La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
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emporté, il comprit qu’il lui fal<strong>la</strong>it ou rentrer dans le rang, ou se déc<strong>la</strong>rer<br />
ouvertement l’ennemi du peuple romain.<br />
Il n’était encore qu’un chef de bandes. Les cohortes bataves ne formaient que le<br />
noyau de son armée. Le reste se composait de Canninéfates, de Frisons,<br />
d’Usipiens, de Bructères, de Teuctères, de Cattes, de Chauques, de Triboques.<br />
Au fond de ses forêts, <strong>la</strong> prophétesse Velléda prêchait <strong>la</strong> guerre <strong>et</strong> prédisait<br />
l’anéantissement des légions. Mais il ne suffisait pas à Civilis de commander à<br />
ces hordes barbares. II rêvait d’une destinée plus haute. Son ambition était de<br />
fonder un royaume dont son pays eût été le centre <strong>et</strong> qui se serait étendu<br />
également sur les deux rives du Rhin.<br />
[CIVILIS ET LES GAULOIS] Il reprit avec les Gaulois le thème connu. Il f<strong>la</strong>tta leur<br />
orgueil,<br />
évoqua <strong>la</strong> gloire passée, r<strong>et</strong>raça, en les amplifiant, les maux apportés par <strong>la</strong><br />
conquête, le poids des impôts, les exigences du service militaire, <strong>la</strong> dur<strong>et</strong>é des<br />
fonctionnaires romains. Il montra <strong>la</strong> faiblesse de Rome, forte uniquement par<br />
l’appui des provinces <strong>et</strong> des armées qu’elle en tirait. A ces excitations il ajoutait<br />
des comp<strong>la</strong>isances intéressées. Il <strong>la</strong>issa partir, en les comb<strong>la</strong>nt de présents, les<br />
officiers gaulois faits prisonniers. Il partagea son butin avec leurs soldats, les<br />
autorisant à r<strong>et</strong>ourner dans leurs foyers, à moins qu’ils n’aimassent mieux servir<br />
sous ses ordres. <strong>La</strong> <strong>Gaule</strong> resta sourde d’abord à ces avances. Elle n’était pas<br />
habituée à voir des libérateurs dans les Germains. Elle se méfiait de ces amis<br />
dont les coureurs venaient dévaster jusqu’au territoire des Ménapiens <strong>et</strong> des<br />
Morins. Pourtant des symptômes inquiétants se manifestaient çà <strong>et</strong> là. On<br />
commençait à refuser le tribut. Les recrues osaient ne plus répondre à l’appel.<br />
Les cités du Nord-Est surtout étaient en émoi. L’avènement de Vespasien n’avait<br />
pas eu pour eff<strong>et</strong> de resserrer leurs liens avec l’Empire. On ne savait rien du<br />
nouvel empereur. Mais il était le vainqueur de Vitellius <strong>et</strong> il passait pour vouloir<br />
reprendre <strong>la</strong> tradition de Galba.<br />
[INDISCIPLINE DE L’ARMÉE] <strong>La</strong> révolte eut son point de départ dans les camps. <strong>La</strong><br />
ruine de <strong>la</strong> discipline proc<strong>la</strong>mait l’abaissement de <strong>la</strong> grandeur <strong>romaine</strong>. Le légat<br />
de <strong>la</strong> Germanie supérieure, Hordeonius F<strong>la</strong>ccus, s’était trouvé à <strong>la</strong> tête des deux<br />
Germanies, depuis l’élévation de son collègue Vitellius à l’empire. Son incapacité<br />
était notoire, mais son grand crime était sa sympathie pour Vespasien. On<br />
l’accusait, non sans raison, d’avoir suscité en faveur de ce dernier <strong>la</strong> prise<br />
d’armes de Civilis <strong>et</strong> aidé sous main à ses progrès. Une première émeute<br />
l’obligea à se dém<strong>et</strong>tre pour céder <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce au légat de <strong>la</strong> vingt-deuxième légion,<br />
Dillius Vocu<strong>la</strong>. Il réussit néanmoins à ressaisir le commandement. Il obtint même<br />
de ses soldais, quand Vitellius eut succombé, le serment d’hommage à<br />
Vespasien. Mais ce serment, prononcé à contrecœur, leur pesait. Un jour ils<br />
exigèrent <strong>la</strong> gratification promise par Vitellius, sachant qu’il en avait envoyé le<br />
montant. Elle leur fut distribuée au nom de son successeur. Ce<strong>la</strong> suffit pour<br />
rallumer leur colère. Ils se précipitèrent dans <strong>la</strong> tente d’Hordeonius, le traînèrent<br />
hors de son lit <strong>et</strong> le mirent à mort. Vocu<strong>la</strong>, suspect à son tour, n’échappa au<br />
même sort que par <strong>la</strong> fuite, déguisé en esc<strong>la</strong>ve.<br />
[DÉFECTION DES TRÉVIRES ET DES LINGONS] <strong>La</strong> fidélité des troupes auxiliaires ne<br />
résista pas à ce spectacle. Les Tongres les premiers passèrent du côté de Civilis<br />
en plein combat. Puis ce furent les Nerviens dont l’attitude compromit<br />
sérieusement l’armée <strong>et</strong> faillit amener un désastre. Les Nerviens <strong>et</strong> les Tongres<br />
étaient à demi germains. Un événement plus grave fut <strong>la</strong> défection des Trévires<br />
<strong>et</strong> des Lingons, due au Lingon Julius Sabinus <strong>et</strong> aux deux Trévires Julius