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La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...

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Arécomiques se massait sur <strong>la</strong> rive gauche du fleuve. Annibal néanmoins opéra le<br />

passage entre l’Eygues <strong>et</strong> <strong>la</strong> Sorgue, dans un endroit qu’on appelle aujourd’hui<br />

l’Ardoise ; mais, au lieu de se porter contre les Romains, il se déroba. Les<br />

Massaliotes, dont l’attitude pesa encore une fois sur ses résolutions, lui<br />

interdisaient <strong>la</strong> route côtière, <strong>et</strong> d’ailleurs pour tomber au milieu des Gaulois<br />

Cisalpins, il lui fal<strong>la</strong>it se diriger plus au Nord. Il remonta le Rhône <strong>et</strong>, par <strong>la</strong> vallée<br />

de l’Isère, s’enfonça au cœur du pays des Allobroges. Deux prétendants s’y<br />

disputaient le pouvoir. L’un d’eux, qu’il favorisa, lui ayant fourni des vivres, il<br />

s’engagea dans <strong>la</strong> vallée du Drac, où les Caturiges essayèrent en vain de lui<br />

barrer le chemin. A travers des difficultés inouïes, vainqueur des hommes <strong>et</strong> de<br />

<strong>la</strong> nature, il gagna enfin par <strong>la</strong> Haute-Durance le col du Mont-Genèvre <strong>et</strong> de là<br />

descendit sur le Pô. Le danger s’était éloigné de Marseille <strong>et</strong> le sort de <strong>la</strong> guerre<br />

se jouait dorénavant sur un autre théâtre. Mais le rôle des Massaliotes n’était pas<br />

terminé. Ils continuèrent leurs bons offices en procurant le transport des légions<br />

en Espagne, quand l’Espagne fut devenue pour les Romains un champ de bataille<br />

non moins important que l’Italie1.<br />

[MARSEILLE APRÈS LA CHUTE DE CARTHAGE] <strong>La</strong> défaite de Carthage en 201 <strong>et</strong> sa<br />

chute définitive en 146 livrèrent à Marseille tout le trafic de l’Occident. Mais<br />

l’équilibre fut rompu entre <strong>la</strong> ville phocéenne <strong>et</strong> sa trop puissante alliée. Le<br />

même fait qui porta à son comble <strong>la</strong> prospérité des Massaliotes fut donc celui qui<br />

inaugura l’ère de leur déchéance. Ils ne s’en aperçurent pas ou s’en soucièrent<br />

peu. Le protectorat de Rome servait leurs intérêts <strong>et</strong> ne blessait pas leur fierté.<br />

En les dispensant de pourvoir eux-mêmes à leur sûr<strong>et</strong>é il les <strong>la</strong>issait tout entiers<br />

à leur vraie vocation, qui était le commerce. Ils avaient fait <strong>la</strong> guerre autrefois<br />

avec vigueur, parce qu’il le fal<strong>la</strong>it. Ils <strong>la</strong> désapprirent au point de ne plus savoir<br />

repousser les insultes de leurs voisins.<br />

[INTERVENTION DE ROME AU DELÀ DES ALPES] En 154 les Oxybes <strong>et</strong> les Déciates,<br />

deux peuples ligures à l’ouest du Var, se j<strong>et</strong>èrent sur les villes d’Antibes <strong>et</strong> de<br />

Nice. Ils al<strong>la</strong>ient s’en emparer, quand le Sénat, à <strong>la</strong> requête des Massaliotes,<br />

envoya contre eux le consul Opimius. Il ne conserva rien du territoire conquis par<br />

ce dernier. Il le céda aux Massaliotes avec les avantages <strong>et</strong> les charges du<br />

cadeau. Tout ce qu’il leur demandait, c’était de garder <strong>la</strong> route d’Espagne, <strong>et</strong> il<br />

espérait encore qu’ils suffiraient à c<strong>et</strong>te tâche.<br />

En 126 les doléances de Marseille furent motivées par les incursions des<br />

Salluviens. Mais c<strong>et</strong>te fois un autre esprit animait les conseils de <strong>la</strong> république<br />

<strong>romaine</strong>. Un parti s’était formé qui embrassait dans ses proj<strong>et</strong>s de réforme <strong>la</strong><br />

politique intérieure <strong>et</strong> extérieure. Un des articles de son programme était<br />

l’expansion au dehors, <strong>la</strong> colonisation lointaine, au delà des mers. Il cherchait<br />

dans ce mouvement un dérivatif au paupérisme, un remède aux maux dont<br />

souffraient Rome <strong>et</strong> l’Italie. Il rêvait <strong>la</strong> diffusion de <strong>la</strong> civilisation <strong>la</strong>tine,<br />

l’é<strong>la</strong>rgissement progressif de <strong>la</strong> cité. Ce parti venait de succomber avec le<br />

premier des Gracques, mais il al<strong>la</strong>it revenir plus fort <strong>et</strong> plus sûr de lui avec le<br />

second, <strong>et</strong> en attendant il avait des représentants aux affaires. Le consul<br />

désigné, au moment où se produisit <strong>la</strong> requête des Massaliotes, était M. Fulvius<br />

F<strong>la</strong>ccus, un de ses plus chauds adhérents. Ce fut lui qui ouvrit <strong>la</strong> campagne dans<br />

<strong>la</strong> vallée du Rhône. Par sa proximité comme par sa fécondité naturelle, ce pays<br />

lui offrait, pour l’application de ses idées, un champ magnifique.<br />

1 L’itinéraire d’Annibal a donné lieu à de nombreuses discussions. Voir Hennebert <strong>et</strong> Desjardins.

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