La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
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se déc<strong>la</strong>ra pour son vainqueur. Elle lui avait fourni des auxiliaires contre ellemême.<br />
A plus forte raison il en tira des soldats pour marcher à <strong>la</strong> conquête de<br />
Rome <strong>et</strong> du monde. Le Sud-Ouest, le Centre envoya ses fantassins, ses archers,<br />
le Nord, sa cavalerie. De ces corps, ou de quelques-uns d’entre eux il forma plus<br />
tard c<strong>et</strong>te légion des Alou<strong>et</strong>tes dont le nom rappe<strong>la</strong>it un oiseau cher à <strong>la</strong> nation<br />
celtique. Les vieux Romains s’indignaient <strong>et</strong> l’accusaient de mener les vaincus<br />
d’Alésia à une nouvelle bataille de l’Allia.<br />
Le mouvement créé par César ne s’arrêta pas après sa mort. Cent ans plus tard,<br />
l’empereur C<strong>la</strong>ude s’exprimait ainsi devant le Sénat : Jamais, depuis qu’elle a été<br />
domptée par le divin Jules, <strong>la</strong> fidélité de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> n’a été ébranlée ; jamais,<br />
même dans les circonstances les plus critiques, son attachement ne s’est<br />
démenti. <strong>La</strong> personne de César n’a donc pas tout fait, <strong>et</strong> <strong>la</strong> conversion de <strong>la</strong><br />
<strong>Gaule</strong> tient à des causes plus profondes qu’il importe d’indiquer brièvement dès à<br />
présent.<br />
[CAUSES GÉNÉRALES] Il faut se représenter l’état du pays <strong>et</strong> les sentiments de ses<br />
habitants après c<strong>et</strong>te suite d’efforts <strong>et</strong> de revers. Les champions de l’idée<br />
nationale étaient morts, ou captifs, ou proscrits. <strong>La</strong> vision de <strong>la</strong> patrie commune,<br />
un moment entrevue, s’était obscurcie de nouveau <strong>et</strong> effacée. Le parti romain<br />
triomphait. Toutes ses prédictions étaient justifiées. <strong>La</strong> domination de Rome<br />
apparaissait comme une force irrésistible, fatale. Qui oserait maintenant<br />
reprendre l’œuvre de <strong>la</strong> délivrance ? qui se f<strong>la</strong>tterait de réussir où Vercingétorix<br />
avait échoué ?<br />
Si le joug eût été intolérable, ces dispositions n’eussent pas tardé à se modifier.<br />
<strong>La</strong> sève guerrière de <strong>la</strong> race n’était point épuisée. Les contingents levés en <strong>Gaule</strong><br />
formèrent le plus solide appoint des armées impériales. Si donc <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> n’a<br />
point fait de tentative sérieuse pour recouvrer son indépendance, c’est sans<br />
doute qu’elle en avait de moins en moins le désir <strong>et</strong> le regr<strong>et</strong>.<br />
[LA CONQUÊTE LAISSE SUBSISTER LES CITÉS] Rome n’imposa aux Gaulois aucun de<br />
ces sacrifices qui paraissent aujourd’hui le complément nécessaire <strong>et</strong> <strong>la</strong> condition<br />
même de <strong>la</strong> conquête. Elle ne les inquiéta ni dans leurs intérêts, ni dans leurs<br />
habitudes, ni dans leurs affections. Elle ne fit pas <strong>la</strong> guerre à leur religion ni à<br />
leur <strong>la</strong>ngue. Elle ne toucha pas à <strong>la</strong> seule patrie qui leur fût vraiment chère, à <strong>la</strong><br />
cité. Ce ne fut point par scrupule, mais parce qu’elle n’avait ni l’idée ni même les<br />
moyens de faire autrement. Elle ne voyait pas l’utilité d’un bouleversement qui<br />
eût soulevé beaucoup de haines sans mieux assurer son empire. Elle ne se<br />
souciait pas non plus d’assumer, dans tous ses détails, <strong>la</strong> charge du<br />
gouvernement. Elle ne disposait pas pour ce<strong>la</strong> d’un personnel assez nombreux,<br />
<strong>et</strong> l’uniformité administrative, qui finit par l’emporter, ne paraissait alors ni<br />
souhaitable ni possible. Elle <strong>la</strong>issa donc tous ces organismes fonctionner comme<br />
ils faisaient auparavant. Il lui suffisait, pour sa sécurité, d’en confier <strong>la</strong> direction à<br />
des personnages qui lui fussent dévoués. C’est ainsi qu’elle rétablit dans leur<br />
autorité les chefs dont elle avait éprouvé les sympathies dans <strong>la</strong> guerre. Un parti<br />
se substitua à un autre à <strong>la</strong> tête des cités. A part ce<strong>la</strong>, il semb<strong>la</strong>it que rien ne fût<br />
changé.<br />
L’autorité de Rome ne s’affichait pas. Ses armées, cantonnées sur <strong>la</strong> frontière,<br />
n’envoyaient que de rares détachements à l’intérieur. Ses gouverneurs, ses<br />
légats, résidant aux chefs-lieux des provinces, n’avaient pas un représentant<br />
dans les cités. Le pays était vide, pour ainsi dire, de ses fonctionnaires <strong>et</strong> de ses<br />
soldats. On n’ignorait pas qu’elle était toute-puissante, mais ses exigences