La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
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[LES PROVINCES IMPÉRIALES ET LES PROVINCES SÉNATORIALES] Le 13 janvier de<br />
l’an 27 av. J.-C., Octave, qui n’était pas encore Auguste, remit ses pouvoirs au<br />
Sénat. Son père était vengé ; <strong>la</strong> République restaurée. II demandait, pour prix<br />
de ses services, le repos. C<strong>et</strong>te comédie ne trompa personne, mais tout le<br />
monde fit semb<strong>la</strong>nt d’en être dupe. On se j<strong>et</strong>a à ses pieds. Il consentit à se<br />
charger des provinces les plus menacées, les plus difficiles à gouverner. De là <strong>la</strong><br />
distinction entre les provinces de l’Empereur <strong>et</strong> celles du Sénat, distinction<br />
observée pendant plus de deux siècles.<br />
Les premières étaient en général celles où stationnaient les armées. L’Empereur<br />
les régissait en qualité de proconsul. C’était le seul titre en vertu duquel on pût<br />
régir une province. Il ne figure pourtant que rarement dans <strong>la</strong> série des titres<br />
impériaux. L’idée qui s’y attachait n’était pas en rapport avec <strong>la</strong> situation réelle<br />
du chef de l’Empire. Le titre d’Imperator parut <strong>la</strong> traduire plus pleinement, avec<br />
plus de majesté. L’Empereur, comme tout proconsul, avait ses lieutenants, ses<br />
légats. Mais les proconsuls ordinaires résidaient dans leurs provinces respectives<br />
où leurs légats les assistaient (legati pro pra<strong>et</strong>ore provinciae...). Le proconsul<br />
impérial expédiait les siens de Rome pour gouverner en son nom. Les<br />
gouverneurs effectifs des provinces de l’Empereur eurent donc le titre de légats<br />
d’Auguste (legati Augusti pro pra<strong>et</strong>ore provinciae...). Ils étaient choisis par lui,<br />
suivant l’importance de <strong>la</strong> province, parmi les anciens consuls ou les anciens<br />
préteurs.<br />
<strong>La</strong> c<strong>la</strong>ssification en provinces consu<strong>la</strong>ires <strong>et</strong> prétoriennes s’appliqua aux<br />
provinces sénatoriales. Mais les fonctionnaires qui leur étaient préposés étaient<br />
intitulés, comme autrefois, proconsuls. Ils étaient tirés au sort parmi les exconsuls<br />
ou les ex-préteurs, conformément à <strong>la</strong> tradition, <strong>et</strong> étaient considérés<br />
comme les agents du Sénat. Comme leurs provinces étaient dégarnies de<br />
troupes, leurs attributions se trouvaient être purement civiles, tandis que les<br />
légats de l’Empereur exerçaient de plus un commandement militaire. De c<strong>et</strong>te<br />
manière l’Empereur était sûr d’avoir <strong>la</strong> force armée p<strong>la</strong>cée directement sous sa<br />
main.<br />
[LE TRÉSOR DE L’EMPEREUR ET LE TRÉSOR DU SÉNAT] C<strong>et</strong>te administration double<br />
exigeait des ressources distinctes. L’Empereur eut son trésor qui s’appe<strong>la</strong> le fisc.<br />
Le Sénat eut le sien qui garda son vieux nom d’aerarium. A ces deux caisses<br />
correspondirent un personnel <strong>et</strong> des revenus spéciaux. Les revenus des<br />
provinces sénatoriales al<strong>la</strong>ient, en partie du moins, à <strong>la</strong> caisse du Sénat. Ils<br />
étaient administrés, dans chaque province, par un questeur qui fut au proconsul<br />
comme un col<strong>la</strong>borateur en sous-ordre pour le département des finances. Les<br />
revenus des provinces impériales étaient gérés par un procurateur qui occupait <strong>la</strong><br />
même situation près du légat. Il serait trop long de suivre ce dualisme dans tous<br />
les domaines. Le seul qui nous intéresse est celui du gouvernement provincial.<br />
[FICTION DU DUALISME. OMNIPOTENCE DE L’EMPEREUR] Tout ce<strong>la</strong> n’était que<br />
mensonge. Les proconsuls étaient tirés au sort, mais l’Empereur intervenait dans<br />
l’opération quand il le jugeait bon. Il désignait les candidats qui devaient<br />
participer au tirage. Au besoin il supprimait le tirage pour imposer les hommes<br />
de son choix. Le Sénat n’avait ni le courage de résister ni même les moyens<br />
légaux. Il avait pris soin de s’en dépouiller expressément au début du règne. Il<br />
avait conféré du reste à l’Empereur des pouvoirs qui le m<strong>et</strong>taient au-dessus des<br />
proconsuls. L’Empereur était donc, de par <strong>la</strong> loi, maître des provinces du Sénat<br />
aussi bien que des siennes.