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La Gaule indépendante et la Gaule romaine - Hautefort, notre ...

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jusque dans les bas-fonds de <strong>la</strong> société, devaient faire une étrange figure auprès<br />

des légions. Comme elles avaient décidé <strong>la</strong> guerre, elles proc<strong>la</strong>maient le chef qui<br />

les y menait. On s’explique ainsi que Strabon, prenant un fait tout<br />

révolutionnaire pour une institution normale, ait attribué à <strong>la</strong> plèbe, contre toute<br />

vraisemb<strong>la</strong>nce, le droit de nommer le général. Mais ce chef, élu par ses soldats,<br />

ne pouvait disposer que d’une autorité précaire. Les soupçons, les accusations<br />

dont il se sentait l’obj<strong>et</strong> au premier revers, ne furent pas une des moindres<br />

difficultés qui entravèrent l’entreprise de Vercingétorix.<br />

[LES GUERRES ENTRE LES CITÉS] Il y a une ligne de César qui j<strong>et</strong>te un triste jour<br />

sur l’état général de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong>. Il était bien rare, nous dit-il, qu’une année<br />

s’écoulât sans que <strong>la</strong> cité tilt en armes pour attaquer ou repousser ses voisins.<br />

Ainsi ce n’était pas assez de <strong>la</strong> discorde sévissant dans chaque cité <strong>et</strong> dans<br />

chaque famille. C’était, d’une cité à l’autre, <strong>la</strong> guerre déchaînée d’une manière<br />

continue.<br />

[LE PATRIOTISME GAULOIS] Une question se pose ici qu’on ne saurait trancher ni<br />

par une négation ni par une affirmation trop catégoriques. Y avait-il en <strong>Gaule</strong>,<br />

malgré ces conflits sans cesse renaissants, quelque chose qui ressemb<strong>la</strong>it à un<br />

patriotisme gaulois ? Pour le Gaulois, comme pour le Grec, <strong>la</strong> vraie patrie, <strong>la</strong><br />

seule, était <strong>la</strong> cité. Son dévouement n’al<strong>la</strong>it qu’à elle, quand il n’était pas<br />

détourné au profit d’une faction. Il n’en existait pas moins entre les divers<br />

peuples une communauté de race, de <strong>la</strong>ngue, de mœurs, de religion qui ne les<br />

empêchait pas d’être ennemis, mais ne perm<strong>et</strong>tait point qu’ils fussent les uns<br />

aux autres tout à fait étrangers. De là une sorte de patriotisme plus <strong>la</strong>rge qui<br />

finit par s’éveiller sous les coups répétés de l’envahisseur.<br />

Il est curieux de suivre l’éclosion <strong>et</strong> <strong>la</strong> progression de ce senti-ment. Ce ne sont<br />

d’abord que des mouvements locaux ou régionaux, sans concert préa<strong>la</strong>ble, sans<br />

vue d’ensemble, puis peu à peu l’entente se fait, les efforts se coordonnent <strong>et</strong><br />

s’étendent. En 34, <strong>la</strong> moitié de <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> est debout, les Éburons, les Trévires, les<br />

Nerviens, les Aduatiques, les Sénons, les Carnutes, <strong>la</strong> lointaine Armorique<br />

courent aux armes ; d’autres se déc<strong>la</strong>rent prêts à suivre l’impulsion. L’Éburon<br />

Ambiorix est l’âme de <strong>la</strong> conspiration. Le <strong>la</strong>ngage qu’il tient aux envoyés de<br />

César est nouveau. Il s’agit d’une entreprise où toute <strong>la</strong> <strong>Gaule</strong> est entrée. Le<br />

temps est venu pour tous de reconquérir leur liberté. Pour une telle cause quel<br />

Gaulois oserait refuser son aide à des Gaulois ? Paroles mémorables qui<br />

r<strong>et</strong>entiront avec plus de force par <strong>la</strong> voix de Vercingétorix. Elles remueront <strong>la</strong><br />

nation, mais elles ne l’entraîneront ni tout entière ni pour longtemps. Le concours<br />

prêté au chef Arverne ne sera ni unanime, ni sans défail<strong>la</strong>nces <strong>et</strong> sans arrièrepensée.<br />

Les peuples emportés par c<strong>et</strong> é<strong>la</strong>n ne tarderont pas à le regr<strong>et</strong>ter ; ils<br />

r<strong>et</strong>omberont dans leur politique à courtes vues <strong>et</strong>, l’égoïsme des cités s’ajoutant<br />

à celui des partis, <strong>la</strong> patrie gauloise n’aura vécu un jour que pour mourir.<br />

[LES CONFÉDÉRATIONS] Les Gaulois n’étaient pas tout à fait dépourvus<br />

d’institutions fédératives. Mais leurs groupements étaient partiels le plus<br />

souvent, instables toujours, <strong>et</strong> généralement imposés par <strong>la</strong> force. Ils reposaient,<br />

non sur l’égalité des contractants, mais sur le principe de <strong>la</strong> clientèle, transporté<br />

dans le domaine des re<strong>la</strong>tions internationales. <strong>La</strong> dépendance des États clients<br />

avait des degrés. Elle pouvait aller jusqu’à <strong>la</strong> sujétion. Dans <strong>la</strong> levée ordonnée<br />

par Vercingétorix pour secourir Alésia, les Cadurques, les Gabales, les Vel<strong>la</strong>ves<br />

ne formèrent point d’armée distincte. Leurs contingents se confondirent avec<br />

celui des Arvernes. Il en fut de même des Ségusiaves, des Ambivarètes, des<br />

Aulerques Brannovices par rapport aux Éduens. D’autres conservaient leur

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