vertu aimable et le vice odieux ». Blair répétait et diffusait des idées<br />
communes à l’époque lorsqu’il décrivait le mépris pour le genre (« classe insignifiante<br />
d’écrits ») et donnait de l’attention à la dimension morale (la vertu aimable et le vice<br />
odieux) et instructive que les écrivains pourraient avoir. D’autres éléments du discours<br />
usuel à propos des romans sont également mentionnés lorsque le recteur attire<br />
l’attention sur la nécessité d’avoir des « histoires bien ourdies » pour obtenir « l’effet »<br />
désiré, qui sera supérieur en matière d’efficacité par rapport à « l’instruction pure et<br />
7
simple ». Et, finalement, il explique que « ce n’est pas la nature en elle-même de ce type<br />
d’écrits, mais son exécution erronée, qui peut l’exposer à un certain mépris. » xxvii Au<br />
contraire, cependant, de ce que l’on attend d’une rhétorique, Blair n’a ni discouru à<br />
propos des caractéristiques internes du genre, comme le firent des critiques et censeurs,<br />
ni n’a évalué spécifiquement aucun roman.<br />
Dans ce cas, la diffusion des idées en ce qui concerne la façon d’évaluer la<br />
production de romans, chaque jour plus intense, doit être restée à la charge de revues<br />
telles que l’Edinburgh Review (Édimbourg), la Quaterly Review (Londres), la Revue des<br />
Deux Mondes (Paris), la Revue Britannique (Paris) qui disposaient d’une diffusion<br />
mondiale et d’une présence certaine à Rio de Janeiro. xxviii La diffusion des textes publiés<br />
dans ces revues et dans d’autres était encore plus importante en tenant compte de la<br />
pratique de la traduction d’articles présentant un intérêt pour une publication dans<br />
d’autres périodiques.<br />
C’était par exemple l’objectif de la Revista Nacional e Estrangeira – escolha<br />
d´artigos originaes e traduzidos por uma sociedade de litteratos brazileiros, publiée à<br />
Rio de Janeiro, entre 1839 et 1841. Les responsables de la publication – João Manoel<br />
Pereira da Silva, Josino do Nascimento Silva, et Pedro d´Alcantara Bellegarde –<br />
annonçaient qu’ils « recours[raient] plutôt aux écrits étrangers qu’aux nôtres, en<br />
modelant cette publication sur la Revue Britannique » et se disaient « abonnés à un<br />
grand nombre de périodiques, tant anglais que français, publiés sous le titre de<br />
Revista », d’où ils extrairaient les articles pour traduction. xxix C’est par le biais de l’une<br />
de ces traductions que les lecteurs prirent connaissance du texte « Jugement de la Revue<br />
d’Édimbourg à propos de la littérature française contemporaine » xxx , dans lequelle des<br />
romanciers français, tels que Balzac, Hugo, Sue, Janin, Sand, Kock, Lacroix, étaient<br />
durement critiqués du fait de la mauvaise conception de leurs trames et d’une sélection<br />
inadéquate d’épisodes, de la construction malheureuse de leurs personnages, du manque<br />
de moralité de leurs récits et de l’invraisemblance. Parmi les dizaines de romans<br />
commentés, un seul – Le Dernier Jour d’un Condamné, de Victor Hugo – avait été<br />
« traduit en portugais » et était « en vente dans le magasin de livres de la rua da<br />
Quitanda, n. 77”, selon ce qu’informe une note du traducteur ajoutée au texte. xxxi Ainsi,<br />
avant de connaître les livres, les lecteurs sauraient déjà ce que l’on disait à leur propos<br />
en Europe et pourraient connaître (ou reconnaître) les critères d’évaluation des romans<br />
utilisés dans les plus prestigieuses revues européennes. xxxii<br />
8
Cependant, la syntonie au niveau de la façon de comprendre les romans dans<br />
différents endroits du monde ne s’explique pas exclusivement par la circulation des<br />
livres et des périodiques, mais également par le déplacement des personnes entre<br />
l’Europe et l’Amérique. Des dizaines de voyageurs, en général des naturalistes et<br />
commerçants, passaient par le Brésil en observant la culture locale et en la comparant à<br />
celle de leurs contrées d’origine. Si nombre d’entre eux écrivirent des livres relatant ce<br />
qu’ils avaient vu et émirent des considérations à propos des contrastes observés, il est<br />
naturel d’imaginer qu’ils conversaient avec des personnes rencontrées au cours de leurs<br />
voyages, en exposant leurs idées sur divers sujets, parmi lesquels, probablement, les<br />
romans. Certains de ces voyageurs eurent une importance particulière pour les lettrés<br />
locaux, du fait de leur intérêt pour les Lettres. C’est le cas, par exemple, de Ferdinand<br />
Denis et d’Eugène Monglave, qui vinrent au Brésil au début du XIXe siècle et<br />
maintinrent de fructueuses relations avec les écrivains locaux, en diffusant la production<br />
brésilienne en France à leur retour. Il suffit de se souvenir de Ferdinand Denis, qui a été<br />
l’auteur de la première histoire de la littérature brésilienne en tant que production<br />
indépendante de la portugaise – Résumé de l’histoire littéraire du Portugal suivi de<br />
l’histoire littéraire du Brésil (1826), et d’Eugène Monglave, traducteur vers le français<br />
d’œuvres telles que les poésies de Tomás Antonio Gonzaga – Marilie (1825).<br />
Des brésiliens en voyage en Europe établissaient également d’importantes<br />
connexions entre les lettrés des deux continents. C’est le cas, par exemple, de jeunes<br />
lettrés brésiliens, comme Araújo Porto Alegre, Torres Homem et Gonçalves de<br />
Magalhães qui accomplirent une partie de leur formation à Paris, au début du XIXe<br />
siècle. Avec l’appui de Monglave, ils fondèrent et publièrent à Paris la revue Nitheroy<br />
(1836), pour débattre entre autres choses de la littérature brésilienne naissante. Les<br />
fondateurs de la revue Nitheroy devinrent membres de l’Institut Historique de Paris, où<br />
ils présentèrent un Résumé de l’histoire de la littérature, des sciences et des arts au<br />
Brésil par trois brésiliens, membres de l’Institut Historique, publié dans le Journal de<br />
l’Institut Historique, en 1834. xxxiii<br />
C’est ainsi que grâce à la circulation de personnes, livres et revues se formait<br />
une <strong>communauté</strong> <strong>lettrée</strong> transnationalle qui partageait des références, des lectures et des<br />
manières de voir la littérature et les romans.<br />
9
i<br />
Ce travail est développé avec le soutien de la FAPESP, en tant que composant du Projet Thématique<br />
Circulation Transatlantique des Imprimés, et avec l’appui d’une bourse de productivité en recherches du<br />
CNPq.<br />
ii<br />
Disponible sur www.espea.iel.unicamp.br<br />
iii<br />
En Angleterre, “le débat sur le roman, avec les habituelles attaques et défenses, a traversé le XIXème<br />
siècle et a survécu sans donner des signes de refroidissement. Bien que les arguments contre et en faveur<br />
étaient déjà devenus assez répétitifs, quoique les défendeurs et les critiques s’étaient rendus compte que le<br />
romance avait conquis sa place et malgré les signes évidents de récupération de ce genre, avec Jane<br />
Austem et Walter Scott, et même s’il était devenu digne de respect, notamment à partir des années 1840,<br />
les objections à la lecture de romans ont persisté au cours de tout le XIXème siècle”. VASCONCELOS,<br />
Sandra. A Formação do romance inglês: ensaios teóricos. São Paulo: Hucitec / FAPESP, 2007, p.191.<br />
iv<br />
Pour ce qui est de l’accueil des romans chez les anglais, j’ai pris comme référence le livre de Sandra<br />
Vasconcelos, A Formação do romance inglês (op.cit.). En ce qui concerne son accueil chez les portugais,<br />
j’ai pris pour base mes recherches sur la censure luso-brésilienne, partiellement présentée dans les textes<br />
ABREU, <strong>Márcia</strong>. Os caminhos dos livros. Campinas: Mercado de Letras/ALB/FAPESP, 2003; "Nos<br />
primórdios da crítica - julgamentos literários produzidos pela censura luso-brasileira". In: FIGUEIREDO,<br />
Carmen Lúcia N. de; HOLANDA, Sílvio Augusto de O.; AUGUSTI, Valéria (org.). Crítica e literatura.<br />
Rio de Janeiro: De Letras, 2011, pp. 197-220; “O ‘Mundo Literário’ e a ‘Nacional Literatura’: leitura de<br />
romances e censura.” In: ABREU, <strong>Márcia</strong>. (org.) Trajetórias do romance: circulação, leitura e escrita<br />
nos séculos XVIII e XIX. Campinas/São Paulo: Mercado de Letras / FAPESP, 2008, pp. 275-306.<br />
« Censure et critique – les réactions des premiers lecteurs de romans ». In : Cahiers du Brésil<br />
Contemporain, n o . 69/70, Paris : Maison des Sciences de l'Homme, 2008, pp. 11-35.<br />
La censure française, ainsi que l’accueil des lettrés brésiliens, publiés dans la presse font l’objet de mes<br />
recherches actuelles.<br />
v<br />
The Gentleman’s Magazine, vol. LVII, Décembre 1787. Signé « R.R.E ». Apud VASCONCELOS,<br />
2007, p. 579.<br />
vi<br />
“Nous voudrions bien pouvoir exclure de cet ouvrage, toute cette partie de notre littérature; nous en<br />
connoissions l’inutilité et même le danger. Mais la suite de notre plan nous y entraîne”. BARBIER,<br />
Antoine Alexandre et LE MOYNE DESESSARTS (Nicolas Toussaint). Nouvelle bibliothèque d'un<br />
homme de goût, entièrement refondue, corrigée et augmentée, contenant des jugements tirés des journaux<br />
les plus connus et des critiques les plus estimés, sur les meilleurs ouvrages qui ont paru dans tous les<br />
genres, tant en France qu’à l'étranger jusqu'à ce jour. Paris: chez Arthus Bertrand, 1810, Tome V, p. 1.<br />
vii<br />
“Portugal. Atala ou os Amantes do deserto, a armonia da religiaõ Christaã com as scenas da natureza,<br />
e paixoens do coraçaõ humano. Lisboa. 1810. 1 vol . en 12 . p. 157.” In: Correio Brasiliense ou Armazem<br />
Literario, Londres: “imprimé par W. Lewis, dans les ateliers de Correio Braziliense, St John Square,<br />
Clerkenwell.” Octobre 1812, p. 590.<br />
viii<br />
Avis élaboré par le censeur Marquez de Penalva pour “Contos do Castelo ou os ilustres emigrados.<br />
Arquivos Nacionais da Torre do Tombo (ANTT) – Real Mesa Censória (RMC) – Boîte 85 - 1817 – XI –<br />
15.<br />
ix<br />
“Cursory Thoughts on the Modern Novel”. The Lady’s Magazine, vol. XI, supplément pour 1780. Apud<br />
VASCONCELOS, 577. Le refus de la lecture des romans faits par les femmes arrivait au point d’amener<br />
certains à écrire et publier des textes tels que “Novel reading la cause of female depravity”. The Monthly<br />
Mirror, vol. IV, Novembre 1797. Apud VASCONCELOS, 2007, p. 582.<br />
x<br />
« Roman intitulé : Lisady de Rainville » : « de pareils sophismes doivent être éloignes avec soin de<br />
l’esprit des Jeunes gens qui font des Romans leur lecture trop ordinaire. » Bulletins hebdomadaires des<br />
décisions concernant les ouvrages soumis à l'inspection des censeurs. Avis 223, dernière semaine de<br />
novembre 1810. Série F 18 * I 148. Archives Nationales. Paris.<br />
xi<br />
Avis signé par Francisco Xavier de Oliveira, daté du 6 mai 1797. Desembargo do Paço, Repartição da<br />
Corte, Estremadura e Ilhas, Liasse 1932, boîte 1759. ANTT.<br />
xii<br />
Voir, par exemple, GAMA, Miguel do Sacramento Lopes. “Conselhos e máximas do velho du surrão<br />
aos pais de família e aos maridos”. In: O Carapuceiro, 22 juillet1837. Reproduit chez Lopes Gama.<br />
Textos Escolhidos par Luís Delgado. Rio de Janeiro: Editora Agir, 1958. Nossos Clássicos, n.º 31, pp.<br />
105, 106.<br />
xiii<br />
GAMA, Miguel do Sacramento Lopes. “O nosso gosto por macaquear'“. In: le Carapuceiro, 14 de<br />
janeiro de 1840. Reproduit dans O Carapuceiro: crônicas de costumes. Organisation Evaldo Cabral de<br />
Mello. São Paulo: Companhia das Letras, 1996. Coleção Retratos do Brasil. Pp.339-348.<br />
xiv o<br />
Avis concernant “Cécile fille d’Achmet, 3 empereur des turcs”, proféré le 7 avril 1788 et signé par<br />
Luís de Santa Clara Povoa, Pascoal José de Melo e Francisco Pires de Carvalho e Albuquerque. ANTT -<br />
RMC - Censuras e Pareceres - Boîte 14, 1788, n o 17.<br />
10
xv<br />
Mrs. Barbauld. “On the origin and progress of novel-writing”. The British novelist; with an Essay, and<br />
Prefaces Biographical and Critical. 1820. Apud VASCONCELOS, 2007, p. 587.<br />
xvi<br />
Ce roman, dont le fond est assez commun, ne manquerait pas d’un intérêt doux, moral et décent, si le<br />
Style de l’auteur ne fatiguait par sa Prétention, son incorrection et sa diffusion. « La véritable école des<br />
femmes ou histoire de Gesmina Gusman. Imitation libre de l’anglais par J. Fr. Audié des Vosges, 3 vol. »<br />
Bulletins hebdomadaires des décisions concernant les ouvrages soumis à l'inspection des censeurs. Avis<br />
110, première semaine de novembre 1810. Série F 18 * I 148. Archives Nationales. Paris.<br />
xvii<br />
Avis relatif à “A virtude exercitada ou heroismo chines”, proféré le 20 novembre 1788 et signé par<br />
Francisco Pires de Carvalho e Albuquerque, António de Santa Marta Lobo de la Cunha, Pascoal José de<br />
Melo. ANTT - RMC - Censuras e Pareceres - Boîte 14, 1788, n o 65.<br />
xviii<br />
« Erreurs et mystère. Roman dont le style la de la facilité, de la correction et même de la grâce. La<br />
morale en est pure, mais il est faible d’intrigue et d’intérèt [sic], et comme beaucoup de pièces n’offre pas<br />
un heureux dénouement ». Bulletins hebdomadaires des décisions concernant les ouvrages soumis à<br />
l'inspection des censeurs. Avis 462, troisième semaine de mars 1811. Série F 18 * I 148. Archives<br />
Nationales. Paris.<br />
xix<br />
Mrs. Barbauld. “On the origin and progress of novel-writing”. The British novelist; with an Essay, and<br />
Prefaces Biographical and Critical. 1820. Apud VASCONCELOS, 2007, p. 585<br />
xx<br />
“General observations on modern novels”. The Lady’s Magazine, vol. XVIII, Septembre 1787. Apud<br />
VASCONCELOS, 207, 578.<br />
xxi<br />
“Un roman intitule: Charles de Montfort, 2 vol. Ce Roman écrit avec facilite, renferme le récit<br />
touchant et vraisemblable des égarements des remords et de la triste fin d’une jeune femme exposée,<br />
pendant l’absence de son mari à des séductions auxquelles elle ne sait point échapper. Ce fonds léger la<br />
donné lieu à l’auteur, M. Thierry de Mauregard, de tracer des Scènes d’un intérêt très vif et dont quelques<br />
longueurs n’empêche pas l’effet”. Bulletins hebdomadaires des décisions concernant les ouvrages soumis<br />
à l'inspection des censeurs. Avis 284, troisième semaine de décembre 1810. Série F 18 * I 148. Archives<br />
Nationales. Paris.<br />
xxii<br />
Voir, par exemple, le rapport de The Denial; or, The Happy Retreat, de Rev. James Thomson, publié<br />
dans The Monthly Review de Décembre 1790: “the story of a novel should be formed of a variety of<br />
interesting incidents; a knowledge of the world, and of mankind, are essential requisites in the writer; the<br />
characters should be always natural; the personages should talk, think, and act, as becomes their<br />
respective ages, situations, characters; the sentiments should be moral, chaste and delicate; the language<br />
should be easy, correct, and elegant, free from affectation, and unobscured by pedantry; and the narrative<br />
should be as little interrupted as possible by digressions and episodes of every kind: yet if an author<br />
chooses to indulge, occasionally, in moral reflections, in the view of blending instruction with<br />
amusement, we would not wish, altogether, to frustrate so good a design: - but, thar his precepts may<br />
obtain the utmost efficiency, we would recommend them to be inserted in those periods of the history<br />
where the reader’s curiosity can most patiently submit to suspense.” Apud. VASCONCELOS, 2007, 203.<br />
xxiii o<br />
Avis sur “Lances da ventura – 6 e último tomo”, élaboré par Francisco Xavier de Oliveira en 1797.<br />
ANTT. Desembargo do Paço. Repartição da Corte, Estremadura e Ilhas. Liasse 1932, boîte 1759.<br />
xxiv<br />
A. N. Pigoreau est l’un de ceux qui commente la différence entre les français et les anglais en ce qui<br />
concerne le goût envers les détails qui retiennent le déroulement du récit : « Le Français vif et léger ne lit<br />
un roman que pour se distraire quelques instants ; il veut qu’on le conduise au but pour voie la plus<br />
courte. L’Anglais, flegmatique, aime à s’appesantir sur les détails, et ne veut arriver au dénouement<br />
qu’après s’être promené dans les longs circuits d’un labyrinthe ». PIGOREAU, A.N. Petite bibliographie<br />
biographico-romancière. 5 o . 1823, p. 18.<br />
xxv<br />
MARTINS, Eduardo Vieira. A fonte subterrânea – José de Alencar e a retórica oitocentista. Londrina:<br />
Eduel / São Paulo: Edusp, 2005, pp. 12-14.<br />
xxvi<br />
BLAIR, Hugh (1866). Lectures on rhetoric and belles lettres, with a memoir of the author’s life to<br />
which are added copious questions; and an analysis of each lecture by Abrahams Mills. Philadelphia: T.<br />
Ellwood Zell & Co.<br />
xxvii<br />
In fact, fictitious histories might be employed for very useful purposes. They furnish one of the best<br />
channels for conveying instruction, for painting human life and manners, for showing the errors into<br />
which we are betrayed by our passions, for rendering virtue amiable and vice odious. The effect of well<br />
contrived stories, towards accomplishing these purposes, is stronger than any effect than can be produced<br />
by simple and naked instruction; and hence we find, that the wisest men in all ages have more or less<br />
employed fables and fictions, as the vehicles of knowledge. These have ever been the basis of epic and<br />
dramatic poetry. It is not, therefore, the nature of this sort of writing, considered in itself, but the faulty<br />
manner of its execution, that can expose it to any contempt.” In: BLAIR, Hugh. Lectures on rhetoric and<br />
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elles lettres, with a memoir of the author’s life to which are added copious questions; and an analysis of<br />
each lecture by Abrahams Mills. Philadelphia: T. Ellwood Zell & Co. 1866, p 417.<br />
xxviii Sandra Vasconcelos a constaté la présence de ces titres dans des catalogues de cabinets de lecture de<br />
Rio de Janeiro datés du XIXème siècle. VASCONCELOS, Sandra. “Cruzando o Atlântico: notas sobre a<br />
recepção de Walter Scott”. In: ABREU, <strong>Márcia</strong>. Trajetórias do romance: circulação, leitura e escrita nos<br />
séculos XVIII e XIX (org.). Campinas/São Paulo: Mercado de Letras / FAPESP, 2008, pp.369-370.<br />
xxix Revista Nacional e Estrangeira – escolha d´artigos originaes e traduzidos por uma sociedade de<br />
litteratos brazileiros. N o . 1. Rio de Janeiro: Typ. de J. E. S. Cabral, 1839, p. 1.<br />
xxx Section “Litteratura”. Article “Juizo da Revista de Edimburgo sobre a literatura franceza<br />
contemporânea.” Revista Nacional e Estrangeira – escolha d´artigos originaes e traduzidos por uma<br />
sociedade de litteratos brazileiros. Juillet - N o . 3. Rio de Janeiro: Typ. de J. E. S. Cabral, 1839 (Rua do<br />
Hospício, 66)<br />
xxxi N’ayant pas réussi à trouver ladite traduction, je n’ai obtenu des informations que sur les traductions<br />
suivantes, de la deuxième moitié du XIXème siècle: O derradeiro dia de hum condemnado. Traduit du<br />
français par l’auteur de la Revista Historica. Porto : Typ. Commercial Portuense, 1843. O último dia dum<br />
condemnado. Victor Hugo. Rio de Janeiro : Typ. Univ. de Laemment, 1847.<br />
xxxii Probablement, le jugement négatif des critiques n’a pas perturbé l’intérêt de la plupart des lecteurs,<br />
étant donné que l’une des œuvres critiquées – La Salamandre, d’Eugène Sue – serait l’un des romans les<br />
plus lus à la Bibliothèque Nationale et Publique de Rio de Janeiro. Voir mon texte “A circulação de<br />
romances como problema para a história literária”, présentée à l’Escola São Paulo.<br />
xxxiii “Résumé de l’histoire de la littérature, des sciences et des arts au Brésil par trois brésiliens, membres<br />
de l’Institut Historique”. Journal de l’Institut Historique, 1e année, 1e livraison, Paris, août 1834.<br />
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