La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...
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Le régime imposé à c<strong>et</strong>te vaste contrée ne fut pas uniforme. Dés ses premiers<br />
pas dans <strong>la</strong> voie des conquêtes, Rome avait imaginé pour les peuples soumis par<br />
ses armes une hiérarchie qui lui perm<strong>et</strong>tait de proportionner ses exigences ou<br />
ses faveurs à <strong>la</strong> bonne volonté de chacun <strong>et</strong> qui, en outre, lui offrait c<strong>et</strong> avantage<br />
de créer, dans <strong>la</strong> dépendance commune, une diversité d’intérêts utile au<br />
maintien de sa domination.<br />
[PEUPLES ALLIÉS] Les États les plus favorisés étaient les États alliés ou fédérés.<br />
Ils conservaient leur gouvernement, <strong>la</strong> propriété de leur sol, avec l’exemption de<br />
l’impôt foncier pour conséquence. En r<strong>et</strong>our ils étaient astreints à des prestations<br />
en nature, à des subsides en hommes, en navires, en argent. Ils abdiquaient<br />
toute initiative en fait de politique étrangère. Ils s’inclinaient en toute occasion<br />
devant <strong>la</strong> majesté, c’est-à-dire devant l’autorité suprême du peuple romain.<br />
[MARSEILLE] Il faut m<strong>et</strong>tre à part, dans c<strong>et</strong>te catégorie, les amis de <strong>la</strong> première<br />
heure, les Massaliotes. Ils avaient app<strong>la</strong>udi <strong>et</strong> contribué, dans <strong>la</strong> mesure de leurs<br />
forces, aux victoires de Rome. Ils méritaient d’en recueillir le bénéfice. A deux<br />
reprises déjà, après l’expédition d’Opimius (154) <strong>et</strong> celle de Sextius (124), leur<br />
domaine <strong>et</strong> leurs revenus s’étaient arrondis aux dépens de leurs voisins. <strong>La</strong><br />
générosité des vainqueurs ne s’en tint pas là. Pompée, entre 77 <strong>et</strong> 72, leur<br />
attribua les terres des Salluviens ; César, après 58, démembra à leur profit celles<br />
des Volsques Arécomiques <strong>et</strong> des Helviens. Ces dons les rendirent maîtres de<br />
toute <strong>la</strong> vallée inférieure du Rhône jusqu’au point où elle se resserre entre les<br />
montagnes de <strong>la</strong> Drôme <strong>et</strong> de l’Ardèche.<br />
[AUTRES PEUPLES ALLIÉS] Les autres États qualifiés de fédérés n’étaient pas<br />
considérés avec <strong>la</strong> même bienveil<strong>la</strong>nce. Ils n’étaient pas venus à Rome<br />
spontanément. Aussi n’étaient-ils pas censés avoir traité sur un pied d’égalité<br />
(aequo jure), comme Marseille. C<strong>et</strong>te différence purement formelle n’était pas<br />
d’ailleurs <strong>la</strong> plus importante. C’était par les procédés employés à leur égard qu’ils<br />
sentaient leur infériorité re<strong>la</strong>tivement aux Massaliotes. Au reste ces États ne<br />
semblent pas avoir été nombreux. On ne peut guère citer que les Volsques<br />
Tectosages, qui aient été dès le début élevés à c<strong>et</strong>te condition, <strong>et</strong> peut-être avec<br />
eux les Arécomiques qui, pas plus que les Tectosages ne sont mentionnés parmi<br />
les vaincus de Domitius <strong>et</strong> de Fabius. Le titre de fédéré fut r<strong>et</strong>iré aux Tectosages<br />
pour les punir de leur défection lors de <strong>la</strong> guerre des Cimbres en 106. Il fut<br />
concédé aux Voconces, très vraisemb<strong>la</strong>blement par Pompée (77-72).<br />
[PEUPLES SUJETS] Les États dont il vient d’être question ne faisaient point, à<br />
strictement parler, partie de <strong>la</strong> province. <strong>La</strong> province, le domaine soumis à<br />
l’autorité immédiate du gouverneur ou proconsul, se composait des États<br />
stipendiaires, ainsi nommés parce que, en sus des prestations extraordinaires<br />
dont ils partageaient le poids avec les États fédérés, ils étaient astreints encore à<br />
un stipendium, à un tribut fixe dont <strong>la</strong> seule mention suffisait pour caractériser<br />
leur état de sujétion. Le stipendium était en eff<strong>et</strong> considéré comme un impôt<br />
roncier, <strong>et</strong> l’impôt foncier était assimilé par les Romains à <strong>la</strong> redevance prélevée<br />
sur le détenteur du sol par le propriétaire légitime. Les États stipendiaires étaient<br />
donc ceux qui, ayant subi dans toute leur rigueur les lois de <strong>la</strong> conquête, ne<br />
conservaient en fait de terres publiques ou privées, <strong>et</strong> à titre purement précaire,<br />
que ce qu’ils tenaient, après expropriation totale, de <strong>la</strong> libéralité du vainqueur.<br />
Dans c<strong>et</strong>te c<strong>la</strong>sse rentraient, à très peu d’exceptions prés, toutes les cités<br />
comprises dans les limites de <strong>la</strong> Transalpine. Elles continuaient d’ailleurs, comme<br />
les autres plus favorisées, <strong>et</strong> par tolérance, à se gouverner d’après leurs